Les citoyens désirent de plus en plus une justice vengeresse qu’une justice dite de citoyens civilisés
Depuis 3750 la justice a été retirée aux citoyens, car les personnes concernées par un fait répréhensible émotionnellement se vengeaient par des réponses supérieures aux faits qu’elles avaient subis. D’où l’adage, œil pour œil dent pour dent. Avec la suppression de la peine de mort, nous avons mis fin politiquement aux derniers vestiges de cet adage.
Pour autant, émotionnellement, les victimes, en réclamant justice, réclament que celle-ci les venge des événements qu'elles ont dû subir. Seules les victimes ont le droit d’exprimer exagérément leurs souffrances, bien au-delà de ce que les législateurs fixent comme quantum aux faits réprimandés. En ce domaine, il n’y a pas de justice, qui peut dire que les peines fixées pour les faits asociaux sont justes, personne. Elles dépendent du jeu des acteurs politiques et de la tolérance ou non des citoyens. Elles dépendent également de cette croyance que la punition est la réponse à toutes les insuffisances sociétales ; DANS CE DOMAINE LA PRATIQUE RECURRENTE DE LA PUNITION DISTINGUE LES PARTIS DITS DE DROITE . À ce jour aucun État ne peut se dispenser de disposer d’une organisation judiciaire pour régler les problèmes qu’il génère du fait de son organisation sociétale inégalitaire, comme de ceux incombant à l’ignorance du fonctionnement de notre psychisme qui cumule en permanence des paradoxes tenant à l’adaptation de nos comportements innés, tantôt interdits, tantôt encouragés suivants les choix des cultures développés. En ce domaine l’anthropologie des populations offre matière à réflexion et permet de comprendre, comment, ce qui se désigne par justice, peut en fait être injuste.
Nous pouvons lire ceci sur internet.
Le nombre d’homicides est stable depuis la fin des années 2000 en France
5 Déc. 2023
Les meurtres occupent une large place dans la chronique des faits divers, mais on oublie de rappeler une tendance très nette : on s’entretue de moins en moins. Il y a 20 ans, on comptait 1 400 meurtres par an. Aujourd’hui, on en dénombre 1,5 fois moins. Le taux d’homicide pour 100 000 habitants a été divisé par deux (de 3 à 1,4) entre 1993 et 2022. Mais les homicides restent assez nombreux, plus de deux par jour, pour alimenter la chronique médiatique.
Selon le sociologue Nicolas Bourgoin1, la baisse des homicides remonte à la fin du Moyen Âge. À partir de cette période, les violences entre les personnes sont de plus en plus contrôlées par l’État. En France, le dernier duel à l’épée a eu lieu en 1967. Comme le note le sociologue Laurent Mucchielli, ce processus s’est renversé dans les années 1970 et, ce, jusqu’au milieu des années 1980 : « Depuis la Première Guerre mondiale, c’est la seule période où l’homicide a augmenté durablement en temps de paix. »2.
Au cours de cette période, le chômage a été multiplié par six pour les hommes, ce qui peut constituer l’une des explications. La majorité des crimes sont en effet commis par des hommes vivant dans une situation de grande précarité. Le lien au travail est l’une des formes d’intégration sociale. « 90 % des sujets actifs [les auteurs de crimes] appartiennent aux milieux populaires et se situent dans les plus basses tranches de revenus », note Laurent Mucchielli. Dans le même temps, cette période est marquée par de nombreux crimes racistes à la suite de la guerre d’Algérie.
Comment expliquer la baisse des homicides depuis les années 1990, alors que le chômage et la précarité demeurent à un niveau élevé ? Les données de très longue période montrent que la baisse qui suit les années 1990 constitue une sorte de retour à la normale après un pic dans les années 1980. On peut penser que le chômage et la précarité ont été intégrés. L’effet du choc est passé : ce ne sont plus des événements exceptionnels. Pour Laurent Mucchielli, la diminution des homicides résulte aussi du déclin des crimes racistes et plus généralement celui de la violence politique, de la réduction des règlements de comptes armés entre bandes, ainsi que de la diminution des violences extrêmes lors de braquages. « La chute des homicides pour vols (en particulier ceux générés par les braquages de banques ou de fourgons blindés) dans la statistique de police explique en partie la forte baisse globale des homicides à partir de 1994 », indique-t-il3.
Au-delà, un processus de rejet de la violence extrême4, dont on retrouve plus particulièrement l’écho aujourd’hui dans les violences faites aux femmes, semble avoir repris son cours, après un intermède durant les années 1970-1980. Avec 2,5 homicides par jour, il est possible d’alimenter au quotidien une chronique de faits divers anxiogènes qui frappent d’autant plus l’opinion. Ce qui permet aussi d’éviter de traiter de sujets moins marquants.
Quelle sera la tendance demain ? Depuis une dizaine d’années, le nombre d’homicides est resté stable. La tendance à la baisse est interrompue. Si on met de côté le point bas de 2020, on observe même une légère remontée ces dernières années. Avons-nous atteint un plancher, comme celui des années 1950-1960 ? La hausse récente indique-t-elle une nouvelle tendance, reflet de tensions en hausse dans notre société ? Il est bien trop tôt pour le savoir, contrairement aux jugements portés par certains médias. Dans une société de 66 millions d’habitants, la violence extrême est inévitable, sauf à mettre en place des niveaux de surveillance poussés, qui ne seraient alors pas forcément compatibles avec les libertés individuelles.
Évolution du taux de condamnation pour homicide (pour 100 000 habitants) sur très longue période
Source : La révolution sécuritaire, Nicolas Bourgoin, éd. Champ social, 2013, d’après la statistique annuelle des condamnations.
Notes :
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Voir La révolution sécuritaire, Nicolas Bourgoin, éd. Champ social, 2013. ↩
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Histoire de l’homicide en Europe, sous la dir. de Laurent Mucchielli et Pieter Spierenburg, La Découverte, 2009. ↩
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« L’insécurité, un épouvantail électoral à déminer », Laurent Mucchielli, The Conversation, 27 février 2020 ↩
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Bien décrit dans L’invention de la violence, Laurent Mucchielli, éd. Fayard, 2011. ↩
Dans les médias, les deux décès, celui d’une fillette et d’un policier, soulèvent l’indignation de la population. Il n’y a rien à redire dans l’expression d’une émotion tant que celle-ci n’appelle pas au lynchage ou à l’irraison ce qui est un domaine exclusivement réservé à l’expression de la souffrance des victimes.
Mais là encore, nous suivons le choix d’une stratégie médiatique depuis 1990, et nous nous y sommes tellement habitués que la rubrique des violences est incontournable. En cela nous faisons étant d’un choix politique en ne nous émouvant seulement sur les choix que nous proposent les médias pourvu qu’ils soient porteurs d’audience et de débats. Et nous n’en avons cure de savoir qu’il y a 700 décès par accidents du travail, et des souffrances des victimes, exception faite du cas de l’amiante.
Alors dans les débats, chez les adeptes de la punition, solution miracle qui ne s’accomplit jamais, l’accroissement des punitions va bon train. Cet accroissement fut imposé petit à petit dans les esprits par le FN, qualifiant de laxiste toute mesure d’application de la loi. L’idée qu’à la suite d’une garde à vue ne s’en suit pas une incarcération apparaît de plus en plus inopportune et caractérise le laxisme de la justice pour certains. Ceux-ci ne distinguent pas ce qui fait la différence entre une démocratie respectueuse des libertés individuelles, même pour des délinquants ou criminels qui ne peuvent être incarcérés préventivement que suivant un certain nombre de règles précises, et les états totalitaires.
Également, fait son chemin, l’idée que l’on puisse emprisonner à vie une personne pour l’empêcher de récidiver, de tels points de vue relève du Nazisme, de la recherche de l’être parfait. Essayons d’imaginer que dans ce cadre-là nous n’aurions pas de jeux paraolympiques, ayant éliminé tous les handicapés. Je pousse volontairement le bouchon, car tous ces braves citoyens qui relaient l’émotion des victimes en y apportant leurs points de vue existentiels ne se rendent pas compte des portes qu’ils ouvrent. Nous avons déjà oublié que Le Pen voulait ouvrir des centres pour les sidéens, que nous avons ouvert des centres de rétention, et que pour les terroristes ou présumés terroristes certains voulaient les incarcérer à vie dans des centres.
Sémantiquement, le centre c’est moins cruel et plus nov langue que le camp de concentration.
Or je l’ai mis en lecture, cela ne se justifie pas, notre société n’a jamais été aussi sure dans la réalité, en dehors des médias qui alimentent la diatribe de l’extrême droite fascisante, et elle séduit des citoyens qui ne connaissent pas le droit français, comme ils ne connaissent pas plus l’organisation économique, qui par les inégalités de la répartissions de la rareté développe la délinquance et la criminalité.
Concernant la mort de ce gendarme, je trouve inadmissible qu’un gendarme ou un policier perde la vie dans le cadre d’une mission. Ils n’ont pas fait vœu de suicide altruiste comme les soldats. Il n’avait donc qu’à se lever du milieu de la route, il aurait retrouvé le conducteur plus tard par le relevé des plaques d’immatriculation.
Sauf que l’émotion empêche de dire cela, il faut compatir à la doxa développée par les médias et les autorités.
L’émotion soulevée par la fillette est typique que, toutes morts ne sont pas égales aux yeux du public. Si juger avec émotion donne la preuve que nous sommes, que des humains émotionnels, rendre justice n’est pas réclamé ni accéder à celles-ci, sinon la France ne serait qu’une vaste prison et des têtes rouleraient sur les trottoirs, grâce à l’appui des buzz médiatiques des politiques qui surfent sur la souffrance des victimes et du FN/RN qui en a fait sa marque de fabrique depuis 1984.
Les Chrétiens savent combien il est dur de pouvoir pardonner comme le recommandent les évangiles pour ne pas engendrer d’autres souffrances et apaiser les siennes.
De plus en plus aujourd’hui des structures, d’accompagnements et de prise charge, pratiquent la résilience des victimes et des malfaiteurs, mais elles ont peu d’échos médiatiques et s’inscrivent dans cette démarche Chrétienne qui demande à chacun de pouvoir pardonner pour ne pas vivre sa vie dans la souffrance ou dans une prison et se reconstruire.
Mais cela ne satisfait pas le désir naturel de vengeance, c’est toute la différence entre un comportement inné et un comportement civilisé. Encore faut-il le dire pour avancer, comme de dire que la guerre est un crime contre l’humanité du moins quand l’on est socialisant.
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