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Accueil du site > Actualités > Economie > L’arme de l’euro

L’arme de l’euro

L’euro s’est approché il y a quelques jours du niveau symbolique d’1,50 dollar, soit en net dépassement du précédent pic historique atteint par le deutsche mark il y a douze ans. De nombreuses voix européennes plaident pour une intervention de la Banque centrale européenne dont le but serait de freiner, voire de renverser cette tendance inexorable de l’euro.

De fait, l’Allemagne s’est tout récemment joint à ce concert de contestations, mais l’expérience historique démontre qu’une telle intervention isolée de la Banque centrale européenne n’aurait qu’un effet ponctuel. En effet, la tenndance de la monnaie européenne ne ferait que reprendre sa voie initiale par la suite car la condition sine qua non pour le succès d’interventions réussies de banques centrales consiste en la participation de la Réserve fédérale américaine. La valeur actuelle du dollar n’est pas une préoccupation prioritaire des Américains et l’euro dépassera prochainement le niveau d’1,50.

Cette appréciation n’offrira pas que des inconvénients. L’objectif non avoué des pères de l’euro était à l’origine que leur monnaie supplante progressivement le dollar en tant que monnaie de réserve auprès des banques centrales mondiales. Ils souhaitaient que la devise européenne se pose progressivement comme la grande rivale du dollar. Cette arme du dollar était constamment exploitée par les Etats-Unis qui en usaient et en abusaient, conscients du privilège qui leur était conféré de détenir la principale monnaie de réserve mondiale. Une de ces armes consistait à dévaluer le dollar en toute impunité, toute la dette extérieure des Etats-Unis étant libellée en dollars. De plus en plus, le billet vert semble menacé dans son statut privilégié qui était le sien jusqu’à présent et il pourrait de fait très prochainement tomber de son piédestal si la crise du crédit devait s’amplifier aux Etats-Unis ou si l’inflation devait s’y accélérer. Une telle aggravation de la crise financière aux Etats-Unis découragerait encore plus les investisseurs étrangers - et parmi eux principalement les banques centrales asiatiques - d’accumuler autant de réserves exprimées en dollars. L’euro en serait forcément le grand bénéficiaire car la monnaie européenne est la seule alternative crédible au dollar eu égard à l’ouverture de l’économie européenne, à son importance, mais également grâce à la liquidité et à la bonne santé de ses marchés financiers, sans oublier la crédibilité dont jouit la Banque centrale européenne auprès des divers intervenants financiers. Les compagnies européennes pourraient dès lors multiplier les transactions internationales avec nettement moins de risques car elles s’exprimeraient moins en dollars, mais beaucoup plus en euros. Dans un tel scénario, la lutte contre l’inflation en serait également facilitée : effectivement, l’économie de la zone euro serait nettement moins vulnérable aux fluctuations erratiques des devises car tant ses importations que ses exportations seraient alors libellées en euros. De plus, les pays de la zone euro bénéficieraient de facto de taux d’intérêts extrêmement bas pour leurs emprunts eu égard aux réserves massives d’euros qui seraient détenues par les banques centrales autour du globe. Ainsi, l’économie européenne pourrait le plus naturellement du monde financer à bas prix ses déficits vis-à-vis de l’extérieur en bénéficiant d’une demande toujours accrue en euros générée par la croissance du commerce international. Corde sur laquelle les Etats-Unis n’ont cessé de tirer depuis bientôt trois décennies...


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26 réactions à cet article    


  • Tzecoatl Tzecoatl 30 novembre 2007 11:41

    « De plus, les pays de la zone euro bénéficieraient de facto de taux d’intérêts extrêmement bas pour leurs emprunts eu égard aux réserves massives d’euros qui seraient détenues par les banques centrales autour du globe »

    Donc vous accordez un rôle de monnaie de réserve à l’euro. Or cela signifie une dette concomittante, puisque l’euro est une monnaie d’endettement. C’est peu souhaitable.

    Quoiqu’il en soit, après la walmartisation de l’économie américaine, la chute du dollar signifie la « yuanisation » de cette même économie. Autrement dit, l’économie américaine s’aligne petit à petit sur l’économie chinoise, attaquée qu’elle est par le dumping social et monétaire.

    « Les compagnies européennes pourraient dès lors multiplier les transactions internationales avec nettement moins de risques car elles s’exprimeraient moins en dollars mais beaucoup plus en euros »

    Il n’empêche qu’exporter en euros sera plus cher et importer (quelque soit la monnaie) sera toujours moins cher.

    Il est à craindre, de fait, que l’économie européenne, attachée comme une bernic sur son rocher, connaisse une fragilisation de ses marchés de l’emploi et de son commerce extérieur. Une fois de plus, seule le secteur de la finance profiterait en Europe de l’euro fort, grâce à l’attractivité de cette devise. Mais cela a un coût social pour les autres secteurs qu’évidemment vous ne clamez pas.


    • Michel Santi Michel Santi 30 novembre 2007 12:05

      Vous avez absolument raison : un Euro à ces niveaux - voire plus haut - amènera fatalement son lot de problèmes...Je souhaitais dans cet article néanmoins démontrer que l’appréciation de l’Euro avait quand même quelques impacts positifs.


    • Tzecoatl Tzecoatl 30 novembre 2007 12:40

      Disons que le fait que le dollar soit à 50% (d’après mes sources) une monnaie permanente lui permettait d’être une monnaie de réserve. Ceci n’étant pas le fait de l’euro, je suis sceptique quand à la vocation que lui attribuaient ses pères.

      De surcroit, le rafermissement de l’euro est intrinsèque au fait qu’elle ne soit fait que de monnaie temporaire, ce qui me semble particulièrement inquiétant.

      Et l’on voit une Europe acculée à menacer la Chine de protectionisme (source :http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3216,36-983878@51-983990,0.html ) , une FED prête à baisser ses taux dans l’optique d’éviter une récession.

      Même avec des taux faibles, il est possible que la politique uniquement déflationniste de la BCE ne soit pas tenable à terme.


    • Michel Santi Michel Santi 30 novembre 2007 13:13

      Bien des banques centrales qui comptent, dont celles des Emirats Arabes, Russie..., diversifient leurs réserves en Euros et ce depuis au moins 2002. Je suis persuadé que ce mouvement va s’accélérer, également au bénéfice des métaux précieux par exemple. Jusqu’à présent, le raffermissement de l’euro a été du fait des Américains qui voulaient affaiblir leur propre monnaie ! L’on a souvent dit à propos du dollar que le propre d’une monnaie forte était de pouvoir baisser pour bénéficier à son économie...Le sens de mon article était, en fait, d’exhorter les européens à assumer leur euro fort et non plus le subir parce que décidé par les Américains ! Qu’ils prennent donc en main leur devise comme leur destin !


    • Tzecoatl Tzecoatl 30 novembre 2007 13:52

      En décryptant, ce que vous appelez de vos voeux est que l’Europe prenne le relais des US en tant que monteur de l’économie mondiale via un endettement croissant, à l’instar de Mr Sarkozy : http://www.dailymotion.com/relevance/search/monnaie+d%27endettement/video/x3770p_un-beau-coup-dpute

      Quand on voit la situation financière déplorable des US (endettement cumulé de l’état, des entreprises et des ménages de 295%), je trouve étonnant que vous n’ayez que ce modèle à proposer.

      « L’on a souvent dit à propos du dollar que le propre d’une monnaie forte était de pouvoir baisser pour bénéficier à son économie »

      Et le propre d’une monnaie forte se raffermissant encore est donc de fragiliser son économie. Comme je vous l’ai dit, ce n’est pas souhaitable.

      Le meilleur choix possible, et c’est ce que tente le sénat américain auprès des autorités chinoises et maintenant Bruxelles, est d’arrêter de se faire concurrence sur les monnaies (mettre fin au dumping monétaire).

      Par ailleurs, c’est d’avoir des ensembles économiques régionaux avec des échanges commerciaux à l’équilibre, des salaires équivalents pour un même métier d’un point à l’autre du globe (c’était le point de vue d’Adam Smith).

      Mais je peux comprendre tout à fait qu’un financier souhaite conserver le loisir de réaliser des gains sur des monnaies flottantes, plutôt que de préserver la compétitivité de l’emploi européen.


    • tvargentine.com lerma 30 novembre 2007 13:24

      Oui,l’euro est une vrai chance pour investir à l’etranger et il suffit de regarder les courbes de changes pour constater que la valeur de l’euro à des avantages

      exemple : L’Argentine

      http://fr.finance.yahoo.com/convertisseur/convert?amt=1&from=EUR&to=ARS&submit=Convertir

      En Argentine,un français voit ses achats (déjà profitable) devenir de très très bonne affaire,car le peso argentin est indexé sur le cours du dollar.

      Un studio 30 m2 => 20.000 euros à Rosario

      Mais vous pouvez aussi acheter des vaches ou de la terre pour faire pousser du colza transgénique,

      Les prix des vetements sont beaucoup moins chere qu’en France (produits de marque et de qualité)

      Les prix des restos sont vraiment un régal et vous pouvez vous offrir aussi des restos de grandes qualités.

      Vous pouvez acheter du bon vin argentin

      Bref....vous avez la possibilité de préparer votre retraite (comme le font d’ailleurs les espagnols et les italiens) en Argentine.

      Pour en revenir à l’Euro en France,il manque la TVA sociale dans la mesure ou 50% du déficit du commerce extérieur vient de la Chine.

      Une fois encore,une débat sur un vrai sujet de société à été saboté par ce qui reste du PS et des gauchistes.

      Il faut espérer que cette mesure reviendra en discussion devant l’assemblée nationale le plus vite possible,dans l’intêret de l’économie française


      • Tzecoatl Tzecoatl 30 novembre 2007 14:17

        On est bien d’accord Lerma, l’Europe devient à fuir.


      • Nemo 30 novembre 2007 14:35

        @ l’auteur,

        Je suis content de voir quelqu’un qui partage mes idées, et qui a pour avantage de ne pas se faire insulter sous prétexte de pensée unique et d’orthodoxie économique.

        Je ne cesse d’expliquer en commentant tous les articles traitant de l’U.E. que la meilleure nouvelle économique depuis 1993 est l’arrivée de l’euro.

        Cette monnaie, par sa taille critique, est une protection infranchissable contre une attaque des marchés. La réussite de l’Union Monétaire et des mécanismes de gestion des parités dans la zone euro a permis aux citoyens européens de jouir d’une stabilité monétaire exceptionnelle sur la majeure partie de l’activité économique des Etats de l’U.E.

        En effet, lorsque l’on se plaint de l’évolution de la parité euro-dollar, on oublie deux éléments d’une importance capitale : plus de 80% (en moyenne) du commerce extérieur des pays européens se réalise avec d’autres Etats de l’Union. Ce qui veut dire que les mouvements plus ou moins brusques sur le marché des changes n’impactent au plus que 20% des échanges extérieurs.

        Il faut de plus rapporter ces 20% à la part que représentent les échanges extérieurs dans le PIB des différents Etats, ce qui ramène cette portion des échanges à son juste poids dans l’économie.

        En ce qui concerne la France, le déficit commercial structurel est quant à lui d’une part dû avant tout à un manque de compétitivité technologique et un manque de dynamisme à l’export des PME françaises, moins nombreuses qu’en Allemagne par exemple, et traditionnellement tournées vers le marché intérieur ; et d’autre part à la persistance d’une consommation soutenue des ménages.

        Dans le premier cas, l’euro fort n’est en rien un frein à l’export - il n’y a qu’à comparer nos performances avec celles de l’Allemagne.

        Dans le second cas, c’est plutôt un élément positif, car avec des importations moins chères, c’est en quelque sorte un gain de pouvoir d’achat, que l’on sait être par ailleurs un point de tension compte tenu de la hausse des matières premières et de l’immobilier.

        Du point de vue des importations, l’impact de l’euro fort est éminemment bénéfique. La flambée du pétrole et des matières premières nous aurait touché dans des proportions beaucoup plus considérables. Il est plus que probable qu’avec un euro à parité 1 pour 1 avec le dollar, nous naviguerions aujourd’hui aux alentours de 4%-5% d’inflation.

        Cette inflation forte aurait deux types de conséquences, toutes aussi néfastes les unes que les autres.

        Soit la BCE laisserait monter ce niveau d’inflation, et les premiers touchés seraient les plus faibles (minimas sociaux, salaires minimums, retraites,...), ce qui serai un coup dur pour la consommation - point fort de notre croissance actuelle.

        Soit la BCE réagirait en resserrant les taux, ce qui aurai pour effet de ralentir l’activité économique, d’aggraver la crise actuelle du crédit, et de nous plonger dans une très probable récession.

        L’impact final, compte-tenu de tous ces éléments, de l’euro fort sur l’économie européenne et française en particulier, n’est pas si mauvais qu’on veut bien le faire croire. Au contraire, il s’agit à mon sens d’une protection plus que bienvenue face aux éléments de crise économique qui se profilent à l’horizon.

        L’euro fort affecte essentiellement de grosses entreprises signant de gros contrats (Airbus, Areva, Alstom,...). Je pense que l’exagération des conséquences de l’euro fort est due d’une part au poids politique des dirigeants de ces grandes entreprises, et d’autre part à la facilité de l’explication : « c’est l’euro fort la source des problèmes ».

        Comme toujours, le choix d’un bouc émissaire permet d’éviter de se poser les bonnes questions : développement de la recherche appliquée, investissements publics massifs dans les infrastructures et les technologies vectrices de croissance (éco-technologies, etc...).

        Il faudra un jour en finir avec cette détestable habitude franco-française qui consiste à dire que tout ce qui ne va pas est de la faute de l’Europe, et que ce qui est bien est le fait de nos dirigeants nationaux.

        Il faudra bien aussi un jour faire l’effort d’expliquer aux français de manière simple les principaux mécanismes de l’analyse économique, afin qu’ils se les approprient et soient en mesure de se faire leur propre opinion sur ces questions là. J’en ai assez de tous ces faux-jetons qui déguisent sous de pseudos-discours économiques des thèses à l’emporte-pièce dans l’unique but de carresser l’électeur dans le sens du poil.

        Cordialement,


        • Michel Santi Michel Santi 30 novembre 2007 14:50

          Sans L’euro, une monnaie comme le franc français aurait péniblement décroché. Je pense que personne n’a envie de revivre les tempêtes du passé où dévaluations successives, sortie du serpent monétaire, etc...ridiculisaient bien des pays européens ( hors Allemagne et Pays-Bas ) par rapport aux USA. Imaginons un instant ce que serait notre monde mondialisé sans Euros ? je pense que notre commerce extérieur (français) et nos marchés financiers seraient des liliputiens comparés au Gulliver chinois/asiatiques du sud est et il y aurait fort à parier que nous serions rapidement mis sous tutelle !! Enfin, des entreprises comme Areva et Airbus auraient-elles la même importance mondiale sans l’Euro. Merci à la BCE pour son attitude hiératique face aux tentatives de manipulation des politiques de tous bords.


        • Tzecoatl Tzecoatl 30 novembre 2007 15:49

          @Nemo,

          Hélas Nemo, votre raisonnement est incomplet.

          L’euro fort ne pénalise pas que les emplois liés à l’exportation (et cela doit quand même toucher quelques millions d’emplois, vous minorez trop vite).

          L’euro fort pénalise également l’emploi des sociétés européennes liés au marché européen. Pour quelle raison ? Du fait d’un seul mot : délocalisation.


        • Nemo 30 novembre 2007 17:04

          Délocalisation ?

          C’est un peu court, jeune homme, on aurait pu dire, bien des choses en somme...

          J’ose espérer que vous ne voulez pas parler du déplacement d’unités de production entre les territoires de différents Etats européens. L’euro fort ou faible n’a aucune influence sur ces questions.

          Si vous voulez parler des délocalisations vers des pays à faibles coûts de main d’oeuvre, une fois de plus, la question est beaucoup plus compliquée que vous ne tentez de le faire croire.

          A priori, cela tombe sous le sens : avec un euro fort, les marchandises importées coûtent moins cher, et il devient donc plus intéressant de produire hors d’Europe et de réimporter les marchandises ensuite.

          L’analyse de la question des délocalisations sous l’angle de la seule compétitivité-prix est un colosse aux pieds d’argile. Colosse car elle semble emporter avec elle la force de l’évidence, et pieds d’argile car la réalité économique doit prendre en compte des facteurs trop souvent sous-estimés.

          Il faut regarder sur quels critères se font aujourd’hui les comparaisons entre entreprises sur un même marché.

          Le critère du prix est évidemment important. Mais c’est oublier bien vite que les coûts de production ne sont parfois qu’une composante relativement faible du prix. Il faut calculer le TCO (Total Cost of Ownership, coût total de possession en français) des produits en question.

          Le TCO prend en compte l’ensemble des facteurs de coûts : la conception du produit lui-même, les liens entre les équipes de conception et les équipes de production dans l’optimisation des processus de prod, les relations avec les principaux fournisseurs et l’organisation des chaînes d’acheminement, la mise à disposition des éléments consitutifs du produit sur la ligne de production, le transport des produits finis, l’acheminement des produits sur les lieux de distribution, et ce qu’on appelle la rétro-supply chain, à savoir la maintenance et la gestion du retour des produits.

          Vous voyez bien que dans l’énumération de ces facteurs de coûts, le prix de la main d’oeuvre n’occupe qu’un place minoritaire. Une mauvaise organisation des chaînes d’approvisionnement et d’acheminement peuvent être tout simplement catastrophiques. Un bateau bloqué dans un port pour une stupide question douanière coûte des dizaines de milliers d’euros par jour en tant que tel, mais sans compter toutes les conséquences, soit sur la chaîne de production s’il s’agit de pièces détachées, soit sur les ventes des distributeurs s’il s’agit des produits finis.

          Le coûts de structures liés à la gestion d’une unité de production en Chine sont eux aussi vite oubliés car difficilement mesurables (toujours cette tentation de la facilité). Mais ils n’en sont pas moins réels. Beaucoup de PME françaises ont relocalisé leur production en raison de ces contraintes.

          Quant à l’appel à la sous-traitance, il fait perdre la maitrise du suivi de la qualité.

          Voilà pour les composantes du prix, facteur discriminant pour les consommateurs.

          Le second facteur discriminant est celui, justement, de la qualité. Ce n’est pas pour rien qu’il reste encore une production manufacturière en France et en Europe, principalement tournée vers des produits de haut et de moyen de gamme. Les ouvriers français et européens sont considérés comme parmi les meilleurs du monde quant à la qualité de leur travail. Même Toyota est venu il y a quelques années observer les méthodes de travail chez Valeo, après avoir insuflé le KanBan à ses équipes.

          Prendre le risque de sacrifier la qualité sur l’autel des coûts de main d’oeuvre en faisant une confiance aveugle à la sous-traitance représente un risque financier majeur. Mattel va mettre beaucoup de temps et devra affecter des budgets considérables pour retrouver la confiance des consommateurs suite au Quality Fading que lui a fait subir son principal fournisseur chinois. Rien que le rappel des poupées en question représente une opération particulièrement lourde financièrement.

          Enfin, le troisème critère tient à la vitesse de renouvellement des gammes. Que ce soit dans les voitures ou même l’habillement, l’une des conditions de la réussite est la vitesse de renouvellement des produits. Des séries plus courtes mais beaucoup « mieux » vendues. Et c’est là où les délocalisations perdent de leur intérêt, Zara en est un exemple flagrant. Un bateau met plusieurs mois pour arriver de Shanghai à Rotterdam, et le temps que la marchandise arrive, la concurrence a déjà occupé le marché avec des produits similaires. La réponse ? Produire sur place, avec des machines facilement adaptables, qui permettent de changer de type de production en un temps record.

          Et les consommateurs apprécient. Premier arrivé, premier servi.

          Comme vous le voyez, la questions des délocalisations, quoique bien réelle, ne peut pas être analysée uniquement du point de vue de la question du prix de la maint d’oeuvre.

          Et ce n’est certainement pas la hausse du pétrole, qui commence à peser de plus en plus dans les composantes du prix des marchandises importées, qui va changer la donne, bien au contraire...


        • Tzecoatl Tzecoatl 30 novembre 2007 19:36

          @ Nemo,

          Le cours que vous me faites sur votre connaissance en process de délocalisation n’infirme en rien ce que j’affirme, à savoir qu’un euro fort est une perte de compétitivité de l’emploi européen, qu’il soit tourné vers l’export ou qu’il soit délocalisable.

          D’ailleurs, vous évoquez les risques qu’il y a à délocaliser en Chine. Mais ce n’est pas la seule destination, l’Europe de l’Est (near-shore), ou le pourtour méditerranéen ne comportent pas certains risques. D’ailleurs, certaines entreprises délocalisent en Roumanie, où c’est du personnel asiatique qui est embauché. Par ailleurs, les métiers de l’informel peuvent être facilement délocalisés sans les risques que vous évoquez.

          Quand à Mattel, aux dernières nouvelles, l’erreur vient du bureau d’études et non de la production en elle-même.

          Bref, le libre-échange n’est pas défendable dans des conditions de dumping monétaire, de mon point de vue. Pour une fois, les politiques (US comme UE) ne s’y trompent pas.

          Mais je vous laisse défendre le libre-échangisme, évangélisme libertaire auxquel vous ne me ferez pas adhérer.


        • Parpaillot Parpaillot 30 novembre 2007 22:43

          @ Auteur : Merci pour votre article très intéressant qui va à contre-courant de la pensée unique, en France notamment, consistant à accabler la politique monétaire de la BCE de tous les maux.

          @ Nemo : Je partage votre analyse.

          Lorsque vous écrivez :

          « En ce qui concerne la France, le déficit commercial structurel est quant à lui d’une part dû avant tout à un manque de compétitivité technologique et un manque de dynamisme à l’export des PME ... »

          Vous auriez pu ajouter : « ... des charges sociales très élevées et un Code du travail beaucoup trop rigide ... »

          Cordialement !


        • Michel Santi Michel Santi 1er décembre 2007 13:28

          A mon sens, c’est principalement des réformes de fonds, totalement décorrélées du niveau de l’Euro, qui amélioreront la situation de l’emploi. Vous allez me traiter de « libéral » mais ne faudrait-il pas revoir en profondeur le contrat de travail, alléger la fiscalité des PME...mais également introduire l’apprentissage - et pas seulement dans les métiers manuels - qui fait cruellement défaut en France ? Car en effet à quoi sert-il d’accumuler les bacheliers-chômeurs ?


        • Proudhon Proudhon 1er décembre 2007 18:12

          Il n’empêche qu’aux dernières nouvelles le patron de Dassault parle de délocaliser une partie de la production et autres en zone dollar ou à faibles coûts.


        • tvargentine.com lerma 30 novembre 2007 16:59

          C’est pour cela qu’il faut la TVA SOCIALE cela permettra de faire rentrer de l’argent dans les caisse de l’Etat et de pouvoir continuer à redistribuer.

          Actuellement,il n(y a aucune rentrée d’argent dans les caisses,il n’y a que des déficits et la part chinoise du commerce ne fera que s’accroitre.


          • vieuxcon vieuxcon 30 novembre 2007 23:14

            Il est amusant de voir le décalage entre Michel Santi, qui vit semble t il à Genéve et Lerma. L’un vit dans un pays ou la liberté d’entreprendre à un sens, ce qui ne retire rien au devoirs envers la collectivité.

            Par exemple, bien qu’en dehors du marché commun, la Suisse se paye seule des infrastructure de transport, qui permettront au trafic Allemagne / Italie de s’affranchir des Alpes. Même s’il faudra payer pour mettre un camion sur le train, ce qui contribuera (mais si peu) au remboursement des infrastructures, c’est avant tout dans l’intérêt de la collectivité que ces infrastructures ont été réalisées. Préservation de la nature et préservation du bien être des populations. celà n’empêche en rien Michel Santi d’être Trader financier, et bien que je ne le connaisse pas, certainement en paix avec ses voisins, quelque soit par ailleurs sa réussite financière ou pas.

            L’autre, Lerma en l’occurrence, à découvert un pays oü il peut se conduire en cowboy : « En Argentine,un français voit ses achats (déjà profitable) devenir de très très bonne affaire,car le peso argentin est indexé sur le cours du dollar. » vous auriez du ajouté , j’y paye peu de taxes, et je peu exploiter en paix qui je veux.

            Je pense surtout que si l’euro est vécu par certains français comme une malédiction, c’est par ce que, contrairement à beaucoup d’autre pays européens , l’allemagne en premier, la solidarité n’existe plus pour une partie des français.

            La Suisse n’est pas Européenne (elle n’en a pas vraiment besoin, et l’euro est accepté quasiment partout), mais elle a conservé des valeurs, tel que le respect de l’autre, de la propriété de l’autre, et surtout du travail de l’autre.

            Maintenant j’ai lu beaucoup de choses vrais sur ce post et je sais que la Suisse s’interroge aussi sur les bonnes stratégie économiques, et sur les modèles de société qui en découlent. Mais 4a se fait à la Suisse, avec toujours et avant tout , le respect de la conviction des autres.

            Ceci dit, je ne suis pas Suisse, mais j’aime ce pays (et ces bons vins je recommande au Français d’en faire la découverte)


            • HELIOS HELIOS 1er décembre 2007 00:02

              Pour une fois qu’une institution... enfin presque, la BCE, et son comportement favorise le citoyen lambda, je ne vois pas pouquoi il faut changer.

              L’Euro fort est une manière de continuer a enrichir l’Europe. Ce que nous achetons, nous le payons avec une monnaie forte cela nous convient bien.

              Quand a Airbus, il deconne a plein tyuyau. Les moteurs sont fabriqués aux USA et payés en Euro. Rien n’empeche l’entreprise de vendre les avions plus cher, de toutes les façons le marché n’est pas concurrentiel puisqu’un partage de fait s’est etabli avec Boeing.

              Je vous suis, Nemo sur vos points de vue ...

              Lerma a raison également... Consommer, investir dans un autre pays du monde devient excellent pour un Européen. Pourquoi ne pas en profiter ? Faudrait-il se flageller d’avoir une monnaie forte ? faut il faire comme les autres et favoriser un peu plus les groupes financiers au detriment de l’ensemble des Européens ?

              Allons, allons, un peu de serieux svp.


              • Fred62 1er décembre 2007 11:06

                Premier point : l reste encore, néanmoins, à tirer en partie les premières leçons économiques de l’appréciation de l’Euro par rapport au dollar et aux autres monnaies (en particulier au niveau de la commission européenne) en étendant les devoirs et prérogatives de la BCE à autre chose qu’une tactique défensive de minimisation de l’inflation. Deuxième point : j’entends souvent que l’euro fort implique une baisse du pouvoir d’acaht et/ou une hausse des prix. C’est probablement partiellement vrai, mais je vais prendre un contre-exemple significatif dans l’immobilier parisien. La hausse de l’euro a mécaniquement fait monter le prix pour un investisseur étranger (hors zone euro bien sûr) du m² de luxe à Paris - et c’est vrai dans toutes le capitales de la zone Euro. Ainsi on voit beaucoup moins d’acheteurs Américains ou Japonais dans l’immobilier européen ces temps-ci, ce qui participe à l’assagissement des prix immmobiliers. Deuxième contre-exemple : les entreprises européennes deviennent moins fragiles économiquement (disons moins sujettes aux OPA hostiles) et a contrario plus’riches’ en matière d’investissement extra-européen. Moralité : L’économie est toujours faite d’actions et de réactions, et il est parfois difficile de savoir si l’action bougera plus le curseur que la réaction.


                • Tzecoatl Tzecoatl 1er décembre 2007 11:42

                  @Fred62 : « Deuxième point : j’entends souvent que l’euro fort implique une baisse du pouvoir d’acaht et/ou une hausse des prix. » Effectivement, cette assertion est très généralement fausse.

                  Une monnaie forte jouit d’un pouvoir d’achat raffermi, les prix des produits importés étant plus modérés. Par voie de conséquence, les produits européens étant considérés chers ne sont pas très prisés. Etant moins demandés en volume, leur valeur n’est pas appelée à s’apprécier.

                  Si un euro fort est favorable au pouvoir d’achat d’un européen, il est moins favorable à son emploi. Tel est le paradoxe d’une monnaie forte.


                • Michel Santi Michel Santi 1er décembre 2007 13:22

                  D’accord avec vous Fred62 : La BCE doit élargir son rayon d’action, être pro active et pas seulement sur le plan de la lutte contre l’inflation. Certes, les politiques économiques ne sont pas de son ressort car son rôle serait alors « politique » mais je pense que, dans notre monde actuel, tous nos responsables économiques/financiers devraient se concerter et bien plus souvent qu’à l’occasion de G8 et autres réunions Ecofin.


                • Tzecoatl Tzecoatl 1er décembre 2007 15:06

                  @ Michel Santi,

                  D’ailleurs la politique anti-inflationniste de la BCE (à savoir anti augmentation de la masse monétaire, au sens anglo-saxon) est un échec car cette masse monétaire s’accroît de 8-9% par an au lieu des 4,5% maximum prévue initialement.

                  Mais comment pourrait-il en être autrement ? Puisque les banques commerciales ne monétisent pas les intérêts qu’elles réclament, elles réclament plus d’argent qu’elles ne créent. Les agents économiques sont donc mécaniquement poussés à toujours plus s’endetter afin de satisfaire les échéances contractés auprès des banques commerciales. Rien qu’avec ce facteur d’inflation, la masse monétaire doit au moins croître à hauteur de la moyenne des taux d’intérêts des emprunts contractés.

                  En conclusion, la monnaie d’endettement est intrinsèquement inflationniste.

                  Bref, la BCE dispose dans ses statuts de la mission qu’elle doit conduire et les germes contraires à cette mission. C’est un paradoxe de son mode de fonctionnement.


                • Fred62 1er décembre 2007 19:23

                  Et qu’est-ce qui vous fait dire que la BCE ne doit pas avoir de rôle politique ? Si l’Euro s’installe comme monnaie de référence, il y aura pour la BCE un rôle de plus en plus politique au contraire, en particulier en politique internationale par l’impact qu’elle pourra avoir sur les cours de matières premières,le change avec certaines devises, ... D’ailleurs, croyez vous un seul instant que depuis Bretton Woods la FED n’ait pas eu de cesse d’avoir un rôle politique permanent ?


                • Sébastien Ticavet 1er décembre 2007 14:15

                  SOS DEMOCRATIE, A DIFFUSER MASSIVEMENT SVP !

                  S’organise la riposte face au déni de démocratie que représente la ratification, en plus sans débat, d’un Traité européen, faussement qualifié de « mini », à propos duquel tous les juristes s’accordent pour dire qu’il reprend dans son intégralité la Constitution massivement rejetée par référendum en 2005. Parlez-en sur vos blogs et sites citoyens, c’est important !

                  Il a été mis au point un petit argumentaire pour mobiliser l’opinion, l’informer. Il est à diffuser MASSIVEMENT.

                  ====> Le diaporama à diffuser est ICI : http://test.antemia.eu/html/16/File/referendum.pdf

                  ouvrez-le et copiez le sur votre ordi pour l’envoyer en pièce-jointe ou diffusez directement par mail le lien url

                  Participez ainsi à la « CHAINE du REFERENDUM » : chacun envoie à au moins 10 de ses connaissances ce diaporama (petit fichier pas lourd qui s’ouvre donc facilement). Tout peut aller très vite, on peut toucher beaucoup beaucoup de monde et changer la donne.

                  Plusieurs milliers d’internautes sont déjà dans la chaîne !

                  Mobilisons-nous contre la pire et la plus violente atteinte à la démocratie de la Vè République. Ne laissons pas tomber la souveraineté populaire, c’est trop grave ! Et ne comptons pas sur une presse servile pour faire naître le débat ou même seulement dire la vérité aux Français.

                  ====> RAPPEL : Le diaporama à diffuser est ICI : http://test.antemia.eu/html/16/File/referendum.pdf


                  • thomthom 3 décembre 2007 12:11

                    C’est clair que le différentiel qui s’accentue entre l’euro et le dollar va nous poser pas mal de problème (ca va etre de plus en plus difficile d’exporter et ca va faire mal)

                    Le problème c’est que pour le moment, d’une certaine facon, c’est plus le dollar qui s’effondre que l’euro qui monte (tout est relatif, mais bon, les causes de ces mouvements sont plus du coté USA que Europe)

                    Et là ou ca coince, c’est que céder au « chantage » du dollar faible, c’est à dire essayer, si tant est que ce soit possible, d’affaiblir l’Euro pour le remettre au niveau du dollar, serait bien pire que de devoir supporter un dollar élevé. L’inflation exploserait, alors que la croissance est flagada ! ca serait une catastrophe économique majeure, dévastatrice économiquement et socialement... c’est ce qui pend au nez des USA, et ca serait bie que, tant bien que mal, on arrive à échaper à ca en europe. Pour ca, il ne faut pas céder, il faut au contraire aller dans le sesn de cet article, renforcer un mouvement déjà en route : le remplacement du dollar par l’euro comme « monnaie de référence internationnale ».


                    • vieuxcon vieuxcon 3 décembre 2007 16:13

                      Mon interrogation, mais je pense que c’était un peu le sens de l’article de Michel Santi, est : faut-il que l’euro devienne une valeur refuge. Nous avons parler arme économique, il faudrait parler aussi de l’assise fondamentale de l’euro. L’Europe a telle suffisamment de matière première au sens large, cela comprend pour moi la nourriture, l’eau, les universités etc... L’Europe a t’elle la valeur que l’Euro lui donne ? C’est une question de fond pour en faire une valeur refuge. Dans les conflits, qui vont nécessairement se développer pour la survie de l’espèce, quelles sont les forces ou les faiblesses de l’Europe, par rapport aux région en Dollards en Yen en Yuans ou en Roupies ?

                      A ce petit jeu effectivement, l’Europe n’est pas si mal placée, hélas temporairement.

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