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Shrinkflation : arnaques sur les étiquettes

Shrinkflation : contraction, en anglais, des termes "shrink" pour réduction, et "flation" pour "inflation". Encore un anglicisme, et encore une innovation de la Start Up Nation, qui vient grossir la liste des scandales qui de mois en mois assomment des gaulois réfractaires sur qui le ciel tombe de plus en plus fort et de plus en plus souvent sur la tête. Après Buitoni, après ORPEA, et en attendant le suivant. Le point commun ? Comme toujours le même : la sacro sainte rentabilité. Celle sur l’autel de laquelle on peut tout sacrifier.

Shrinkflation, ou la nouvelle arnaque des industriels de l'agro-alimentaire. Augmenter leurs prix tout en réduisant la quantité, ce qui se faisait depuis des décennies, mais cette fois sans l'indiquer sur les emballages. Ce afin de ruser avec les augmentations des prix des matières premières et de l'énergie, sur le dos des consommateurs bien entendu. Lesquels consommateurs, éternels dindons de la farce, lorsque les emballages sont trompeurs, ne peuvent qu'échouer à comparer les prix de ce qu'ils achètent, sauf à peser un à un chacun des articles avant de les amener en caisse. Ce qui dans la pratique relève de l'impossible ou presque, notamment et surtout aux heures de pointe.

Qui a eu cette idée saugrenue ? Des cabinets conseil, pardi ! Payés par les industries de l'agro-alimentaire pour leur souffler cette idée du siècle pour limiter leurs pertes. Lesquelles pertes sont par essence inexistantes pour ces conseillers fort bien rémunérés. Qui nous apportent une nouvelle preuve que dans un marché mondialisé, les chacals se nourrissent toujours sur la bête.

En 2022, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a procédé à des contrôles dans 33 usines en France, et pu constater que 7 d'entre elles, pratiquaient cette "shrinkinflation" au détriment des consommateurs. Près de 20 % : à ce niveau de fraude, on peut parler de process industriel à grande échelle.

Devinez ce qui en découle… Va-t-on procéder à des amendes pour les contrevenants que sont ces industries violant les règles auxquelles elles sont soumises ? Allons-nous leur interdire toute subvention publique pour les cinq prochaines années, ou annuler leurs réductions de charges accordées au détriment de la collectivité ? L’État va-t-il attaquer en justice ces boîtes de consulting qui conseillent à leurs clients d'enfreindre la loi moyennant de juteux honoraires ?

Pensez donc, on ne s'attaque pas au nerf de la guerre en économie libérale ! Pas touche aux hors-la-loi, lesquels pourront continuer à utiliser leurs anciens emballages jusqu'à épuisement de leurs stocks sans avoir à les refaire. On passe l’éponge. Au nom de la préservation de l’emploi et de la lutte contre l’inflation. Aux coupables les mains pleines.

La grande distribution ? Celle-là même qui n'hésite pas à laisser en rayon de la viande bien au-delà des dates de péremption autorisées, ou à faire nettoyer ses hachoirs et rôtisseries une fois tous les six mois pour faire de menues économies au détriment de la santé du consommateur : figurez-vous qu’elle n'avait pas songé à contrôler le poids des produits qu'elle mettait dans ses rayons. Elle qui comptabilise jusqu’à la durée des pauses pipi de ses caissières n’avait pas exigé de ses chefs de rayon qu’ils vérifient qu’il n’y avait pas tromperie sur la marchandise. Pas le temps, et surtout quel intérêt ? Pour nos grandes surfaces, que votre paquet de chips contienne 250 ou 200 grammes ne change pas grand-chose sur ses volumes et sur ses marges, son cœur de métier, rappelons-le, c’est d’acheter un prix, le produit c’est votre affaire, et pas le sien. La voilà du coup contrainte d'ajouter en catastrophe des stickers sur les emballages des produits contrevenants en lieu et place de leurs fournisseurs. A l'arrache, et avec quelques mois de retard. Complice par indifférence, certes, mais pas coupable. Michel-Edouard Leclerc, l’Edwy Plenel auto-proclamé de la profession, viendra bientôt faire sur nos antennes son grand numéro de chevalier blanc.

Où que l’on porte le regard, on se fait gruger, et pas qu’à la marge. Sur le prix, sur le service, sur le poids, sur les ingrédients, sur les dates de péremption, sur les clauses du contrat, sur tout. Et où qu’on prête l’oreille on n’entend parler que de transparence, de valeurs, de respect, de traçabilité. Toutes les Elise Lucet de France et de Navarre ont un bel avenir tout tracé, les fraudes se ramassent comme les feuilles mortes à la pelle. Attendons la création d’un nouveau numéro vert.


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8 réactions à cet article    


  • jjwaDal jjwaDal 28 janvier 2023 16:19

    « Il faut mentir aux gens si on veut rétablir la confiance » était un slogan (pas grand public , il est vrai) pour gérer la crise financière de 2008. Ce slogan ne demandait qu’à être légèrement modifié et l’industrie agroalimentaire ne fait que copier ce que faisait les laboratoires pharmaceutiques depuis un bon moment. Des cachets en petit emballage dont le nombre est divisé par deux du jour au lendemain avec emballage identique et contenant avec le bouchon descendant bien profond et la base en forme de piédestal pour un contenu plein de vide. On n’achète plus des cachets mais de l’emballage à cachets...
    J’ai vu ça en direct avec les crèmes « MontBlanc » au moment où les deux versions coexistaient sur l’étagère (grosse erreur), avec la même hauteur de boîte mais le diamètre différent et le prix identique de mémoire (en fait la proportion de métal par rapport au contenu augmentant on paie proportionnellement plus pour le contenant que le contenu...).
    On verra ça avec nos consommables divers vu qu’ils nous changent les compteurs communicants tous les dix ans (un compteur électromécanique récemment changé datait de 1956 en parfait état de fonctionnement pour mise en perspective et que la concurrence dans le secteur de l’énergie va faire flamber les prix comme ce fut le cas auparavant ailleurs.

    On paiera bien plus en consommant bien moins, même histoire.
    On est face à des structures psychopathes dont les employés sont juste préoccupés d’assurer leur survie, pas la nôtre. A méditer.


    • Attila Attila 28 janvier 2023 17:13

      Pas que la quantité mais aussi la qualité. Diminution du pourcentage de chocolat dans les biscuits de type cookies, le pire étant les merguez vu qu’on ne voit pas ce qu’il y a dedans :

      Minerai de viande

      .


      • berry 29 janvier 2023 07:38

        A l’inverse, le poids réel des produits sujets à évaporation est parfois supérieur au poids annoncé sur l’emballage.

        Le poids réel d’un sachet de pain de mie annoncé à 500 gr sera souvent de 520 gr, par exemple, sauf si vous le pesez à la fin de sa période conseillée de consommation.

        Il faut prendre la défense des pauvres patrons injustement absents sur les fils de commentaires, c’est une question de justice.


        • Gaspard des Montagnes Max31 29 janvier 2023 16:37

          Le sucre c’est addictif comme l’alcool, c’est presque aussi dangereux : caries dentaires, diabète, cancers, etc... donc il faudrait taxer le sucre comme l’alcool ou le tabac.

          L’argent irait pour la santé (via les taxes), au lieu de çà, ce sont les fabricants qui en font des gros profits pour une petite minorité.



          • Montdragon Montdragon 29 janvier 2023 18:18

            "faire nettoyer ses hachoirs et rôtisseries une fois tous les six mois pour faire de menues économies au détriment de la santé du consommateur"

            Si on faisait ça dans les petits commerces, on aurai la Direccte au cul en deux jours.

            C’est scandaleux.


            • zygzornifle zygzornifle 30 janvier 2023 08:46

              @Montdragon

              Daesh désinfecte toujours ses couteaux avant d’égorger ....


            • LeMerou 30 janvier 2023 08:04

              @Christophe CH

              « par les industries de l’agro-alimentaire pour leur souffler cette idée du siècle pour limiter leurs pertes »

              Bon cette affirmation est fausse et vrai à la fois.

              Fausse, car il n’y a pas de pertes réelles, de déficit, de manque « d’argent », mais vrai, car gagner moins, en gain cela s’entend est en fait une perte, car il faut croitre sans arrêt, à l’infini en fait.

              Il est clair que devant une stagnation des profits, il est nécessaire, voir obligatoire de trouver un autre concept, comment gagner plus, alors que tout est optimisé de la réalisation du produit à sa vente et consommation. J’ai un produit, qui me fait gagner beaucoup de profits, mais j’en veux encore plus ! D’ou l’apparition des cabinets......

              Plusieurs choix !

              Produire moins raréfier le produit donc il devient plus cher ?.

              Mais le consommateur, initialement captif pourrait se laisser séduire par un autre produit (appartenant au même conglomérat bien sûr) C’est la base de la théorie du « Luxe » ce qui est rare est cher. Il est à noter que le concept de « rareté » à été considérablement modifié.

              Améliorer le produit , pour voir sa consommation augmenter ?

              un non sens, améliorer induit dépenser.....

              Modifier la formule de base, pour en abaisser les coûts de revient ?

              Non sens aussi, car cela induit des « dépenses » qui viendrait altérer les recettes.

              « Packager » moins en vendant au même prix !

              C’est parfait

              « Packager » encore moins et vendre plus cher !

              Là nous atteignons le sublime, l’impensable, la dystopie. Et....ça marche en plus. Que demander de plus ?

              Vendre un emballage vide !

              Ainsi le consommateur plein d’émois après son achat, fera appel à sa mémoire au lieu de ses sens gustatifs, lui rappelant de douces sensations de ce que c’était, je me demande d’ailleurs si ce n’est pas pratiqué........


              • zygzornifle zygzornifle 30 janvier 2023 08:45

                Encore pire, la ShrinkMacron : arnaques sur tout le pays ....

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