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Accueil du site > Actualités > Economie > Deux satellites Galileo pas nés sous une bonne orbite !

Deux satellites Galileo pas nés sous une bonne orbite !

Soyouz n'a donc pas placé ces deux satellites Galileo sur la bonne orbite. En attendant les résultats de la commission d'enquête, retour sur les succès d'Arianespace, notamment depuis 11 ans.

Et la nomination en avril 2013 de l'énarque Stéphane Israel, ancien directeur de cabinet de Arnaud Montebourg serait-elle, partiellement, en cause ? Malheureusement le doute est permis, avec cette nomination très politique...

Soyouz depuis Kourou, Octobre 2011Nous voulons croire que ce lancement raté de Soyouz n'est pas encore irrémédiable, mais c'est plutôt très mal parti. Ce n'est peut-être pas "très grave", mais ce n'est assurérment pas une bonne nouvelle, et le programme Galileo, très en retard, se serait bien passé de cette nouvelle péripétie !

Une remise sur orbite, "très compliquée" selon Jean-Yves Le Gall

Les deux satellites ont bien été mis sur orbite, mais beaucoup plus près de la Terre que prévue, et sur une orbite qui n'est pas circulairemais elliptique.

Ce qui rend "très compliquée" la correction de trajectoire , [1] selon les mots de l'ancien PDG de Arianespace, devenu patron du CNES en 2013. Jean Yves Le Gall qui sait de quoi il parle, lui sous la responsabilité de qui Arianespace a connu 10 ans de succès ininterrompus de lancement, depuis avril 2003, avec 59 succès d'affilée, y compris deux premiers lancements depuis Kourou ! :

Un bilan exceptionnel de Jean Yves Le Gall, alors à la tête d'Arianespace

Cette liste de succès estimpressionnants est vraiment exceptionnelle, et elle est pourtant très peu soulignée dans la presse française, trop occupés que sont les journalistes à rechercher des thèmes d'articles sur "les trains qui n'arrivent pas à l'heure"...

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Logo Arianespace

Alors qu'il est essentiel de souligner les réussites français et européennes, et plus encore d'en rechercher les facteurs de succès, quand ils sont à ce point répétés !

"Ce succès des lancements "est dû à quatre hommes : le P-DG d'Astrium, François Auque ; le P-DG d'Arianespace, Jean-Yves Le Gall ; le président du CNES, Yannick d'Escatha ; et le président de l'Agence spatiale européenne, Jean-Jacques Dordain. Ces hommes ont tous les quatre le mérite d'avoir remis en marche le lanceur Ariane 5 ECA." [3]

Avec une année 2012 "de tous les records, avec 10 lancements, dont 7 d’Ariane 5", 2 de Soyouz et 1 de Véga, "et 10 contrats conclus" pour Arianespace et Jean Yves Le Gall. [L[e journal du Dimanche, 31 mars 2013, "Le Gall : "La success story a vocation à continuer"]]

Remarque importante : Jean-Yves Le Gall est aussi coordinateur interministériel pour la France de Galileo.

Nous l'avions souligné il y a quelques jours (juste avant cet échec partiel de Soyouz) dans l'article "Satellites électriques : la France et l’Europe qui gagnent !, à l'occasion du satellite européen de communication Artemis qui avait été lancé sur une mauvaise orbite le 12 juillet 2001 par Ariane 5 GS :

"Ce satellite Aremis est d'ailleurs un excellent exemple, à la fois :

  • de la vulnérabilité de ces déploiements dans l'espace (un échec, ou semi échec de lancement est toujours possible). Artemis n'a pu être positionné le 12 juillet 2001 sur la trajectoire prévue : une défaillance ne lui permit d'atteindre qu'une orbite de 17 000 km au lieu des 36 000 km visés
  • de la pertinence de cette propulsion ionique, qui n'était prévue que pour corriger son orbite (c'était donc très loin d'un satellite tout électrique) ; et qui grâce à une trajectoire en spirale, lui a fait gagner 15 km par jour et atteindre, en 18 mois, son altitude de 36 000 km. Artemis a ainsi prouvé que la propulsion électrique est capable d'effectuer la même tâche que la propulsion chimique, mais avec jusqu'à 90% d'économie de consommation [14] "

Les ingénieurs pourront-ils utiliser le même moyen, et réussir le même exploit, pour ces deux satellites Galileo ? S'il n'en est pas fait mention dans les médias, peut-être est-ce parce qu'il est plus difficile, voire impossible, de modifier à distance le logiciel embarqué sur ces satellites ?

Une commission d'enquête va rendre ses premières conclusions très vite

Toujours est-il que les ingénieurs regardent "si les satellites pourraient émettre à partir de leur trajectoire actuelle, ce qui semble difficile l'orbite étant elliptique et non parfaitement circulaire".

Et une commission d'enquête a été lancée pour comprendre les problèmes rencontrés par Soyouz. D'autant plus surprenants que le lanceur russe est réputé pour sa fiabilité (depuis 1957 plus de 1 860 lancements réussis).

Les conclusions de l’'expertise sont essentielles pour la suite du programme car 10 des 22 satellites de la constellation seront emmenés par des fusées russes et 12 par Ariane 5.

D'ailleurs, dans le calendrier des tirs, c'est à Soyouz que reviennent les prochains lancements, et non à Ariane 5, prévue pour mettre sur orbite les satellites suivants, cette fois 4 par 4.

On devrait ainsi savoir rapidement (en début de semaine prochaine ?) quel nouveau retard prendra ce programme phare de l’Union Européenne lancé voici15 ans pour briser le monopole du GPS américain. [4]

La nomination, très politique, du PDG d'Arianespace est-elle en partie en cause ?

Il faut espérer que cette mauvais orbite n'est pas liée, de près ou de loin, même partiellement, à la nomination, très politique de Stéphane Israel à la tête d'Arainespace en avril 2013. Cette nomination avait fait grincer beaucoup de dents dans l'entreprise, où certains dénonçaient un « parachutage politique » et estimaient qu’Israël n’est pas taillé pour le job. [5]

"« Stéphane a beaucoup de qualités, mais pas celles nécessaires pour diriger une boîte aussi stratégique qu’Arianespace, assure un cadre d’EADS qui l’a pratiqué. C’est un politique, pas un manager. Et il n’a pas manifesté un grand intérêt pour la technologie et le spatial. » " [6]

Il était "en concurrence avec deux candidats expérimentés : le directeur des programmes d’Arianespace, Louis Laurent, et le numéro 2 du Cnes, Joël Barre."... Plusieurs sources industrielles avaient alors assuré à Libération que « l’affaire semble pliée », l’Etat (premier actionnaire, à 34,6%, d’Arianespace) ayant fait savoir qu’il soutenait Israël. ... [7]

Jean-Yves Le Gall, devenu patron du CNES, avait alors dit (actionnaire d'Arianespace, était-il libre de sa déclaration ?) : "je suis très heureux que le conseil d'administration de notre société ait accepté à l'unanimité ma proposition de nommer Stéphane Israël, Président Directeur Général d'Arianespace. L'expérience qu'il a acquise au cours de ses fonctions précédentes, le qualifie parfaitement pour relever les défis opérationnels, commerciaux et financiers que notre société a devant elle." [8]

Une prise de risque inutile et stupide, avions-nous écrit...

Rappelons qu'il est beaucoup plus facile à un nouveau patron de faire chuter l'entreprise, que de la redresser, et qu'ici la situation de départ était excellente !

Nous avions de notre côté écrit, ici même, à ce moment (Agoravox, 24 avril 2013 "Vers un « redressement productif » d’Arianespace ? Ou une prise de risque inutile et stupide ! ") que cette nomination était "symptomatique d'une propension très française à nommer des personnes brillantes, au niveau intellectuel, par exemple des énarques, à des postes de direction d'entreprises, alors qu'ils n'ont pas fait leurs preuves dans ce domaine.

Une habitude bien française à sous-estimer la difficulté du management...

Plus généralement, c'est aussi le signe d'une extrême difficulté des hommes politiques français à comprendre la réalité du management d'entreprise, et même de la direction de toutes sortes d'organismes... y compris de partis politiques ! 

...

... et les exigences opérationnelles d'un poste de direction, et l'importance du travail en équipe

Le défaut, à gauche, réside dans la répugnance à considérer les qualités humaines, les compétences opérationnelles des individus, puisque la tendance naturelle consiste à considérer que l'histoire relève plus de succès collectifs que de la marque impulsée par des individus et notamment des chefs.

A droite, le défaut serait plutôt de privilégier le charisme, et le statut de "chef", sans tenir compte des exigences très opérationnelles d'un poste de direction ; ce qui est finalement le point commun entre ces tendances naturelles à gauche et à droite.

C'est finalement le défaut bien français à :

Les articles de certains journalistes, complètent cette maladie française : Thierry Maistre, AFP, n'écrivait-il pas (18 avril 2013) :"Si le ministre [du Redressement productif Arnaud Montebourg], dont le fort tempérament tranche avec la réserve naturelle de son bras droit à Bercy, avait fait appel à lui, c'est que Stéphane Israël, littéraire de formation et esprit réputé très brillant, avait acquis un solide bagage dans le management industriel auprès de Louis Gallois."  [9]

Un solide bagage dans le management industriel... en étant simplement conseiller économique du dirigeant d'EADS ? Elle est bien bonne !

Car n'est pas patron qui veut, et les brillantes études ou les passages dans les or de la République ne permettent en aucune ménière d'être un excellent manager. La moindre des choses n'était-elle pas de faire ses preuves à un poste de respoinsabilié moindre dans cette entreprise ? Cela aurait-il été déshonorant ?

Souvenons-nous, par exemple, de Jean-Marie Messier (X, ENA) qui patron de Vivendi en 2002, alors qu'il vient d'annoncer aux actionnaires des pertes de l'ordre de 13 milliards d'euros, Jean-Marie Messier déclare aux actionnaires : «  le groupe va mieux que bien ». voir aussi l'article (Société civile, Ifrap, mars 2006) "ENA, la "Promotion Titanic" : des pertes, dettes ou transferts abyssaux !"

En conclusion, soyons positif : souhaitons vivement que ces questions ne sont pas en cause, car il en va de la pérénnité d'un des fleurons français et européens !

Une nomination très politique, d'un normalien d'histoire et énarque, sans véritable expérience du lancement de satellite, et sans aucune expérience du management

""Cette nomination a surpris. Les qualités personnelles de Stéphane Israël ne sont pas en cause. De l’avis général, ce fils d’un professeur de droit et d’une psychanalyste s’est révélé un bras droit "sérieux" et "compétent" pour Arnaud Montebourg. Petites lunettes noires et dents du bonheur, Israël avait le profil parfait pour le rôle. Conseiller à la Cour des comptes, il a été la "plume" de Laurent Fabius et a intégré le conseil national du Parti socialiste dès 2005. Il a continué à cogiter sur la politique industrielle de la France et à donner des notes au think tank Terra Nova durant son passage chez EADS, où il avait rejoint Louis Gallois en 2007 comme conseiller sur l’économie.

Aucune expérience du spatial

Là où le bât blesse, c’est que Stéphane Israël n’a quasiment aucune expérience du spatial, contrairement à son prédécesseur, Jean-Yves Le Gall, ingénieur qui a effectué toute sa carrière dans le secteur. L’ancien bon élève du lysée Henri IV s’est occupé du contrôle de gestion d’un programme de missiles nucléaires chez Astrium, filiale d’EADS, de 2008 à 2010. Un job purement financier. Puis, durant les deux années suivantes, il a été chargé des développements commerciaux d’un satellite d’observation. [10]

"Une maladie bien française, susceptible de faire des ravages dans nos industries et entreprises"

L'analyse la plus affutée sur cette question, très 'économique' et 'pragmatique, ne vient-elle pas finalement du du journal "Libération" ? En voici quelques extraits ( Israël nommé PDG d'Arianespace, Libération, 18 avril 2013 ) :

"Devant chaque nomination de ce type, où la trajectoire de l'impétrant n'a pas de rapport avec une montée en puissance de compétences et de responsabilités dans une entreprise, la question se pose : s'agit-il de la bonne personne au bon endroit ? Le cas de Stéphane Israël est intéressant en ce qu'il relève d'une maladie bien française, susceptible de faire des ravages dans nos industries et nos entreprises."

"Il s'agit ... d'une tête bien remplie, rapide, formée... mais aussi formatée, typique de la haute fonction publique sélectionnée par concours à 20 ans de notre pays. Le problème, c'est la transformation du groupe des "premiers de la classe" en caste dont l'accès aux fonctions de direction ne passe pas par la vérification des capacités à exercer ce type de fonction, et celle précise pour laquelle ils sont nommés. Diriger Arianespace n'a rien à voir avec les activités auxquelles Stéphane Israël a été jusqu'alors confronté."

"1. La décision opérationnelle sur des systèmes techniques complexes, prise après échange avec les experts en charge des dits systèmes. ...

2. Ensuite, l'animation d'équipes et la nomination de responsables, premier travail d'un PDG. Ce travail suppose un haut niveau de capacité au travail collectif et au jugement des capacités des individus à exercer les fonctions auxquelles on les nomme. Les échecs spectaculaires dans ces deux domaines de personnalités présentées comme remarquables montrent le monde qui sépare les qualités qui vous font "premier de la classe", magistrat de la Cour des Comptes, contrôleur de gestion ou Dircab de ministre, de celles exigées par la direction d'une entreprise. ..

3. Enfin, la tenue d'une position délicate d'Arianespace dans le réseau de pouvoirs dont dépend l'industrie spatiale - Etats, désormais s'y ajoute la Commission Européenne, industriels fabricants et utilisateurs des lanceurs, Agences spatiales nationales et l'ESA, partenaires Russes. Arianespace n'est plus ce qu'elle était lorsque Frédéric d'Allest cumulait les fonctions de DG du Cnes et de PDG d'Arianespace (entre 1982 et 1989). Elle a ensuite été dirigée par des ingénieurs ayant une grande expérience de l'activité spatiale (Jean-Marie Luton, Charles Bigot), aussi bien opérationnelle que de son système industriel. Par son expérience et sa longévité, mais aussi par l'arrivée de Yannick d'Escatha (...) qui a eu l'intelligence et l'honnêteté intellectuelle de prendre le temps nécessaire pour maîtriser les dossiers, Jean-Yves Le Gall avait donné à la fonction de PDG d'Arianespace une dimension supplémentaire, dont son poids dans la décision prise sur Ariane-6 lors du dernier conseil ministériel témoigne (lire cette note). Supposer que le nouveau PDG puisse se glisser dans ce costume d'emblée paraît ridicule."

"Cet épisode aurait pu être évité. Après tout, si S. Israël a vraiment une passion pour les activités spatiales, pourquoi ne pas l'embaucher à Arianespace, lui permettre d'apprendre le métier, puis se hisser à sa direction ?

En quoi cette démarche serait insultante pour lui ? En quoi serait-elle inefficace pour la société ?"

Oui, effectivement ! Voilà qui est bien résumé, voilà qui serait bien conforme à l'intérêt de toutes les parties !

Car la France et l'Europe pourraient-elle se payer le luxe de perdre stupidement des points dans un de leurs domaines d'excellence ? Le déficit du commerce extérieur de la France n'est-il déjà pas suffisamment énorme ?

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Pour compléter, deux commentaires (avril 2013) à deux articles déjà cités :

  • "Reconnaissons lui au moins 2 des plus grandes qualités que puisse avoir un dirigeant dans le contexte actuel : il est de gauche et énarque." Commentaire, à l'article de La Tribune, [11] :
  • "En regardant les CV des managers d'Arianespace, on constate que ce sont des ingénieurs issus de plusieurs écoles et pas seulement des X.Ces managers ont réussi à positionner Arianespace en leader mondial, et là on va leur coller un énarque ! [12]

 


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18 réactions à cet article    


  • alberto alberto 25 août 2014 10:44

    Tu sembles vouloir insinuer que la mise sur orbite de Stéphane Israël aurait entrainé la mise sur une mauvaise orbite des deux satellites de Galiléo : Ho !

    Moi, je pense que les enjeux financiers sont suffisamment importants pour quelques mains invisibles du marché aient « manipulé » la manip...

    Bon, et puis une petite dose de parano dans un océan de naïveté ne peut pas faire de mal, non ?


    • tinga 25 août 2014 13:17

      Pourquoi ne pas négocier directement avec la NSA, il est assez prétentieux et incohérent de la part des européens de vouloir un système autonome, alors que la soumission aux USA est quasi totale.


      • Laurent Simon 25 août 2014 13:32

        Si cette « soumission » était si vraie, pourquoi les Etats-Unis essaient actuellement de reprendre la main, avec Space X, par exemple (au niveau des lanceurs) ?
        Pourquoi ont ils manoeuvré à ce point pour que Galileo n’existe pas (voir mon autre réponse, dans les commentaires) ? Ou qu’il ne traite aucunement des aspects militaires ?

        Non, ce projet Galileo n’est pas prétentieux, il a simplement hérité de plusieurs problèmes liés à la coopération internationale, qui ont entraîné de nombreux retards. Et aussi de la tentative britannique d’en faire un partenariat public privé, qu’il n’ a pas été possible de faire fonctionner, ce qui a entraîné un retard considérable. Voir par exemple « Bonnes nouvelles pour l’Europe (pour l’UE) : Galileo enfin remis sur orbite ! »

        Ses apports seront considérables, même s’ils auront été amputés du fait de ces retards. Ils déborderont largement ce qu’il est possible de faire avec le GPS américain, et pas seulement pour des questions de précisions, puisqu’il a été conçu pour des applications civiles (principalement), au contraire du GPS états-unien.


      • Laurent Simon 25 août 2014 13:19

        Un océan de naïveté ? Certes ! Mais cela n’oblige pas à faire un article très superficiel, sans référence sérieuse, faisant des rapprochements qui n’ont pas lieu d’être :

        • il est évident, pour qui s’intéresse à ces questions, que les Etats Unis ont mis des peaux de banane, ou bien plus, à de nombreux projets européens, notamment spatiaux. A commencer par l’interdiction par eux de l’utilisation commerciale du satellite Symphonie, fruit d’un programme de coopération exemplaire franco-allemand, pour lequel l’absence d’un lanceur européen avait obligé un lancement depuis le Centre spatial Kennedy en 1974. Pour ne pas concurrencer Intelsat, organisation internationale à l’époque étroitement contrôlée par les intérêts américains. Et bien entendu les intenses manoeuvres pour torpiller le projet GALILEO, soutenues par le Royaume-Uni.
        • Mais cela veut-il dire qu’il faille chercher systématiquement, à chaque difficulté rencontrée en Europe, une cause états-unienne ? Non !, malheureusement, les raisons d’échouer, pour des coopérations intra-européennes, sont très nombreuses !
        • les échecs de la fusée Europa (assemblage d’étages venant de différents pays) n’ont rien à voir avec de telles manoeuvres, mais sont liées à la gestion du projet, sans véritable pilote, et sans étude sérieuse de l’ensemble (échec de Europa et lancement d’Ariane par la France et le CNES). Le projet Ariane, sous gestion de projet française, a pu relancer une coopération, sur la base d’un lanceur conçu comme un ensemble opérationnel, et c’est pour cela, en particulier, que la France est si impliquée dans la conception et la fabrication des fusées Ariane
        • les frégates FREMM sont une collaboration franco-italienne, en prolongement des collaborations antérieures. Je n’ai pas suivi le dossier précisément, mais je n’ai pas souvenir que « d’autres pays aient déserté le projet pour des raisons diverses ». Seul le Royaume Uni s’est retiré, quand il a constaté que les besoins étaient assez différents. L’Europe de la Défense, du côté industriels, est difficile et très longue à mettre en place, pour de nombreuses raisons, mais surtout intra-européennes, par manque de volonté politique, et de courage devant les restructurations, salutaires, absolument nécessaires (une recherche sur Fremm et Occar ne mentionne rien sur une vraie tentative d’en faire un vrai projet européen, au-delà des deux pays initiateurs du projet) Voir aussi Assemblée Nationale, 13 mars 2013 « La conduite des programmes d’armement en coopération »
        • les déboires du projet A400M n’ont rien à voir avec les Etats Unis, ils sont liés à la non désignation d’un pays leader, comme par exemple avec le projet METEOR. Pour ce programme, ses péripéties et ce qu’on peut en conclure, lire le dossier « Les surcoûts de l’A400M en 21 questions. (1) Les délais et retards. » ... « (6) L’A400M pourra-t-il s’exporter ? » et « Gouvernance, pilotage de projet, .. »(7) Tous les problèmes enfin réglés ?"

        • alberto alberto 25 août 2014 17:35

          Cher Laurent,

          Rien ne sert de tartiner des kilomètres de copier-coller et d’alourdir tes romans-feuilletons d’une multitudes de liens qui n’ont que peu de rapports avec le sujet...Se concentrer sur le sujet du jour est assez...

          Par ailleurs pour ce qui est de la naïveté, je constate que ta moyenne dépasse les normes habituelles !
          Au cas où tu ne l’aurais pas remarqué, je te signale qu’ il y a dans l’Union Européennes la G.B. qui est aussi un cheval de Troie des US. Ce qui signifie qu’à chaque fois qu’un grand projet européen est proposé , la G.B. se hâte de s’y associer, quitte à s’en retirer après y avoir semé la zizanie !

          Oui, l’affaire Symphonie fut une réussite, car il était strictement franco-allemand : c’était l’époque où De Gaulle veillait au grain.

          Depuis à chaque fois qu’ils (les anglais) ont été impliqués dans un projet commun ça c’est terminé en eau de boudin tel celui des frégates FREMMS que tu cites, (vu dans la perspective de débouché européen élargi) mais bien d’autres, dont celui, ne t’en déplaise, de la fusée Europa dont les essais s’effectuaient d’ailleurs en Australie !

          Je te signale en outre, que tout projet comporte un « avant-projet » où chacun transmet ses desiderata, et ses contraintes : la phase idéale pour semer les graine de la discorde avec des exigences incompatible du projet en question.

          Ainsi que je l’ai mentionné les réunions préparatoires font l’objet d’une écoute attentive et discrète de la part d’acteurs extérieurs qui peuvent par ailleurs être informées par nos propres représentants pour des raisons idéologiques voir financières...

          En conclusion ces grands projets techniques sont d’autant plus risqués à mener à terme du fait de leur extrême complexité (finance, management, technicité...) qu’ils sont aussi très vulnérables en étant exposés aux manœuvres malveillantes de la concurrence. 

          Bien à toi


        • Laurent Simon 25 août 2014 18:26

          @ alberto Naïf vis à vis du Royaume Uni ? sûrement pas ! je suis tout à fait conscient des fâcheuses tendances des britanniques de torpiller les démarches européennes intéressantes, et tout particulièrement en matières de défense. S’il en était besoin, lire aussi tout ce que j’ai écrit sur le Rafale par exemple : « Pourquoi la France a eu raison de développer son Rafale » « La guerre fratricide Eurofighter / Rafale était-elle évitable ? » 

          ou « L’entente ’formidable’ victime du fiasco du F-35 » (et bien sûr ce que j’ai écrit sur le rôle des britanniques pour empêcher Galileo, pour faire plaisir aux E.U.)

          Mais pour la fusée Europa, il n’y a pas eu de volonté britannique de torpiller le projet ! De grâce, n’inventons pas n’importe quoi ! Et en quoi les essais en Australie auraient ils signifié ou montré cette volonté ? Il y avait en revanche une responsabilité (et une naïveté pour le coup) de tous les pays impliqués dans ce projet, puisqu’ils n’avaient pas pris la mesure de l’importance d’une gestion de projet, d’une maîtrise d’oeuvre digne de ce nom !

          Heureusement, cela a changé depuis, mais d’autres démons se sont manifestés dans la coopération sur les projets Galileo, A400M par exemple. Car tout ce qui touche à la gouvernance de ces projets peut être amélioré de façon très importante.
          Voir aussi « Et si l’Europe décidait de réussir vraiment ses coopérations ? ! » (par exemple).


        • mmbbb 25 août 2014 20:53

          Quand les britaniques veulent is peuvent Le Concorde l’avion de combat Jaguar l’helicoptere le frelon sont des cooperations reussies Mais la morale de l’histoire comme il a ete dit, ils se sont complement plantes avec le F35 et la les americains ont ete fort dans l’art du marketing vendre un truc volant hyper cher n’ayant aucune qualite Temoin d’un gars qui s’y connait Pierre Speer ayant concu le F 16 Nos meilleurs amis peuvent nous berner 


        • bourrico6 25 août 2014 14:51

          Le soucis viendrait du moteur « réallumable », qui n’en serait pas à son premier merdoiement.
          Enfin pas vraiment du moteur lui même mais de son « pilotage ».

          Bref, je cherche encore le rapport avec une quelconque nomination. smiley


          • Laurent Simon 25 août 2014 16:21

            Si le problème vient du pilotage du moteur, de Soyouz,(et si c’est du côté russe) alors cela n’a pas de rapport, effectivement. Mais il peut y avoir un rapport avec Arianespace, puisqu’il y a eu des évolutions demandées aux Russes pour Soyouz.
            Et le lien éventuel avec cette nomination, serait du genre : manque de vigilance, laisser-aller (c’est très facile, c’est la pente naturelle !) dans le travail général, la supervision, les tests, etc.

            D’une manière générale « le poisson pourrit par la tête », et quand il doit y avoir des changements, ils doivent plutôt commencer par le haut (comme lorsqu’on fait le ménage dans un escalier, il faut commencer par les marches du haut...).
            Mais de même, lorsqu’un dirigeant est nommé alors qu’il n’a pas les qualités requises, au moins pour la situation actuelle, alors les erreurs s’enchaînent, et très vite on constate des dysfonctionnements.
            Voir l’exemple que je donnais sur BULL, qui s’était redressé magnifiquement avec Jean-Marie Descarpentries, mais dont l’essentiel de l’acquis fut perdu avec l’arrivée de l’énarque Guy de Panafieu...(voir les résultats de son passage dans Le livre noir de l’ENA, en page 23)


          • mmbbb 25 août 2014 21:04

            C’est pas le seul helas en France et Kinsinger avait ecrit un bouquin a ce sujet sur cette oligarchie qui se coopte Un mal francais tres connu Ces cons nous ont fait rate la revolution internet alors que le polytchnicien Louis Pouzin etait l’un des premier a avoir envoye des informations par paquet Lu dans le Point une personne ayant travaille avec un scientifique et un administratif le second se perdait dans des explications sans fin Pareil pour nos ministres aucun n’a un cursus scientifique Que venait donc faire le grand moud Balladur a la tete de la presidence du tunnel du mont blanc Le seul a ete Hubert Curien que voulez vous en France nous aimons les rapports les rapports et encore les rapports et ces tetes d ’oeuf ne seront jamais sanctionne 


          • Laurent Simon 1er septembre 2014 14:31

            Comme je l’indiquais (« il peut y avoir un rapport avec Arianespace, puisqu’il y a eu des évolutions demandées aux Russes pour Soyouz »),

            selon Jean-Yves Le Gall (La Tribune, 29 août 2014,« Échec de la mission Galileo : ’un problème de production, pas de conception’. »),"ce qui est le plus probable, c’est que le dysfonctionnement se situe au niveau du quatrième étage du Soyouz, l’étage supérieur Fregat, qui place les satellites sur leur orbite définitive après deux impulsions consécutives.« 

             »Pour une raison encore inconnue, la deuxième impulsion n’a pas été donnée dans la bonne direction« . Selon lui,  »Soyouz n’est pas directement concerné par cet échec. C’est uniquement l’étage supérieur Fregat qui est concerné. Ce module résulte d’un co-développement entre Russes et Européens que nous avons mené à la fin des années 90" et qui ’a fonctionné sans échec plus d’une quarantaine de fois’.

            Et de conclure : « Est-ce que c’est lié à un élément mal programmé ou un équipement défectueux ? La commission d’enquête devra le dire. »


          • ecolittoral ecolittoral 25 août 2014 15:55

            Parce que, à la tête de grands groupes, les nominations ne sont pas un peu politiques ?

            Les nominations seraient toujours fonction des compétences plutôt que des relations ?

            Cet incident serait dû à une faute administrative plutôt que technique ?

            Ca va ! On ne réussi pas un lancement à tous les coups.

            Plutôt que d’accuser sans savoir, attendons les résultats de l’enquête.


            • bourrico6 25 août 2014 16:11

              On retombe sur un travers très courant sur AV.

              On profite d’un évènement pour avancer ses pions sur un sujet assez éloigné voir sans rapport.

              Au lieu d’aborder directement le sujet, à savoir la nomination « politique », on attaque par le biais du fait divers qu’est le semi ratage du Soyouz.

              Le lien direct supposé entre les deux reste évidement totalement flou.


            • Laurent Simon 25 août 2014 16:39

              @bourrico6 oui pour AV, mais j’avais abordé cette question, de la nomination politique, directement, en avril 2013 (Vers un « redressement productif » d’Arianespace ? Ou une prise de risque inutile et stupide !), je n’ai donc pas attendu cet incident. Et je pose des questions, en souhaitant vivement que ce ne soit pas lié, car sinon, on va vers de très graves problèmes !
              Cet incident est en quelque sorte une alerte, et il serait bon d’en tenir compte, même s’il n’y a pas de lien cette fois... car malheureusement les liens entre nomination énarque, ou grands corps de l’état, et les dysfonctionnements majeurs sont avérés !


            • Laurent Simon 26 août 2014 08:45

              @ecolittoral : « Parce que, à la tête de grands groupes, les nominations ne sont pas un peu politiques ? Les nominations seraient toujours fonction des compétences plutôt que des relations ? »
              Il faut distinguer deux choses ; les nominations (politiques) en fonction de préférences (relations, politique, renvoi d’ascenceur etc.) mais qui respectent les compétences (entre deux bonnes candidatures on préfère l’une d’entre elles), et les nominations au mépris des compétences, ici managériales. La première est très difficile à éviter, la deuxième est bien pire !
              Voir le
              Le livre noir de l’ENA...


            • vesjem vesjem 25 août 2014 18:29

              il est évident que le « tribalisme » est de nature :1) à pirater les secrets au profit de ses amis (ex : la centrale nucléaire israelienne clonée sur la française)
              2)à faire rentrer ses amis partout lorsqu’on a le pouvoir de le faire (ex : radio-france)
               


              • cathy30 cathy30 26 août 2014 01:21

                Houlala, l’article de libé est vraiment à charge à propos de Montebourg et son ancien directeur de cabinet devenu pdg d’Ariane espace.

                La colère de Vals contre Montebourg qui tombe après le ratage de la mise en orbite des satellites n’est sûrement pas un hasard. 

                • Laurent Simon 15 juillet 2015 09:04

                  Ajout à l’article : l’ESA a depuis corrigé la trajectoire de ces 2 satellites Galileo (5 et 6) de manière à ce qu’ils servent à la fois aux tests du système, et à la constellation Galileo, malgré leur orbite non parfaite. 
                  Voir la brochure faite par l’ESA, sur ce « sauvetage dans l’espace » 
                  http://gpsworld.com/esa-releases-guide-on-galileo-5-and-6-recovery/

                  Téléchargement ici : downloaded.

                  La brochure sur 4 pages, écrite pour un public non technicien, décrit la cause racine de l’anomalie, et la solution pour corriger les orbites.

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