C’est notre faute si les forets tropicales disparaissent, et avec elles les animaux en voie d’extinction.
Oui c’est notre faute ! La nouvelle terrasse en tek ou la cuvette des toilettes en bois de rose achetée chez Leroy-Merlin proviennent des parcs nationaux de Bornéo et de l’Asie du sud-est. Eco-label ? Ce mot ne veut rien dire, surtout pour le pauvre paysan qui survit. Il vit à coté de forets où poussent des arbres lui permettant de vivre pour un an. Est-ce sa faute si le paysan vietnamien du Dac Lac coupe des arbres illégalement pendant la nuit ? Non, si ces arbres ne valaient pas si cher, ce paysan ne les couperait pas.
Dans un parc national à la frontière Cambodge-Vietnam j’ai eu la chance de faire une tournée d’inspection avec le garde forestier. Je dis bien LE, parce qu’il est seul pour surveiller plusieurs centaines d’hectares de forêt. A dos d’éléphant nous avons passé la journée à traverser les hautes herbes sous le couvert d’arbres majestueux. Les villageois viennent la nuit pour couper des arbres, nous en avons trouvé les traces et les outils. Le garde les connaît bien, ils sont du même village que lui. Il emporte les outils (lampe de poche, petit couteau,…) et laisse un message gravé dans une souche. Il ne peut que virer les gens pris sur le fait, il sait très bien qu’ils reviendront, tant qu’une nuit de travail rapportera plus qu’une semaine aux champs. Certes les villageois comprennent l’intérêt des touristes et voient la manne qu’ils représentent, mais tant que les professionnels du bois leur achèterons leurs produits un bon prix sans poser de questions, ils couperont les arbres.
Les professionnels ne sont pas les responsables non plus, le capitalisme n’a pas de conscience. Ces bois « exotiques » leur rapportent suffisamment pour qu’ils ferment les yeux, et même encouragent les paysans à pénétrer dans les forêts la nuit. Cela leur évite les animaux sauvages et les policiers.
Au Cambodge, le pillage des ressources est davantage organisé. La corruption permet à de grandes entreprises mafieuses de s’enrichir sur le dos de la biodiversité en péril. Des entreprises américaines, françaises et chinoises sous-traitent la coupe de forêt sans regarder d’où proviennent les essences. Tout en sachant que les bois viennent de parcs nationaux (on ne trouve plus de tek ailleurs) ces entreprises feignent l’innocence ! Ainsi, avec la complicité de groupes occidentaux, les forêts cambodgiennes sont pillées. La palme revient aux entreprises thaïlandaises et vietnamiennes qui impunément profite de la faiblesse de leur voisin pour ravager les parcs nationaux près des frontières. On peut voir des convois de camions passer la frontière au petit matin avant que les premiers touristes ne se lèvent.
Un autre exemple parlant : Le parc national de Bokor près de Kampot a été fermé au public. Depuis le rachat du site classé par une grande entreprise industrielle cambodgienne (soit dit en passant, une des plus grosse entreprise mafieuse où le premier ministre comme l’ancien roi Shianouk sont actionnaires), l’ancienne station d’été française (pendant la colonisation) est fermée au public pour réfection et création d’un complexe hôtelier. Effectivement l’endroit est magnifique : des ruines (église, casino) surplombe la baie de leur écrin de jungle perché sur la colline. Jusque là, rien de trop grave (excepté de construire dans un parc national). Mais lorsque je suis allé voir de mes yeux, les bulldozers déblayaient une largeur d’autoroute pour refaire une petite route d’accès. Les essences de bois coupés étaient triés sur place puis envoyées par camions vers les scieries. Ainsi sous couvert de faire une route, quelques hectares de parc national protégé, aux essences rares étaient dévastés légalement. Je ne vous parle même pas des chinois qui construisent un barrage au beau milieu du parc, cela fera certainement l’objet d’un article prochainement.
Tout cela pour dire que les forêts d’Asie du sud-est disparaissent à vue d’œil avec les animaux qu’elles protégeaient jusqu’alors. Et aucun label ne peut assurer qu’un bois tropical ne vient d’une zone protégée. Donc le seul moyen de protéger ce qu’il reste de ces forêts est entre nos mains. Comment ? Il suffit de contrôler ce que nous achetons en bois et de ne plus jamais acheter de bois tropical. Nous n’en avons d’ailleurs pas besoin, nous avons toutes les essences suffisantes pour nos besoins, qu’elles soient imperméables ou esthétiques. De plus acheter du bois européen pérennise l’exploitation forestière, la seule qui reboise plus qu’elle ne déboise. Alors, en ces temps de crise, sauvons les forêts tropicales (nos poumons) et sauvons les emplois. La prochaine fois que vous irez chez Leroy-Merlin pour acheter des caillebotis, vérifiez l’étiquette et prenez les en pin imputrescible ou en chêne..
le site de planète urgence
celui de notre-planète
ou bien le blog de l’homme post-moderne
inakis (tout en se rappelant qu’aucun label ne peut certifier l’origine du bois lorsque la corruption permet tout)
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