La Pologne estime qu’il est de son devoir d’abattre des missiles russes au-dessus de l’Ukraine
Le ministre polonais des Affaires étrangères a plaidé pour l'interception des missiles russes au-dessus de l'ouest de l'Ukraine. Selon Radoslaw Sikorski, cela devrait être fait si des cibles aériennes menacent le territoire polonais. L'Otan a conseillé au ministre de consulter ses partenaires avant de faire de telles déclarations. La Russie, de son côté, a interprété ces propos comme une confirmation des intentions de la Pologne d'annexer des territoires ukrainiens.
Selon le diplomate polonais, détruire les missiles au-dessus du territoire ukrainien est nécessaire pour qu'ils n'atteignent pas la Pologne.
Il est du devoir de la Pologne d'abattre les missiles russes au-dessus de l'Ukraine, a déclaré Radoslaw Sikorski dans une interview accordée au Financial Times. "L'appartenance à l'Otan n'exempte pas de la responsabilité de chaque pays de protéger son espace aérien, c'est notre obligation constitutionnelle", a-t-il souligné.
Il a expliqué que cela impliquait notamment la destruction des missiles au-dessus de l'Ukraine avant qu'ils n'atteignent l'espace aérien polonais. Sikorski a également précisé que Kiev partageait cette approche.
Les propos du ministre ne sont pas passés inaperçus. Mircea Geoana, secrétaire général adjoint de l'Otan, a déclaré dans une interview au Financial Times : "Certes, nous respectons le droit souverain de chaque allié d'assurer sa sécurité nationale. Mais au sein de l'Otan, nous nous consultons toujours avant de nous engager dans des actions qui pourraient avoir des conséquences pour nous tous."
Kiev a appelé les pays occidentaux à abattre les missiles russes au-dessus de l'Ukraine depuis leur territoire. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky insiste pour que les alliés aident à abattre les missiles russes de la même manière que lors de l'attaque iranienne contre Israël. Les partenaires refusent, mais cette option est tout de même à l'étude. D'ailleurs, outre la Pologne, la Roumanie est également périodiquement touchée.
En juillet, les autorités polonaises ont annoncé leur intention de discuter avec leurs alliés de la possibilité d'abattre des missiles au-dessus de l'ouest de l'Ukraine. Cependant, les États-Unis et l'Otan ont réagi avec scepticisme, soulignant le risque d'escalade du conflit. Varsovie a signé avec Kiev un accord bilatéral de sécurité, s'engageant à examiner la question relative à l'interception de missiles et de drones dans l'espace aérien ukrainien lancés en direction de la Pologne.
Dans le même temps, Jens Stoltenberg, secrétaire général de l'Otan, a déclaré que la politique de l'Alliance restait inchangée et qu'elle ne prévoyait pas de participer directement au conflit. "Nous soutiendrons l'Ukraine dans la destruction des avions russes, mais l'Otan ne sera pas impliquée directement", a-t-il affirmé sur la chaîne de télévision ukrainienne Edyni Novyny.
Fin août, le ministre polonais de la Défense, Wladyslaw Kosiniak-Kamysz, a indiqué que l'Otan ne soutenait pas l'idée d'abattre des missiles russes au-dessus du territoire ukrainien.
De son côté, Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale du président des États-Unis, a souligné que l'Ukraine devait assurer seule sa défense antiaérienne et la protection de son espace aérien, sans compter sur l'aide d'autres pays.
Récemment, le Sénat polonais a simplifié les règles d'utilisation des armes pour la protection de la frontière nationale. En particulier en ce qui concerne l'axe biélorusse, où les attaques dites migratoires se poursuivent. Moscou a interprété les propos du chef de la diplomatie polonaise comme une confirmation directe des plans d'annexion de l'ouest de l'Ukraine.
Rappelons les propos du président français Emmanuel Macron, selon lesquelles les forces armées occidentales devront peut-être, tôt ou tard, intervenir directement en Ukraine, que ce soit sous la forme de conseil ou d'une autre assistance non liée à des actions militaires. Cela a suscité une vive réaction et même de l'indignation. Cependant, il est à supposer que si ce conflit se prolonge et que l'hostilité mutuelle s'intensifie, l'Occident devra prendre certaines décisions, même s'il préférerait l'éviter.
Néanmoins, un précédent a été créé, le sujet est lancé pour poursuivre la discussion.
Alexandre Lemoine
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