Le lampadaire économique
On connaît la fable du lampadaire : quelqu’un cherche quelque chose la nuit sous un lampadaire parce qu’il voit ce qu’il fait, bien qu’il sache qu’il a perdu ce qu’il cherche ailleurs que sous ce lampadaire.
Les économistes ne s'occupent que de monnaie. C'est l’objet de leur réflexion, leur brique, leur concept de base. Presque tous leurs autres concepts ont de la monnaie à l’intérieur. Ils ne connaissent que cela : les stocks, les flux, la création monétaire.
Les économistes ne peuvent rien intégrer de ce que l'homme prend à la nature, ni ce qu’il lui rend, car la nature n'a pas de compte en banque. La nature, c’est ce que l’homme trouve et ne produit pas, à partir de quoi il produit (Il produit des assemblages, donc. La technique est tissée de nature).
Côté homme, les économistes le définissent comme un être abstrait qui connaît son intérêt, le poursuit par des décisions adaptées qui atteignent leur but. Pas de psychologie dans leurs analyses. Pas de culture, non plus. Avec, tout de même, des aménagements à la marge, comme le moral des ménages, le moral des entrepreneurs…
Ce schéma : Il y a de la monnaie et des humains robots qui agissent sans affects… est entré dans nos esprits fortement. Est entré dans nos esprits également : la primauté de l’économie dans l’activité humaine, c’est-à-dire le caractère absolu de la nécessité pour une activité humaine d’être économiquement viable. Marx l’a dit : Tout est économique. Il serait bon de former les citoyens à l’économie dès l’école primaire, puisqu’ils votent. Afin d’avoir une petite idée de tout ça. Cette éventualité n’est même pas discutée. L’économie nous éclaire mais peu de gens l’ont travaillée. Nous sommes sous le lampadaire et ceux qui savent nous disent ce que l’on voit.
Progrès et innovation :
On a remarqué l’affaiblissement des combinaisons productives. A un moment donné, on produit des biens avec un système d’outils, de machines, de techniques diverses coordonnées, de bâtiments, de terrains, un système d’achat des fournitures, de distribution et de vente des produits finis… qu’on appelle des facteurs de production. On peut raconter cette expérience de pensée : si on met un paysan sur une parcelle de blé, il produit une certaine quantité de blé qu’on appellera unité. Si on en met deux, ils vont produire 4 unités. Le rendement de chaque travailleur est doublé. Si on en met 3, ils produisent 5 unités : la quantité totale augmente mais le rendement par travailleur a commencé à baisser… Cette baisse se poursuit. Mettons avec 10 paysans, la parcelle donne 11 unités ; avec 15 paysans 15 unités, on est revenu au rendement d’un travailleur seul, la quantité produite a augmenté. A 18 travailleurs, on produit 15, on ne gagne rien de plus, et à 19, on produit 14, on se met à perdre.
Dans ces conditions, on peut se demander comment l’humanité fait pour croitre en nombre, puisque la production possible connaît un sommet, puis stagne, puis diminue.
La réponse est dans l’innovation : quelqu’un trouve d’autres outils, d’autres machines et change la combinaison des facteurs de production. Tout redémarre. A 19 ouvriers, on produit 30 unités, à 25, 40… la courbe de production monte et les rendements décroissent… Le processus recommence, jusqu’à la prochaine innovation…
Cette histoire a eu des applications magnifiques avec le charbon, les machines thermodynamiques (les machines à vapeur du XIXème siècle qu’on ferait mieux d’appeler machines à charbon)… Puis les moteurs à explosion ont relancé l’économie… Puis la création de l’électro-ménager, de l’audio-visuel, du numérique, du web… tous ces secteurs nouveaux ont relancé l’économie. Apparemment, une confirmation à grande échelle des théories économiques.
Le traité de Lisbonne de 2009 parle de croissance structurelle : La croissance, sous-entendu par l’innovation, est le fonctionnement ordinaire, normal d’une économie… La croissance ne sort pas des décisions des économistes, elle est là, ils le savent, croient le savoir plutôt, de par l’histoire récente dont les sciences économiques avaient fait l’analyse avant que cela se produise.
Les innovations apportent le progrès. Le temps qui passe dégrade les combinaisons productives et des nouveautés de toutes sortes font repartir l’augmentation de la production. Globalement, l’effet du temps sur nos modes de vie, sur notre confort est positif.
La croissance structurelle : La structure entendue-là ne comporte que de l’humain-robot rationnelle ; il n’y a rien avant la production, et rien après (ni ce qu’on prend, ni ce qu’on rejette n’entre dans l’analyse économique, bien que ce soit bien visible et indéniable dans la production-consommation économique). L’homme est comme maître et possesseur de la nature et la nature, implicitement est comme esclave et pourvoyeuse de l’homme. JB Say, économiste, l’a explicité.
Ce qui n’est pas éclairé par le lampadaire :
Que le travail humain ne fasse que transformer des éléments disparates trouvés, donnés… (la technique est tissée de nature) n’est pas pris en compte, le compte ne se tenant qu’en monnaie, la nature apporte à notre économie et nous apportons à la nature un résidu de grande taille (le moteur d’une voiture a un rendement de 30% environ : 30% de l’essence qu’on y brûle produit du déplacement qui est la seule chose qui nous intéresse, et 70% sont de la chaleur, du rejet de gaz.
Un autre aspect pas éclairé : dans une vidéo "blast", Gaël Giraud explique, en substance, que les banques ne peuvent pas trop miser sur les énergies renouvelables parce que leurs avoirs sur les énergies fossiles perdraient trop de valeur, leurs avoirs, c'est donc la valeur des banques qui en seraient diminuée d'autant. Il est suicidaire pour une banque de trop miser sur l'énergie renouvelable... Donc les entrepreneurs qui voudront du crédit côté énergies renouvelables auront plus d’efforts à faire pour en obtenir que ceux qui veulent du crédit pour les énergies fossiles.
Et pendant que les autorités politiques mettent en avant les investissements pour la « transition énergétique », les investissements pour les fossiles polluants continuent.
Autrement dit, il nous faut une science économique qui intègre tout ce qui est utile à la production-consommation, avant et après l’action de l’Homme.
Ce n’est pas ce qu’on voit.
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