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Pourquoi l’OTAN se penche sur l’Asie de l’Est  ?

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Pendant de nombreuses années, elle a été secouée par des questions d’identité et de rôle dans l’ère de l’après-guerre froide et des vacillations entre l’expansion, les partenariats et la mise en place de nouvelles missions telles que la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme. Aujourd’hui, l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) est une fois de plus au centre des affaires mondiales avec la crise ukrainienne. Le récent voyage en Asie du secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, en Corée du Sud et au Japon, soulève d’importantes questions sur le rôle de l’alliance et son éventuelle expansion stratégique en Asie.

Le voyage en Asie n’est pas une surprise pour les observateurs, car la nouvelle stratégie de l’OTAN, appelée concept stratégique, publiée lors du sommet de Madrid de 2022, décrit pour la première fois la Chine comme un défi sécuritaire.

C’est une expression claire de l’évolution du conflit entre les alliés dirigés par les États-Unis d’un côté et la Chine et la Russie de l’autre. Le document stratégique décrit la Chine comme un «  défi systémique  » pour la sécurité euro-atlantique, ce qui représente un changement de paradigme important dans la perception de la Chine par l’alliance, qui n’était pas perçue comme une menace par le passé.

Bien que le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, ait interprété la vision de l’OTAN comme un défi plutôt qu’un adversaire ou un ennemi, il a décrit la Chine à travers le prisme de la domination américaine sur l’alliance, les partenaires européens faisant écho à cette vision, notamment après la crise ukrainienne, qui a démontré la faible capacité de l’Europe à contrer les menaces par elle-même.

Lors de sa récente visite au Japon, l’OTAN a été mise dans un nouvel embarras par son secrétaire général lorsque Stoltenberg l’a accusée de vouloir contrôler la mer de Chine méridionale, qui ne fait pas partie des intérêts de l’OTAN. L’inclinaison croissante de la Chine et sa coopération avec la Russie constituent une menace non seulement pour l’Asie mais aussi pour l’Europe, et il faut chercher à renforcer la coopération avec les amis de la région indo-pacifique, a déclaré le responsable atlantique. Ces déclarations impliquent clairement l’entrée de l’OTAN dans l’équation de sécurité asiatique.

Lorsque l’OTAN explique le défi chinois, elle ne parle plus de cyberattaques, de technologies de cinquième génération, d’intérêts et de valeurs économiques, etc. Au lieu de cela, elle parle des armes nucléaires chinoises, des missiles à longue portée, et accuse Pékin d’utiliser la force militaire contre les pays voisins et de menacer Taïwan.

De son côté, la Chine a réagi plutôt calmement aux remarques du secrétaire général de l’OTAN. Pékin a exhorté l’alliance à «  ne pas faire de bruit  » au sujet de la «  menace  » chinoise et a déclaré que la région Asie-Pacifique n’est pas un lieu de rivalités géopolitiques.

La mentalité de la guerre froide n’est pas la bienvenue dans la région, a averti la Chine, conseillant à l’OTAN de réfléchir au rôle qu’elle doit jouer pour assurer la sécurité en Europe. Certes, les relations de l’OTAN avec les pays d’Asie de l’Est ne sont pas nouvelles, mais il existe déjà des partenariats stratégiques pour l’alliance dans la région Asie-Pacifique, au Japon, en Corée du Sud, en Australie et en Nouvelle-Zélande.

Ce qui est également certain, c’est que la Chine est entrée dans le cercle d’intérêt de l’Alliance depuis 2019, puis dans les déclarations ultérieures de l’OTAN en 2021 et 2022, et enfin dans le dernier document stratégique, une méthodologie de travail pour l’Alliance pour les dix prochaines années.

La récente visite de Stoltenberg au Japon a également reflété les intérêts actuels de l’OTAN. Lors d’une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre japonais Fumio Kishida, il a déclaré que la Chine observe de près l’invasion de l’Ukraine voisine par la Russie et en tire des leçons. C’est maintenant le moment crucial pour les relations Asie-Europe, a-t-il ajouté, soulignant que la Russie et la Chine font une «  poussée autoritaire  » contre l’ordre international fondé sur des règles et que la guerre en Ukraine n’est pas seulement une crise européenne mais un défi à l’ordre mondial. Ces remarques reflètent les craintes atlantiques que la Russie sorte victorieuse de la guerre en Ukraine et que cela conduise à une tentative chinoise similaire de reprendre Taïwan.

L’OTAN a également commencé à regarder avec intérêt et inquiétude la menace nord-coréenne tout en soutenant la Russie dans sa guerre contre l’Ukraine. En somme, cela signifie être à l’avant-garde des menaces et contribuer à façonner un nouveau monde basé sur des valeurs et non des idéologies. Cela signifie diviser le monde en un monde libre dirigé par les États-Unis, par opposition à ce que l’Occident considère comme des États autoritaires qui ne partagent pas de valeurs communes. Une vision dans laquelle l’OTAN unit ses forces à celles de ses alliés d’Asie de l’Est, comme le Japon et la Corée du Sud, inquiète les autres puissances asiatiques, notamment la Chine, qui ne voient dans les avancées de l’OTAN rien d’autre qu’une expansion ou une extension stratégique de l’alliance en Asie du Nord-Est.

Pékin estime que cela accentue la complexité de la situation sécuritaire dans la région. La plus grande préoccupation de l’alliance est donc les relations de la Chine avec la Russie. L’OTAN doit compter avec la possibilité que la Russie atteigne ses objectifs dans la guerre en Ukraine et que la Chine prenne une mesure militaire similaire pour reprendre Taïwan, et avec la possibilité de former une alliance multipolaire avec la Chine qui remodèle l’ordre mondial existant en fonction de l’issue de cette guerre.

L’engagement de l’OTAN avec la Chine dépendra désormais de la fin de la crise ukrainienne. Sa réponse au défi chinois déterminera cette fin. Elle pourrait se limiter au cadre commercial et économique, aux stratégies de cyberdéfense et à la guerre de l’information, à moins que les États-Unis ne décident d’accélérer le rythme de la confrontation avec la Chine.


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12 réactions à cet article    


  • Brutus paparazzo 23 février 2023 17:26

    Ce n’est pas d’aujourd’hui !

    Vous avez entendu parler du QUAD  ?

    Dialogue quadrilatéral pour la sécurité

    "Outre le partenariat conclu il y a dix jours entre les Etats-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni, Joe Biden a dégainé le « QUAD », une alliance qui inclut le Japon et l’Inde."


    • Com une outre 23 février 2023 18:03

      @paparazzo
      Sauf que le QUAD n’est plus du tout d’actualité depuis des années.


    • Brutus paparazzo 23 février 2023 20:48

      @Com une outre

      Ah oui ?


      Et ça  ?


      Et ça ?


      Et ça  ?


      Etc.


    • Com une outre 24 février 2023 07:42

      @paparazzo
      ça confirme ce que je dis.


    • Com une outre 23 février 2023 17:32

      Cet article passe à côté du principal problème des américains avec la Chine et la Russie, le dollars. Ces deux pays échangent de moins en moins en dollars, ainsi qu’avec leurs partenaires commerciaux, Inde ou Arabie Saoudite, et nous pouvons imaginer les conséquences pour les américains si le dollars perd sa suprématie. Un nouveau monde se dessine où une grosse moitié de la planète ne commercera plus en dollars, fragilisant considérablement les US, dont la dette est énorme. Les européens, trop bêtes pour comprendre et analyser ce qui se passe en ce moment, chuteront avec les américains et franchement, c’est mérité. C’est pourquoi nous avons toutes ces simagrées avec l’Ukraine et l’Otan, le bloc occidental essaye de se rassembler pour faire face. Sauf qu’il est trop tard, les dés sont jetés.


      • Attila Attila 23 février 2023 17:47

        @Com une outre
        Cet article ignore surtout l’existence de la « doctrine Wolfowitz » formulée a près l’écroulement de l’URSS en 1991 et révélée publiquement par le Pentagone :
        « Nouveau plan du Pentagone pour 1992 : empêcher l’émergence d’un nouveau rival, aussi bien au plan régional qu’au plan mondial »
        Les États-Unis n’acceptent plus qu’un pays ou groupe de pays puisse devenir aussi puissant que le bloc soviétique et les empêche de faire ce qu’ils veulent dans le monde.
        La Chine ayant émergé et étant devenue un géant économique, la Russie renaissante redevenant une puissance militaire, sont considérées comme des rivales pour les États-Unis et, de ce seul fait, sont attaquées.

        .


      • Com une outre 23 février 2023 18:16

        @Attila
        Oui, sauf que les US n’ont plus la puissance pour en sortir vainqueur. Ils ont choisi la mauvaise stratégie en attaquant la Russie par Ukraine et Europe interposée, trop sûr de leur puissance pour voir que bien des pays non occidentaux n’attendaient que la bonne occasion pour attaquer économiquement ce géant aux pieds d’argile et régler de vieux comptes qui leur restaient en travers de la gorge. Et les US sont prêts à faire la même erreur avec la Chine, et c’est pourquoi les républicains vont très certainement revenir au pouvoir la prochaine fois, puisqu’il s’affichent plus réservés sur cette politique vaguement sucidaire.


      • Attila Attila 23 février 2023 18:26

        @Com une outre
        Exact, ils vivent dans le rêve de leur puissance passée. J’ai bien aimé lorsque Blinken a reproché à la Chine de fournir des armes à la Russie : il s’est fait envoyer chier par le ministre chinois des affaires étrangères.

        .



        • anaphore anaphore 24 février 2023 14:22

          Si L’OTAN s’intéresse à l’Asie de L’Est, l’Asie de l’Est se doit de préparer les abris... Dire que cette merde otanienne ne devait-être qu’un système de défense européen. C’est frappant cet expansionnisme effréné dans le silence des pouvoirs occidentaux. Le citoyen lambda va finir par se prendre une WW3 dans les dents sans comprendre d’où ca vient. Donc une bande de bureaucrates d’une administration anonyme ( on ne connait pas son organisation interne ) et complètement déconnecté de nos démocraties va jouer les kakous à l’autre bout du monde *

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