La fin est proche
Le monde semble devenu fou et pourtant, il n’a jamais été aussi prévisible, à condition d’utiliser une grille de lecture qui donne du sens aux événements qui émaillent l’actualité d’une manière qui peut sembler décousue, mais qui ne l’est pas. Le tiraillement permanent de l’humanité entre les courants qui la structurent reste le principal déterminant de ces événements : combats religieux, combat sociaux, combat juridique, combat territoriaux, combats politiques, guerre des sexes, guerre économique, guerre biologique, guerre culturelles, guerres écologiques… Si les victoires d’étape impriment leur marque dans la direction que prend l’humanité, ces victoires ne sont que rarement définitives comme l’atteste le grignotement constant des droits sociaux acquis de haute lutte par les citoyens des Etats occidentaux lors du siècle passé. Nulle personne, nul groupe, ne possède que ce qu’il veut et peut défendre, tout le reste n’est que vanité et sera perdu un jour, conquis par le groupe opposé. Tout le reste !
A l’échelle internationale, le paysage s’est largement simplifié avec l’écrasement de toutes les luttes par le combat entre mondialistes et souverainistes. Cela ne signifie évidemment pas que les autres combats ont disparu, mais qu’il faudra attendre l’issue de ce combat de titan pour que tous les autres recouvrent une certaine visibilité, même si leurs soubresauts constituent la trame qui anime le paysage médiatique français. Cette agitation médiatique s’apparente à une tentative qui se veut rassurante, en préservant une certaine continuité jusque dans le combat politique, mais aussi désespérée, de masquer l’éléphant qui dévaste le magasin de porcelaine. Et ça fonctionne puisqu’une majorité des Français ne voit toujours pas l’éléphant qui va les piétiner, comme en témoigne l’expression de leurs préoccupations politiques, pendant que le monde se structure sans eux. Certains perçoivent et vivent d’ores et déjà ce piétinement, mais la majorité attend son tour en se plaignant des hurlements de ceux qui sont déjà écrasés et qui les distraient de leurs faux combats.
L’échelle du combat entre les mondialistes et les souverainistes est si gigantesque qu’elle agrège des groupes constitués de personnes qui se combattent dans quasiment toutes les autres dimensions de la conflictualité. Ainsi, le camp des mondialistes, ennemi des souverainistes, agrège autour de son objectif commun de destruction de l’Etat, les groupes suivants
- La finance internationale : la finance internationale entretient une relation complexe et paradoxale avec les États souverains. Bien que l'État constitue son unique véritable contrepouvoir, disposant des leviers de régulation et de la capacité fiscale, la finance internationale dépend fondamentalement de l'existence même des structures étatiques. Cette dépendance s'illustre notamment à travers deux aspects essentiels : la monnaie, instrument central de ses activités, et le cadre juridique garantissant la sécurité des transactions. Face à cette situation, la finance internationale développe une stratégie tripartite. Premièrement, elle œuvre à l'affaiblissement des États susceptibles de menacer ses intérêts capitalistiques. Deuxièmement, elle poursuit le développement d'instruments monétaires échappant au contrôle étatique. Troisièmement, elle favorise la fragmentation des communautés humaines, veillant à ce qu'aucun groupe constitué ne puisse accumuler suffisamment de puissance pour remettre en question sa domination. Tributaire des États pour son fonctionnement, elle cherche constamment à s'émanciper de leur tutelle.
- Les religions : Les grandes religions se distinguent par leur vision universaliste qui transcende les délimitations géopolitiques traditionnelles. Leur ambition va bien audelà de la simple pratique spirituelle : elles aspirent souvent à établir un système normatif complet, englobant aussi bien la sphère privée que publique. Cette volonté se manifeste par la régulation des comportements individuels, l'établissement de codes moraux contraignants et la mise en place de systèmes juridiques parallèles. Dans ce contexte, l'État moderne, avec ses institutions séculières et son principe de souveraineté, représente un obstacle significatif à leurs aspirations hégémoniques. Son cadre légal et réglementaire, fondé sur des principes laïcs, limite intrinsèquement la capacité des religions à imposer leurs préceptes de manière universelle..
- Les écologistes : Le mouvement écologiste contemporain promeut une vision fondamentalement transfrontalière de la gouvernance environnementale. Cette approche repose sur un constat scientifique incontournable : les enjeux climatiques et la gestion des ressources naturelles dépassent, par leur nature même, les cadres territoriaux traditionnels. La proposition écologiste de mise en place d'une gouvernance mondiale de l'environnement entre directement en conflit avec l'architecture politique internationale actuelle, caractérisée par la fragmentation du pouvoir entre États souverains.
- Les socialistes : le mouvement socialiste maintient l'ambition historique d'une solidarité internationale des travailleurs, et vision pourrait paradoxalement servir les intérêts du capital financier. L’uniformisation internationale du monde du travail faciliterait l'harmonisation des coûts salariaux, vraisemblablement vers le bas, répondant ainsi aux objectifs de rentabilité des marchés financiers. Cette dynamique s'inscrit dans un contexte démographique qui soulève des questions cruciales de soutenabilité. Avec une population mondiale atteignant 8,2 milliards d'habitants, les aspirations à un mode de vie occidental généralisé se heurtent aux limites physiques de notre planète. L'impossibilité matérielle de fournir à chaque individu un véhicule électrique et un logement individuel illustre les contradictions entre les promesses de progrès social universel et les ressources disponibles.
Dans le paysage géopolitique contemporain, les États-nations constituent naturellement le fer de lance du mouvement souverainiste, avec la Russie comme figure emblématique. La position singulière de cette dernière repose sur une triple assise : ses ressources énergétiques considérables, son abondance en matières premières stratégiques et sa capacité militaire significative. Cette combinaison unique lui permet de maintenir une opposition crédible face aux forces favorables à la mondialisation.
La neutralisation de la puissance russe représente donc un objectif stratégique prioritaire pour les tenants du mondialisme. En effet, tant que la Russie conservera son statut d'État-nation autonome, elle incarnera un modèle alternatif au projet mondialiste. Sa seule existence alimente la persistance d'une classe moyenne nationale, intimement liée à la structure étatique, et entretient la possibilité d'une organisation sociale différente du modèle global proposé.
Le projet mondialiste révèle une structure qui s'apparente à un système communiste global, caractérisé par une centralisation poussée de la gestion des ressources. Cette organisation repose sur un paradoxe fondamental : elle conjugue une approche malthusienne, limitant l'accès aux ressources pour la majorité, avec une logique productiviste servant les intérêts d'une minorité dirigeante.
Cette configuration sociétale anticipe l'émergence d'une élite restreinte, dont la composition fera l'objet d'intenses rivalités entre les différents groupes mondialistes. La définition précise de cette future classe dirigeante représente un enjeu majeur, temporairement différé jusqu'à la neutralisation complète des forces souverainistes. Une fois cet obstacle écarté, ces groupes entreront dans une phase de compétition ouverte pour le contrôle des leviers de pouvoir mondiaux.
La société qui en résultera se caractériserait par l'absence totale de structures étatiques traditionnelles et, par conséquent, la disparition de la classe moyenne qui leur est historiquement associée. La masse populaire se trouvera alors dans une situation de dénuement tant matériel qu'intellectuel, cette dernière dimension étant perçue comme un facteur de stabilité politique. Ce nouvel ordre mondial reposera ainsi sur un principe central : une population ne possédant rien, maintenue dans un état de satisfaction artificielle, garantissant la pérennité du système.
La reconfiguration actuelle des forces souverainistes mérite une analyse approfondie, particulièrement à la suite de la défaite syrienne. Bien que certains puissent minimiser l'importance stratégique de cette perte, elle marque néanmoins un affaiblissement du camp souverainiste. Le bloc restant s'articule de la façon suivante.
La Russie demeure la figure centrale de cette coalition, suivie par l'Iran, son ancien rival du "Grand Jeu" devenu allié stratégique face aux enjeux contemporains. Cette alliance s'étend au Venezuela, à l'Inde et à la Turquie, ainsi qu'à des acteurs occidentaux comme les États-Unis sous l'influence trumpiste. Les BRICS constituent une extension potentielle de ce bloc, bien que la position de certains membres, notamment la Chine, reste marquée par une ambivalence.
Quant à la dynamique sociétale, elle révèle une tendance préoccupante : la majorité des populations s'aligne sur les décisions de leurs élites, auxquelles elles ont progressivement délégué le contrôle de leur destin. Cette disposition est particulièrement manifeste en Europe, où se dessine la possibilité d'un conflit avec la Russie dans la décennie à venir. La justification d'un tel affrontement pourrait s'appuyer sur divers prétextes, bien que l'expérience de la gestion de la crise du COVID-19 suggère qu'une justification élaborée ne soit pas nécessaire, compte tenu de la propension des populations à accepter des restrictions significatives de leurs libertés fondamentales.
L’intensification des tensions entre les forces mondialistes et souverainistes devrait s’exacerber et confirmer aux français qu’ils ne possèdent que ce qu’ils veulent et peuvent défendre. Aujourd’hui, ils ne possèdent plus grand-chose et il n’est pas exclu qu’ils perdent jusqu’à la propriété de leur vie dans les prochaines années.
25 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON