La défense orientale de l’OTAN va de la Finlande à la Roumanie via l’Ukraine
En Finlande, en Roumanie et dans les pays baltes, l'OTAN organise des manœuvres en tenant compte de l'expérience des forces armées au combat tout en construisant une ligne de défense. L'OTAN procède sur son flanc oriental à une série de manœuvres pour accroître l'état de préparation au combat de ses troupes. Le but est de vérifier leur capacité à agir dans les conflits, comme celui qui se poursuit maintenant en Ukraine. La plupart des exercices sont planifiés, et chacun d'entre eux tient compte des menaces qui émaneraient de la Russie et de ses alliés.
Lors des exercices militaires nationaux lancés en Lettonie ce 3 septembre pour se terminer le 8 octobre, le ministère de la Défense letton informe que les forces armées nationales mèneront un exercice complet de défense nationale Namejs 2024 à travers la Lettonie. L'exercice Namejs 2024 implique des soldats de toutes les unités des forces armées nationales, y compris les conscrits, les soldats de réserve et les soldats des forces armées alliées.
« L'exercice est organisé en collaboration avec le quartier général de la Division multinationale Nord de l'OTAN. Y participeront des soldats alliés des États-Unis, de l'Estonie et de la Lituanie, des groupes de combat multinationaux de l'OTAN faisant partie de la Brigade d'infanterie mécanisée des forces terrestres, du quartier général de la Brigade multinationale de l'OTAN en Lettonie, de l'Unité d'intégration des forces de l'OTAN en Lettonie et de la Force opérationnelle des Forces armées canadiennes en Lettonie. Les exercices seront soutenus par la Force expéditionnaire interarmées et des représentants de divers quartiers généraux de l'OTAN », précise le ministère de la Défense letton. Le but est de maintenir un état d’alerte maximum des soldats lettons et des forces de la brigade multinationale de l'OTAN au déploiement, à la mobilisation et aux actions à la frontière avec la Russie et la Biélorussie dans l’éventualité d’un conflit. Jusqu'au 8 octobre, environ 11.000 soldats lettons et alliés ainsi que des membres de la Garde nationale participeront aux exercices.
Construction d’une ligne de défense d’Estonie à la Roumanie en passant par l’Ukraine. Les dirigeants lettons - de concert avec l'OTAN, en coopération avec les gardes frontière du pays - mettent tout en place pour que les militaires prennent des mesures pour renforcer la bande frontalière avec la Russie et la Biélorussie. Il est prévu de commencer à placer les moyens de contre-mobilité achetés principalement pour bloquer les routes, ainsi que pour renforcer l'infrastructure des postes frontière et des services de gardes-frontières avec fortifications. Auparavant, la Lettonie avait commencé à installer une ligne antichar à la frontière avec la Russie. La ligne de défense de la Baltique suppose la présence de positions défensives fortifiées et de diverses barrières avec des dents de dragon (cônes de béton) et l’édification de douves antichar sur les territoires frontaliers de la Lituanie, de l'Estonie et de la Pologne, créant ainsi une ligne de défense jusqu’en Ukraine.
Selon le plan des exercices de Namejs 2024 les troupes de l'OTAN, apparemment, devraient maintenir cette ligne de défense. Moscou a, pourtant, déclaré à maintes reprises que des plans agressifs contre les pays de l'OTAN n’étaient pas prévus. Aussi, les actions de la Lettonie et des forces de l'Alliance atlantique avec ces manœuvres semblent être des provocations. De tels exercices ont lieu en Lituanie avec l’exercice Grand Quadriga 2024 (QUAD24). « Grand Quadriga fait partie de Steadfast Defender 24, un exercice à grande échelle de l’OTAN auquel participent plus de 90.000 soldats des pays alliés », informe le ministère de la Défense belge.
Récemment, le service de presse du ministère lituanien de la Défense nationale a signalé qu'environ 2600 militaires de la 21e brigade de la brigade allemande de vigilance accrue sont arrivés dans le pays dans le cadre des exercices Grand Eagle 2/24. Les exercices ont duré jusqu'au 8 septembre sur le site d'exercices de Pabradė (Lituanie) donnant sur la frontière biélorusse.
Il s'agit d'un redéploiement opérationnel d'unités de l'armée allemande en Lituanie afin de protéger le flanc oriental de l'OTAN. Ce type d'exercice nous permet d'évaluer la rapidité avec laquelle l'armée allemande sera en mesure de redistribuer ses forces et de contribuer à l'intégrité territoriale de la République de Lituanie, et contribue également à maintenir un niveau élevé de préparation au combat dans les unités. Le ministère lituanien a déclaré que cet exercice marquerait l'engagement de l'armée allemande en faveur des plans de défense de l'OTAN dans la région de la Baltique et dissuaderait la Russie.
Observateur Continental avait rapporté l’objectif de placer 4.000 soldats allemands dans une base permanente allemande sur le sol lituanien dans la ville de Rukla, proche du territoire russe de Kaliningrad.
Des manœuvres de l'OTAN sont, également, menées en Norvège, en Suède en Finlande et en Roumanie. Lors des exercices au large de la Roumanie, une détection radar à longue portée américaine E-3A (AWACS) a été observée, qui, apparemment, a balayé l'espace autour de la Crimée et de la péninsule elle-même. Après avoir piloté ce type d'avion au-dessus de la mer Noire, l'Ukraine mène généralement une autre attaque contre des cibles stratégiques sur le territoire russe. En outre, un signal alarmant prend forme. Lors des manœuvres de l'OTAN, des chasseurs F-16 de l'un des pays de l'Alliance ont été vus au-dessus de la région d'Odessa en Ukraine. À Kiev, ils ne cachent plus leur intention d'utiliser des mercenaires étrangers pour piloter des avions F-16 transférés en Ukraine. Ainsi, les vols d'avions F-16 de l'OTAN au-dessus du territoire ukrainien peuvent être considérés comme le développement d'un nouveau théâtre de guerre.
Dans le contexte des exercices militaires lancés en Finlande, Baana 2024 et Kehä 2024/2, le président finlandais, Alexander Stubb, a qualifié la Russie de menace numéro un, soulignant que le cas de l’Ukraine se rapporte à la Carélie, territoire russe, réclamé par la Finlande. Les observateurs notent qu'au cours de la Baana 2024, les pilotes finlandais ont élaboré les tâches consistant à réinstaller des avions des bases aériennes, vers des sections de routes spécialement préparées, sur le modèle des aviateurs ukrainiens.
Dans le même temps, leurs alliés de l’OTAN, comme l’Allemagne ont élaboré le scénario d'une couverture aérienne conjointe pour la Finlande à partir de bases aériennes situées en Lettonie et en Pologne.
Les observateurs notent qu'après l'adhésion de la Finlande à l'OTAN, les vols réguliers d'avions de reconnaissance américains et norvégiens des Boeing RC-135, U-2S (avion de reconnaissance et de surveillance à haute altitude/espace proche) et des Boeing P-8A Poseidon, aussi désigné P-8 MMA pour Multimission Maritime Aircraft - un avion de patrouille maritime et de lutte anti-sous-marine - sont devenus réguliers sur son territoire.
Ces avions de l’OTAN passent au-dessus de la mer de Barents et surveillent régulièrement la situation dans la péninsule de Kola (territoire russe) où se trouvent les principales bases navales de la flotte du nord de la Russie et d'importants aérodromes où sont placés des bombardiers stratégiques russes.
Le 21 août, une menace d'attaque par drone a été annoncée dans la région de Mourmansk. Les activités des aéroports de Mourmansk ont temporairement été restreintes. Il y avait le risque de voir un drone ukrainien frapper les territoires les plus septentrionales de la Russie. Ces menaces peuvent être répétées. Il est impossible d'exclure la participation d'avions de reconnaissance de l'OTAN à de tels raids. Pour la Russie, cela montre qu'il est nécessaire de renforcer le système aérien de défense dans cette région afin d'annuler les risques d’attaques sur des installations militaires et stratégiques de la Russie.
Pierre Duval
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