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La guerre froide Iran-Israël va-t-elle encore durer  ?

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Selon un récent rapport du Wall Street Journal, l’Iran rassemble ses partisans régionaux pour mener des attaques contre Israël, le commandant de la Force Quds du Corps des gardiens de la révolution iranienne, Esmail Qaani, organisant des réunions non divulguées avec diverses factions militantes pour coordonner des assauts spécifiques contre Israël. Le rapport indique que cette initiative s’inscrit dans la tentative de l’Iran d’unifier ses alliés et de combattre Israël dans le cadre de ce que le journal décrit comme une escalade significative dans le conflit non déclaré entre les deux nations.

Le rapport en question soulève une question importante concernant les motifs, les objectifs et la véracité des intentions supposées de l’Iran d’intensifier le conflit avec Israël dans un avenir proche. Plusieurs points méritent d’être discutés, le plus important étant l’appréhension du régime iranien concernant l’approche du gouvernement israélien dirigé par Benjamin Netanyahou et la possibilité que ce gouvernement ait recours à une escalade militaire directe contre l’Iran. Il s’agit d’une issue probable compte tenu du contexte historique du conflit entre ces deux parties, même si elle est soumise à de multiples limitations et restrictions, ce que le régime iranien reconnaît.

Néanmoins, l’Iran reconnaît que son principal recours contre toute attaque militaire israélienne soudaine impliquera l’utilisation de milices et de factions dispersées à proximité d’Israël. Il est donc nécessaire de coordonner, de répartir les tâches et, éventuellement, d’élaborer un plan global pour le leadership et les rôles dans un tel scénario, que la partie israélienne devrait également anticiper au fur et à mesure que le conflit entre l’Iran et Israël se prolonge.

Les dirigeants iraniens reconnaissent qu’Israël et les États-Unis suivent de près les mouvements et les actions du général Esmail Qaani. Ils considèrent donc ces actions comme un moyen d’envoyer des messages à leurs adversaires et de faire pression sur les décideurs israéliens et américains pour qu’ils envisagent des scénarios de réaction iranienne potentielle dans toute action visant les intérêts iraniens, que ce soit en Iran ou en Syrie.

Il n’est donc pas surprenant que les Iraniens préparent des plans coordonnés avec leurs alliés miliciens sectaires, compte tenu de la guerre froide en cours avec Israël. Néanmoins, l’analyse du comportement passé du régime iranien indique qu’il n’a pas recours à une escalade militaire préventive en présence de gouvernements israéliens ou américains agressifs.

Cette tendance était évidente pendant le mandat de l’ancien président Donald Trump et se poursuit sous l’actuel gouvernement israélien. Les dirigeants iraniens reconnaissent que ces circonstances reflètent une tendance extrémiste et s’efforcent donc de ne pas se précipiter dans des opérations, se limitant à une seconde frappe ou à une réponse réactive à toute attaque dirigée contre les intérêts iraniens ou ses alliés connus.

Certains pensent qu’un règlement politique des tensions entre l’Arabie saoudite et l’Iran pourrait inciter ce dernier à adopter une approche d’escalade à l’égard d’Israël, et que les préparatifs des Gardiens de la révolution s’inscrivent dans ce contexte. Cette hypothèse a un certain mérite puisque le régime iranien se sent quelque peu rassuré maintenant que la construction d’une alliance régionale pour contrer les menaces iraniennes est moins préoccupante.

Néanmoins, l’Iran est conscient que le moment n’est pas propice à une escalade, étant donné que les Israéliens se sentent de plus en plus en danger suite aux récents développements dans les relations de Téhéran avec ses voisins du Conseil de coopération du Golfe. En outre, les tentatives de relance de l’accord nucléaire entre le groupe 5+1 et l’Iran ont échoué, et les efforts iraniens d’enrichissement de l’uranium se sont intensifiés. En outre, la position de l’Iran sur la crise ukrainienne a intensifié son différend avec les pays occidentaux, notamment l’Union européenne, ce qui a incité Israël à se montrer plus vigilant à l’égard de l’Iran.

Par conséquent, dans un environnement international plus favorable, Israël pourrait être plus enclin à négliger toute opération israélienne visant directement les installations nucléaires iraniennes.

D’après les données disponibles, l’Iran se sent plus confiant en raison de l’apaisement des tensions avec ses voisins du Golfe, ainsi que des liens plus étroits avec la Chine et la Russie. En outre, les États-Unis semblent avoir une capacité réduite à s’engager dans une confrontation directe avec l’Iran en raison de la complexité et des conséquences du conflit en Ukraine, ainsi que de la faiblesse perçue de la volonté de l’administration américaine actuelle de défendre des intérêts stratégiques ou de soutenir son allié traditionnel, Israël.

L’administration Biden se concentre principalement sur le scénario des négociations nucléaires et doit encore utiliser efficacement une approche diplomatique équilibrée comprenant à la fois des mesures incitatives et dissuasives pour atteindre ses objectifs.

La discussion précédente sur la confiance de l’Iran n’implique pas nécessairement la mobilisation de troupes et d’agents en vue d’une attaque contre Israël, car l’Iran est pleinement conscient des conséquences d’un tel scénario, compte tenu de l’état dynamique des relations internationales. L’absence de retenue dans le comportement d’Israël pose elle-même un problème et, par conséquent, le discours sur la mobilisation peut être considéré avant tout comme une forme de guerre psychologique et, en second lieu, comme un message de préparation visant à dissuader Israël de cibler les milices et les sites iraniens en Syrie.

Néanmoins, cela n’exclut pas la possibilité que ces milices et factions pro-iraniennes testent la patience d’Israël et des États-Unis en lançant ici et là des frappes de missiles soudaines, afin de jauger leur réaction et de se préparer à une action future.

C’est aussi un moyen de répondre à toute opération militaire israélienne et d’empêcher le gouvernement de Netanyahou d’escalader les tensions, même à une échelle limitée, d’autant plus que leur agenda donne la priorité au déracinement de l’influence iranienne des frontières syriennes adjacentes à Israël, ce qu’ils considèrent comme un succès partiel et un renforcement de la sécurité d’Israël dans le contexte de la confrontation déclarée avec l’Iran.


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