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Politique économique (1) : Quel objectif ?

Me remettant avec difficulté du Non français au projet de traité constitutionnel européen et plongé dans la rédaction des mes neuf notes sur la question des hautes rémunérations, au cours des dernières semaines, je n’ai regardé que d’un œil distrait et d’une oreille peu attentive les informations relatives à l’économie. Il est vrai qu’il était difficile de faire autrement dans le tohu-bohu médiatique entourant les propos sécuritaires et judiciaires de Nicolas Sarkozy. Du coup la conférence de presse du 21 juin dernier de Thierry Breton s’était résumée pour moi à la ritournelle classique pour un Ministre de l’Economie et des Finances sur l’endettement de la France et notre propension nationale à reporter sur les générations futures les ardoises du présent. Et j’en arrivais paresseusement à la conclusion peut-être hâtive, mais partagée par beaucoup d’observateurs dans lesquels j’ai habituellement confiance, tels Laurent Mauduit ou Eric La Boucher dans Le Monde, selon laquelle, décidément, la France n’avait pas de politique économique !
Pour en avoir le cœur net, je me suis cependant reporté aux sources, c’est-à-dire au site internet du Ministère de l’Economie et des Finances et j’ai consulté le dossier qui avait été diffusé à l’occasion de la conférence de presse du Ministre. J’ai d’abord regretté que le verbatim de ses propos de présentation, au contraire de ceux du Ministre du Budget, n’y figurent pas, mais seulement ses slides. On sait en effet que chaque mot compte dans cette position qui est celle du ministère de la confiance et dont la vocation, notamment face aux revendications et aux exigences abusives des citoyens au regard des possibilités réelles du pays, est de pratiquer le massage des esprits (Seelenmassage) selon l’expression restée fameuse du grand ministre du miracle allemand, Ludwig Erhard. On sait aussi combien les slides sont réductrices par rapport à l’expression verbale de la pensée qu’elles sous-tendent, je peux en témoigner ayant moi-même souvent utilisé cette technique.
En dépit de cette lacune, j’ai trouvé une forme de réconfort dans cette plongée dans les informations et les chiffres inclus dans ces slides et les indicateurs de progrès et autres documents annexes qui leur étaient associés. En effet l’essentiel des données permettant de définir et de formuler correctement la stratégie économique dont notre pays a besoin y figuraient, même si, tel un jeu de cartes complet éparpillé, l’ordre dans lequel elles étaient présentées n’était pas satisfaisant.
Les mots utilisés par les responsables politiques ces temps-ci pour caractériser leurs préoccupations ou leurs priorités, le mot emploi pour le gouvernement, le mot endettement pour le ministre de l’Economie et des Finances, les mots pouvoir d’achat pour l’opposition, mots autour desquels s’organise ou s’organiserait leur action, ne font que créer la confusion et sont incapable de structurer une politique permettant le retour à la confiance. Personne ne croit plus sérieusement que le gouvernement soit en position d’améliorer l’emploi, tant d’espoirs ayant été déçus et de promesses, trahies. Que l’endettement du pays soit excessif, qui le contestera, mais comment faire de sa réduction le pivot mobilisateur du changement. Quant au pouvoir d’achat, que de frustrations accumulées n’a-t-il pas laissé dans la mémoire des Français.
C’est une évidence, mais dont on ne tire pas suffisamment les conséquences : le problème essentiel de notre pays et en même temps le levier central qui permettrait d’améliorer sa situation, c’est la croissance économique. Au cours des trois dernières années, le rythme annuel a été à peine supérieur à 1%. Le 0,2% pour le premier trimestre 2005 du dernier point des indicateurs de progrès n’annonce pas des jours meilleurs.
Or sans croissance économique, pas de réduction réelle et sérieuse du chômage. Sans croissance économique, pas de réduction réelle et soutenue de l’endettement. J’ai enseigné autrefois à Sciences Po la politique budgétaire et s’il est un constat que les statistiques, de mon temps, n’ont jamais démenties, c’est que, dans quelque pays que ce soit, quand il y avait croissance, il y avait retour vers ou proximité de l’équilibre des finances publiques et que, quand il n’y en avait pas, c’était une tâche de Sisyphe que de tenter d’y parvenir.
Alors j’entends déjà les discours de démobilisation : la croissance ne se décrète pas ; en économie de marché, la croissance est un résultat, ce ne peut pas être un objectif. C’est faux. Le seul moyen sérieux, avant tous les autres, pour commencer à régler les deux problèmes qui détruisent en profondeur notre pays, le chômage et l’endettement, c’est de nous donner pour objectif central à court terme, non pas l’emploi, non pas la baisse de l’endettement, non pas l’augmentation du pouvoir d’achat, mais un rythme annuel de croissance économique d’au moins 3% +.

Prochaine note : (2) Quelles actions ?


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