La guerre peut-elle vaincre le terrorisme ?
"Il y a 20 ans les tours jumelles à New-York se sont effondrées, percutées par des avions de ligne détournés par des djihadistes, faisant des milliers de morts, projetant les Etats-Unis (et une grande partie de l'occident) dans sa plus longue guerre, une guerre contre le terrorisme islamiste.
A l'heure où les talibans sont de nouveau les maîtres de Kaboul, où les islamistes ont essaimé en Afrique de l'ouest et en Asie, où les menaces d'attentat n'ont jamais disparu, on peut se poser cette question :
La guerre peut-elle vaincre le terrorisme ?
Le président Bush s'était rendu sur les ruines du World Trade Center, quelques jours après le 11 septembre.
"Ceux qui ont détruit ces immeubles vont bientôt entendre parler de nous", avait alors déclaré le président des Etats-Unis.
Une attaque qui ouvre un nouveau siècle marqué par les attentats islamistes.
En vingt ans, le terrorisme islamiste a tué plus de 145 000 personnes.
Georges Bush fut ainsi le premier homme d'état occidental à déclarer la guerre au terrorisme islamiste.
Frappes aériennes, déploiement de blindés et de soldats en Afghanistan, les Etats-Unis ripostent. Ils seront suivis par d'autres états européens. L'occident est convaincu que c'est par les armes qu'il faut répondre au terrorisme.
Alors que les troupes américaines quittaient l'Afghanistan, il y a quelques jours, un nouvel attentat tuait 13 marines, portant à 2465 le nombre de GI tués en 20 ans.
Peut-on donc vaincre le terrorisme par la guerre ?
Le colonel Michel Goya, historien, ancien militaire, essayiste dit : "C'est incontestablement une défaite militaire, les objectifs n'ont pas été atteints, probablement parce qu'ils n'étaient pas atteignables... une stratégie déficiente dès le départ."
Élie Tenenbaum, chercheur, directeur du Centre des Études de Sécurité de l’Institut Français des Relations Internationales, donne ces précisions : "Il y avait deux guerres en une en Afghanistan, quand, après les attentats du 11 septembre, les Américains ont décidé d'entrer dans le pays avec une coalition en soutien à la rébellion de l'Alliance du nord du commandant Massoud qui venait d'être assassiné quelques jours plus tôt.
Bush a mis un signe égal entre les talibans qui contrôlaient le pays et Al-Qaïda qui avait mené les attentats du 11 septembre.
"Nous ne ferons aucune différence entre ceux qui ont perpétré ces attaques et ceux qui les ont hébergés et protégés.", avait déclaré le président Bush.
Et à partir de là, la guerre contre Al-Qaïda est devenue une guerre contre les talibans. La guerre qui a été perdue aujourd'hui en Afghanistan, c'est la guerre contre les talibans, au nom d'un accord qui a été signé, il y a un an et demi, dans lequel les talibans disaient qu'ils se distanciaient d'Al-Qaïda et qu'ils s'engageaient à ne pas permettre le retour d'Al-Qaïda et des groupes terroristes.
D'une certaine manière, la guerre a été scindée en deux. La guerre contre les talibans a été clairement perdue... ils sont à nouveau au pouvoir. La guerre contre Al-Qaïda, c'est une question plus difficile.
Faire la guerre contre un mode d'action, le terrorisme, cela peut durer toujours."
Camille Diao, journaliste apporte ces précisons importantes : "Cette guerre contre le terrorisme a donné lieu à un certain nombre de bavures, voire de crimes de guerre : l'ONU évalue à 50 000 environ le nombre de civils qui ont été tués au cours du conflit, la majorité par l'armée américaine, par des frappes de drones, ou d'une autre façon, il y a eu aussi la torture instaurée dans les prisons spéciales américaines.
Et l'armée française est aussi accusée de crimes de guerre, au Sahel, avec une enquête en cours avec des frappes aériennes sur un mariage au Mali, il y a eu aussi des accusations de viol contre des militaires français.
Dans cette guerre contre le terrorisme, il y a donc un certain nombre de valeurs démocratiques qui ont été bafouées par l'occident et tout cela nourrit le ressentiment envers l'occident et l'aspiration au terrorisme."
Une spirale sans fin.
"C'est cela le plus grand échec de la puissance américaine, commente encore Sylvie Kauffmann, journaliste au Monde, la manière dont elle a renié ses propres valeurs de respect de la règle de droit. Les Américains ont même joué avec la définition de la torture : pour ne pas dire "torture", ce qui était illégal dans le système américain, ils ont dit : "interrogatoire amélioré".
C'est là un échec plus grave que le retrait raté d'Afghanistan."
La guerre risque donc de nourrir le terrorisme...
Est-ce que le contre terrorisme est contre productif ?
Elie Tenenbaum précise : "Il ne faut pas oublier que les terroristes ont un vrai projet politique, et il y a des dynamiques stratégiques, des logiques d'actions et de réactions et certains acteurs au nom de la lutte contre le terrorisme vont jeter une partie de la population dans les bras des terroristes.
Sur l'Afghanistan, les chiffres montrent qu'on a un tiers des civils qui ont été tués par les forces de la coalition, et un tiers des civils qui ont été tués par les talibans.... donc, les choses ne sont pas évidentes."
Le blog :
http://rosemar.over-blog.com/2021/09/la-guerre-peut-elle-vaincre-le-terrorisme.html
Source : à 42 minutes...
https://www.france.tv/france-5/c-ce-soir/c-ce-soir-saison-2/2738251-c-ce-soir.html
56 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON