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Feu la fête foraine…

Une bulle en danger.

La fête foraine a du plomb dans l'aile. Bien des municipalités semblent être rebutées par la perspective d’accueillir intra-muros ce vaste capharnaüm festif et coloré qui durant un temps vient troubler l'ordre établi et la tranquillité au profit d'une agitation joyeuse. L'arme au poing, les garants de la paix civile surveillent d'un œil mauvais le stand de tir et le chamboule tout.

Dans nos grandes villes, la fête foraine a été repoussée à la périphérie de la cité, enfermée dans une friche ou bien un vague terrain en attente de reconversion avant que de disparaître au nom de critères qui font fi de la tradition et de l'histoire. Bien sûr, les manèges d'aujourd'hui n'ont plus aucun rapport avec les animations qui accompagnaient les grandes foires qui firent la réputation et la prospérité de ces cités, mais de là à rayer d'un trait de plume ce passé me semble bien léger.

Curieusement, les mêmes censeurs qui font le nez devant des attractions qui n'ont pas l'heur de satisfaire leur désir absolu de sécurité, n'hésitent pas une seconde à organiser un marché de Noël au cœur de la cité, flanqué de son inévitable « Grande Roue » paradigme absolu de la vanité de l'endroit. C'est à croire que cette attraction échappe à la vindicte des responsables contre ce petit peuple des marchands forains qu'ils entendent rayer de la carte.

Pourquoi un tel acharnement ? Les impératifs sécuritaires ne sont pas les seuls en cause pour justifier ce phénomène. Bien des animations adoubées par nos élus présentent les mêmes difficultés pour assurer l'ordre et la sérénité même si celles-ci ne concernent pas le même cœur de cible. Car, à n'en point douter, là est la raison principale de ce rejet honteux. La fête foraine attire un public aisément qualifié d'interlope. Des jeunes incontrôlés, des individus issus des quartiers, des bandes trop bruyantes, des populations chamarrées et exotiques : autant de personnes qui échappent aux préoccupations de nos chasseurs de voix.

La disparition des fêtes foraines pourrait ne pas engendrer mon courroux. Je ne suis pas client de la chose tout comme du reste ceux qui prennent cette mesure castratrice ; pourtant je ne peux me résoudre à observer ce coup tordu sans m'indigner quand par ailleurs j'observe des dérives aussi spectaculaires qu’onéreuses avec des arènes où s'entassent les bons citoyens solvables.

Priver une fange de la population de ce loisir qui de toutes les époques a fédéré le tissu urbain, c'est reconnaître implicitement que la mixité sociale n'est plus de mise, qu'il est des catégories de la population qui échappent aux préoccupations événementielles, qu'il existe une politique du deux poids deux mesures qui flatte les uns et tance les autres.

Les forains quant à eux, sont les dindons de cette farce purement politicienne. Eux qui ont investi des sommes considérables dans des attractions toujours plus spectaculaires, sécurisées, attrayantes et esthétiques voient tous leurs efforts réduits à néant par des élus qui prônent les valeurs du libéralisme et mettent dans le même temps en danger de faillite des entrepreneurs.

Naturellement, la main sur le cœur, ils prétendront qu'ils n'ont rien contre les forains puisque la grande roue est la reine du marché de Noël. Belle hypocrisie que voilà qui montre en dépit de la chose, qu'ils manquent singulièrement de hauteur de vue. La confusion entre culture et distraction qui prédomine le plus souvent, semble exclure l'expression la plus ancienne de la grande tradition festive : la fête foraine.

La bamboche doit être sous contrôle certes mais pour une population qui ne tombe pas sous le délit de sale gueule, quels que soient les critères de cette exclusion implicite. Nous retombons aux errements de 1639 quand le Carnaval fut chassé de la cité :

« Quant à ce carnaval d’Orléans en 1639, il fut l’une des dernières grandes fêtes des fous populaires. Les excès qu’avaient engendré Mario le fou et tous ceux qui allaient à sa suite ce jour-là étaient bien trop dangereux pour les pouvoirs quels qu’ils soient. Louis XIV s’empressa t’interdire de tels évènements susceptibles de servir d’exutoire à un peuple qu’il convenait d’asservir. »

Un conte écrit par la classe d'une école de la ville du temps où la fête foraine faisait rêver les enfants.

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13 réactions à cet article    


  • Brutus Grincheux 16 décembre 2023 11:33

    « Priver une fange de la population de ce loisir... »

    Vous voyez : vous aussi vous portez des jugements.



    • C'est Nabum C’est Nabum 16 décembre 2023 11:35

      @Grincheux

      Vous avez mis le doigt sur mon âme
      Elle est sombre


    • ZenZoe ZenZoe 16 décembre 2023 12:00

      @C’est Nabum
      Sombre mais honnête. Vous auriez pu prétendre à une erreur de frappe : vous vouliez dire ’’frange’’.


    • juluch juluch 16 décembre 2023 11:56

      Il y en a encore des fêtes foraines avec des maitres chiens et de la police municipale quand les mairies ont les moyens...

      sinon c’est supprimé et ça évite les bagarres qui se déroulent après le départ de la sécurité.....bien dommage de perdre ce folklore.


      • C'est Nabum C’est Nabum 16 décembre 2023 13:51

        @juluch

        Nier le peuple ce n’est pas supprimer son existence, c’est simplement le transformer en problème majeur


      • chantecler chantecler 16 décembre 2023 16:05

        « Jour de fête », le film de Jacques Tati serait à mettre au pilori ?

        Dommage : c’est un chef d’oeuvre .

        A la gloire des facteurs à vélo .... !

        En ce temps là on réglait ses comptes au bistro , avec des vannes plus ou moins réussies , mais pas à la baston !


        • C'est Nabum C’est Nabum 16 décembre 2023 17:17

          @chantecler

          La baston faisait partie du décor, ne l’oublions pas, même si elle n’était pas de même nature
          Il est vrai que la violence a été élevée au rang d’art depuis et ensuite de calamité


        • sylviadandrieux 16 décembre 2023 17:55

          La ducasse de mon enfance se déroulait après la rentrée des classes de septembre et la mairie généreusement offrait quelques tours gratuits aux écoliers


          • C'est Nabum C’est Nabum 16 décembre 2023 19:43

            @sylviadandrieux

            Ainsi donc vous êtes du Nord
            Vous dévoilez un premier indice

            je patiente pour les suivants


          • sylviadandrieux 16 décembre 2023 21:17

            @C’est Nabum
            JVous voulez une fiche de lecture ? Dans quel but ?


          • C'est Nabum C’est Nabum 17 décembre 2023 06:23

            @sylviadandrieux

            Découvrir qui m’écrit tout simplement


          • révolté révolté 19 décembre 2023 11:02

            J’ai connu la ’’foire’’ lorsqu’elle était sur le Mail en ville, puis des années durant, au parc expo d’Olivet.

            Places à demi tarif le mercredi offertes par l’école primaire puis,vers les 15 ans, 2 ou 3 semaines à travailler avec les forains pour se faire un beau billet chaque jour en plus de tous les manèges gratos.

            Même si en effet le soir cela partait parfois en vrille entre gueules saoules, je n’ai que de bons souvenirs de ce lieu d’enchantement, comme la drague autour des autos tamponneuses.


            • C'est Nabum C’est Nabum 19 décembre 2023 12:36

              @révolté

              Perdre cette fête c’est privé une partie de la jeunesse de tels souvenirs
              je pense que notre échevin n’a pas eu ce bonheur de partager de tels instants
              c’est un aigri

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