Les contrats de désendettement-développement au Cameroun
L’organisation du débat sur la participation à l’aide au développement en Afrique a été le groupe majoritaire à l’Assemblée nationale en 2003 ; tous les groupes ont participé à ce débat houleux. La question de l’alimentation, de la lutte contre la faim et donc contre la pauvreté, l’éducation, le développement durable furent au centre de la discussion. Les « contrats de désendettement-développement » - en abrégé C2D - qui étaient la base de ce débat, sont en train de devenir un outil important de l’aide française.
Les contrats de désendettement-développement
Les « contrats de désendettement-développement » - en abrégé C2D , deviennent un outil essentiel et important de l’aide de la France et de l’Europe. Les C2D rompent avec la tradition d’une aide française plutôt centrée sur des projets précis, pour s’engager de façon plus générale et sur une durée plus longue, dans l’aide sectorielle. Cette méthode, de plus en plus utilisée par les bailleurs de fonds, permet une approche globale de tel ou tel secteur. Elle suppose que le pays bénéficiaire développe une telle politique sectorielle. L’aide est ensuite accordée à cette démarche, en la liant à des indicateurs de mise en oeuvre et à des indicateurs de résultat.
Le premier Comité d’orientation et de suivi (Cos) du contrat de désendettement pour le développement (C2d) conclu entre la France et le Cameroun s’est réuni le 27 octobre 2006. La partie française a confirmé son engagement à payer les salaires des 13 000 instituteurs qui signeront un contrat avec l’Etat du Cameroun.
Mercredi 25 octobre, le Cameroun a payé à l’Agence française de développement (Afd) (34 milliards de F CFA) 51 832 665,86 euros , au titre du règlement de la dette. Cet argent sera retourné au Cameroun dans les deux semaines et viré directement au compte spécial du C2D ouvert auprès de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC). Ce qui portera alors à quelque 69 milliards de F CFA le montant disponible pour le financement des projets sur C2D. La concertation du 27 octobre 2006 a permis au ministre de l’Economie et des Finances de rappeler que les attentes sociales sont nombreuses et pressantes. D’où l’urgence qu’il y a à démarrer l’exécution des programmes déjà déclarés éligibles au financement du C2D. L’ambassadeur de France au Cameroun, Georges Serre, a souligné qu’il faudra éviter le saupoudrage qui altérerait la qualité des interventions. Les ressources du C2D doivent être orientées vers des projets structurants de lutte contre la pauvreté. Pour plus de fluidité dans leur utilisation, le Cameroun doit créer les conditions de gouvernance permettant de transformer les fonds du C2D en aides budgétaires. Le diplomate français relève que la croissance économique actuelle du Cameroun reste inférieure aux objectifs de lutte contre la pauvreté. Georges Serre a confirmé l’appui de la France à la politique de recrutement des instituteurs contractuels. Concrètement, les instituteurs vacataires qui gagnent péniblement 76,22 euros (50 000 F CFA) auront un salaire de 167,69 euros (110 000 F CFA) par mois avec la mise en consommation des ressources du C2D.
Les objectifs de la France dans le cadre des C2D
L’un des objectifs est le développement durable, auquel l’Europe contribue en offrant, bien plus que les Etats-Unis, des débouchés aux exportations agricoles. L’Europe doit restaurer une alliance avec les pays d’Afrique subsaharienne, sur la base d’un modèle agricole fondé sur l’agriculture familiale et la ruralité, en les aidant à mettre en place des marchés communs régionaux, et en appliquant, sur les produits qu’elle importe, un système de préférences tarifaires différenciées en fonction du niveau de développement de chacun de ces pays.
Un autre but de la France est de soutenir les réformes institutionnelles nécessaires au développement agricole, notamment les réformes liées au foncier, et de développer l’application des nombreux progrès techniques issus de nos laboratoires de recherche, de nos écoles, de nos instituts, pour les expérimenter et les mettre en oeuvre, notamment dans le domaine de la génétique, qu’elle soit végétale ou animale.
Le but de l’Europe, comme celui de la France, est de soutenir les personnes qui sont venues en Europe occidentale apporter leurs capacités par tout un ensemble d’associations, de réseaux bancaires, de communes ou de collectivités locales décentralisées. Des associations de jeunes volontaires, prêts à donner beaucoup d’eux-mêmes, soutiennent le développement, participent également à cette action. Un véritable partenariat d’entreprise doit se tisser d’un côté et de l’autre de la Méditerranée.
Elargissement du champ d’intervention des C2D
Les associations et organismes de la société civile française et camerounaise, membres du COS/C2D ont plaidé pour un élargissement des interventions du premier C2D 536 620 540,68 euros sur cinq ans, vers le monde rural. Au vu de l’incidence de la pauvreté en milieu rural et de l’impact qu’exerce l’exode rural sur le développement urbain, il semble essentiel que le C2D contribue à une politique de développement rural ambitieuse et créatrice d’emplois. Ils souhaitent également que des projets de la société civile soient éligibles au financement du C2D.
Les représentants de la société civile ont obtenu que le Cameroun désigne un parlementaire dans le COS/C2D. Un comité qui devra diffuser toutes les informations sur l’exécution des projets. Cette exigence de transparence s’avère la clé du succès de cette nouvelle architecture d’aide au développement à la française. Le prochain comité d’orientation et de suivi du C2D devrait se réunir dans le courant de l’année 2007. La Commission européenne, par son représentant, et le Haut commissaire du Canada représentent le comité multibailleurs, et devront contrôler le bon usage des fonds destinés à l’Afrique.
Vu que la répartition des biens et richesses en Afrique est inégale, leur mise en commun implique des coopérations interafricaines, ainsi qu’avec le reste du monde et l’Europe. Les richesses africaines doivent être valorisées, transformées sur place, pour pouvoir contribuer à des productions industrielles et technologiques.
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