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Haïti, cauchemars et espoirs

« La terre n’est que la cendre des morts pétrie des larmes des vivants. » (Chateaubriand, 1848).

Haïti, cauchemars et espoirs

Terre de désolation. Déjà dix ans. L’une des plus graves catastrophes du XXIe siècle (avec le tsunami de décembre 2004). Double peine. L’un des pays les plus pauvres du monde, dont la sécurité est le moins assurée : sécurité urbaine, sécurité alimentaire, sécurité sanitaire… C’était le 12 janvier 2010 à 22 heures 53 (heure de Paris). Tremblement de terre en Haïti de magnitude 7,0 à 7,3, dont l’épicentre était à 25 kilomètres de Port-au-Prince, suivi d’une dizaine de séismes de magnitude entre 5 et 6. Puis un second tremblement de terre de magnitude 6,1 le 20 janvier 2010 à 12 heures 03 (heure de Paris). Encore suivi d’une cinquantaine de répliques de magnitude supérieure à 4,5.

Le désastre fut intégral. Total. Entre 235 000 et 300 000 victimes tuées, plus de 300 000 personnes blessées. Plus de 1,5 million de sans-abri. Certaines personnes ont été sauvées après quinze jours enfouies dans les gravats. Plus de 200 rescapés ont été retrouvés ainsi. Course contre la montre pour sauver ceux qui pouvaient encore l’être.

Des images abominables de fin du monde dans cette capitale construite sans les normes sismiques qu’on peut connaître au Japon voire en Turquie. Le palais présidentiel détruit. La cathédrale aussi, et l’archevêque de Port-au-Prince, Mgr Joseph Miot, a été retrouvé parmi les victimes le lendemain du séisme. Une victime parmi les centaines de milliers. La catastrophe touche égalitairement, ministres comme sans-abri, nationaux comme étrangers, militaires comme civils, etc.

Deux éléments opposés à propos des conséquences de cette catastrophe.

Un élément négatif et inquiétant. La pauvreté et la faiblesse du gouvernement ont renforcé les conséquences désastreuses de cette catastrophe : la réglementation anti-sismique a rarement été appliquée, renforçant la gravité des dégâts. Le 13 janvier 2017, le directeur général du Bureau des mines et de l’énergie Claude Prépetit (géologue) mettait en garde contre le risque d’autres séismes. Une faille traverse la presqu’île du Sud sur 250 kilomètres de long, une autre faille traverse la mer du Nord. En clair, 8 millions de Haïtiens sur les 10 millions seraient impactés en cas d séisme sur ces deux failles : « Il faut donner les moyens, les compétences et l’autorité nécessaire, dans l’idée de permettre aux mairies de donner des permis de construction, en connaissance de cause. ». Il est donc probable qu’un prochain séisme serait encore plus grave. Claude Prépetit rappelait la veille qu’un séisme de magnitude 8 dégage autant d’énergie que …900 bombes atomiques. D’où l’importance d’une action préventive (interdire les constructions qui ne sont pas aux normes) et d’une formation sur les choses à faire dès les premiers moments d’un tremblement de terre.






Parmi les actions de secours, il est impératif de créer une coordination des secours internationaux (sinon, ceux-ci risquent d’être inefficaces), de se focaliser aussi sur le court terme (besoins en eau, en nourriture, en installations sanitaires, en hébergements, et assistance médicale d’urgence, etc.), de ne pas envoyer des dons en nature (mais surtout de l’argent aux organisations déjà implantées sur place), de ne pas créer des camps provisoires qui deviendront des bidonvilles et d’arrêter les expulsions de citoyens haïtiens partout dans le monde.

Mais il y a aussi, toutefois, un élément humainement rassurant : la grande solidarité humaine parmi les habitants. Dans "Le Monde diplomatique" du 2 février 2010, trois médecins qui étaient venus en aide en Haïti, Louise Ivers, Claire Pierre et Paul Farmer, venu avec la mission de Bill Clinton, pouvaient témoigner de cette incroyable entraide (nationale et internationale) : « La catastrophe a fédéré les bonnes volontés et l’intérêt que suscite le pays, de telle sorte que, pour la première fois de son histoire, Haïti aura peut-être bientôt un nombre suffisant de chirurgiens et de traumatologues. ». Et surtout : « Où que l’on regarde, on voit des Haïtiens se secourant les uns les autres. Même si l’on a rapporté des violences, c’est bien une impression globale de calme qui frappe la plupart d’entre nous. Après avoir apporté du matériel chirurgical à l’hôpital général, Bill Clinton estimait ainsi qu’aucun autre peuple au monde aurait fait preuve d’autant de patience et de retenue face à des souffrances si grandes. (…) Les habitants ont ouvert leurs maisons et leurs cours, entièrement occupées par des abris e fortune. ».

Cela n’empêche pas que la catastrophe humaine fut extrême, car la plupart des habitants survivants, même ceux qui n’ont pas été blessés, sont dans le traumatisme psychologique de la perte d’un être proche, effondrés.

Autre conséquence désastreuse, une catastrophe dans la catastrophe, l’épidémie de choléra en Haïti. Il n’y avait pas eu de choléra depuis un siècle et il a fait sa réapparition en Haïti le 21 octobre 2010. La cause, des soldats casques bleus népalais (arrivés le 17 octobre 2010) qui ont exporté du Népal la maladie. En cinq ans, le bilan fut très lourd : 800 000 personnes ont été touchées (pas seulement en Haïti mais aussi en République dominicaine, sa voisine, à Cuba, au Mexique), dont 10 000 en sont mortes. Quelques jours plus tard, des habitants s’en sont pris à ces casques bleus népalais, mais cela ne faisait que renforcer l’inquiétude d’une occupation militaire d’Haïti par des forces étrangères (notamment américaines). Au-delà des conditions de vie désastreuses des rescapés (eau, sanitaire), certains avaient expliqué que le réchauffement climatique aurait été l’un des facteurs qui a déclenché l’épidémie (une thèse qui semblait avoir été proposée pour éviter d’assumer les responsabilités de l’ONU).

Aussi, sans oublier toutes les victimes de cette catastrophe, directes ou collatérales, je veux ici, comme des petites photos, évoquer deux conséquences, l’une presque heureuse et l’autre malheureuse.

Commençons par la dernière, malheureuse. Internet et réseaux sociaux aidant, la désinformation s’est amplifiée en Haïti sur le thème : il existerait une arme sismique. Une télévision publique vénézuélienne, noyée dans un antiaméricanisme primaire, a prétendu sans preuve, le 18 janvier 2010, que le tremblement de terre en Haïti proviendrait d’une arme sismique américaine. L’affirmation est d’autant plus stupide que pour déclencher un séisme de magnitude 7, il faudrait une énergie équivalente à l’explosion de 30 bombes atomiques (magnitude 8, 900 bombes atomiques, voir plus haut).

Cette rumeur, remise à jour avec l’actualité, avait déjà été évoquée pour le tremblement de terre en Arménie en 1988, par Jean-Pierre Petit, même si je ne sais pas s’il faut vraiment le citer ici, avec un papier à la rigueur scientifique proche de l’émission "Alien Theory" (et si… ?), publié le 21 septembre 2002 et modifié le 1er mars 2006, qui part d’une citation (non sourcée) du Ministre américain de la Défense William Cohen qui aurait dit le 2 avril 1997 : « D’autres terroristes sont engagés dans un type d’action écologique où ils peuvent altérer le climat, déclencher des tremblements de terre, des éruptions volcaniques en utilisant des ondes électromagnétiques. ». Je ne sais pas si le ministre américain a vraiment déclaré cela, mais même s’il l’avait déclaré, pourquoi serait-il une référence en matière de physique et de géologie ? Cela n’aurait pas été la première fois qu’un politique dit n’importe quoi.

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Je termine enfin par une note plus heureuse, culturelle et pleine d’espoir. Ce n’est pas un espoir mais une confirmation, plutôt. Un écrivain québécois d’origine haïtienne se trouvait en Haïti lorsque le séisme s’est produit. Il en a fait un livre émouvant ("Tout bouge autour de moi", éd. Grasset, 2011, première édition à Mémoire d’encrier à Montréal en 2010).

Son nom était à l’époque assez peu connu (précisons plus modestement : je ne le connaissais pas), Daniel Laferrière, et j’ai eu la chance, un peu par hasard, de le croiser à l’inauguration du Salon du Livre en 2011, présenté par une connaissance commune (une auteure franco-malgache). Ce n’était alors pas l’écrivain qui parlait mais simplement un témoin impressionné par ce qu’il avait vu.

En fait, rétrospectivement, je me suis dit qu’il devait être très connu vu son succès éditorial au Canada (en plus, il présentait un moment la météo à la télévision !), puisqu’il avait déjà reçu le Prix Médicis le 4 novembre 2009 pour son roman "L’Énigme du retour" sorti le 2 septembre 2009 chez Grasset. En tout cas, il parlait humblement, et mettait son témoignage bien avant sa personne. Je ne savais pas qu’il allait devenir un éminent académicien deux années plus tard, même si, finalement, quand je l’ai appris, j’étais à peine étonné. Le seul académicien après Julien Green à n’être même pas de nationalité française ! Et le premier de nationalité canadienne et aussi le premier de nationalité haïtienne.

Dany Laferrière a été élu dès le premier tour à l’Académie française le 12 décembre 2013 et reçu par Amin Maalouf le 28 mai 2015. Dans le fauteuil de Montesquieu et d’Alexandre Dumas fils : « Pour moi, ce fut d’abord ce trio qui a inscrit la dignité nègre au fronton de Paris : le Martiniquais Aimé Césaire, le Guyanais Léon-Gontran Damas, et le Sénégalais Léopold Sédar Senghor. Ce dernier a occupé pendant dix-huit ans le fauteuil numéro 16. C’est lui qui nous permit de passer, sans heurt, de la négritude à la francophonie. Chaque fois qu’un écrivain, né ailleurs, entre sous cette Coupole, un simple effort d’imagination pourra nous faire voir le cortège d’ombres protectrices qui l’accompagnent. ».

Un cortège d’ombres protectrices… L’histoire de Dany Laferrière n’était pas de tout repos : son père a été maire de Port-au-Prince et membre du gouvernement et il a dû s’exiler au Québec lors du régime des Tontons macoutes de François Duvalier. Un de ses copains (journaliste) a été assassiné en 1976 par le régime de Jean-Claude Duvalier, si bien que, se savant le suivant de liste, il a immédiatement pris l’exil en se rendant à Montréal (et à partir de 1990, également à Miami). Avant le Prix Médicis, il s’était déjà fait connaître avec plusieurs romans et chroniques au titre prometteur : "Comment faire l’amour avec un Nègre sans se fatiguer ?" (1985), "Éroshima" (1987), "L’Odeur du café" (1991), "Le Goût des jeunes filles" (1992), "Cette grenade dans la main du jeune Nègre est-elle une arme ou un fruit ?" (1993), "Chronique de la dérive douce" (1994), "Pays sans chapeau" (1996), "Le Charme des après-midi sans fin" (1997), "Le Cri des oiseaux fous" (2000), "L’Art presque perdu de ne rien faire" (2011), "Journal d’un écrivain en pyjama" (2013), etc. En tout, en 2019, il avait déjà publié 31 livres dont "Autoportrait de Paris avec chat" (2018). Il a la particularité de retravailler ses précédents livres, longtemps après leur publication, plaçant des ponts dans ses œuvres.

Dans "Tout bouge autour de moi", Dany Laferrière a raconté les premiers instants du tremblement de terre du 12 janvier 2010. Il avait retrouvé son ami et éditeur de Montréal dans un restaurant de Port-au-Prince : « J’attendais cette langouste (sur la carte, c’était écrit homard) et Saint-Éloi [son convive], un poisson gros sel. J’avais déjà entamé le pain quand j’ai entendu une terrible explosion. Au début, j’ai cru percevoir le bruit d’une mitrailleuse (certains diront un train), juste dans mon dos. En voyant passer les cuisiniers en trombe, j’ai pensé qu’une chaudière venait d’exploser. Tout cela a duré moins d’une minute. On a eu huit à dix secondes pour prendre une décision. Quitter l’endroit ou rester. Très rares sont ceux qui ont fait un bon départ. Même les plus vifs ont perdu trois ou quatre précieuses secondes avant de comprendre ce qui se passait. Moi, j’étais dans le restaurant de l’hôtel avec des amis, l’éditeur Rodney Saint-Éloi et le critique Thomas Spear. Spear a perdu trois précieuses secondes parce qu’il voulait terminer sa bière. On ne réagit pas tous de la même manière. De toute façon, personne ne peut prévoir où la mort l’attend. On s’est tous les trois retrouvés à plat ventre, au centre de la cour. Sous les arbres. La terre s’est mise à onduler comme une feuille de papier que le vent emporte. Bruits sourds des immeubles en train de s’agenouiller. Ils n’explosent pas. Ils implosent, emprisonnant les gens dans leur ventre. Soudain, on voit s’élever dans le ciel d’après-midi un nuage de poussière. Comme si un dynamiteur professionnel avait reçu la commande expresse de détruire une ville entière sans encombrer les rues afin que les grues puissent circuler. ».

Le contexte haïtien : « La vie semblait reprendre son cours après des décennies de turbulence. Des jeunes filles rieuses se promenaient dans les rues, tard le soir. (…) Le crime n’était plus toléré par une population exténuée qui a tout connu durant ce dernier demi-siècle : les dictatures héréditaires, les coups d’État militaires, les cyclones à répétition, les inondations dévastatrices et les kidnappings à l’aveuglette. J’arrivais pour ce festival littéraire (…). Cela s’annonçait excitant car, pour la première fois, la littérature semblait supplanter le discours politique dans la faveur populaire. ».

Les dégâts, on le sent dans leur description, c’est du vécu : « Une secousse de magnitude 7,3 n’est pas si terrible. On peut encore courir. C’est le béton qui a tué. Les gens ont fait une orgie de béton ces cinquante dernières années. De petites forteresses. Les maisons en bois et en tôle, plus souples, ont résisté. Dans les chambres d’hôtel, souvent exiguës, l’ennemi, c’est le téléviseur. On se met toujours en face de lui. Il a foncé droit sur nous. Beaucoup de gens l’ont reçu sur la tête. (…) Les sauveteurs travaillent en silence et en sueur. Il faut agir vite. (…) Ses parents sont arrivés en trombe. J’ose à peine imaginer leur angoisse durant le trajet. Ils ont laissé la voiture, portières ouvertes, au milieu de la rue. La nourrice leur a rendu le bébé et ils ont dansé, avec cette joie sauvage, en le tenant serré contre eux. Une nouvelle secousse a rompu la petite fête. (…) On voit passer, dans le jardin, le propriétaire de l’hôtel qui fait sa tournée d’inspection. D’un pas lent, le visage soucieux, il semble perdu dans ses pensées. Je donnerais cher pour savoir ce qui se passe dans sa tête en ce moment. Les dégâts ne sont pas uniquement matériels. Certains voient s’envoler, en une minute, le rêve d’une vie. Ce nuage dans le ciel tout à l’heure, c’était la poussière de leurs rêves. (…) J’imagine l’effarement de ceux qui étaient dans la salle de bains au moment des premières secousses du séisme. On a tous été pris de court, mais ceux qui se trouvaient sous la douche ont dû vivre un moment de pure panique. On se sent toujours plus vulnérable quand on est nu, surtout couvert d’eau savonneuse. Un grand nombre de ces gens, dans leur précipitation, sont partis en oubliant de fermer le robinet. ».

Toujours l’horreur indicible : « L’ennemi n’est pas le temps mais toutes ces choses qu’on a accumulées au fil des jours. Dès qu’on ramasse une chose, on ne peut plus s’arrêter. Car chaque chose appelle une autre. C’est la cohérence d’une vie. On retrouvera des gens près de la porte. Une valise à côté d’eux. (…) À une pareille heure : 16h53. On a quitté le lieu de travail, mais on n’est pas encore arrivé à la maison. C’est un moment où l’on ne peut pas savoir avec certitude où se trouve l’autre. (…) Autour de moi, les gens n’arrêtent pas de crier dans leur portable : "Où est ton frère ?", "Où est ta sœur ?", "Maman, réponds-moi s’il te plaît", "Où es-tu chérie ?", "As-tu parlé aux enfants ?", "On se retrouve où ?". Pour finir par hurler à l’autre comme s’il pouvait entendre : "La ligne ne marche plus". On essaie alors d’emprunter l’appareil du voisin. Le problème est général. Ils déambulent en manipulant fébrilement ce mince objet qui les a mis en contact avec un être cher. Il faut imaginer une ville où chacun cherche simplement à localiser un parent ou un ami. (…) On s’impatiente. Chacun reste muré dans son drame personnel. Le langage se résume alors à l’essentiel. Puis ce silence. (…) Je me promène un moment dans le jardin, tout étonné de constater que les fleurs les plus fragiles se balancent encore au bout de leur tige. Le séisme s’est donc attaqué au dur, au solide, à tout ce qui pouvait lui résister. Le béton est tombé. La fleur a survécu. ».

Comme académicien, Dany Laferrière a évoqué très récemment encore le séisme du 12 janvier 2010.

Lors de la séance de rentrée de l’Institut, le 21 octobre 2019, Dany Laferrière a prononcé un discours intitulé "Un art de vivre par temps de catastrophe" où il a commencé par parler de Voltaire en termes cinématographiques (extraordinaire présentation d’un écrit de Voltaire qui parlait du tremblement de terre de Lisbonne, de même intensité) : « Je constate, avec une légère tristesse, qu’une expérience, si douloureuse soit-elle, n’a aucune incidence sur notre talent. (…) Bien que conscient du concentré d’ironie et de sarcasme qui irrigue cette injonction de Voltaire "Et vous composerez dans ce chaos fatal ?", je peux vous dire que c’est exactement ce que j’ai fait. J’avais mon carnet, et j’ai pu noter tout ce qui traversait mon esprit ou mon champ de vision. J’étais logé dans l’œil de la catastrophe. On comprend bien que je n’aie pas les moyens intellectuels pour une aussi vaste entreprise : décrire un tremblement de terre. Voir s’envoler dans un épais nuage de poussières, en trente-cinq secondes, une ville, sa ville natale, peut vous laisser sans voix. ».

L’instant clef : « J’ai entendu un bruit de train accompagné de trépidations sous la table, comme si des milliers de marteaux piqueurs entreprenaient de saccager les fondations de la ville. De quoi s’agit-il puisque Port-au-Prince n’a pas de métro ? J’ai compris plus tard que durant un pareil événement, tout va aussi vite que le style de Voltaire. (…) Je m’attendais à tout moment à voir la terre s’ouvrir pour nous engloutir. Une panique verte qui remonte à une adolescence fiévreuse alors que je passais mes journées au cinéma à me gaver de films d’épouvante. Puis, rien. Pas un craquement d’arbre sec, ni même un cri dans cette ville si bavarde et émotive. On se relève doucement, sans imaginer que des milliers de personnes étaient restées au sol. (…) J’écrivais en me disant pour me calmer que le narrateur ne meurt jamais. Je serai vivant tant que je pourrai écrire, même au cœur de la tempête. ».

La faillite de l’État : « On nous annonce la chute du Palais national, du palais de justice, du ministère des finances (…). Le corps de l’État par terre. Le chaos total. Quelqu’un a lancé que c’était la révolution, mais étonnamment, personne n’a pensé à prendre le pouvoir. (…) Plus aucune responsabilité. La faillite étant si évidente. On avait perdu en trente-cinq secondes une incroyable somme d’expériences humaines. Un homme bien mis s’est assis au pied d’un arbre avant de défaire sa cravate. ».

Et dans son bloc-notes de l’Académie, Dany Laferrière a écrit, ce jeudi 9 janvier 2020, en particulier sur la mort : « J’avais déjà posé la question, de façon brutale, à ma grand-mère [un de ses êtres les plus chers], un après-midi d’été. "Da, qu’est-ce que la mort ?". Elle m’avait répondu, sans détours : "Tu verras". Peut-être la plus succincte réponse jamais donnée à la plus angoissante question qui travaille tout être humain, de l’enfance à la vieillesse. Le livre que j’écrivais avait un titre énigmatique : "Pays sans chapeau". C’est ainsi que les Haïtiens nomment l’au-delà parce qu’on n’a jamais enterré personne avec son chapeau sur la tête. L’absence d’un élément vestimentaire définit la mort tout en effaçant l’angoisse qui l’accompagne généralement. La plus concrète et la plus sereine définition de la mort, à mon avis. ».

Et aussi, évidemment, sur le tremblement de terre. Une journaliste canadienne sur place voulait un commentaire de sa part : « J’ai choisi plutôt de parler de ce qui a étonné le monde entier, non pas du tremblement de terre lui-même, mais de la manière dont les Haïtiens ont fait face à cette catastrophe. J’ai résumé cela par cette déclaration, assez risquée dans un pareil moment, qui a fait, à mon grand étonnement, le tour du monde. Je ne sais toujours pas ce qui m’a pris ce jour-là de parler de culture et non de douleur : "Quand tout tombe, il reste la culture". La réponse se trouve peut-être dans ce texte qui dit la richesse de l’expression populaire haïtienne et le caractère fondamentalement heureux du peuple haïtien. ». Heureux dans la douleur…


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (10 janvier 2020)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Haïti, cauchemars et espoirs.
Dany Laferrière, dans la poussière de leurs rêves.
Erika (12 décembre 1999).
Le tsunami des Célèbes (28 septembre 2018).
Le tremblement de terre à Haïti (12 janvier 2010).
Amoco Cadiz (16 mars 1978).
Tchernobyl (26 avril 1986).
AZF (21 septembre 2001).
Fukushima (11 mars 2011).
L’industrie de l’énergie en France.

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17 réactions à cet article    


  • Jonas 11 janvier 2020 18:21

    Je suis dans une rage folle , contre les pays Occidentaux , qui oublient la tragédie de ce peuple ,,qui a subi tant de malheurs accumulés.

     Faut-il que ce peuple devienne terroriste , pour que l’on s’intéresse à lui ? 

    Que font les médias pour jouer leur rôle et attirer l’attention sur le désespoir de ce peuple du silence ?

    Est-ce que Haïti se trouve sur la même planète que Greta Thunberg ?

     


    • velosolex velosolex 12 janvier 2020 22:52

      @Jonas
      Vous avez tout à fait raison. Cette ïle n’a même pas à faire la manche, l’honneur et l’honnêteté devrait obliger la France, a remboursé la rançon obtenue par celle ci à la fin de l’esclavage, vécue par notre pays comme un manque à gagner honteux... 
      « En avril 2003, à l’occasion du bicentenaire de la mort de Toussaint Louverture, le président Jean-Bertrand Aristide affirme que c’est la France qui a une dette envers Haïti et non l’inverse. Il demande « restitution et réparation » pour les dommages commis par l’esclavage et pour la rançon exigée en 1825. Il réclame à la France 21 milliards de dollars, soit la valeur capitalisée des 90 millions de francs-or payés comme tribut. Mais après l’intervention politique et militaire franco-étasunienne qui a abouti au renversement d’Aristide en février 2004, les différents régimes qui vont se succéder à la tête de l’État haïtien, abandonneront la réclamation de restitution. » Source Politis"
      https://bit.ly/2TgX9WL Haïti,la dette originelle - Libération


    • velosolex velosolex 12 janvier 2020 23:00

      @velosolex
      21 milliards...Ce serait donc juste restituer l’argent d’un hold up.
      Une dette qui a été rééchelonné sur plus d’une siècle et qui a saigné ce pays, qui était autrefois la perle des Antilles. 


    • Eric F Eric F 13 janvier 2020 10:03

      @velosolex
      Le principe d’un remboursement est justifié, mais le calcul est pour le moins extravagant, car si on raisonnait ainsi, le remboursement par l’Angleterre de la rançon de Jean le Bon (500 000 écus en 1356) avec les intérêts capitalisés s’élèverait à des milliers de milliards d’euros.
      Donc un remboursement à Haïti des sommes effectivement versées (90 millions de francs or) peut s’établir au cours de l’or (qui intègre les évolutions de cours/parités) : environ 30 millions de grammes d’or à 45 euros le gramme, soit 1,35 milliards d’euros


    • sls0 sls0 12 janvier 2020 17:14

      Les failles au sud de l’ile peuvent donner du 7,3-7,5.

      Les failles au nord du 8-8,5. Une différence d’une magnitude c’est une énergie multiplié par 30.

      Il y a la magnitude mais aussi la durée qui est tributaire de la longueur de la faille, le point de rupture se déplace à 3000m/s.

      Dans le nord de la RD un tremblement de 8,1 en 46 a fait un peu plus de 2400 victimes dont 1600 dues au tsunami. Peu de victimes du fait que c’était des maisons caraïbes en bois qui sont naturellement résilientes et avec un toit en végétal ou en tôle sans inertie qui ne fait pas trop de dégâts au cas où il tombe.

      Louis XIV suite à un tremblement de terre avait interdit la construction en pierres à Haïti, c’est du connu.

      Avant Prépetit Eric Calais avait déjà alerté.

      En RD avec un âge moyen de 23 ans ça construit.

      Ici les banques ne spéculent pas sur les marchés, elles construisent. J’ai vu les constructions, elle correspondent aux normes locales. Les normes locales font 64 pages à comparer aux normes européennes qui font 240 pages sans les annexes nationales.

      En France le renouvellement du bâti c’est 2% par an, le tout antisismique ce sera à la fin du siècle.

      Sur l’ile d’Hispagnola il y a beaucoup de constructions faites hors des clous, des murs en parpaings avec une dalle en béton de 30 à 50 tonnes comme toiture.

      Pourquoi ce style de construction ? Elle résiste au cyclone.

      Haïti maintenant.

      Pour remboursé la dette faramineuse à la France, économiquement il y a eu un système pyramidal avec pas mal d’intermédiaires. Ce même système a servit par la suite pour rembourser les USA. Premier pays noir indépendant, ils l’ont payé très très cher.

      Ce système plus ou moins efficace pour remboursé une dette a perduré sous la dictature.

      Ce système fait que maintenant une banane plantain base des repas est plus chère à Haïti qu’en RD malgré des revenus agricoles plus élevés. Un agriculteur dominicain va vendre sa production avec son pic up, l’haïtien qui crève de faim attend l’intermédiaire.

      Le poste tremblement de terre.

      Si vous saviez un dixiême des saloperies qu’on fait les Clinton en Haïti vous auriez envie de vomir.

      Ce ne sont pas les seuls.

      Pour faire leurs magouilles il leur fallait un gouvernement conciliant.

      Ce gouvernement ne peut subsister que dans le chaos ce qui explique l’ambiance actuelle.

      Recontruire haïti.

      Une pluie qui tombe sur une forêt s’infiltre doucement dans le sol.

      A Haïti la pluie tombe sur des collines chauves, l’eau fait des ravines, emmène la terre arable qui se retrouve en mer où elle fait beaucoup de dégâts, sans récifs de coraux il n’y a plus trop de poissons.

      Pendant deux ans j’ai aidé pécunièrement à du reboisement et construction de murs de terrasses. Mon pote local est mort et l’ambiance est devenue moins sécurisante. Empêcher l’errosion avant toutes choses. A Madagascar la démocratisation du butane a diminué le charbon de bois, en Haïti ça pourrait marcher aussi mais il y en a qui se font du fric avec le charbon de bois mais ce ne sont pas les charboniers, toujours les parasites d’intermédiaires.

      De l’autre coté de la frontière c’est boisé, c’est plein de réserves qui occupent les militaires.

      Je n’ai aucun scrupule à bouffer de la langouste ou du lambi, à cause des réserves ça ne manque pas. Revers de la médaille qu’est-ce que la marine est chiante, pour se ballader en mer c’est déclaration obligatoire, date, heure et destination.

      Avec la protection civile locale on a regardé le bâti local.

      Avec de l’intensité VII ça commence à s’écrouler pour du mal bâti (20%), avec du IX possible ici il en faudra des sacs à viande. J’ai l’habitude d’employer ISIBAT, ça permet de ne pas passer deux jours avec une maison. Quand on à l’habitude, à l’oeil on peut déjà estimer les dégâts futurs.

      Une anecdote au sujet d’Haïti et du cyclone Matthew.

      Comme je connais un peu, lorsqu’il y a un cyclone en approche j’essaie d’estimer la hauteur des vagues et l’onde de tempête et je refile le bébé à mon voisin de la protection civile.

      J’ai la bathymétrie des cotes de l’ile, ça me prend 2 à 4h. J’en parle aussi sur un forum d’expatriés.

      Matthew c’était des vagues 1,5m à l’est, 4,5m chez moi à la moitié de la cote de RD et 5-6m coté frontière.

      Pour Haïti à l’ouest c’était du 11-12m d’onde de tempête.

      Je me suis senti mal quand j’ai vu le nombre de victimes facilement évitable.

      J’ai allumé quelques expats qui ont des liens coté Haïti. Comme réponse j’ai eu « qui prévenir ? », « j’ai fait remonté l’info » et « j’ai un pote qui a un hôtel sur la cote, la population ne savait pas qu’un cyclone arrivait »

      Le chaos profite à certains, on est pas à 1000 morts près.


      • soi même 12 janvier 2020 19:56

        Haïti, cauchemars et espoirs

        https://www.rtbf.be/info/opinions/detail_haiti-ruee-vers-l-or?id=8017320

        ( Haïti serait assis sur une mine d’or. Ses terres recèleraient de grandes quantités d’or, de cuivre et d’argent ainsi que du pétrole. Le gouvernement mise d’ailleurs sur l’exploitation minière pour garantir des taux de croissance à deux chiffres et faire de Haïti un pays émergeant à l’horizon 2030. Le Premier ministre, Laurent Lamothe, a ainsi affirmé que «  notre sous-sol est riche en minerais et qu’il est aujourd’hui opportun de les exploiter  ».

        Les richesses du sous-sol haïtien sont estimées à plus de 15 milliards d’euros. Dans un pays où 80% de la population vit sous le seuil de la pauvreté et où les manques de moyens de l’État sont criants, de tels chiffres laissent rêveurs. Près de 3.885 km² – principalement dans les montagnes du Nord –, soit 15% du pays, sont déjà sous concession minière. La crise mondiale, la hausse continue des prix des matières premières et l’exploitation effective des terres accessibles poussent les entreprises minières a cherché toujours plus loin – y compris dans des pays «  à risque  » – de nouvelles ressources. Haïti attise donc l’impatience et la convoitise de plusieurs transnationales. )

        C’est sans doutes pourquoi, il y a vraiment peut d’intérêt international à aidé cette population  ?


        • soi même 13 janvier 2020 01:04

          http://www.slate.fr/story/15723/haiti-%C2%ABpays-maudit%C2%BB-nen-rajoutez-pas

          Haïti, « pays maudit » : n’en rajoutez pas !

          https://www.franceinter.fr/emissions/interception/interception-05-janvier-2020

          Entre ruines et violence, Haïti aspire à la démocratie

          Des gens marchent sur la route, déserte avant les fusillades de gangs, au centre-ville de Port-au-Prince, le 20 décembre 2019. © AFP / Chandan Khanna

          L’ancienne « Perle des Antilles » est devenue l’un des pays les moins sûrs du monde. Certains quartiers de la capitale sont tenus par des gangs de bandits qui entretiennent des rapports plus que troubles avec les autorités, et depuis le départ de la MINUSTAH, force de maintien de l’ordre dépêchée par l’ONU, la criminalité a explosé.

          Les réseaux sociaux servent de caisse de résonance aux exactions commises par des chefs de gangs aux comportements moyenâgeux. Pour faire régner l’ordre, le gouvernement ne dispose que d’une police de 15 000 hommes, mal équipés, mal formés et… mal payés. Jimmy Cherizier, alias Barbecue, est lui-même un ancien policier.

          Les tirs d’armes à feu sont fréquents dans les quartiers, et les kidnappings sont monnaie courante. Au cours de son reportage, Vanessa Descouraux en a été témoin, l’intervention de son chauffeur permettant en prévenant des policiers, l’arrestation, en plein jour, d’hommes en armes qui avaient ligoté un Haïtien et l’entraînaient vers une de ces zones de non-droit comme il en existe de nombreuses autour de Port-au-Prince.

          Lundi 13 janvier, le lendemain du dixième anniversaire du séisme de 2010, Haïti va connaître un énième virage politique. La Chambre des députés sera constitutionnellement caduque ainsi que les mandats de près de la moitié des sénateurs. Comme aucune élection n’a été convoquée, le Président Jovenel devra gouverner par décret, avec donc les pleins pouvoirs pour son gouvernement.

          Dans un pays où les inégalités sociales s’accentuent et où les plus pauvres vivent avec moins de deux dollars par jour, tous les ingrédients pour une nouvelle période de troubles sont donc réunis.

          À la faveur d’une période de relative accalmie, Vanessa Descouraux a pu se rendre à Port-au-Prince pour nous proposer ce reportage, « Entre ruines et violence, Haïti aspire à la démocratie »


          • julius 1ER 13 janvier 2020 09:52

            Article plein de compassion et de sentimentalisme !!!!

            au delà de çà, rien !!!!! en 10 ans, après le séisme Haiti est toujours au niveau de ce qu’il était avant 2010, les milliards reçus après le drame, ont été détournés soit par les ONG soit par les locaux les mieux placés et le PIB par Habitant n’a en rien changé .... c’est juste le constat que l’on peut faire, alors la faute à qui ????

            selon Wiki la superficie de Haiti c’est 27750 Km/2 pour une population de 10 788440 Hab soit une densité de 389 Hab/km2 des chiffres qui sont proches de ceux de la Belgique en ordre de grandeur ....

            par contre la RD c’est 48 442 Km/2 presque le double de Haiti pour une population sensiblement équivalente et une densité de population moindre 213 Hab/Km2 .

            est-ce que ces chiffres peuvent expliquer ce désastre qu’est Haiti ????

            évidemment non, le désastre est à chercher dans la gestion de ce pays qui de Dictatures en parenthèses démocratiques n ’a pas ou pas pût ???? créer des corps intermédiaires démocratiques seuls à même de gérer l’intérêt commun et de mettre à profit les aides reçues pour que Haiti puisse aller de l’avant !!!

            l’impression générale est que ce pays n’avance pas, ou au contraire régresse et qu’il souffre d’une sorte de malédiction ......

            en tous cas sans mise en place de nouvelles structures démocratiques et de réseaux d’’intérêt général je ne vois pas comment ce pays pourrait améliorer son sort ????????????


            • Eric F Eric F 13 janvier 2020 10:27

              @julius 1ER
              « ..’il souffre d’une sorte de malédiction ... »
              effectivement, tremblements de terre, cyclones, etc. même s’il était parfaitement administré ce serait la catastrophe, alors comme en plus c’est le plus mal administré du monde, c’est l’apocalypse.


            • Ruut Ruut 13 janvier 2020 15:28

              Pourquoi ce pays n’arrive il pas a se reconstruire lui même ?

              Pourquoi toujours avoir besoin des autres ?

              Soit il est indépendant, soit il demande une fusion avec une autre Nation.

              Le misérabilisme commence a me gonfler.


              • Traroth Traroth 13 janvier 2020 18:17

                @Ruut
                Parce qu’ils n’ont pas un sou.


              • Ruut Ruut 14 janvier 2020 16:45

                @Traroth
                Rien ne leur interdit de produire avec les ressources existantes, les importation ne sont pas obligatoires.
                Et dans ce cas c’est de l’enrichissement interne.

                L’argent ne sert que pour les importations et il ne prend de la valeur sur les marchés qu’au travers des exportations.

                Mais pour l’urbanisme intérieur et les marchés intérieurs, pas besoin que la nation soit riche pour se développer.
                Une Monnaie Nationale avec des entreprises Nationales suffisent.


              • Traroth Traroth 13 janvier 2020 18:16

                Haïti ou le stade ultime du capitalisme : voila ce que devient un pays où il n’y a plus rien à piller.

                Cela dit, quand il y a de nouveau quelque chose à piller, les vautours ne sont pas loin. Ainsi, le séisme a donné lieu à des campagnes de dons qui ont battu des records. On parle de milliards, collectés dans le monde entier. 10 ans après, il n’y a même pas d’eau potable...


                • foufouille foufouille 13 janvier 2020 18:34

                  @Traroth

                  ils sont assis sur un gros tas d’or ...........

                  le gouvernement se goinfre comme dans les pays pauvres.


                • Traroth Traroth 14 janvier 2020 12:55

                  @foufouille
                  C’est certainement une partie de la réponse.


                • Traroth Traroth 13 janvier 2020 18:18

                  L’aide internationale leur a essentiellement « apporté » le choléra, introduit par des casques bleus népalais...

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