La stratégie du Chaos
« J’assume l’impopularité … »
-E. Macron
La France en feu
Ca y est, la réincarnation de Louis XVI vient de s’exprimer : face à deux journalistes lèche-pompes, il a déroulé ses tropismes habituels… Pour résumer : « j’ai raison et je suis le seul responsable, et vous tous, les 94% d’actifs qui rejetez cette réforme, et les 70% de français qui depuis plus de 3 mois et avec une remarquable constance, n’en voulez pas…vous n’êtes tous qu’une bande de cons incultes ».
Notons que cette remarquable façon de calmer le jeu, survient après pratiquement une semaine de manifestations sauvages émaillées d’émeutes, et de montées en tensions dignes du début de mai 68. Hier soir encore, Paris brûlait littéralement et les jeunes ne reculaient face aux escadrons de CRS que pour mieux les charger. Ailleurs en France, à Fos-sur-mer par exemple, plus de 500 CéGéTistes ont tenu tête aux réquisitions destinées à casser le mouvement de grève des raffineries, très suivi par ailleurs, et qui commence à impacter durablement les déplacements des français. Bilan : trois CRS blessés, dont deux envoyés à l’hôpital.
Les scènes de chaos urbain (ou pas) se multiplient : charge de 700 pêcheurs sur les « forces de l’ordre » à coups de tracteur, blocage des facs et des lycées par de plus en plus d’étudiants et de lycéens, permanences de députés 49.3istes vandalisées ou détruites, menaces envers les « élus représentants du peuple »…
Pour en rajouter une couche, et malgré l’adoption à coups de 49.3 de la réforme honnie, les syndicats continuent d’appeler, fait inédit dans l’Histoire de ces 30 dernières années, tous ensemble, à la poursuite des grèves et des manifestations. Prochain acte le jeudi 23 mars...
Et, de l’autre côté de la barricade, voilà le spectre des violences policières qui ressurgit : gazages sans sommation, menaces, insultes, charges à l’aveugle, journalistes tabassés, arrêtés et emprisonnés arbitrairement, étudiantes brutalisées voire violées par les policiers à Paris, manifestants pacifiques tabassés gratuitement et laissés pour morts sur le trottoir, chasses à l’homme, nasses illégales, et arrestations arbitraires par centaines chaque soir…avec quand même une différence de taille côté médiatique, le fait qu'elles sont aujourd'hui très rapidement médiatisées, à l'inverse d'il y a quelques années...
Il flotte quand même dans l’air un parfum de gilets jaunes 2.0.
Plusieurs ministres sont montés au créneau pour tenter de défendre qui la réforme, qui le 49.3, qui le gentil ministre Dussopt… d’autres ont au contraire fustigé « les fossoyeurs de la démocratie » que seraient les élus LFI, qui seraient (tant qu’on y est) des « extrêmes gauchistes » et « les vrais responsables du climat social du pays ». Tout y passe.
En vain : la majorité des français ne gobe tout simplement plus ces bobards, et chaque nouvelle journée apporte son lot de professions qui entrent dans la danse de la grève, des blocages, des manifestations. Chaque nouvelle nuit amène son lot d’émeutes et de dégradations. La crise s’aggrave de jour en jour, et semble en passe de devenir totalement incontrôlable à court terme.
Alors maintenant, que va-t-il se passer ?
Sur quoi le pouvoir, totalement isolé et hors-seul, peut-il (et va-t-il) compter ?
Quelle va être sa véritable stratégie ?
Ce mouvement social a-t-il un avenir ? Comment s'y prendre pour qu'il en ait un ?
A la lumière des derniers éléments glanés ici et là, tentons d’y voir un peu plus clair.
Tension permanente
Déjà, il est un fait incontestable : Macron, à l’inverse de ses prédécesseurs, est dans une stratégie complètement inédite. Non seulement il refuse de négocier, mais de surcroît il mène véritablement une stratégie d’escalade des tensions, rajoutant à chaque prise de parole, consciencieusement et avec la régularité d’un métronome, de l’huile sur le brasier.
Il a choisi la stratégie de la tension : il semble vouloir amener le pays à son point de rupture, histoire de pouvoir ensuite le reconfigurer à sa guise, et lui imposer le reste de son programme profondément libéral. Il reste tellement, tellement à détruire, et à brader de notre modèle social voyez-vous. Et les marchés s’impatientent !
Pour l’instant cette stratégie de la tension était tenue en échec par les contestataires : depuis la mi-janvier et le début des manifestations organisées par les syndicats, celles-ci ont été remarquablement calmes, de l’aveu même du pouvoir. Mais, suite au 49-3, la situation a commencé à déraper et les gens en ont logiquement déduit qu’il fallait abandonner les formes traditionnelles prônées et proposées depuis presque 3 mois par les centrales syndicales fossilisées : finis les uniques cortèges et autres manifestations à saute-mouton, une fois tous les 15 jours, Bastille-Nation-pantoufles et rentre à la niche… désormais, et du côté des jeunes notamment, ça sort en manif sauvage (1200 comptabilisées en moins d’une semaine par les services de Darmanain) et ça brûle, ça casse, ça se fritte avec les CRS. Pour l’instant c’est quand même assez soft : pas trop de blessés graves, et pas (encore) de morts. Alors oui, ça braille sur le sort des vitrines et des poubelles, mais comme dirait l’autre, ça ne reste toujours que des mannequins à l’effigie de Manu qui sont brûlés en place publique, et pas le vrai…
Et malgré tout cela, le soutien populaire ne faiblit pas : c’est là le plus étrange. On pourrait croire que Macron table sur cette stratégie pour faire ce qu’il sait faire le mieux, et qu’il avait déjà expérimenté avec les gilets jaunes : réprimer d’un côté, et décrédibiliser au maximum de l’autre, histoire de dresser l’opinion publique contre les contestataires.
Or ici, ça ne marche pas : tout simplement parce que l’opinion publique est aussi une composante des contestataires. La majorité des français soutient en effet depuis des mois le blocage du pays, c'est inédit, et ça nous sort de l'habituelle rhétorique de "la prise d'otages", régulièrement resservie par les médias complices, aujourd'hui totalement pris de court et désamorcés. C’est très révélateur de l’état non pas d’impopularité de Macron, mais bien de la haine dans laquelle une large partie des français le tient désormais.
Et c’est là, précisément ici, qu’il se plante.
Cette grave erreur de jugement pouvant bien signifier, à terme, sa chute.
Impopulaire, vraiment ?
Il y a en effet une différence fondamentale entre être impopulaire, et même largement impopulaire comme ont tous pu l’être les présidents de la Vème République à un moment ou un autre… voire même atteindre des sommets d’impopularité (comme Hollande ou Sarkozy)… et être haï, littéralement haï.
De source assez sûre (bien que souhaitant rester anonyme), de nos jours Macron aurait une peur panique de l’assassinat, et ne se déplacerait jamais sans ses 60 à 200 gardes du corps, selon les circonstances.
Il est donc tout à fait conscient qu’il y a un léger problème. Mais cela le rend-il pour autant responsable ? Manifestement non : il continue de s’obstiner, et révèle désormais le fond de sa pensée. Les français ont dans leur immense majorité tort, et lui seul a raison. Raison d’avoir fait plus de 150 milliards de cadeaux fiscaux aux plus riches, et d’être obligé aujourd’hui de devoir boucler le budget du pays avec ce nouvel impôt sur la vie que constitue sa réforme. Il l’a avoué lui-même l’autre jour : c’est pour ne pas dégrader la note de la France sur les marchés que la réforme est indispensable. Alors certes il ne le présente pas comme cela : jamais il n’avouera directement que cette montagne de fric laissée à ses petits copains sans contrepartie, il doit désormais la prendre dans nos poches, à nous, ses gueux.
Il vient de le redire aujourd’hui d’ailleurs : après deux mois de silence assourdissant, la seule allocution qu’il se permet c’est pour réitérer le fait que la réforme est indispensable, que nous n’avons pas le choix, pour sauver le système. Mais de quel système parle-t-il exactement ? Celui qui permet à l’Etat d’emprunter sur les marchés financiers, pour pouvoir continuer sa politique.
Deuxième erreur majeure : il ne le dit jamais, mais tous les français l’ont compris, et le savent. Ils savent désormais que c’est sa politique proriches qui l’a mis dans cette situation, où désormais il n’a plus aucun autre choix, de son point de vue, que de demander aux gueux de crever au travail. Il en est tellement convaincu qu’il ne se rend même pas compte que les français savent qu’il ment par omission !
D’où la haine.
Qu’il pense juste être « de l’impopularité ».
Première erreur majeure.
Ces deux erreurs sont une catastrophe pour le pays, car elles signifient tout simplement que faute de compréhension claire de la situation de la part du pouvoir, celle-ci ne peut que s’envenimer de plus en plus, et conduire au(x) drame(s).
Etat policier en vue
Plusieurs observateurs avaient ainsi alerté sur ce qui s’était passé depuis la crise des gilets jaunes : de l’aveu même de Sa Majesté, « les raisons de la colère sont toujours là »…ce qui s’est traduit, depuis, par un raidissement extrêmement préoccupant du fameux « Etat de droit (bourgeois) ».
Lois sécuritaires renforcées, pouvoirs de police étendus, nouveaux et nombreux matériels conduisant à une quasi militarisation de la police et de la gendarmerie (fusils d’assaut et autres matériels assimilés à des armes de guerre par l’ONU : lance-grenades de 40mm, LBD, blindés Soframe avec tourelles de mitrailleuses…). De tout ceci, les « forces de l’ordre » en sont désormais équipées, et bien dotées. Signalons aussi la création de nouvelles compagnies de CRS spécialisés dans « les violences urbaines » et autres brigades de voltigeurs motorisés, les fameuses BRAV-M désormais tristement célèbres.
Tout ceci augure un dispositif de terrorisation des contestataires –et de ceux qui seraient tentés de rejoindre leurs rangs– extrêmement développé, et préparé à toute éventualité.
En face ? On assiste à une radicalisation du mouvement, mais sans exagérer elle reste minime par rapport à ce qui pourrait être fait. En effet, pas encore de cocktails molotov sur les CRS, et pas encore de sabotages ou autres action terroristes comme on craindrait pouvoir s’y attendre dans un tel climat. Mais la stratégie du pouvoir est claire comme de l’eau de roche : il souhaite en arriver là, pour pouvoir déployer largement cet arsenal sécuritaire et policier, et sans doute s’octroyer les pleins pouvoirs.
Oui, je parle de l’Article 16 de la Constitution : celui qui autorise le président à prendre les pouvoirs exceptionnels pour une durée de 30 jours renouvelables, lorsque je cite « les institutions de la République, l’indépendance de la Nation, l’intégrité de son territoire ou l’exécution de ses engagements internationaux sont menacées d’une manière grave et immédiate et que le fonctionnement régulier des pouvoirs publics constitutionnels est interrompu(…) ».
Qu’est-ce qui nous sépare de cet état de fait ?
Très, très peu de choses, en fait.
Tous les ingrédients sont désormais réunis, et il ne manque qu’une petite étincelle.
Comme par exemple la mort d’un ou plusieurs policiers. Ou de manifestants.
Ou l’incendie, l’envahissement voire la destruction d’un ou plusieurs bâtiments symboliques officiels : Assemblée nationale, Elysée, Palais du Sénat, Préfectures…
Un ou des actes terroristes, clairement relié(s) et revendiqué(s) à la réforme en cours.
Une tentative d’assassinat sur un ou plusieurs "élus de la nation" : députés, sénateurs…
Bien évidemment rien de tout ceci n’est souhaitable par quelqu’un de sain d’esprit mais alors pourquoi, POURQUOI le président agit-il comme s’il souhaitait hâter la survenue de ce genre de choses ?
Car il est absolument sûr et certain que les contestataires ne lâcheront rien face à l’absolu et répété mépris du président, son goût permanent pour l’insulte, et le déni total de leurs revendications. Ils ne lâcheront pas car ils ont le soutien de la majorité écrasante de la population, et de jour en jour ce soutien ne faiblit pas. Ils ne lâcheront pas car ils savent que si d’aventure ils abandonnaient, c’est tout le reste qui y passerait, comme promis par Macron lui-même. Dussopt a d’ailleurs osé parler de « nouvelle séquence », concernant la future « Loi travail » dont on sait très bien qu’elle sera tout, sauf favorable aux premiers concernés…
Les contestataires enfin, préfèreront mourir plutôt que d’abandonner, face à un individu aussi hautain, méprisant, et incendiaire que Macron. Tout simplement car ils savent en fait que ce sera ou leur peau, ou la sienne.
C’est une lutte à mort dans l’esprit de chaque camp. Une lutte existentielle.
Fatalement donc, au rythme où vont les choses, un évènement dramatique envenimera la situation dans un sens ou dans l’autre, et le pouvoir, s’il veut sauver sa tête (au sens propre comme au sens figuré) n’aura pas d’autre choix que d’user de tous les moyens à sa disposition pour assurer sa survie.
C’est-à-dire mettre un état policier définitivement en place.
Que faire ?
Dans son traité politique publié en 1902, et intitulé « que faire ? Questions brûlantes de notre mouvement », le révolutionnaire Russe Lénine théorisait que les masses, bien qu’exploitées et commençant à être conscientes de cette exploitation, n’avaient pas la capacité par elles-mêmes de devenir spontanément révolutionnaires ou plus exactement, de gagner une éventuelle révolution sans une « avant-garde éclairée » destinée à leur montrer le chemin, à diffuser les idées marxistes dans la population et à les organiser.
Ceci s’est depuis vérifié du point de vue des gilets jaunes par exemple (ou même de celui des bolchéviques en 1917), mais se voit aujourd’hui largement infirmé par l’expérience de l’Histoire. Les bolchéviques ont conquis le pouvoir en 17 certes, mais ont transformé l’URSS en une effroyable caricature de ce qu’aurait pu devenir une authentique démocratie socialiste, pour finir en dictature accaparée par une petite fraction d’élites ayant tous les privilèges, presque exactement comme dans nos soi-disant « démocraties » modernes, les Services Publics en moins, et la fameuse Liberté d’Expression à géométrie variable en plus…
Tout ceci pour dire que la question reste furieusement d’actualité : dans le moment authentiquement pré révolutionnaire (au sens de : « désir grandissant du peuple de changer totalement de système ») que notre pays traverse, il est urgent de se poser la question « que faire ? » et de penser collectivement une réponse adaptée à la situation.
Sous peine de se faire laminer une fois de plus.
Le mouvement doit-il donc se durcir ? Incontestablement.
Mais que veut donc dire « se durcir » ? Certainement pas céder à « la violence » incontrôlée, celle que redoutent les bourgeois mais dont en fait ils raffolent, car cela leur permet de lâcher la bride à leurs chiens. Des chiens qui, nous l’avons vu, on des crocs, alors que nous sommes littéralement à poil face à eux.
« Se durcir » veut donc dire avant tout s’organiser.
Définir une stratégie globale, et un ensemble de tactiques cohérentes, en adéquation avec cette stratégie, ce but à atteindre.
Là où il y a un but…
Quel doit donc être notre but ?
Le retrait de cette réforme ? Bien sûr que oui, mais pas que : ça n’est absolument pas, et plus suffisant.
C’est bien sûr un préalable indispensable, mais cette victoire sur le monarque en appellerait forcément d’autres. Le peuple doit donc absolument se saisir de ce moment comme d’autres le firent en 1945, pour conquérir ce qui lui est devenu indispensable. Pour ne pas finir comme un pays du tiers-monde de plus.
Il faudra donc désormais rajouter dans le panier la démission de ce gouvernement, Macron inclus, et, tant qu’on y est, des mesures d’urgence sociale et économique. On pourrait citer comme revendications urgentes, en vrac :
-L’indexation immédiate des salaires sur l’inflation avec un rattrapage à compter du 1er janvier 2022, et gel des prix des produits de première nécessité.
-le rétablissement de tous les budgets des Services Publics indispensables (hôpital public, Sécurité Sociale, EDF-GDF) et la sanctuarisation de ces mêmes Services Publics : arrêt immédiat et définitif de toutes les privatisations en cours.
-l’instauration de nouvelles Sécurités Sociales : de l’alimentation, du Logement, des Transports…
Nous pourrions aussi rajouter la réorientation des productions : augmentation des subventions sur les productions indispensables (rénovation des logements, agriculture locale et permaculture, démantèlement de la grande distribution…) et suppression des activités et des productions polluantes ou inutiles (industrie lourde, gadgets high tech qui sortent tous les 3 mois pour rien, etc.). Enfin offrir un avenir visible à nos gosses, avec l’arrêt autant que faire se peut de la destruction du vivant et de la planète …
Ce qui veut dire, pour ce faire, la taxation immédiate des superprofits, et la chasse à l’évasion fiscale.
L’abrogation immédiate des lois Macron de 2019 (transformation du CICE en exonérations massives de cotisations sociales) et Fillon de 2006 (trappes à bas salaires) permettraient également de financer largement ces mesures, tout en se débarrassant de ces parasites d’actionnaires et autres oligarques qui ne servent à rien.
Ensuite viendrait la séparation des banques spéculatives des banques de dépôt –pour ne faire sombrer, lors du krach bancaire qui est en train de survenir, que celles qui spéculent, et pas toute l’économie, avec les avoirs des petites gens au passage.
Ce qui conduira, in fine, à la sortie de cette UE de malheur, une UE qui nous enferme dans ce carcan monétaire infernal qu’est l’euro, et nous empêche de retrouver notre souveraineté monétaire. Gageons que si d’aventure les premières revendications évoquées ci-dessus étaient mises en œuvre, cela ferait de toute façons imploser l’UE dans les jours qui suivraient, car les peuples européens scrutent toujours attentivement ce qui se passe dans notre pays. Nous avons toujours été un pays avant-gardiste : assumons-le jusqu’au bout !
Enfin toutes ces mesures peuvent –et doivent- être l’ébauche d’un programme politique cohérent, porté non pas par des élus déconnectés du peuple, mais par des citoyens qui seraient tirés au sort, pour exercer les responsabilités, avec un mandat limité, impératif et révocable. Ce qui veut dire la sortie totale de ce régime représentatif de malheur, et donc une nouvelle Constituante.
Par et authentiquement pour le Peuple, pas pour une poignée de crevards corrompus qui se fichent de nous comme de leur homard quotidien à la cantine du contribuable.
Mais je me suis égaré ; nous n’en sommes hélas pas encore là, il faut d’abord se donner les moyens de rêver un peu…
Les deux jambes d’une nouvelle Révolution Française
Donc, pour avoir une chance de voir ces revendications qui signeraient la naissance d’un monde nouveau aboutir, il faut absolument que le mouvement s’organise sur deux bases : la massification et la non-violence.
Tout d’abord la massification : il faut désormais que partout, chaque français prenne conscience que s’il continue à faire la grève par procuration, le mouvement social perdra, et à la fin c’est tout le monde qui perdra, car la revanche de macron sera terrible et sans pitié.
Comment se fait-il que 94% des actifs (soit 94% de 29 millions de personnes) soit contre cette réforme, et ne trouve pas ne serait-ce qu’un jour pour aller dans la rue ? Nous devrions être beaucoup plus que les 3,5 millions de manifestants recensés par les syndicats le 7 mars…
Partout dans les entreprises et dans la rue, chacun doit donc faire sa part : soutenir c’est bien, participer c’est encore mieux. Alors oui certains préfèreront, par idéologie convenance ou facilité, aller au contact et occuper le terrain… soit. Mais que chacun fasse sa part, cela veut aussi dire avant tout participer. Descendre dans la rue, cela devient impératif.
Plus nous serons nombreux dans la rue, dans les manifs, dans les blocages, et moins le gouvernement pourra faire ce qu’il sait le mieux faire. Ce qui nous amène au point numéro deux.
La non-violence : il faut impérativement que ce mot d’ordre soit le mantra du mouvement, car c’est ce qui assurera une relative sécurité à ses participants, par la garantie que de plus en plus de monde y participe.
Nous ne pourrons pas gagner dans une confrontation armée avec la police ou la gendarmerie (ou les deux), nous ne pourrons pas l’emporter face aux lacrymos, aux blindés, aux LBD voire aux 11 000 fusils d’assaut HKG36 dont sont désormais dotés la police, la BAC, les CRS.... Notre seule force, ce sera le nombre. Et, atteint un certain seuil critique –que personnellement je fixerais à 10 millions de personnes dans la rue et en grève- le pouvoir ne pourra que reculer.
Il n’y a pas d’autre choix : si d’aventure le mouvement se radicalisait, au sens d’aller attaquer les flics, ou les institutions, la réponse policière et sécuritaire ne se ferait pas attendre.
Attention cependant : non-violence ne signifie pas passivité. Les blocages, les manifs sauvages, voire les sabotages ne sont pas de la violence. La bourgeoisie aux commandes affirme que si, mais la vraie violence ça n’est pas de bloquer une entreprise ou la voie publique, ça n’est pas de tagguer une vitrine…la vraie violence, c’est de s’attaquer aux personnes, quelles qu’elles soient. Brûler un bâtiment pourrait d’ailleurs entrer dans cette catégorie : qui sait s’il n’y a pas des gens qui y habitent ?
Dans le même ordre d’esprit, il n’est pas ici question de tendre l’autre joue : face aux lacrymos, aux matraques et aux LBD, porter un masque et des lunettes adaptés, se revêtir de protections histoire de ne pas se faire briser les os au moindre coup, tout ceci n’est certainement pas de la violence mais de l’autodéfense. Quoiqu’en disent le pouvoir, les juges ou la bourgeoisie, qui ne rêvent tous que d’une chose : nous voir manifester à poil est sans aucune protection face à des robocop surarmés qui n’auraient ainsi aucun mal à nous disperser. Il faut juste ici faire preuve de discernement et de responsabilité.
Refuser de le faire, et se faire aveugler par sa colère, c’est le meilleur moyen de ne pas y arriver, et de donner à Macron ce qu’il attend de nous pour définitivement nous écraser. Ne tombons pas dans ce piège grossier.
Si tu ne t’occupe pas de la politique…
Alors oui, j’ai volontairement fait quelques propositions politiques « de mon bord », qui en hérisseront sans doute plus d’un, car de toutes façons en ces temps de grande colère, de grande incertitude aussi, pas un citoyen, fondamentalement, n’a la même idée sur ce qu’il faudrait faire.
Mais il est une chose sûre et certaine, sur laquelle tout le monde (ou presque) est en train de s’accorder : la chose à faire en priorité, c’est de dégager le Monarque, et vite. Et tant qu’à faire, virer aussi le système qui le soutient à bouts de bras avec.
Accordons-nous au moins sur ce point : la rupture est en train d’être consommée, ce monde, ce modèle… appelez-le comme vous voulez… cette dystopie dans laquelle ils tentent de nous enfermer, menace de nous rendre tous dingues. C’est en train de nous rendre tous dingues, et tout le monde sait que ces moments de folie collective ne se sont résolus, historiquement, que par une bonne grosse boucherie mondiale appelée « guerre ». Les gouvernants raffolent de cette roue de secours, la preuve : l’huile sur le feu jetée en Ukraine. On dirait littéralement qu’ils ne veulent qu’une chose : entrer en guerre, histoire d’envoyer tous les contestataires crever dans les tranchées.
Dévier les colères par le meurtre collectif autorisé.
Il faut donc en appeler à l’intelligence collective, et il est de la responsabilité citoyenne de chacun de se mêler de ses affaires.
Il faut prendre cette expression au sens littéral : quelles sont nos affaires ? C’est la chose politique, que nous avons trop longtemps déléguée à nos (soi-disant) « représentants ».
Regardez où cela nous a menés ! Nous serons tous d’accord pour hurler un immense et énergique « CA SUFFIT !! ». Il faut que nous reprenions la chose publique en mains, ou elle nous échappera complètement, et elle se retournera contre nous, alors qu’elle est censée nous servir.
Descendons tous dans la rue : éteignons nos écrans, retrouvons-nous, discutons, échangeons, construisons le monde de demain.
Profitons-en tant que nous y sommes encore autorisés…
There Is No Alternative.
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