"Je suis Joseph, ô mon père. Mes frères ne
m’aiment pas. Ils ne veulent pas de moi parmi eux. Ils m’agressent,
me lancent des cailloux et des insultes. Ils veulent que je meure
pour faire mon éloge. Ils m’ont fermé au nez la porte de ta
maison. Ils m’ont chassé du champ. Ils ont empoisonné mon raisin,
cassé mes jouets. Lorsque la brise a soufflé et caressé mes
cheveux, ils m’ont jalousé et se sont révoltés contre moi et
contre toi. Que leur ai-je fait, ô mon père ? Les papillons se
sont posés sur mes épaules, les épis se sont penchés sur moi et
les oiseaux ont plané au-dessus de mes mains. Qu’ai-je fait, ô
mon père, et pourquoi moi ? Toi, tu m’as appelé Joseph, et
eux m’ont précipité dans le puits et accusé le loup. Et le loup
est plus clément que mes frères, ô mon père ! Quel crime
ai-je commis quand j’ai dit avoir vu onze astres, le soleil et la
lune, et que je les ai vus prosternés devant moi ?"
Mahmoud
Darwich, Je
suis Joseph, ô mon père
(traduit de l’arabe par Abdellatif Laâbi)
À mes enfants, mes frères et mes sœurs des mosquées de Christchurch, et à leurs concitoyens néo-zélandais qui les soutiennent de toutes les façons possibles, et par une puissante haka.