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Accueil du site > Actualités > Quatre tuiles à replacer à la toiture de la tour historique de Taisey. Mme (...)

Quatre tuiles à replacer à la toiture de la tour historique de Taisey. Mme le Maire de Saint-Rémy, au secours !

 

Il n'y avait pas urgence, mon chirurgien urologue m'affirmait que si. Rassuré par la lettre de décharge de responsabiltés que j'ai signée où il était écrit que les complications étaient rares, je me suis dit que les quelques tuiles qui avaient glissé suite à une rupture de tasseaux pouvaient attendre mon retour. Hélas ! cela fait trois mois et je ne suis toujours pas rétabli. Bien sûr, j'avais pris les dispositions pour qu'il n'y ait aucun dégat, mais je suis inquiet. Mme le Maire de Saint-Rémy, au secours !

Comme vous le savez, les habitants de Taisey sont trés attachés à la conservation de cette tour antique sur laquelle j'ai beaucoup écrit jusqu'à y voir le premier symbole de notre histoire nationale. Juste aprés mon achat, la précédente municipalité avait tiré la sonnette d'alarme en publiant une photo montrant un toit ouvert à tous les vents. Les habitants ont été rassurés en me voyant faire les premiers travaux. De même, n'avez-vous pas déclaré lors d'une visite que j'avais organisée, le 19.9.2014, au château tout proche, qu'il allait s'écrouler si rien n'était fait. Il est toujours là.

 Chalon-sur-Saône, Saint-Rémy, Taisey, site chargé d'histoire avec sa tour antique et son château versaillais. Et pourtant site incompris, voire méprisé. J'ai mis longtemps à essayer de comprendre pourquoi. Pourquoi tant de méfiance à ce que j'écris ? Pourquoi ces réserves des élus comme si j'étais porteur d'un projet de restauration suspect ? Pourquoi cette presse écrite hostile, journal de Saône-et-Loire, qui refuse de m'ouvrir ses colonnes ou qui ne veut pas évoquer les graves turpitudes archéologiques que je dénonce ? Pourquoi cette autre presse télévisée qui, à FR3 Bourgogne, me condamne sans véritable débat et me refuse un simple droit de réponse ? Pourquoi ces réponses "langue de bois" de trois ministres successifs de la culture, répondant sur le journal officiel aux députés qui ont bien voulu leur poser des questions écrites à ma demande ? Pourquoi ce refus de visite de la DRAC Bourgogne malgré une pétition écrite des habitants ?

C'est ainsi que la construction d'une maison en bois s'est vue autorisée, sans que je sois au courant, et par la commune de Saint-Rémy (71) et par les services de l'État, à quelques 50 mètres, au pied de la tour antique.

Et pourtant, j'avais reçu par écrit l'assurance formelle de la part du dernier architecte des bâtiments de France à être venu me voir que le point de vue serait préservé, la parcelle n'étant pas constructible.

Faisant fi de ma réaction pourtant abondamment argumentée, cette construction a néanmoins été réalisée dans des conditions discutables que M. le Préfet de région n'a pas voulu éclaircir, allant même jusqu'à me refuser le classement de la tour sous le faux prétexte d'un intérêt d'art insuffisant. Dans sa lettre du 18. 8. 2005, signée Paul Roncière, préfet de la région Bourgogne, celui-ci va même jusqu'à préciser que la dite tour "bénéficie déjà d'une protection au titre des abords" du fait de la présence tout à côté du château. Une protection des abords qui a permis la construction d'une maison moderne en bois à son pied, à quelques 50 mètres ! C'est vraiment se moquer du monde ! Ce préfet n'a pas compris qu'il se faisait abuser par sa DRAC (Direction régionale des affaires culturelles) et par le service des architectes des bâtiments de France. Il faut savoir, en effet, que les archéologues des DRAC, sont, en majorité, des soutiens inconditionnels de la thèse du mont Beuvray et, par conséquent, adversaires de la mienne. 

Le 14 avril 1999, me répondant sur FR3 Bourgogne, M. Vincent Guichard, directeur du centre archéologique européen du mont Beuvray, en manque d'arguments, déclarait que, dans la communauté scientifique, ça fait belle lurette que plus personne ne doute. Ça fait au moins 130 ans que plus personne ne doute de la localisation de Bibracte. M. Vincent Guichard omet de dire que la thèse de Bulliot a été contestée dès le début par les érudits d'Autun, les textes latins ne permettant pas une telle localisation. Moi-même, j'explique, entre autres, que le grec Strabon dit clairement que le pays éduen s'étendait entre la Saône et la Dheune, et non entre la Saône et le Doubs, et que, par conséquent, le mont Beuvray, qui est au-delà de la Dheune, ne peut pas être Bibracte

Depuis le temps que je publie et que j'alerte, y compris en m'adressant directement à M. Guichard, l'affaire est claire. Alors, pourquoi persiste-il dans l'erreur ? Je ne vois qu'une explication : l'aveuglement. Mais s'il se refuse à entrer dans le débat, d'autres que lui se chargent de me discréditer. M. Vincent Guichard ne veut pas comprendre que les très nombreux débris d'amphores retrouvés sur son site ne s'expliquent que par une occupation de troupes militaires lors du conflit de frontière qui opposa les Arvernes et les Éduens, puis par les Boïens vaincus lors de la bataille des Helvètes que César y avaient installés, d'où les nombreuses maisons en bois construites dans l'urgence, d'où le nom de Gorgobina que l'Histoire a retenue. Il ne veut pas comprendre que les très nombreuses monnaies découvertes ne s'expliquent principalement que par le fait que le mont Beuvray était un site mystique où on y faisait des offrandes à Jupiter, d'où le nom de Montjeu - mont Jovis - qui a subsisté près d'Autun pour désigner la montagne. M. Vincent Guichard rêve d'une grande ville en bois qui n'a jamais existé sur ce mont pelé, d'une archéologie nouvelle à partir d'une prospection généralisée de trous de pieux. Il réinvente la Gaule, sa Gaule à lui. Les maquettes qu'il construit deviennent pour lui des réalités. Il remplit les vitrines de son musée de copies de vestiges qui viennent d'ailleurs.

Ce vendredi 11 décembre 2020, dans un documentaire de RMC découvertes, "La capitale disparue", Vincent Guichard proclame que l'Histoire de France a commencé au mont Beuvray. La thèse de ce documentaire est sans ambiguité : notre peuple gaulois aurait été en retard de civilisation, ne sachant construire que des maisons en bois. Au Ier siècle avant JC, César arrive en Gaule et pour la première fois, apparaîssent sur le mont Beuvray des édifices construits en pierre, à la romaine, avant de se répandre dans toute la Gaule.

Hélas ! Rien n'est plus faux !

 Tout cela est insensé. Incroyable paradoxe, alors qu'à Taisey, la tour antique est menacée de toutes parts,par une urbanisation discutable, au mont Beuvray, faux site de Bibracte, non seulement on protège drastiquement l'environnement, mais on achète à grands frais des hectares et des hectares de forêt en croyant préserver l'ancien pays des Éduens. On prospecte à tour de bras dans l'espoir d'y retrouver, ou un trésor révélateur ou une ancienne mine d'or, témoins de la grandeur des Celtes. Dans ce bateau fou conduit par des archéologues aveugles, véritable tonneau des Danaïdes, on entraîne toutes les têtes pensantes, spécialistes de l'antiquité européenne. On bafouille en voulant expliquer notre riche patrimoine, notamment religieux. On nous emprisonne dans un carcan de fausses vérités et d'erreurs.

Et tandis qu'on me refuse une modeste subvention sous prétexte que je me refuse à payer un architecte civil pour contrôler mes travaux de toiture, la ministre accorde au mont Beuvray une importante part des subventions prévues pour la protection du patrimoine. Madame la ministre marche sur la tête.

Madame la Maire de Saint-Rémy, soyez notre libératrice ! Merci de réagir en soutenant publiquement mes articles de vérité et en intervenant auprès de madame la ministre de la Culture et des autorités préfectorales.

Emile Mourey, 18 décembre 2020

  1. https://www.agoravox.fr/actualites/article/bibracte-au-mont-beuvray-c-est-un-229299
  2. https://www.agoravox.fr/actualites/article/gaulois-gauloises-de-sang-ou-de-229458

 


Moyenne des avis sur cet article :  4.08/5   (13 votes)




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23 réactions à cet article    


  • Clark Kent Séraphin Lampion 18 décembre 2020 13:00

    Faites circuler une pétition en ligne !


    • Emile Mourey Emile Mourey 18 décembre 2020 20:35

      @Séraphin Lampion et autres amis partisans de vérité

      Merci, je suis en train de réfléchir à une stratégie. Notre point fort est évidemment la vérité historique. Plusieurs champs d’action possibles. Le plus facile serait peut-être, pour commencer, de remettre un peu d’ordre et de vérité dans l’interprétation de César concernant la Gaule où tout le monde raconte n’importe quoi, ministre et officiels en tête. Je réfléchis..


    • Emile Mourey Emile Mourey 18 décembre 2020 20:54

      @Emile Mourey

      Commencer peut-être par expliquer la tour de Taisey que je connais bien puisque j’en suis le propriétaire.


    • Emile Mourey Emile Mourey 19 décembre 2020 00:07

      @PҤΔǤΞ

      près de Chalon sur Saône


    • JPCiron JPCiron 18 décembre 2020 13:43

      Oui, pour que ça bouge, la « base » doit se faire entendre.


      • jacques 18 décembre 2020 18:20

        C’est inhabitable cette tour, j’espère que les toilettes ne sont pas en haut.


        • jacques 18 décembre 2020 19:05

          @jacques
          en plus c’est très laid


        • Michael Gulaputih Michael Gulaputih 18 décembre 2020 19:44

          @Emile Mourey

          Très beau donjon qui me parait être du 13ième à vue de nez.

          NB . Le site http://www.bibracte.com qui est entre parenthèse accolé à votre nom renvoie une erreur DNS_PROBE_FINISHED_NXDOMAIN


          • Emile Mourey Emile Mourey 19 décembre 2020 03:35

            @Michael Gulaputih

            C"était aussi ma première impression....illusion. !!!.. on en reparlera ou voyez mes articles à ce sujet


          • Antenor Antenor 18 décembre 2020 21:22

            Si on prend un peu de recul, une incohérence saute forcément aux yeux :

            D’un côté, Lutèce à Paris, Cenabum à Orléans, Avaricum à Bourges et de l’autre Bibracte au Mont-Beuvray et Gergovie à Merdogne et/ou Corent. Dans un premier temps, il faut expliquer pourquoi on ne situe pas Bibracte à Autun et Gergovie à Clermont.

            Pour Gergovie, la description de César est celle d’un site haut perché à vocation militaire qui ne ressemble pas à l’actuelle ville de Clermont. Pour Bibracte, Strabon la désigne comme la forteresse des Eduens, Chalon étant leur ville. A partir du moment où on situe les villes gauloises à l’emplacement de leurs descendantes médiévales, il est logique qu’on raisonne de même en ce qui concerne les citadelles purement militaires.

            La région de Clermont est particulièrement riche en forteresses mais la description de César nous mène au Crest. Le Crest qui à l’époque médiévale apparaît en tête de liste des possessions de l’Abbaye de Mozac, représentant l’autorité royale en Auvergne.

            Chalon étant la ville des Eduens, il est logique d’identifier Bibracte à la plus importante citadelle des Comtes de Chalon : Mont-Saint-Vincent. Le Crest et le Mont-Saint-Vincent ont en commun de se trouver au carrefour des principales lignes de crêtes de leur région et permettent à ceux qui les tiennent de verrouiller les communications dans une grande partie du secteur alentour.


            • Emile Mourey Emile Mourey 19 décembre 2020 00:03

              @Antenor

              bon raisonnement


            • Emile Mourey Emile Mourey 20 décembre 2020 07:30

              @Antenor
              Merci de nous dire ce que vous pensez de la ville et des édifices de style romain que Vincent Guichard voit sur le mont Beuvray. Je ne vois qu’un grand hangar et des maisons en bois mais peut-être que je me trompe.


            • Emile Mourey Emile Mourey 20 décembre 2020 10:25

              @ Antenor

              Les bois d’oeuvre aux dimensions standardisées dont parle le documentaire n’auraient-ils pas été livrés en même temps que le blé que César a dit aux Éduens (d’un Chalon riche en blé ?) de livrer aux Boïens de Gorgobina (mont Beuvray) ?

              Quant à la viande etc..., les Boïens ont dû écumer la région avant de s’y installer et peut-être même en en chassant les habitants.

              Le replay du documentaire est apparement une version corrigée ; on n’ y voit plus les bâtiments à la romaine sortir de terre et Vincent Guichard est moins catégorique sur la place du site dans l’histoire de France. Je verrais plutôt de grands hangars en bois, et donc, rien de romain.

              Qu’en pensez-vous ?


            • Antenor Antenor 20 décembre 2020 16:16
                • @ Emile

                  Je n’ai pas vu le documentaire mais on trouve maintenant quelques bonnes synthèses. Il faut au moins reconnaître un effort certain dans ce domaine. Contrairement au Mont-Auxois, on trouve clairement au Mont-Beuvray une agglomération de pierres succédant à une agglomération en bois. C’est d’ailleurs à peu près la même chose à Corent. Les deux sites semblent remplir des rôles assez similaires.

                  Les traces de présence humaine au Mont-Beuvray remontent au Néolithique et de mémoire, il y a également quelques vestiges épars de l’Age du Bronze. L’agglomération qui nous intéresse connait une première version en bois dont la construction est située vers -120. Les premières constructions en pierres apparaitraient peu après la conquête. L’agglomération aurait connu un incendie vers -20 avant d’être partiellement reconstruite puis abandonnée.

                  Mon interrogation porte évidemment sur l’incendie du site et son éventuel lien avec la Guerre des Gaules. La construction de bâtiments en pierres à architecture romaine avant la conquête n’aurait rien d’extraordinaire. Elle serait un indice supplémentaire de l’influence romaine en Gaule.

                  En ce qui concerne, les pièces de bois standardisées, cela ne me semble pas surprenant surtout dans le Morvan, pays forestier. Je ne pense pas qu’il soit nécessaire de faire intervenir des éléments extérieurs dans ce domaine. La charpenterie comme la maçonnerie s’est perfectionnée au fil du temps.

                  https://journals.openedition.org/rae/6502?lang=fr

                  https://journals.openedition.org/rae/10629?lang=fr

                  La question de l’architecture maçonnée est particulièrement importante en ce qui concerne les remparts. Les murs comme ceux du Mont-Beuvray semblent être une version « low cost » de l’Emplekton grec. La muraille grecque qui n’emploie pas de mortier de chaux nécessite tout de même un parement de grosses pierres de taille pour être réellement efficace. Ici les Gaulois n’avaient que des pierres de dimension modestes qu’ils ont renforcées avec des poutres.

                  La question est de savoir si les Gaulois n’aurait pas également réaménager à leur sauce l’Opus Caementicium romain assemblé au mortier de chaux en y ajoutant là-aussi des poutres. Ce type de muraille beaucoup plus coûteux n’aurait été utilisé que pour des sites de première importance. Les poutres pourries auraient été remplacées plus tard par des briques comme vous le suggérez et ce qui expliquerait les lignes de briques des murs dits gallo-romains.

                  https://www.geopolymer.org/fichiers_pdf/VITRUVE2.pdf



            • chantecler chantecler 19 décembre 2020 11:29

              Bah , faire classer une propriété en monument historique n’a pas que des avantages sauf si vous avez le bras long .

              Un monument classé passe par des architectes experts qui vous impose des travaux très coûteux par des entreprises habilitées .

              J’ai l’exemple près de chez moi d’une église classée dont la couverture a coûté plus de trois fois le prix d’un devis d’artisan local .

              Et encore c’est mal fait .

              Les contribuables apprécient avec des impôts locaux largement doublés .

              Pour la construction en bois à 50 m ça me semble une anomalie et donnerait matière à procès .

              Vous en avez une photo ?


              • titi titi 19 décembre 2020 11:57

                @chantecler

                GoogleMap annonce 90m et pas 50m entre la tour et la maison en bois.

                Ceci dit... c’est très bien de vouloir préserver le patrimoine, mais place aux vivants.


              • Emile Mourey Emile Mourey 19 décembre 2020 12:35

                @chantecler
                Maison bourgeoise avec piscine, plus clôture moderne, trés beau point de vue, dégagé, vendu à un jeune ménage sympathique, le problème n’est pas là. Il est : comment se fait-il qu’un terrain non constructible, propriété d’un agriculteur, le devient au profit d’un intermédiaire qui y fait construire une maison qu’il revend. La preuve que l’affaire n’est pas claire est que la mairie et l’architecte des bâtiments de France le reconnaissent puisqu’ils se rejettent la faute par lettres écrites et que le préfet auquel j"ai demandé de faire une enquête ne me répond pas.


              • Emile Mourey Emile Mourey 19 décembre 2020 12:45

                @titi
                Voyez ma réponse à Chanteclerc


              • Emile Mourey Emile Mourey 20 décembre 2020 05:17

                Je viens de voir le documentaire en replay dont je n’avais vu qu’une présentation avant d’écrire mon article. Merci de supprimer « M. Vincent Guichard rêve d’une grande ville en bois qui n’a jamais existé sur ce mont pelé, d’une archéologie nouvelle à partir d’une prospection généralisée de trous de pieux. Il réinvente la Gaule, sa Gaule à lui. Les maquettes qu’il construit deviennent pour lui des réalités. Il remplit les vitrines de son musée de copies de vestiges qui viennent d’ailleurs. »


                • Emile Mourey Emile Mourey 20 décembre 2020 05:32

                  Merci se supprimer également : Vincent Guichard proclame que l’Histoire de France a commencé au mont Beuvray. 


                  • Antenor Antenor 21 décembre 2020 22:26

                    @ Emile

                    Je viens de voir le documentaire sur le Mont-Beuvray. Et paradoxalement, il m’a enfin convaincu que vous avez raison d’y situer Gorgobina. Cette ville a effectivement tout d’une colonie établie en milieu hostile. Ce site est tellement exceptionnel pour ne pas dire anormal qu’il ne doit surtout pas servir de modèle pour la représentation des villes gauloises. Ce qui n’empêche pas qu’il soit très intéressant en lui-même.

                    L’histoire des remparts est éloquente. Construits et reconstruits à plusieurs reprises en pierres sèches et en bois avec des moyens considérables pour l’époque pourquoi n’ont-ils pas été finalement rebâtis avec des murs assemblées à la chaux alors que de nombreux et parfois impressionnants bâtiments l’ont été ?

                    La réponse ne peut-être que parce que ces bâtiments bâtis à la romaine sont apparus lorsque la menace autour du site avait disparu. Ce qui colle impeccablement avec votre histoire de Gorgobina, colonie germano-arverne implantée à la lisière du territoire éduen à laquelle succède une colonie boïenne établie par César en principe avec l’accord des Eduens. Après la conquête, cette colonie a été peu à peu abandonnée et il ne serait pas étonnant que parmi les constructeurs d’Autun, on compte bon nombre de Boïens redevables à Rome.

                    L’élargissement progressif des portes d’accès va aussi dans ce sens. On est passé d’une ville obsédée par sa défense à un site qui s’ouvre sur l’extérieur. Les archéologues reconnaissent eux-même que ce lieu d’implantation est plus que surprenant. Il faut ajouter qu’il est non seulement extrêmement compliqué à bâtir mais également à pérenniser. Le but d’une ville est de faire du commerce sinon elle se fait doubler par la voisine d’en face, or nul ne peut nier que le site est extrêmement mal placé. Et ce n’est pas une foire annuelle médiévale qui y changera quelquechose.

                    Autre élément. Comme souligné dans le documentaire, les Eduens étaient très liés à Rome. Comment expliquer alors qu’ils aient eu la capitale gauloise la plus éloignée du modèle romain ? Je radote mais Avaricum, Cenabum, Lutèce et autres ressemblent beaucoup plus au modèle d’implantation des villes méditerranéennes en plaine ou en vallée que le Mont-Beuvray. A mon avis, ce site n’a pu se maintenir pendant plusieurs décennies que parce qu’il était sous perfusion extérieure. Les ateliers construits sur un modèle unique sont d’ailleurs un élément supplémentaire arguant de la vocation d’abord militaire du site.

                    Dans la logique de permanence des points forts du terrain, la capitale militaire du sud-morvan devait se trouver à Larochemillay. Seulement le site est de dimension beaucoup trop modeste pour accueillir une colonie entière. Celle-ci a donc été bâtie sur le Mont-Beuvray mais je maintiens qu’elle avait pas vocation à s’y maintenir de manière pérenne. C’est même à se demander si le projet de construction d’Autun n’était pas à l’origine un projet arverne repris par Rome destiné à affaiblir la trop turbulente Chalon.

                    Et je renouvelle ma question. Les Gaulois étaient en relatif déclin depuis environ -200 quand Rome rayonnait de façon exponentielle. Qu’est-ce qui aurait pu empêcher les Eduens et d’autres peuples gaulois réputés très curieux de copier l’architecture romaine avant la conquête ? Les archéologues reconnaissent eux-mêmes que les murs du Mont-Beuvray étaient loin d’être d’une solidité exceptionnelle. Or César à Avaricum affirme que les murs gaulois étaient solides. César ment-il pour se mettre en valeur ? Le fait que dix légions aient mis un mois pour traverser les remparts de Bourges défendus seulement par une fraction de l’armée gauloise sur le point d’évacuer les lieux prouvent que non. Les remparts comme ceux du Mont-Beuvray sont peut-être une version « allégée » destinée à couvrir une vaste superficie à moindre coût des véritables murs gaulois inspirés de l’opus caementicium qui eux protégeaient une aire beaucoup plus restreinte.


                    • Antenor Antenor 21 décembre 2020 22:40

                      Toujours dans le même esprit, on peut aussi se demander si des objets du quotidien n’ont pas été copiés par les Gaulois sur les Romains bien avant la conquête. Ce qui remettrait en cause le classement « laténien=pré-conquête » et « romain=post-conquête ». Les archéologues du Néolithique et de l’Age du Bronze sont toujours très réticents à associer tel type d’objet à tel peuple arguant, parfois à l’excès, des influences réciproques. Or c’est très exactement ce qui est pratiqué avec la période qui nous préoccupe, on attribue peut-être trop facilement à l’époque post-conquête des objets « romains ».


                    • Emile Mourey Emile Mourey 21 décembre 2020 23:50

                      @Antenor

                      Merci ; bien d’accord. Je prépare justement un article dans ce sens.

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