Plus efficace, l’aide dirigée « améliorée » du FMI ?

Quand rien ne va plus, on change de coach

Lorsqu’un produit a mauvaise presse, quoi de mieux que d’en changer le nom, une ou deux de ses composantes, et de prétendre qu’il s’agit d’un tout nouveau produit. En 1999, le Fonds monétaire internationale (FMI) remplaçait la Facilité d’ajustement structurel renforcée (FASR) par la nouvelle Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (FRPC). Même vieux produit avec un soupçon de lutte à la pauvreté ?

Ajustement structurel, ajustement structurel renforcé, ajustement structurel déguisé, on ne peut par dire que le FMI n’a pas de suite dans les idées.

Le FMI joue sur la mauvaise surface de jeu

Jouons le jeu du marché et imaginons un instant que le FMI soit un produit sportif. Le problème devient soudain simple à comprendre : même la meilleure équipe de hockey au monde n’en est pas pour autant une bonne équipe de football.

Le FMI, institution financière internationale chargée d’apporter un soutien financier à la stabilisation lorsque des pays font face à des insuffisances de réserve de changes, a une réponse historique qui consiste essentiellement à apporter des solutions de court terme, là même où les crises sont symptomatiques de très grandes faiblesses structurelles.

S R P - Stratégies de Réduction de la Pauvreté ou Stratégies de Relations Publiques ?

Parlant de hockey, ne vous fiez pas au Canadien du G8 pour demander du changement. Il joue beaucoup trop conservateur pour cela.

Quelqu’un peut-il dire au FMI que la mondialisation des marchés des pays les plus pauvres ne peut pas les enrichir puisque leur balance des paiements est désespérément négative.

Leur économie repose sur quelques produits d’exportation. Or trop souvent les dés sont pipés contre eux, rappelait Sa sainteté de la mondialisation James D. Wolfenshon, ex prédident de la Banque mondiale.

Le modèle imposé par le FMI, libéralisation et ajustement structurel, « fondé sur le credo de la croissance et des bienfaits d’un marché censé garantir automatiquement un développement durable et équitable », ne marche tout simplement pas.

Il y a une alternative possible : passer d’une logique de développement économique basée sur le libre-échange et les avantages comparatifs - incidemment quelques subventions et autres trucs protégeant nos pauvres producteurs du Nord - à une logique de prédominence du marché intérieur.

Mauvais joueurs ou mauvais coach ?

Connaissez-vous le système scolaire congolais ? Quel rapport avec le FMI, me répondrez-vous ? Justement. Et à nouveau justement dans le cas du Mali.

D’autres exemples ?

... la population sénégalaise ne comprend pas pourquoi ce pays a dû privatiser tant ses chemins de fer, ce qui a abouti à la suppression de la ligne, que son Office National Vétérinaire, mesure conduisant à l’élévation des prix des produits vétérinaires, entraînant un développement des épidémies et des parasites et aboutissant à décimer des troupeaux, abaisser la qualité sanitaire des animaux, et empêcher désormais d’exporter du bétail.

Wikipédia. Fonds monétaire international.

Ce qui est reproché au FMI ? Sa bureaucratisation et son non réalisme. Rien de moins. Désespérant.

Même le Secrétaire général d’alors de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), Rubens Ricupero, manifestait il y a deux ans un certain scepticisme face à la soi-disant nouvelle approche du FMI.

Les documents de stratégie pour la réduction de la pauvreté (DSRP) du FMI et de son assistant qui traduisent la nouvelle approche en programmes et en projets, reprennent les bonnes vieilles recettes de politiques d’ajustement structurel préconisées en Afrique depuis les années 80.

Pourquoi tant d’erreurs ?