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Accueil du site > Tribune Libre > Quelle place pour les médias citoyens ?

Quelle place pour les médias citoyens ?

L’article récemment publié par Guillaume Champeau pose clairement le problème des médias citoyens comme AgoraVox. Certes, cette expérience est extrêmement intéressante ; certes, elle permet à n’importe qui de donner son avis ; certes, elle permet aux internautes de découvrir un autre son de cloche, et tout cela est très positif. Cette approche renverse également la relation auteur/lecteur grâce à l’interactivité, et ceci pour le meilleur (quand l’auteur obtient des commentaires éclairés de spécialistes) ou pour le pire (commentaires limites injurieux, ignares, etc.), comme Guillaume nous l’explique.

Cependant, si la perspective de voir le gouvernement légiférer sur les médias citoyens doit nous faire réagir (bien qu’elle semble assez éloignée pour le moment), il n’empêche qu’il est sans doute intéressant de se poser la question de la place des médias citoyens.

Effectivement, que seraient les médias citoyens sans les médias traditionnels ? La grande majorité des articles traités sont des commentaires d’informations données par les médias traditionnels. Les rédacteurs participant à AgoraVox ne sont pas, pour la plupart, des journalistes. Et quand ils le sont, ils ne vivent pas de leurs articles dans AgoraVox.

N’oublions pas que faire du vrai journalisme est difficile, demande du temps et des moyens (sans parler de culture et d’intelligence, car ce n’est visiblement plus indispensable de nos jours). Aujourd’hui, la plupart des médias institutionnels, à part la télévision, éprouvent des difficultés financières. D’où leur assujettissement à la publicité, et leur rachat par des groupes industriels qui connaissent bien, et depuis longtemps, l’importance de la maîtrise de l’information.

Les médias citoyens peuvent sans doute aider à combattre cette situation, mais je ne pense pas que le rôle d’AgoraVox soit de « sortir » des informations que la presse traditionnelle ne donne pas. Logiquement, quand un journaliste « sort » une info, il doit la recouper (un des principes de base, si je ne me trompe, étant d’avoir confirmation d’au moins deux autres sources indépendantes). Qui fait cela, sur AgoraVox ? Qui vérifie l’information donnée par une personne dans un article, ou bien qui s’assure que la personne l’a fait ? Personne, bien qu’un comité de rédaction valide les articles en tentant de s’assurer qu’ils suivent une politique éditoriale. Et c’est là, d’ailleurs, que j’aurais tendance à être en désaccord avec cette politique éditoriale. Voici la phrase au cœur de cette politique :

« ...l’objectif d’AgoraVox est de publier des actualités concernant des évènements ou des faits objectifs, vérifiables et autant que possible inédits. En d’autres termes, AgoraVox ne publiera pas des articles qui expriment uniquement des opinions personnelles, subjectives ou non vérifiables. »

Si nous attendons des rédacteurs d’AgoraVox des scoops, je pense que le nombre d’articles va être réduit, par contre les faits objectifs et vérifiables ne sont généralement vérifiables par le comité de rédaction que parce qu’ils sont relatés dans la presse traditionnelle. Cette approche est en concurrence directe avec la presse traditionnelle, et je pense qu’elle est une erreur. Les médias citoyens ne doivent pas concurrencer la presse traditionnelle, mais au contraire représenter un contre-pouvoir pour cette presse, pour l’obliger à être rigoureuse, objective, ou, à défaut, pluraliste.

Effectivement, imaginons que demain j’écrive un article dans AgoraVox relatant un évènement qui a eu lieu dans la région de Grasse, et que cet évènement ne soit relaté nulle part ailleurs dans la presse traditionnelle. Je ne pense pas que la rédaction d’AgoraVox aura les moyens de venir vérifier ni même de contacter d’autres témoins par téléphone pour valider l’information (et encore, j’ai pris une région de France, j’aurais aussi bien pu prendre un lieu en Ouzbékistan). Il y a fort à parier que la publication de l’article dépendra alors de son « innocuité » légale ou politique. Autrement dit, si l’info est du type chien écrasé, elle passera, en revanche, je ne sais pas si, dans le cas où elle serait polémique (mise en cause de personnes, etc.), elle pourrait passer. En fait, elle ne passerait sans doute pas, et c’est normal. Si je souhaite faire passer une information de ce genre, la meilleure attitude à adopter est de contacter un média « officiel » qui, lui, fera un travail de vérification par d’autres sources, puis déplacera éventuellement une équipe en fonction de l’importance accordée à l’information. Cette démarche n’est pas accessible à AgoraVox. C’est pourquoi je pense que, au contraire de ce qui est décrit dans la politique éditoriale, mais conformément à la réalité d’AgoraVox, ce qui est intéressant, c’est la subjectivité qui entraîne la diversité des opinions. C’est le côté "opinion personnelle des rédacteurs", bien sûr en citant des sources vérifiables (en provenance, justement, souvent de la presse traditionnelle) dès que les opinions sont mises en relief avec des informations telles que chiffres, enquêtes, citations, etc., qui fait tout l’intérêt d’AgoraVox. Car ces opinions sont par nature pluralistes, et bien souvent différentes des opinions exprimées dans les médias traditionnels.

En fait, un média citoyen, comme AgoraVox, permet de changer l’importance donnée à une information par les médias traditionnels, elle permet également l’interactivité, l’échange et le débat public sur un sujet, comme le montre bien la série d’articles sur le CPE.

L’information brute a rarement d’intérêt (peut-on qualifier les « gratuits » d’intéressants ?) ; par contre, son analyse et les commentaires associés permettent de réfléchir, d’ouvrir des débats, comme vient de le faire Guillaume avec son article sur la petite phrase de Donnedieu de Vabre. Par conséquent, il ne faut surtout pas opposer les médias citoyens et la presse traditionnelle. Quant à légiférer sur ce type de média, ce n’est bien sûr pas souhaitable, : tout l’arsenal législatif est déjà en place, et les médias citoyens ne vont à l’encontre d’aucune loi (pour l’instant en tout cas).


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8 réactions à cet article    


  • Carlo Revelli Carlo Revelli 17 mars 2006 13:27

    Merci Laurent pour votre article.

    Je suis d’accord avec pas mal d’éléments de votre analyse à commencer par la complémentarité entre médias traditionnels et médias citoyens.

    Votre vision des choses correspond assez bien à la réalité d’AgoraVox au jour d’aujourd’hui. J’en conviens avec vous, environ 9 mois après son lancement, AgoraVox ne publie pas suffisamment d’éléments factuels et inédits par rapport à ce que j’avais prévu. En revanche, nous avons eu beaucoup d’analyse parfois de très haute qualité qui ont été même reprises dans la presse.

    Mais à mon avis ce n’est qu’une question de temps. D’une part, le réseau des « capteurs » (les citoyens reporters) n’est pas encore suffisamment étendu pour remonter régulièrement des faits inédits (même si nous avons 2.600 rédacteurs inscrits, OhMyNews en Corée du Sud en a plus de 40.000 !). D’autre part, la démocratisation des NTIC n’est pas encore entièrement accomplie en France même si la pénétration du haut débit est impressionnante et que les « outils » du reporter citoyens se répandent de plus en plus (caméscope, portable avec appareil photo ou caméra, ordinateurs portables...). Dans cette logique nous venons aussi de lancer « AgoraVox Tv » : http://www.agoravox.fr/video.php3

    Bref, je pense qu’il faut que le « maillage » d’AgoraVox progresse et que les outils de « capture » se démocratisent encore plus pour qu’AgoraVox puisse sortir davantage d’informations inédites. Et surtout que les citoyens commencent à comprendre qu’ils peuvent être des reporters ou des capteurs d’informations pour un média citoyen. A ce jour, je pense que 99% des français ne savent même pas ce qu’est un média citoyen et donc ignorent qu’ils peuvent y contribuer. Cela dit, nous avons déjà publié un certain nombre d’informations inédites ou peu reprises dans la presse même si elles sont « noyées » au milieu d’articles d’analyse ou d’opinion.

    L’avenir nous dira si je me trompe ou pas, mais je pense réellement ce que j’ai écrit dans la politique éditoriale, à savoir qu’un des objectifs d’AgoraVox est de publier des actualités concernant des évènements ou des faits objectifs, vérifiables et autant que possible inédits.

    Ainsi, contrairement à ce que vous dites, je pense qu’un média citoyen peut « sortir » des informations que la presse traditionnelle ne donne pas. Pour une raison très simple : aucune agence de presse ou aucun média ne dispose d’un réseau de correspondants aussi étendu qu’un réseau de citoyens. Aucune agence de presse ou aucun média ne peut avoir un correspondant au pied de chaque immeuble....

    En conclusion, je suis d’accord avec votre analyse sur l’état actuel des médias citoyens et d’AgoraVox mais pas avec votre vision à terme.

    Ainsi, en reprenant votre exemple, il est vrai que si aujourd’hui vous publiez une info inédite sur une évènement qui a eu lieu dans la région de Grasse on aura du mal à la vérifier si personne d’autre n’en parle. Mais si le réseau des bloggeurs et des correspondants citoyens s’étend et le maillage s’intensifie alors quelqu’un d’autre qui est dans votre région pourrait facilement valider ou invalider votre information. Sans parler des vérifications habituelles faites par les rédacteurs et les veilleurs via Internet ou les croisements sur l’auteur.

    En ce qui concerne la vérification des informations soumises sur AgoraVox elle s’effectue à trois niveaux. Elle est décrite d’une manière assez détaillé dans la présentation du projet dont voici un extrait : http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=61

    "Cela dit, nous sommes conscients qu’une initiative comme AgoraVox augmente les risques de désinformation, de déstabilisation, de manipulation ou de propagation de rumeurs. Pour cette raison, nous pensons qu’il est indispensable de disposer d’un comité de rédaction d’un nouveau type qui puisse agir en tant que « filtre ». L’information soumise est donc modérée pour éviter toute dérive politique ou idéologique. Vu la spécificité d’AgoraVox le comité de rédaction n’est pas calqué à l’identique sur le comité classique d’un journal. Pour cette raison, il est constitué par certains rédacteurs indépendants qui ont souhaité participer mais aussi par des experts en veille et recherche d’information de la société Cybion. Tous les modérateurs sont chargés de voter individuellement chaque article en fonction de son actualité, de sa pertinence, et surtout de son originalité.

    Mais au-delà des vérifications effectuées par les rédacteurs et les veilleurs, AgoraVox prône un processus d’intelligence collective pour fiabiliser les informations mises en ligne. Ce processus se base sur les commentaires des lecteurs. Dés qu’un article est publié, tout lecteur peut intervenir librement pour le commenter, le critiquer, le compléter, l’enrichir ou le dénoncer. L’auteur et la rédaction peuvent interagir ainsi avec les lecteurs afin de compléter et améliorer l’article. Comme le dit le journaliste bloggeur Dan Gillmor, "mes lecteurs sont souvent mieux informés que moi". Parfois, le comité de rédaction décide de supprimer un article après certains commentaires des lecteurs (notamment en cas de plagiat avéré). D’ailleurs, nous encourageons vivement nos lecteurs qui ont un doute à l’exprimer librement à la suite de chaque article. Souvent des lecteurs assidus mènent des recherches et des investigations pour valider ou invalider un article et il s’agit là d’excellentes initiatives que nous encourageons vivement. L’apport informationnel de chaque article doit être donc évalué dans le contexte des réactions qu’il a suscité."


    • Thucydide (---.---.101.8) 17 mars 2006 14:15

      Une bonne analyse des faits de part et d’autre, les arguments échangés sont pertinents. J’ajouterais que même si on ne dispose pas d’une information totalement inédite, l’important est de mettre en lumière des nouvelles négligées et mal traitées par les médias traditionnels, qui nous étouffent sous leur fonds de commerce habituel. C’est flagrant dans le sport, en particulier en France où, hors du foot, avec quelques miettes pour la F1, le rugby, le tennis et deux-trois autres trucs, rien n’existe. Pourtant, que les amateurs de foot me pardonnent, mais ça ne manque pas, les sports où il se passe quelque chose : des points marqués, des secondes gagnées, etc. A l’heure actuelle, c’est la couverture médiatique qui crée l’événement, pas son intérêt en lui-même : le plus assommant des 0-0 du foot aura toujours la première page des rubriques sportives.


      • gilles guiraud (---.---.152.10) 17 mars 2006 14:56

        Cher Demian,

        je ne saurais être plus d’accord avec vous.

        Je profite de ce petit billet pour vous remercier d’apporter si souvent votre pierre à l’édifice AGORA

        Dans l’attente de votre prochain article...

        grosses bises (si vous les acceptez !)


      • thomcom (---.---.108.193) 20 mars 2006 00:45

        Bonjour,

        je trouve que vous donnez beaucoup d’importance à ces « media citoyens ». Je ne sais pas vraiment d’ailleurs ce que ce terme recouvre : les media traditionnels seraient-ils moins citoyens ? l’internet collaboratif le serait-il plus parce qu’il est collaboratif ?

        Il me semble que ce qui fait défaut, aujorud’hui, ce n’est pas tant le manque d’informations, dont nous sommes submergés et ne savons que faire, que leur mise en perspective. Je ne suis pas un lecteur assez assidu d’Agoravox pour porter un jugement objectif, mais de ce que j’en ai aperçu jusqu’ici, il m’a semblé :

        - que la plupart des « articles » ne contiennent pas d’« informations » au sens journalistique du terme (fait inédit pas encore publié et répondant aux 5W : qui ? quand ? quoi ? où ? comment ?) et constituent plutôt des billets d’humeur ;

        - que l’outil peut être victime de ce qui fait son intérêt : la possibilité donnée à quiconque d’exprimer son avis sur n’importe quel sujet. C’est très prétentieux de ma part, mais j’ai été plusieurs fois consterné des raccourcis et préjugés (faits jugés avant d’être compris) publiés dans les articles et commentaires.

        Aussi l’intérêt (réel) que je trouve à cet outil est d’abord d’offrir une sorte de miroir sociologique en temps réel de cette tranche inconnue des CSP que constituent les internautes adeptes de l’interactivité. Pour ce qui est de mettre en perspective l’information, tâche de plus en plus ardue dans un monde chaque jour plus complexe, inintelligible et imprévisible, et qui demande recul, mesure et objectivité (ob jectum = projeter hors et devant ma conscience pour le dégager du prisme sensible... ce qui n’est certes pas la qualité d’un billet d’humeur), votre outil, dont l’intérêt est justement de pouvoir s’exprimer sur des sujets « à chaud », ne me paraît pas le plus adapté.

        En définitive, qu’il s’agisse de donner un sens à l’actualité (rôle des media traditionnels) ou de la retranscrire de manière brute (rôle d’une agence de presse par ex), la presse écrite (évidemment il faudrait nuancer, mais là n’est pas le propos) me semble autrement plus pertinente. Je vous rejoins cependant sur l’intérêt de la lecture des articles et des commentaires publiés sur ce site (la preuve : j’y reviens), mais dans une optique plus « sociologique » que journalistique. Considérer que ce media constitue un instrument de connaissance journalistique me paraît à la fois dangereux - le professionnalisme des « metteurs en forme de l’information » est un rempart contre la démagogie et la formation des journalistes un des fondamentaux de la liberté de la presse (cela n’enlève en rien le droit de chacun d’exprimer son avis (!), le danger étant de confondre « avis » et « information »), - et démagogique (flattant l’ego de vos internautes). Bien sûr, au fond l’avis d’un journaliste ne « vaut » pas plus que le votre ou le mien - le titre Le Parisien, pour prendre le plus emblématique, l’a bien compris ! - mais les règles de base de l’écriture journalistique permettent (normalement et notamment) au lecteur de différencier immédiatement ce qui est du domaine de l’information de ce qui relève de son commentaire. Vous n’y êtes pour rien, mais ce n’est pas la première qualité des articles publiés ici.


        • (---.---.108.193) 20 mars 2006 10:07

          « l’implication de spécialistes » : je serais ravi que vous ayez raison, et peut-être est-ce le cas. Mon expérience personnelle et ponctuelle d’Agoravox m’a donné le sentiment de trouver plus de spécialistes de mon domaine (le marketing et la communication) dans les revues spécialisées, voire d’autres sites présentant les thèses d’universitaires, que sur Agoravox.

          « relation plus directe qu’internet et le journal citoyen mettent plus aisément en oeuvre » : certes ! Mais deux remarques :
          - l’interactivité est-elle un gage de pertinence ?
          - je ne sais toujours par ce qu’est un « journal citoyen »

          « le meilleur journaliste de la presse écrite ne saurait discerter librement » : bien sûr que si !! et ce n’est pas parce qu’il ne le fait pas « en live » qu’il n’exerce pas lui aussi ce que vous appelez cette « critique créatrice » !

          « vous présupposez à tort que le journalisme citoyen ne considère pas (la presse écrite) comme autant citoyenne » : je ne présuppose rien du tout, je m’interroge sur le qualificatif « citoyen » que vous donnez à cette forme d’interactivité. Le fait de parler de « journalisme citoyen » semble supposer qu’il y en aurait un autre qui ne le serait pas... ??

          « vous ajoutez votre pointe d’humeur » : exact. Mais ce faisant je ne prétends pas faire du journalisme. C’est une nuance... de taille ! Car cette ambiguité qu’il y a à laisser croire que tout un chacun peut (dans le sens : a les compétences pour) faire oeuvre de journalisme alimente cette considération qui veut que « toutes les opinions se valent ». Et, en définitive, je ne suis pas sûr que ce type de media aide les « spécialistes » que vous évoquez à se faire entendre.


        • (---.---.108.193) 20 mars 2006 12:50

          Nous illustrons « en live » une des limites de l’outil : ce n’est pas parcequ’il est interactif qu’il favorise une meilleure compréhension. Je n’ai pas voulu dire que vous pensiez que la presse n’était pas libre, cela va de soi. Mais que je ne voyais pas en quoi le fait de rédiger un article sans laisser la possibilité d’y réagir en live était l’indice d’une activité moins « créatrice ».

          Aussi je vous réitère mes questions pour lesquelles je n’ai toujours pas de réponse :

          - qu’est-ce qu’un journalisme qui ne serait pas citoyen ?
          - l’interactivité serait-elle un gage de pertinence ?
          - l’interactivité serait-elle un gage de créativité (d’écriture plus « créatrice » selon vos mots) ? la possibilité de laisser des commentaires ou de réagir à chaud serait-elle l’indice d’une plus grande « création » ? d’une plus grande valeur ? (qu’attend-on d’un article qu’il crée ?)

          Cordialement, Thomcom.


        • thomcom (---.---.108.193) 20 mars 2006 18:19

          Ce qui est frustrant avec cet outil, c’est de lire ce type d’énormités assenées avec un tel aplomb et une telle sérénité presque doctorales...

          Donc, et ce sera tout pour moi car je me lasse d’écrire ces banalités : penser qu’un journalisme non interactif ne serait pas citoyen est tout simplement absurde !

          - parce que dans la ligne qui suit, vous le reconnaissez vous-mêmes : « l’interactivité n’entraîne aucune autre pertinence (que ce débat au vif) ». Si l’interactivité n’apporte aucune autre pertinence, alors pourquoi l’absence d’interactivité du journalisme entraînerait-elle la perte de son caractère « citoyen » ?

          - parce que le critère de « citoyenneté » du journalisme tient dans sa capacité à constituer un relais (remontée d’infos, descente d’infos et organisation de débats) efficace entre les élites et les citoyens, fonction rendue nécessaire par l’avénement de la démocratie, cf les travaux de Norbert Elias ou Jurgen Habermas. Et que cette capacité ne dépend pas de son interactivité (la capacité des internanutes ou des lecteurs à participer eux-mêmes à la formalisation de l’information), mais du professionnalisme et de la déontologie des journalistes (voir mes précédents commentaires). A ce titre, l’interactivité semble d’abord un handicap à la mission « citoyenne » du journalisme - comme tout handicap, il peut certainement être aménagé, mais pour l’instant votre lecture ne m’a pas ouvert les yeux sur ce sujet.

          - je ne sais pas bien ce qu’est la « plasticité plus vive de la pensée immédiate », si ce n’est encore et toujours l’interactivité (dans ce cas votre phrase est une tautologie : un journalisme interactif est plus créatif parce qu’il est interactif), mais je sais que la créativité en journalisme (cad la capacité à rendre compte de faits inédits et/ou de manière inédite) implique d’abord de maîtriser ses bases, ce qui n’est visiblement pas le cas de la majorité des auteurs des articles que j’ai pu lire sur ce site. Avant de penser qu’on fait avancer le journalisme en donnant la possibilité aux internautes de réagir à chaud, il faut savoir rédiger une dépêche AFP, identifier ce qu’est une information, un angle, et, plus généralement, savoir à quoi et à qui sert le journalisme ! Ceci n’empêche pas que l’on puisse écrire des textes pertinents et intéressants sans se conformer aux règles de l’écriture journalistique, mais alors il s’agit de l’assumer : j’écris ce que je pense parce que ça me fait plaisir et que j’ai envie de savoir ce qu’en pensent les autres (ou pour toute autre raison), mais ce faisant je ne fais pas du journalisme !


          • thomcom (---.---.108.193) 20 mars 2006 19:43

            OK je m’excuse d’avoir été vif, vous m’avez paru par vos lignes donner du crédit à un constat qui m’horripile : le ton et les postures exprimés sur ce site semblent inversement proportionnels aux connaissances de leurs auteurs. Moins on connaît le sujet, plus on est péremptoire (avouez que vos réponses aux questions de fond que je vous posais sont plutôt... courtes, sur la forme et le fond. Mais il est vrai que vous prévoyez d’écrire un article où vous développerez, alors autant pour moi). La nuance et l’humilité ne sont pas, encore une fois, la qualité première des « apprentis journalistes ». Je ne sais pas combien d’internautes sont susceptibles de lire ces pages, mais plus j’y pense plus je me dis qu’on ferait mieux de consacrer son temps à créer du lien, pas virtuel, mais bien humain et réel, celui-là, et y’a qu’à descendre en bas de chez soi pour trouver une occasion. Mais je m’égare. Bon vent, Thomcom.

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