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Les commentaires de Antenor



  • Antenor Antenor 24 août 2021 21:37

    @ Emile

    On peut déjà observer une divergence entre la Judée et la Galilée à la fin du règne d’Hérode. L’affaire de l’aigle d’or à Jérusalem n’est pas un soulèvement armé comme celui de Juda à Sepphoris. Elle préfigure ce que sera la crucifixion de Jésus. Ce qui confirme que ce sont bien les « Jean/Asmonéens » de Judée qui sont à l’origine de cette nouvelle stratégie.

    Le Protévangile de Jacques est d’ailleurs très centré sur Jérusalem. Ni Nazareth ni la Galilée n’y sont mentionnés. Je l’interprète comme une menace supplémentaire de marginalisation à l’égard de Simon. L’auteur est traditionnellement identifié à Jacques le Juste, premier évêque de Jérusalem et évoqué dans l’apocryphe de Thomas.

    Tout l’enjeu des Evangiles a été de faire admettre à Simon et aux Esséniens cette évolution d’un messie guerrier vers un messie souffrant. Ce qui n’empêche pas qu’il soit roi des Juifs et effectue les signes de reconnaissance esséniens. A Chalon comme à Conques, pas de trace de messie guerrier.

    En ce qui concerne Joseph, derrière ce nom il faut peut-être comprendre que les Juifs Babyloniens ont noué des alliances à travers tout l’ancien territoire d’Ephraïm et Manassé qui les séparait de Jérusalem ? Et que c’est auprès des Babyloniens que Jacques a trouvé temporairement refuge en Batanée ?



  • Antenor Antenor 22 août 2021 09:59

    @ Emile

    Plus qu’un prophétie, le Protévangile de Jacques est une véritable sommation à l’encontre de Simon. Ses auteurs (Jean-Baptiste et Philippe ?) ont choisi la manière forte pour l’obliger à se positionner par rapport à leur Jésus babylo-galiléen.

    Si on essaie de se placer dans l’esprit des Esséniens de l’époque, lecteurs des textes de Qumran, une chose est claire ; le messie-prêtre d’Aaron ne peut être que Simon (dynastie légitimiste des Oniades). Par contre, en ce qui concerne le messie-roi d’Israel, il n’y a rien d’évident.

    D’un côté, l’impopulaire roi iduméen Hérode le Grand qui tente un rapprochement avec les Esséniens non seulement pour tenir tête aux Sadducéens et aux Pharisiens mais sans doute aussi pour être reconnu comme messie-roi. De l’autre, les Asmonéens (Jean) en chute libre ; ils ont la faveur du peuple mais un gros contentieux avec les Esséniens.

    A travers le Protévangile, les Asmonéens reconnaissent qu’ils renoncent au statut de messie-roi et ils proposent d’aller chercher celui-ci dans la diaspora babylo-galiléenne. Par contre, si les dirigeants esséniens refusent cet arrangement, les Asmonéens joueront le rôle de messie-prêtre à leur place. D’où la diabolisation d’Hérode dans ce texte afin d’obliger Simon à choisir clairement son camp.

    Plus qu’un rapport de force entre Esséniens du Sud et du Nord, on a affaire à des affrontements dynastiques et idéologiques. L’arrestation de Jésus n’est pas dûe à une absence de soutien de Simon. Au contraire, Simon est le seul à sortir son épée pour le défendre. Le concept de messie souffrant est probablement une « invention » des Jean que Simon accepte difficilement.

    Il est révélateur que l’autre Simon chez les douze Apôtres soit appelé le « Zélote » et que Judas soit appelé « fils de Simon » dans l’évangile de Jean. Cela signifie qu’au sein des Simon existait toujours des factions aspirant à un messie guerrier. Judas s’attendait sans doute à ce que le Jésus guerrier se manifeste au moment de son arrestation. Face à cet étrange messie crucifié, Cleopas devait également s’interroger. Si Marie de Cleopas était au pied de la croix comme l’affirme Jean ; cela signifie que la base populaire du « clan Cleopas » adhérait à ce Jésus.



  • Antenor Antenor 19 août 2021 17:38

    @ Emile

    Le « moment venu » est à placer sur deux échelles de temps. Le moment de célébrer la Pâque à l’échelle humaine et le moment de la manifestation du messie à l’échelle « prophétique ». Dans l’Ancien Testament, la Pâque marque un nouveau départ mais étonnamment dans les Evangiles, ce ne sont pas les premiers nés des « mauvais » qui sont frappés par Dieu comme dans l’Exode, c’est l’inverse.

    Par contre, je ne pense pas qu’il faille considérer la Céne et les Evangiles comme des prophéties. Ces dernières se trouvent dans les textes de Qumran et les Evangiles prétendent justement qu’elles ont été réalisées par Jésus de Nazareth. A travers l’image de Simon, c’est toute la mouvance essénienne dans l’attente de la manifestation de son/ses messie(s) qui est invitée à le reconnaître et à attendre son retour.

    Mais alors que la crucifixion de Jésus symbolise de manière idéalisée la persécution de communautés entières, c’est désormais le « Fils de l’Homme » dont on attend la manifestation céleste. C’est à dire un unique individu mort pendant les persécutions. Les différentes factions étant incapables de se mettre d’accord, elles laissent Dieu décider de son identité.

    Et Jean-Baptiste a peut-être voulu court-circuiter le messie galiléen. En faisant de lui le premier mort du mouvement, Antipas l’a involontairement placé au rang de premier candidat au titre de « Fils de l’Homme ». D’où l’importance pour les auteurs des évangiles synoptiques de le ramener au statut de prophète précédant le messie.

    En ce qui concerne le « maître de maison », il ne faut pas négliger les rivalités au sein du clan hérodien. Hérode Agrippa en exil à Rome avait peut-être des complices actifs à Jérusalem et qui auront pu vouloir utiliser les Nazaréens pour discréditer Antipas. L’émeute de l’aqueduc rapportée par Flavius Josèphe est le seul évènement connu qu’on puisse éventuellement rapprocher de l’arrestation de Jésus. Entre le récit idéalisé des Evangiles et les silences de Josèphe, il est compliqué de discerner la réalité.



  • Antenor Antenor 15 août 2021 21:27

    Belles trouvailles que ces cartes. Sur la plus ancienne, celle d’Oronce Fine, Gergovie semble identifiée à Clermont et Bibracte à Beaune. Sur celle un peu plus récente de Paolo Forlani, Gergovie n’apparaît pas et la situation de Bibracte est un peu plus floue. Elle ne semble rattachée à aucune ville moderne précise mais en tous cas on est bien dans la région de Chalon et de la Dheune. Peut-être avait-il fait lui aussi le rapprochement entre la Dheune, le Dubis de Strabon et le nom de Dumnorix (Dubnorex sur les monnaies).

    Je ne pense pas qu’il faille forcément voir dans ces cartes un héritage ancien mais plutôt la recherche scientifique qui progresse. Paolo Forlani est contemporain de Gabriel Simeoni, le « père » de Gergovie à Merdogne (voir sa carte de la Limania Overnia). L’absence de Gergovie sur sa carte peut être un indice que Forlani n’était pas convaicu par la thèse de Simeoni encore en vigueur aujourd’hui.

    S’il s’est trompé de colline, Simeoni avait au moins localisé Gergovie dans le bon secteur au Sud de Clermont. Alors que pour Bibracte au Mont-Beuvray, non seulement ce n’est pas le bon type de site mais en plus ce n’est carrément pas la bonne région. Forlani était plus près de la réalité que Bulliot !

    La poudre aux yeux sur Bibracte et Gergovie ne doit pas masquer le vide béant concernant toutes autres les grandes agglomérations gauloises (Avaricum, Cenabum, Lutèce, Durocortorum) mentionnées dans les textes. Mais comme ces dernières sont quasiment introuvables par l’Archélogie, on doit peut-être considérer qu’elles n’ont pas vraiment existé ? Que seules Bibracte au Mont-Beuvray et Gergovie éparpillée en confetti (cuisine interne oblige) ont le droit de cité et doivent masquer tout le reste ?

    Strabon dit que Bibracte est un Arx, la description de Gergovie par César est également celle d’une citadelle. Est-ce si compliqué de comprendre la différence entre ces citadelles, les villes commerciales (Lutèce, Avaricum, etc...) et les grands sites religieux (Corent, Beuvray etc...) également décrits par les auteurs antiques ? On n’a pas la description de Bibracte, mais grâce à Strabon nous savons que Chalon était la ville des Eduens. Il suffit d’étudier l’histoire et la géographie alentour pour en déduire la localisation de Bibracte au Mont-Saint-Vincent. Surtout qu’il se voit comme le nez au milieu de la figure.

    En Auvergne, le relief est beaucoup plus complexe, un vrai labyrinthe. Pas évident de dire quelle est la citadelle la plus importante dans le secteur de Clermont. Et oui, on cherche Gergovie autour de Clermont comme on cherche Bibracte autour de Chalon. L’histoire de l’Auvergne est tout aussi complexe, le relief n’y étant sans doute pas pour rien. César nous donne la description du site. Elle correspond au Crest au pied duquel ont été découverts les maigres traces de la bataille malheureusement située à Merdogne par Simeoni. L’historique du Crest est à l’image de celui l’Auvergne, très complexe, mais on s’aperçoit néanmoins qu’à chaque fois qu’une famille est devenue dominante dans la région, elle a récupéré le Crest.

    Alors qu’aujourd’hui on n’hésite pas à répartir Gergovie entre Merdogne, Corent et Gondole, qu’est-ce qui empêche de prendre en considération Le Crest si ce n’est le fait que le secteur est beaucoup plus urbanisé que les autres ? Idem pour Mont-Saint-Vincent versus le Mont-Beuvray. Et pourtant, s’il y a bien une discipline qui devrait savoir qu’être guidé par des intérêts court-termistes ne mène nulle part, c’est bien l’Archéologie.



  • Antenor Antenor 12 août 2021 20:44

    @ Emile

    L’enchaînement des évangiles fonctionne un peu comme un dialogue entre « progressistes » (Jean, Paul) et « traditionalistes » (Pierre, Jacques). Les premiers ouvrent le bal avec l’évangile de Jean auquel les seconds répondent avec celui de Marc. Luc est une tentative de compromis reprenant Marc sur la forme mais Jean sur le fond et Matthieu une réponse mitigée à celle-ci. L’évangile de Luc en allant sur leur terrain oblige les auteurs de Marc à prendre clairement position dans celui de Matthieu.

    L’enjeu à travers ces « romans » est bien de fixer un nouveau cap aux Israelites mais outre les valeurs morales débattues plus ou moins ouvertement ces textes contiennent aussi des informations « tactiques » destinées aux chefs de communauté afin qu’ils sachent sur qui compter et de qui se méfier. Cette histoire de maître de maison évoquée en premier par Marc est une façon voilée de rappeler aux Jean/Asmonéens que contrairement à eux, les Simon/Esséniens ne sont pas persona non grata auprès des Hérodiens.

    Quelques belles reconstitutions de Jérusalem.



  • Antenor Antenor 8 août 2021 22:00

    @ Emile

    Ce discret maître de maison qui donne accès à la chambre haute aux fauteurs de troubles est bien intrigant. Peut-être Herode Agrippa qui oeuvre en coulisses à la chute de Pilate et d’Antipas.

    En ce qui concerne Cleopas, il y a une ville qu’on a trop ignorée. C’est Ptolémais / Acre, le principal port de Galilée par où débarquaient les troupes. Marie de Cleopas, présente à la crucifixion dans Jean, symbolisait peut être la communauté des partisans de Jésus dans cette ville.

    Prenez soin de vous.



  • Antenor Antenor 4 août 2021 15:06

    @ Emile

    La lecture de ces textes au premier degré avec leur messie crucifié a sans doute une dimension prophétique. Il dépeint les évènements tel que les auteurs les espéraient. Mais cela n’empêche pas qu’elle se place dans un contexte historique décrit de manière métaphorique. Voyez Flavius Josèphe (Guerre 2.9.4. et Antiquités 18.3.2) ; que penser de cette histoire d’émeute réprimée par Pilate liée à la construction d’un aqueduc ? Pourrait-elle avoir un rapport avec ce porteur d’eau que les disciples doivent rejoindre avant la Pâque (Luc 22.10) ? La réalité a sans doute été beaucoup moins glorieuse que ce qui était espéré.



  • Antenor Antenor 3 août 2021 19:23

    @ Emile

    Pour tenter de résumer :

     -88 : Prise de Bethome/Bemeselis/Ecbatane/Bethanie par Alexandre Jannée où s’étaient rassemblés ses opposants.
    Certains vont se réfugier sur les côtes phéniciennes (territoire d’Asher) = naissance d’Anne.
    Ils nouent des liens avec des Babyloniens de la région d’Antioche = mariage avec Joachim.

    -78 : Prise de Gamala par Alexandre Jannée. Les Asmonéens (futurs Jean) y supplantent les Esséniens (futurs Simon).

    -23 : Hérode cherche à protéger le Nord-Est de son royaume. Après de longues tractations, Anne convainc Joachim de s’installer à Ecbatane = naissance de Marie.
    Herode favorise les Esseniens. Retour de ces derniers à Gamala au détriment des Asmonéens ? A moins que la place forte ne soit sous le contrôle des Babyloniens ? Cohabitation forcée des futurs Simon, Jean et Philippe dans la région de Bethsaïd.

    -7 Naissance de Jean-Baptiste selon Jacques.
    Hérode tue ses fils Asmonéens = Massacre des Innocents.
    Naissance de Jésus selon Jacques et Matthieu. Fuite en Egypte.

    -4 : Répression d’Hérode après l’affaire de l’aigle d’or à Jérusalem = Mort de Zacharie.
    Fuite d’Elizabeth et Jean (à Bethanie / Ecbatane ? Réconciliation avec Anne ?)
    Mort d’Hérode.
    Révolte de Judas, fils d’Ezechias à Sephoris = arrivée de Jésus à Nazareth.

    6 : Recensement de Quirinius.
    Soulèvement de Judas le Galiléen / de Gamala = Naissance de Jésus selon Luc.

    29 : Baptême de Jésus par Jean à Bethanie/Ecbatane. Simon est appelé fils de Jonas au début de l’Evangile de Jean pour rappeler sa situation d’exilé et peut-être également parce que cela sonne presque comme Onias.



  • Antenor Antenor 1er août 2021 14:48

    @ Emile

    Le début de l’Evangile de Jean est peut-être même encore plus subtile. Dans l’esprit de Simon, les choses devaient se dérouler selon le plan décrit dans les manuscrits de Qumran avec un prophète (Jean-Baptiste), un messie-roi (Jésus) et un messie-prêtre (lui-même). La répartition des rôles dans le Protévangile de Jacques était donc inacceptables en l’état.

    La situation figée depuis la mort d’Hérode semble enfin évoluer dans le bon sens quand Jean-Baptiste annonce qu’il n’est pas le Christ. Simon comprend que celui-ci renonce à être le messie-prêtre à son profit. Sauf que patatras, dans la foulée Jean-Baptiste affirme également qu’il n’est pas non plus le prophète ! L’évangile de Jean laisse même entendre à plusieurs reprises que Jésus est prophète.

    Et là Simon n’y comprend plus rien. En réalité, Jean-Baptiste détruit le modèle qumranien à trois personnages et ne prétend reconnaître qu’un unique messie : Jésus de Nazareth. Simon ne digère tellement pas le changement que les évangiles qui suivront (Marc, Luc et Matthieu) vont systématiquement affirmer que Jean était le prophète. On est donc en droit de se demander si Simon avait réellement fini par renoncer à son statut de messie-prêtre.

    En ce qui concerne Gamala, il est possible que le prénom de Philippe de Bathyra soit le reflet des bonnes relations entre le Tétrarque Philippe et les Babyloniens. Une sorte d’hommage de la part de ces derniers d’autant que le Tétrarque n’avait pas d’enfant. Il me semble que l’image générale qui se dégage est que Jean et Philippe se sont alliés pour tordre le bras à Simon. Jean avait la popularité, Philippe la puissance militaire et Simon la légitimité dynastique.

    Simon n’a pu reprendre pied à Gamala qu’à condition d’accepter le Jésus promu par Philippe et validé par Jean. Gamala a également dû servir de relais aux Juifs babyloniens d’Ecbatane en direction de Sephoris. Peut-être faut-il faire naître Marie à Gamala ? Le Tétrarque Philippe dont dépendait Gamala était le fils d’une certaine Cléopâtre de Jérusalem, peut-être y a-t-il aussi un lien avec Cleopas ?

    Toute la difficulté est d’arriver à déterminer à ce qui s’est précisément passé entre l’insurrection de Juda de Gamala et celle de son fils Menahem. Si le père obéissait sans doute aux ordres de Simon depuis Gamala, devons-nous en conclure que c’était également le cas pour le fils et qu’en 70 les Simon/Oniades n’avaient toujours pas renoncé à leurs rêves de messie-guerrier ? Et que Philippe a fait ce qu’il a pu pour empêcher la catastrophe en devenir ?

    A l’inverse, Menahem représente peut-être une faction essénienne qui contrairement à ses dirigeants aura refusé de reconnaître Jésus de Nazareth et continué à prôner la lutte armée. En tous cas, la situation des Esséniens à ce moment-là n’est vraiment pas claire. D’où les prudents silences de Flavius Josèphe qui achève pratiquement son récit de la Guerre avec la fermeture du temple d’Onias en Egypte.

    Matthieu 28.17 : Quand ils le virent, ils se prosternèrent devant lui. Mais quelques uns eurent des doutes.



  • Antenor Antenor 31 juillet 2021 16:26

    @ Emile

    Par contre, il me paraît difficile d’envisager Gamala comme une colonie de Sephoris, Antipas l’a appris à ses dépends. Si vous placez Jésus à Gamala, cela signifie que cette implantation a dû se faire avec l’accord des Babyloniens d’Ecbatane et du Tétrarque Philippe. À la disparition de ce dernier, l’échec de l’intervention d’Antipas a montré que le rapport de force était plutôt en faveur de la rive Est de la Mer de Galilée. On peut d’ailleurs se demander quel rôle a joué Simon dans cet imbroglio.



  • Antenor Antenor 31 juillet 2021 15:51

    @ Emile

    Oui l’enjeu de tout le Nouveau Testament est bien la conversion de Simon. Si Simon représente la dynastie légitime des grands prêtres sadocites « oniades », son ralliement au Christ des Evangiles entrainerait une grand partie de la mouvance essénienne. Mais pourquoi Flavius Josèphe ne fait-il jamais le rapprochement entre les Oniades et les Esséniens ? On a l’impression qu’il ment par omission. Entre les textes de Qumran et la description que Josèphe donne des Esséniens, il y a de nombreux points communs. Seulement Josèphe « oublie » totalement le volet militaire décrit à Qumran.
    Toujours chez Josèphe, c’est Philippe le Babylonien qui tient Gamala. Alors que la grande guerre contre Rome/Kittim s’annonce, les Oniades et les Esséniens semblent aux abonnés absents...

    Si on remonte au Protévangile de Jacques, les choses semblent claires : Jean, fils du prêtre Zacharie sera le messie-prêtre d’Aaron et Jésus le messie-roi d’Israel. Leur naissance apparaît comme une réaction à la déliquescense de la fin du règne d’Hérode. Le massacre des Innocents fait écho à l’affaire de l’aigle d’or mais aussi peut-être à la mise à mort par Hérode de ses propres enfants Alexandre et Aristobule, fils de Mariamne dite l’Asmonéenne. Dans le Protévangile, Simon se contente de suivre Marie à Bethléem. Situation subalterne évidemment inadmissible aux yeux des Oniades qui devaient logiquement prétendre au titre de messie-prêtre d’Aaron. 

    La situation demeure bloquée durant trente ans et il faut attendre que Jean-Baptiste renonce aux titres de messie et de prophète au début de l’Evangile de Jean pour que Simon envisage de reconnaître le messie babylo-galiléen. Jésus sera roi et Simon grand prêtre. Sauf qu’entretemps le concept de messie souffrant semble être venu sérieusement concurrencé celui de messie guerrier et Simon a eu là aussi du mal à se laisser convaincre. Surtout que la résurrection ne s’accompagne pas des grands bouleversements escomptés. L’attente du messie recommence à la différence que Jésus a remplacé le Maître de Justice.



  • Antenor Antenor 27 juillet 2021 15:10

    @ Emile

    Si une crucifixion a eu lieu à Jérusalem, c’est sûrement celle de l’évangile de Luc. C’est le seul évangile où les femmes au pied de la croix ne sont pas nommées. Chez Jean, la mère de Jésus est la première mentionnée, ce qui me fait penser que la crucifixion a eu lieu à Nazareth et qu’il s’agit bien de Sephoris vu le rôle joué par Antipas dans l’affaire. Il était en conflit avec les Nabatéens pour Gamala.

    Chez Marc et Matthieu, c’est Marie de Magdala qui est mentionnée en premier, ce qui plaide en faveur de votre hypothèse de Tibériade. On aurait donc une première persécution contre les partisans de Jean-Baptiste à Nazareth en 29 racontée par l’évangile de Jean.

    Ensuite, les Nazaréens contre-attaquent dans celui de Luc et vont porter leur parole à Jérusalem même. C’est le martyr d’Étienne. Au début de Luc, les habitants de Nazareth/Sephoris essaient de tuer Jésus. Il s’agit de l’évocation de sa première « mort » à la fin de l’Evangile de Jean. Vous faites le lien entre le récit de Cleopas à la fin de Luc et celui de Philippe et l’Ethiopien dans les Actes. Le premier suit la crucifixion de Jésus et le second la lapidation d’Etienne.

    Le Jésus de Luc serait donc bien l’Etienne des Actes. Le débat entre Philippe et Cleopas portait sans doute sur quel Jésus suivre : celui de Jean-Baptiste ou celui d’Etienne ? A la toute fin de Luc, Jésus conduit les disciples à Bethanie, ce qui montre que nous sommes bien à proximité de Jérusalem et non en Galilée contrairement aux autres Evangiles.

    Nouvel persécution en 48, cette fois à Tibériade, Marie de Magdala est la première sous la croix. C’est le martyr de Jacques dit le Majeur, frère de Jean, fils de Zébédée. Leur mère est bien présente à la crucifixion dans l’Evangile de Matthieu qui narre les évènements. Les Actes des Apôtres disent que Simon-Pierre en réchappe... mystère

    Dernière persécution en 62 raportée par Flavius Josèphe et l’Evangile de Marc. C’est le martyr de Jacques dit le Juste ou le Mineur « frère du Seigneur ». Sa mère et Marie de Magdala sont au pied de la croix. Il n’a pas ajouté de récit de l’enfance à son évangile puisqu’il est aussi l’auteur du Protévangile.

    Logiquement l’Apocalypse a dû être publié trois ans (jours) plus tard par Jean dit Marc qui pensait imminent le retour de Jésus sur terre.



  • Antenor Antenor 25 juillet 2021 14:48

    @Emile

    Si on compare avec le Protévangile de Jacques, Jean-Baptiste est le grand absent du récit de la naissance de Jésus dans l’Evangile de Matthieu. Alors que Luc respecte la mise en parallèle des deux naissances, chez Matthieu Jean-Baptiste arrive presque comme un cheveu sur la soupe trente ans plus tard. Dans le Protévangile de Jacques, Hérode semble croire que le messie nouveau-né est Jean-Baptiste. Il est également révélateur que Nazareth ne soit pas mentionnée dans le Protévangile. Si ce texte avait été écrit après les évangiles canoniques, on ne voit pas pourquoi le nom de Nazareth n’apparaît pas dans ce récit. Par contre, écrit avant, l’absence de Nazareth s’explique soit par souci de sécurité soit parce qu’en réalité le mouvement « Jésus » est né simultanément de plusieurs communautés « Marie », filles de Anne/Bethon/Ecbatane/Bethanie au-delà du Jourdain.

    Si vous avez raison de placer l’Evangile de Jean en premier, alors c’est par la bouche de Philippe qu’on apprend pour la première fois que Jésus est de Nazareth. Ce qui confirme que c’est lui en accord avec Jean-Baptiste qui a choisi de faire de la communauté de Nazareth (Sephoris ou Gamala ?) le coeur du mouvement. Dans ce même évangile de Jean, la première Marie mentionnée au pied de la croix est celle de Nazareth, Marie de Magdala n’arrive qu’en troisième mais est la première au tombeau. Ce qui peut indiquer que la crucifixion a eu lieu à Nazareth et la mise au tombeau à Magdala.



  • Antenor Antenor 23 juillet 2021 17:47

    @ Emile

    Dans votre logique où les évangiles sont à comprendre comme des testaments des actions réalisées par les apôtres sous la bannière de Jésus, il y a trois problèmes.

    Le premier, vous le reconnaissez vous-même, est que Paul n’a pas connu le martyr dans l’ancien royaume juif (Jérusalem ou Tibériade, ici peu importe). Au yeux des autres nazareéns, un évangile de Luc porté par un Paul bien vivant aurait été sacrilège.

    Les deux autres problèmes sont Etienne et Jacques. Si Simon-Pierre a laissé l’évangile de Matthieu où sont passés les testaments des deux premiers ?

    Le problème peut se résoudre ainsi : il faut attribuer l’évangile « grec » de Luc à Etienne l’helléniste et celui de Jean à Jacques, son frère. Après son baptême, la première action du Jésus de Jean est de se rendre au puit de Jacob. Les apôtres « Jacques » symbolisent peut-être des Samaritains (Jacob/Israel) ralliés à Jésus

    L’évangile de Marc qui fait directement suite au Protévangile serait alors l’oeuvre testamentaire de Jean-Baptiste.

    L’ordre serait le suivant :

    - Marc / Jean-Baptiste vers 29

    - Luc / Etienne (repris par Paul) vers 33

    Jean / Jacques et Matthieu / Simon-Pierre en 48

    L’ordre Marc-Luc-Jean va dans un sens d’ouverture de plus en plus large des Nazaréens vers les Juifs, les Samaritains et même les Païens. Matthieu serait une sorte de synthèse finale « validée » par Simon-Pierre et après lequel plus personne ne pouvait prétendre écrire de nouvel évangile sous peine de s’exclure de la communauté nazaréenne. Ce qu’a peut-être fait Paul en reprenant l’évangile de Luc ?



  • Antenor Antenor 12 juillet 2021 18:59

    @ Emile

    Reprenons le Protévangile de Jacques ; que ce soit dans l’Ancien Testament ou dans le récit plus « laïc » de Flavius Josèphe, le nom de Joachim renvoie à Babylone : un roi judéen vieux de plusieurs siècles ou un chef militaire de l’époque d’Hérode le Grand. Je vous suis donc sans problème pour voir des Juifs babyloniens derrière le nom de « Joachim » du Protévangile.

    Le cas de Anne est plus compliqué. Son nom renvoie à celui de la mère du prophète Samuel. Ce qui signifie qu’Anne est appelée à engendrer une descendance tardive mais très importante. Dans l’évangile de Luc, elle n’est plus désignée comme mère de Marie mais comme prophétesse. Peut-être est-ce dû à des conflits internes aux nazaréens et à une volonté de rendre l’ascendance de Marie moins galiléenne ? Car Luc nous dit qu’Anne est de la tribu d’Asher que l’Ancien Testament situe en Galilée occidentale voir jusqu’aux côtes de Phénicie.

    Vous associez la naissance d’Anne à la prise de Bethon par Alexandre Jannée vers -88. Vous pensez qu’il s’agit de la population essénienne en exil. Flavius Joséphe dit qu’il s’agit de Pharisiens mais il est possible qu’à cette époque ils n’étaient pas encore distincts des Esséniens et qu’il faille encore parler d’Assidéens. Les Pharisiens seraient les Assidéens finalement ralliés à Jannée à la fin de son règne et les Esséniens ceux restés en exil ?

    Cette ville de Bethon, vous l’identifiez à Bethsaid mais est-ce qu’il ne s’agirait pas là encore de Bethanie / Ecbatane ? La ressemblance phonétique est troublante. Quoi qu’il en soit la population de Bethon / Anne se serait donc exilée en Galilée, territoire d’Asher et donc possiblement à Sephoris/Nazareth. Quelques décennies plus tard, les Babyloniens (Joachim) appelés par Hérode s’installent à Ecbatane / Bethanie (Bethon ?) et s’allient avec l’ancienne population de Bethon en exil (Anne). Une partie revient sans doute à Bethon mais une autre reste probablement en Galilée accueillant des Babyloniens et donnant ainsi naissance à une nouvelle communauté : Marie, notamment à Nazareth.

    Cette communauté qui semble embêter beaucoup de monde sera confiée à Joseph (aristocratie religieuse de Sephoris/Nazareth ?)
    Par contre, la Bethanie de Marthe, Marie et Lazare semble bien identifiée en Judée à proximité de Jérusalem. Il ne s’agit donc pas de Bethanie/Ecbatane mais peut-être est-ce une colonie de cette dernière ?

    A l’époque des Evangiles, leurs auteurs ont remplacé le nom de Joachim par celui de Philippe mais il s’agit bien de la même lignée militaire babylonienne. Philippe le Babylonien est en quelque sorte, avec Jean-Baptiste l’Asmonéen, l’autre « parrain » de Jésus. Détail révélateur dans l’Evangile de Jean : André et même Jean ont besoin que Jean-Baptiste leur montre Jésus pour le reconnaître et André va ensuite le présenter à Pierre. Alors que Philippe reconnaît Jésus de lui-même et va le présenter à Nathanael. Ce dernier symbolise sans doute les Babyloniens de la génération précédente qui ne croyaient peut-être plus beaucoup à l’alliance avec les Galiléens vu l’échec apparent du mariage de Marie et Joseph.



  • Antenor Antenor 11 juillet 2021 19:09

    @ Emile

    À bien relire le début de l’évangile de Jean, c’est à se demander si Bethanie / Ecbatane n’était pas le lieu de résidence habituel de Jean-Baptiste. C’est peut-être même là-bas qu’Elisabeth a trouvé refuge après la mort de Zacharie. Le protévangile de Jacques scellerait ainsi l’alliance entre la lignée babylonienne de Joachim et celle Asmonéenne de Jean.

    Il restait à convaincre les Esséniens / Simon (oniades) de se joindre à l’alliance. André symbolise à mon avis la faction légitimiste ouverte au dialogue quand Simon-Pierre représente une majorité beaucoup plus récalcitrante.

    Le baptême doit bien sûr avoir lieu au bord du Jourdain à proximité de Jérusalem sous les yeux des Sadducéens, des Pharisiens et des Esséniens galiléens (André). Il marque l’entrée de ces derniers dans l’alliance et le début des grandes manoeuvres.



  • Antenor Antenor 10 juillet 2021 18:28

    @ Emile

    Une très intéressante hypothèse identifie l’introuvable « Bethanie au-delà du Jourdain » où débute l’Evangile de Jean (1.28) avec la Batanée et la ville d’Ecbatane en particulier. Voilà qui s’accorde à merveille avec votre hypothèse babylonienne !

    Cela renverse certaines perspectives et rend les choses plus cohérentes. Ce ne sont plus les Galiléens qui dans un drôle d’aller-retour vont se faire baptiser en Judée en attendant l’arrivée d’un messie venant de chez eux pour le suivre en retournant à leur point de départ.

    Ici, la Batanée servirait de point de rencontre « neutre » entre Jean-Baptiste et les Galiléens. Le premier accepte de s’effacer au profit des seconds à condition que ce soit lui qui désigne le messie parmi eux. 

    Le martyr du messie à Jérusalem demeurait l’objectif ultime et c’est pour cela que Jésus n’a sûrement pas été crucifié dans cette ville ; c’était beaucoup trop dangereux pour les autorités.



  • Antenor Antenor 9 juillet 2021 22:09

    @ Emile

    Marc 10.1 : arrivée de Jésus en Judée.

    10.11 : allusion évidente à la situation d’Antipas et d’Hérodiade. Et cela à proximité de Machéronte.

    10.46 : passage à Jéricho. Les tensions se font de plus en plus vives entre les disciples.

    11.11 : entrée à Jérusalem via Bethanie qui semble servir de base avancée.

    14 : 15 : guidés par un porteur d’eau, les disciples doivent préparer la Pâque dans une grande chambre haute meublée. Ne serait-ce pas à Massada et sa montagne en forme de table qu’aurait eu lieu la Cène, ultime réunion avant la montée finale à Jérusalem ?

    Il n’est pas clairement dit que la crucifixion a eu lieu à Jérusalem. Si Jésus a comparu devant Pilate à Césarée, on ignore où il est emmené ensuite. Ce « Mont du Crâne » est peut être le Mont Arbel situé à côte de Tibériade et dont les entrées des grottes peuvent faire penser aux orbites d’un crâne. Magdala se trouve à ses pieds.

    Une résurrection de Jésus dans une de ces grottes aurait également une portée symbolique très forte du fait de leur histoire liée à celle des premiers Macchabbés et des derniers Asmonéens.



  • Antenor Antenor 27 juin 2021 14:02

    Dans l’esprit de l’époque, le messie judaïque pouvait difficilement se manifester ailleurs qu’à Jérusalem pour être reconnu. Après une première incursion depuis Bethanie, Jésus et ses disciples n’ont pas dû s’éloigner beaucoup de la ville sainte. Peut-être faut-il placer le lavement des pieds et le dernier repas à Qumran dans une ultime tentative de rallier les Esséniens « purs et durs » symbolisés par Juda. L’arrestation aurait alors eu lieu dans l’Oasis d’Ein Gedi sur la route entre Qumran et Massada d’où venaient peut-être les soldats afin de ne pas donner l’alerte à Jérusalem.



  • Antenor Antenor 14 juin 2021 18:26

    Bonjour Emile,


    "Alors, on comprendrait pourquoi Luc dit qu’Anne, depuis sa virginité, a vécu sept ans avec son mari (avec Pompée), de l’an - 63 à l’an - 56, date de l’accord de Lucques qui donna les territoires d’Orient à Crassus."

    Plus près du territoire qui nous intéresse, Hérode le Grand a été Stratège de Galilée pendant 7 ans (-47 à -40)... Hérode comptait notamment l’Essénien Menahem parmi ses proches conseillers. Dans les Evangiles, écrits sous l’influence des Jean/Asmonéens ; les Hérodiens apparaissent comme les « méchants de service » mais les Simon/Esséniens avaient sans doute un rapport moins conflictuel et plus pragmatique avec eux. Le « mari » d’Anne pourrait donc bien être Hérode.

    La naissance de Jean-Baptiste et Jésus semble refléter un basculement d’alliance. Les Esséniens abandonnent les Hérodiens trop proches des Romains et impopulaires et se réconcilient avec les Asmonéens tombés en disgrâce. L’ennemi de mon ennemi etc...