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Taux : la BCE répète ses fautes de 2008 et 2011

Ce jeudi, en pleine crise financière mondiale, Christine Lagarde a annoncé que la BCE avait choisi, comme annoncé précédemment, de remonter son taux directeur de 50 points de base, à 3%, du fait de l’inflation. Un choix complètement aberrant alors même que ce sont les hausses de taux qui ont précipité la crise, et qui rappelle les erreurs chères payées déjà commises en 2008 et 2011.

 

L’inflation avant la croissance, l’emploi et la stabilité…

Malheureusement, on ne peut pas dire que le choix de la BCE soit totalement incohérent, même si le calendrier aurait sans doute dû retenir son geste. En effet, la remontée des taux bouleverse les marchés financiers de plusieurs manières. Ceux qui se finançaient à coût presque nul, comme les starts up, sont poussés à être plus économe, et donc à utiliser leurs réserves. Et la valeur des obligations émises quand les taux étaient au plancher s’est littérallement effondrée. C’est ce double phénomène qui a précipité l’effondrement de la banque de la Silicon Valley, piégée par une augmentation des retraits de fonds dormants des entreprises de la technologie, moins enclines à emprunter, et une baisse de la valeur des liquidités placées en bons du Trésor. Pour couronner le tout, KPMG avait validé ses comptes quelques jours avant sa déroute, qui a opportunément eu lui quelques jours également après le versement des bonus
 
Mais le problème dépasse la Silicon Valley Bank. En 2023, comme en 2008, la défaillance d’une banque semble pouvoir être le domino déclencheur d’une crise financière majeure, même en l’absence d’équivalent strict des subprimes, du moins comme il le semble actuellement. D’autres banques étatsuniennes ont été touchées et la Fed a ouvert un parapluie spectaculaire, en garantissant les dépôts dans leur intégralité, au-delà des limites légales  ! Et cette crise étatsunienne s’est transmise en quelques jours au Crédit Suisse, qui était déjà en difficulté, au point que la banque centrale helvète a été contrainte de lui prêter la bagatelle de 50 milliards de francs suisses  ! Dans un jeu de domino habituel, cela a poussé le cours de toutes les banques à la baisse. Dans ce contexte, fortement monter les taux directeurs était une décision hasardeuse, l’équivalent d’allumer une alumette dans une forêt en pleine sècheresse…
 
Et malheureusement, ce n’est pas la première fois que la BCE commet une telle faute de politique monétaire. Pour qui n’a pas la mémoire courte, il y a deux précédents. Mi 2008, la crise des subprimes avait déjà commencé et la Fed avait déjà baissé ses taux directeurs de 5,25 à 2% en 6 mois. Mais, face au rebond de l’inflation provoqué par la hausse du prix des matières premières, la BCE avait cru bon, non seulement de ne pas baisser les taux comme la Fed, mais de les remonter de 4 à 4,25%, à contre-temps complet, propulsant l’euro momentanément au-delà de 1,6 dollars. La logique de l’euro cher était encore à l’œuvre. Résultat, en 2008, fait trop peu connu, alors que la crise des subprimes venait d’outre-Atlantique, la zone euro est entrée en récession deux trimestres avant les Etats-Unis, du fait de la politique monétariste délirante de la BCE de Jean-Claude Trichet, qui a accéléré les désindustrialisations.
 
L’autre précédent, c’est en 2011, encore une fois dans un contexte de hausse conjoncturelle et temporaire de l’inflation. Déjà, début 2009, la BCE n’avait baissé les taux qu’à 1% au lieu des 0,25% de la Fed : la plus forte rémunération des fonds en euro avait poussé la monnaie unique autour de 1,3 dollars, nous rendant moins compétitif et pénalisant la reprise de l’économie européenne… Pour couronner le tout, alors que le prix des matières premières rebondit et pousse l’inflation un peu au-delà de 2%, elle monte les taux deux fois en 2011, au contraire de la Fed. Cette sévérité monétaire pousse le continent dans la crise des dettes souveraines et lui imposera par la suite de baisser les taux sous ceux de la Fed, mais le déficit de croissance a été perdu pour toujours, et n’a jamais été rattrapé. Bref, il est assez choquant que dans des circonstances proches, la BCE commette encore la faute d’une politique trop restrictive.
 
Ici, on touche sans doute au problème fondamental de cette monnaie unique, qui impose une cote mal taillée pour des pays trop différents pour partager une même monnaie. Que l’Allemagne, où l’inflation est bien pus forte, du fait du plein emploi et du marché de l’énergie, veuille monter les taux, pourquoi pas ? Mais les pays du Sud, à l’inflation plus basse, n’en ont pas du tout besoin. Comme toujours, cette monnaie unique est un boulet qui nous pénalise. La seule solution est d’en sortir.

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8 réactions à cet article    


  • pipiou2 25 mars 2023 13:19

    L’auteur avait prévu la disparition de l’Euro il y a déjà quelques années.

    Quel visionnaire !


    • Pic de la Mirandole Pic de la Mirandole 25 mars 2023 19:17

      @pipiou2

      Il l’a prévu trop tôt.

      Ce qui est effectivement la définition de « visionnaire »


    • Florian LeBaroudeur Florian LeBaroudeur 25 mars 2023 13:19

      Au sujet du choix de la BCE, voici l’avis de Charles Sannat 

      42:18 « La BCE a encore augmenté de 0.5 les taux d’intérets en Europe, ce qui est une bétise, mais ne pas le faire aurait été encore pire parce que ça aurait montrer au marché que la situation est trés trés grave, donc la BCE fait une bétise en augmentant les taux, mais ne pas le faire provoquerai une panique, des problèmes plus importants que ne pas le faire, c’est de la psychologie de marché. C’est une excellente nouvelle car l’effondrement systémique n’est pas une option pour les gens raisonnables »
      « Tant que la vie continue comme avant c’ést nettement mieux, imaginez le système bancaire qui explose, tous les flux qui s’arrétent »
      « Peut importe que ça soit juste, peu importe qu’il y est l’aléas moral pour les vilains banquiers, on a tous plus à perdre avec un effondrement systémique qu’avec le fait de sauver de manière immoral quelques vilains personnages qui aurait bien mériter d’étre rouler dans du goudron et trainé en place publique, non je vous assure, il vaut mieux que tout ne s’effondre pas. »

      Faillite bancaire faut il paniquer et comment protéger son argent (partie 1) - YouTube

      Ce que nous dit Charles c’est qu’on a pas le choix, qu’on est tous à bord d’un train lancé à toute vitesse et qu’en sautant du train on pourrait se faire trés mal. Donc il faut mieux rester à bord du train le plus longtemps possible même si on sait qu’il va finir par dérailler.


      • Brutus paparazzo 25 mars 2023 15:41

        Ce ne sont pas des fautes, c’est un racket !


        • perlseb 25 mars 2023 19:14

          Une faute ? Peut-être un petit coup de pouce pour le great reset. La farce covid, la guerre que l’OTAN souhaitait ardemment (pour détruire « légitimement » le gazoduc Nordstream mais pas que), l’inflation provoquée (avec l’aide de la dérégulation que l’UE a volontairement mis en place). En fait, tout ça n’était pas encore jugé assez choquant pour mettre en place l’état totalitaire qui va suivre. Donc pour bien assurer ce changement, on rajoute un pourrissement social (toucher à la retraite est une excellente idée) et une hausse des taux : si la contagion au sein des banques pouvait déboucher sur une faillite généralisée de banques importantes avec une destruction en règle de l’économie, alors peut-être, enfin, que certains pourraient rentabiliser leur bunker privé et se délecter des images vidéos de la « fin du monde » qu’ils ont provoquée. Une fois la population mondiale bien réduite, ils pourront mettre les survivants en esclavage...

          Bon c’est une fiction, hein. J’y crois pas ... enfin, j’essaie de pas y croire parce que c’est très difficile de trouver une explication rationnelle aux très mauvais choix qui sont faits depuis pas mal d’années déjà par des gens supposés plus intelligents que la moyenne (notre « élite » de dégénérés).


          • Brutus paparazzo 26 mars 2023 09:27

            « des gens supposés plus intelligents que la moyenne (notre « élite » de dégénérés). »


            dans une fourmilière, comme dans une ruche, aucune fourmi ni aucune abeille ne sont intelligentes, même pas (et surtout pas) les « reines », même pas les soldats ni les ouvrières. C’est la fourmilière et la ruche qui sont « intelligentes », et l’individu n’est qu’un élément éphémère et interchangeable d’un organisme dont la logique est celle de l’ensemble et les raisons d’être la durée et l’expansion exponentielle

            même les espèces « éteintes » ont transmis la vie à leurs descendants qui se sont adaptés : les oiseaux sont des dinosaures qui ont pu échapper aux cataclysmes parce que leur évolution leur avait donné des ailes pour changer de crèmerie , mais aucun oiseau, même le plus riche et le plus puissant n’a porté ce « projet »

            l’« intelligent design » n’existe pas, tout n’est qu’évolution et adaptation


            • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 26 mars 2023 11:10

              @paparazzo
               
              ’’l’« intelligent design » n’existe pas, tout n’est qu’évolution et adaptation’’
                >
               L’« intelligent design » découle de la symbiose des interactions des forces fondamentales du monde matériel et du principe spirituel formulé par Guillaume d’Ockham (1285, 1347), principe connu sous le nom de rasoir d’Occam.
               
              Nous trouvons que le monde est beau parce que nous sommes faits du même bois.
               
              «  L’industrie est cause de toute laideur » (Oscar Wilde)
               
               Seule cause ? Voire ...


            • https://reseauinternational.net/les-problemes-bancaires-americains-annoncent-la-fin-du-systeme-de-reserve-en-dollars/

              Les problèmes bancaires américains annoncent la fin du système de réserve en dollars

              Tous les commentateurs en fait s’accordent sur certains diagnostics 1) ce n’est pas la crise des prêts hypothécaires de 2008, c’est la crise du système hégémonique du dollar mis en place en 1971 base de l’impérialisme. Simplement ce n’est pas la crise de l’hégémonie occidentale, c’est un mode de production qui a eu une durée assez courte de 500 ans qui ne peut plus porter le développement des sociétés et devient une entrave contre laquelle les êtres humains sont contraints de se débattre. 2) Les États-Unis en crise de paranoïa sont convaincus d’être victimes de l’hostilité de plus en plus générale, une sorte de complot imaginaire qui se regrouperait derrière la Chine alliée à la Russie, mais c’est d’eux-mêmes qu’ils sont victimes à la manière dont on voit le pouvoir, leur pouvoir celui de Macron en France créer les conditions du désordre pour tenter de réprimer, nous mener à la guerre de tous contre tous. « Le plus grand danger pour l’hégémonie du dollar et le pouvoir stratégique qu’il confère à Washington n’est pas l’ambition de la Chine d’étendre le rôle international du RMB. Le danger vient de l’épuisement du mécanisme financier qui a permis aux États-Unis d’accumuler une position étrangère nette négative de 18 trillions de dollars au cours des 30 dernières années », c’est-à dire un des « monopoles » le dollar, l’autre la principale force armée est de même nature. Face à cette folie, le reste du monde s’écarte prudemment. La crise bancaire n’est pas un problème de qualité du crédit, mais découle plutôt de la tâche désormais impossible de financer la dette extérieure sans cesse croissante des États-Unis.

              Danielle Bleitrach

              ***

              par David P. Goldman

              Le système bancaire américain est en panne. Cela ne présage pas d’échecs plus médiatisés comme le Credit Suisse. Les banques centrales maintiendront les institutions moribondes sous assistance respiratoire.

              Mais l’ère des réserves basées sur le dollar et des taux de change flottants qui a commencé le 15 août 1971, lorsque les États-Unis ont rompu le lien entre le dollar et l’or, touche à sa fin. La souffrance de l’agonie sera transférée des banques à l’économie réelle, qui aura faim de crédit.

              Et les conséquences géopolitiques seront énormes. La saisie du crédit en dollars accélérera le passage à un système de réserves multipolaires, avec l’avantage du RMB chinois en tant que concurrent du dollar.

              L’or, la « relique barbare » abhorrée par John Maynard Keynes, jouera un rôle plus important parce que le système bancaire en dollars est dysfonctionnel et qu’aucune autre monnaie – certainement pas le RMB étroitement contrôlé – ne peut le remplacer. Aujourd’hui, à un prix record de 2000 $ US l’once, l’or devrait encore augmenter.

              Le plus grand danger pour l’hégémonie du dollar et le pouvoir stratégique qu’il confère à Washington n’est pas l’ambition de la Chine d’étendre le rôle international du RMB. Le danger vient de l’épuisement du mécanisme financier qui a permis aux États-Unis d’accumuler une position étrangère nette négative de 18 trillions de dollars au cours des 30 dernières années.

              L’institution phare de l’Allemagne, Deutsche Bank, a atteint un plus bas historique de 8 euros le matin du 24 mars, avant de remonter à 8,69 euros à la fin de la journée, et sa prime de swap sur défaut de crédit – le coût de l’assurance sur sa dette subordonnée – a grimpé à environ 380 points de base au-dessus du LIBOR, soit 3,8%............................

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