Militaria : découverte de reliques de la Résistance
Un spéléologue à la recherche de grottes et gouffres dans une forêt du Haut-Doubs a découvert sept containers « type C » à moitié enterrés et recouverts de feuilles au fond d'un canyon au milieu d'une forêt du Haut-Doubs. « Du matériel sans doute largué par les Alliés pendant la seconde guerre mondiale. (...) J'ai regardé un peu mais je ne les ai pas ouverts, je suis quasiment sûr que les conteneurs sont vides ».
Un spéléologue à la recherche de grottes et gouffres dans une forêt du Haut-Doubs a découvert sept containers « type C » à moitié enterrés et recouverts de feuilles au fond d'un canyon au milieu d'une forêt du Haut-Doubs. « Du matériel sans doute largué par les Alliés pendant la seconde guerre mondiale. (...) J'ai regardé un peu mais je ne les ai pas ouverts, je suis quasiment sûr que les conteneurs sont vides ».
L'armistice prononcé (22 juin 1940), l'occupant et ses sbires annoncent : « Sera puni de mort ou de travaux forcés celui qui, contrairement à cet avis, possède des armes à feu, des munitions, des grenades à main, des explosifs ou d'autre matériel de guerre ». Oubliée la loi de 1885 qui rendait libre la détention d'armes. Des patriotes camouflent le peu d'armes disponibles, d'autres préfèrent les jeter plutôt que de les remettre aux policiers ou gendarmes. L'armement va rester le souci numéro des Résistants.
Le premier parachutage du Special Operations Executive a lieu en juin 41 dans la région de Brignac. Ce service secret britannique créé en 1940 par Winston Chruchill a pour mission de soutenir les mouvements de résistance partout en Europe dans les pays occupés par les Forces de l'Axe. Le 10 octobre 1942 policiers et gendarmes reçoivent une instruction visant à démanteler l'embryon de résistance : « de nombreux parachutages de matériel en territoire français par des avions britanniques ont récemment été constatés surtout pendant la période de pleine lune ». Le Bureau Central Renseignement & d'Action commence à armer l'Armée Secrète au printemps. Le Bureau des Opérations Aérienne créé au mois d'avril 43 couvre les régions Nord, Est, Ouest et Centre. Hiver 43-44, des réfractaires au STO forment ou rejoignent des maquis. Les armes manquent. Au mois de mars 1944 on passe à 360 parachutages par lunaison (environ quinze nuits /mois) et ceux-ci ne vont cesser de s'intensifier à l'approche du débarquement sur les plages normandes.
Les parachutages d'armes par la section « F » du SOE aux maquis font l'objet d'une procédure particulière. La résistance se doit de rechercher un terrain 800 x 800 mètres aux abords dégagés (arbres, lignes électriques) loin de toute habitation et accessible par un chemin. Les DZ (principale et de secours) localisées sur la carte reçoivent un nom de code et leur coordonné sont transmis à Londres chiffrées par l'opérateur radio pour homologation après le survol photographique des zones concernées. Quelques jours plus tard Londres confirme par radio l'homologation des terrains retenus. Un nouveau message radio informe de la date et de l'heure de la livraison et livre les codes qui seront diffusés par la BBC pour confirmer l'opération. Le groupe de résistants balise les terrains. Les balises sont allumées seulement quelques minutes avant l'arrivée de l'avion. A l'approche de celui-ci un homme braque une lampe torche vers le cviel en direction de l'appareil et transmet une lettre en morse. Le pilote fait un premier passage à basse altitude (une centaine de mètres) en faisant vrombir ses moteurs selon la lettre en code morse convenue, les containers sont largués lors du deuxième passage. Les maquisards récupèrent tous les containers et disparaissent en effaçant toute trace de leur passage. A partir de 1943, les communications entre le sol et l'avion se font en phonie (S-Phone) et la DZ signalée par une balise Euréka-Rebecca, un transpondeur qui ne répond qu'au signal émis par l'avion.
Entre avril 43 et juillet 44 plus de 3.000 containers ont été largués sur la France, autant dire que ces containers ne sont pas rares, mais leurs vestiges couverts de rouille et disloqués passent souvent inaperçus. Deux types de containers ont été utilisés. Les containers « C » et « H » spécifiques au SOE sont formés de deux demi-cylindres de tôle nervurée s'ouvrant dans le sens de la longueur (1,72 m, diamètre 40 cm, poids à vide 38 kg, charge d'environ 160 kg) maintenus fermés par trois grenouillères. Le haut du cylindre est relié à un parachute de 8,5 mètres de diamètre et sa base pourvue d'un tampon amortisseur en caoutchouc. Le modèle « C » est adapté aux armes longues : Fusils-Mitrailleurs Bren, fusils, mitraillettes. Il peut être divisé en plusieurs cellules par des disques de bois pour les : munitions, pistolets, grenades, uniformes, détonateurs, explosifs, crève-pneus. Chaque cellule peut être transportée individuellement à dos d'homme à l'aide d'un sanglage. Les containers types C-D réservés aux bazookas, E-F aux postes radio, et H aux explosifs principalement. Chaque cylindre a quatre poignées (deux de chaque côté) pour être transportable par 4 hommes. Une inscription au pochoir indique le nombre de containers parachutés afin que tous soient récupérés. S'il ne peut être transporté, il est vidé de son contenu et enfoui sur place.
La région de la trouvaille, le Haut-Doubs, s'étend sur les plateaux du Jura entre 420 et 1092 mètres au cœur de la Franche-Comté, une des régions de France des plus boisées à l'habitat rural dispersé aujourd'hui apprécié des amateurs d'histoire et randonneurs. Après la guerre de 1870-1871 et l'annexion de l’Alsace et Moselle par la coalition prussienne, la ligne frontière est déplacée du Rhin aux Vosges. Le gouvernement français décide la construction de forts, redoutes, bastions destinés en cas de nouveau conflit à suppléer l'infériorité numérique de la troupe militaire le long du flanc Est. La construction du « Môle défensif du Lomont » débute en 1875 et s'achève en 1878. Situé à 610 mètres d'altitude, au sud de Belfort et en Pays de Montbéliard, il offre une vue qui s'étend des sommets des vosgiens aux contreforts bernois en Suisse. Le Môle du Lomont est flanqué par les trois batteries des Roches Jella, la Tour Carrée et les Forts du Mont-Bart à 485 mètres et de Lachaux à 410 mètres d’altitude.
Lors de la Seconde Guerre mondiale le Doubs accueille près de quatre-vingts cellules de résistants et fait partie avec les départements des Vosges, le Haut-Rhin et de la Haute-Saône de la région D2 du BCRA. Le 9 août 1944, les responsables des régions C et D conviennent d'occuper le Lomont. Le 11 août la Résistance investit le plateau de Montécheroux, partie nord de la chaîne du Lomont (Pays de Montbéliard) proche de la frontière suisse. Le 19 août marque le premier accrochage, deux résistants sont tués et vingt faits prisonniers. Le 22 août les Allemands s'emparent de la Tour Carrée qui sert de poste d'observation à la résistance et y installent une mitrailleuse lourde. Les maquisards reprennent le poste à 18 heures. Les pertes s'établissent à sept morts et 13 blessés graves sur 800 combattants (117 morts du côté allemand). Ils sont bientôt renforcés par 700 résistants venus du Doubs. La maquis du Lomont va compter 3 200 maquisards du Lomont, dont plus de 500 de FFI et des employés des usines Peugeot.
Entre la nuit du 24 août au 1er septembre le maquis réceptionne 328 conteneurs, soit 53 tonnes d’armement et de matériels et 87 militaires du Special Air Service. Début septembre, le commandant américain du maquis, Ernest-Fred Floege, alias Paul, un officier appartenant à l'Office of Strategic Services (alias Paul, équipe Jedburgh parachuté le 19 aout 44 en Côte d'Or, région D1) « lance plus de 700 combattants vers le Haut Doubs et la moyenne vallée du Doubs. Le 6 septembre, un bataillon d'infanterie motorisé, un escadron de chars et une compagnie d'infanterie mécanisée convergent vers le Lomont par trois directions. (...) Vers quinze heures, les lignes FFI sont mises en difficultés : cinq hommes sont tués, sept blessés. (...) Les premiers éléments blindés de l'armée d'Afrique arrivent. Vers 15 h 45, ils sont là et font tonner le canon. (...) Le 6 septembre au soir, les maquisards du Lomont sortent victorieux de cette attaque ». (Anaïs Lomberger et la Fondation de la Résistance, Département AERI). Au mois de novembre 1944 le Fort du Lomont sert de point de départ à la libération du Doubs. Quatre-vingt-quatorze pour-cent des maquisards du Lomont s'engagent « pour la durée de la guerre » et pour la plupart dans la 1° armée du général Jean de Lattre de Tassigny qui l'année suivante va devenir Rhin et Danube. Une correction, une précision, une remarque ?
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