Pour en sortir, sortir de l’union européenne
On se souvient sans doute d'une tentative de réconcilier le travail et les fruits du travail dans une vision non-marxiste. Jeune étudiant, j'avais découvert ce thème, et l'avais trouvé intéressant, quoique incomplet. N'étant pas économiste, ni même bon en mathématiques, je laissais à d'autres le soin d'en faire l'analyse. A l'époque de la sortie en 1966 du livre de Marcel Loichot, même Charles de Gaulle l'avait félicité.
Avec le recul, j'avais vite compris que si l'essai valait qu'on s'y attarde un peu, sur le long terme il ne pouvait tenir la route en raison des forces capitalistes en plein renouveau. Là où j'étais placé en tant que simple exécutant administratif dans une banque, c'est en 1985 que j'ai vu s'opérer clairement la bascule : c'est dès ce moment-là que Warren Buffett aurait pu lancer sa fameuse phrase sur la lutte des classes.
Pour s'en sortir, il n'y avait pas deux solutions : dans un milieu relativement fermé comme l'était à l'époque la France indépendante et souveraine, il était possible assez facilement de se découpler d'un Grand Marché Mondial en formation. Malheureusement c'est aussi à ce moment-là que la tête dite "socialiste" de la France s'est de plus en plus liée à ce Grand Marché pour notre perte à tous, nous les simples exécutants.
De plus en plus persuadé que tout lien à un quelconque supranationalisme économique était une faute et un carcan, j'avais décortiqué le fameux traité de Maastricht, soigneusement, et pour moi c'était une très mauvaise chose que je ne pouvais que refuser. Dès que des forums se sont ouverts sur un Internet naissant au grand public, je m'étais mis, avec d'autres, à argumenter pour démontrer à quel point telle ou telle clause ne pouvait apporter que du mal, bien qu'alors le traité fût déjà signé quelques années auparavant.
Quand Valéry Giscard d'Estaing a lancé son bébé, le Traité Constitutionnel Européen, qui contenait en fait TOUS les traités précédents à partir de celui de Rome en 1957, ces diatribes sur les forums se sont exacerbées : c'est là que j'ai pu plusieurs fois "croiser le fer" en toute courtoisie avec Serge July, sur les forums de Libération, où mon assiduité m'a permis de devenir ami avec le modérateur d'alors. En revanche la façon particulière de voir les choses d'un Quatremer empêchait toute discussion et la ramenait à des monologues croisés.
Ce fut un déchirement d'assister au coup d'État consistant à faire revoter la décision du Peuple français du 29 mai 2005 par une fraction de ce peuple, ce qui dans l'esprit est inconstitutionnel : désormais nous n'étions plus du tout en démocratie. C'est à ce moment par exemple que fut fondée l'Association Pour Une Constitution par André Bellon, ancien président de la Commission de Affaires Étrangères à l'Assemblée Nationale.
À peu près au même moment le M'PEP vit le jour sous l'égide de Jacques Nikonoff, ancien co-fondateur d'ATTAC, et Michèle Dessenne. Ce M'PEP évoluera en 2013 avec le départ (j'étais là, ce fut un moment bien particulier) de ceux qui désiraient garder un lien avec Bruxelles, et qui en général se rapprochèrent du mouvement de Jean-Luc Mélenchon. Le mouvement décida alors de se constituer en Parti, et après quelques hésitations il devint le Parti de la DÉMONDIALISATION. C'est alors qu'il préconisa exactement les mêmes choses, que celles auxquelles j'avais pensées de manière plus informelle bien entendu. En 2017, des candidats portèrent ses couleurs dans une partie des départements.
Pendant toutes ces années, sur dix ans j'ai peaufiné une proposition de Constitution à partir de l'existant de 2010, donc où avaient été insérées les clauses résultant du traité de Lisbonne. Je continue de temps en temps à relire cette proposition, pour changer un mot, la place de celui-ci, ou carrément pour ajouter ou retrancher quelque chose. La proportion de texte non barré, ou non surligné (nouveau texte) a nettement diminué avec le temps. Bien entendu, ce texte modifié tient compte le plus possible de mes idées sur la question, qui ne sont pas forcément celles d'autres personnes.
Parallèlement, en 2018 j'avais terminé un petit, bien petit essai sur une société complètement différente, où la propriété individuelle aurait disparu, donc la monnaie, puisqu'alors la valeur vénale n'aurait plus de raison d'être, remplacée par la valeur d'usage seule. Cette proposition avait une incidence indirecte : elle était par défaut écologique, en raison de la disparition totale du PROFIT, dont du capitalisme et du gaspillage. Bien entendu, il ne s'agit là que d'une ébauche à développer.
Non, il ne faut pas lâcher prise, mais tout dépend désormais d'une reprise en main par le Peuple français, et non plus des capitalistes et autres financiers, de son destin. Cela passe bien entendu par la sortie unilatérale, immédiate, de l'union bruxelloise selon les traités internationaux, mais pas selon les normes européennes que nous ne reconnaissons PAS, donc de l'euro, mais aussi bien sûr de l'OTAN, de l'OCDE, du FMI, de la Banque Mondiale, de la BRI ; et naturellement par une nationalisation du secteur bancaire, des entreprises assurantielles non réellement mutualistes, de tous les services publics en général, et un dépérissement de la Bourse. Comme aurait dit CdG : vaste programme !
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