La 5ème République, un trou noir démocratique ! Suite 2
Aujourd’hui, le seul bilan à retenir de cette 5ème république croupissante, c’est celui d’une lamentable banqueroute, de ses incessants scandales financiers, malversations, escroqueries, concussion, mensonges éhontés et tromperies. La France livrée pieds et poings liés à des intérêts étrangers et « bâillonnée » par la police de la pensée, une nasse propagandiste de bas-étage qu’une majorité de Français rejette, une allégeance totale à l’UE, aux conséquences dramatiques. Notre pays, désindustrialisé, notre culture mise à sac, méprisée, les Français sont désabusés, démoralisés, en butte avec des lois supra-nationales émanant de la Commission européenne de Bruxelles, factotum de Washington au fonctionnement opaque, tatillon, anti-démocratique, étrangle les citoyens sous le joug d’une double gestion ploutocratique : de l’UE, d’une part et de l’autre, le Gouvernement.
Il est certain que le constat catastrophique dressé ci-dessus, en 2023, peut déclencher chez les Français de la nostalgie, celle de la période dite des trente glorieuses, une époque où le régime semblait stable, structuré, organisé. De grands projets d’infrastructures pour moderniser le pays virent le jour, sous l’impulsion du CNR en 1945, (composé d’anciens résistants de tous bords de gauche et de droite ), pour équiper le pays en autoroutes, voies ferroviaires, barrages, centrales hydroélectriques. On nationalisa, la Sécurité Sociale fut instaurée. Les Français vivaient dans une relative sécurité. La France semblait renaître et relever la tête des décombres de la guerre. Nous pouvons aussi noter au crédit du CNR, la modernisation des hôpitaux, liée à la création de la sécurité sociale, la SNCF avec les trains qui arrivaient à l’heure, le réseau ferroviaire qui parcourait la totalité du pays, jusque dans les coins les plus reculés de la France profonde, l’augmentation du parc immobilier, que favorisera l’arrivée de 1 million de pieds-noirs - il fallait les reloger. A noter tout de même que l’augmentation du parc immobilier français enrichit considérablement les promoteurs et les sociétés de constructions avec le début de la bétonisation du territoire.
Comptons également le développement de la filière uranium, celle du gaz et d’ EDF, qui nous assurèrent une indépendance énergétique, que de nos jours, le gouvernement flanqué de l’Union Européenne est en train de détruire. Je précise également que c’est sous l’impulsion d’Ambroise Croizat, ministre communiste et le travail inlassable qu’il a fourni, que tous ces projets ont pu être mis en place, notamment la Sécurité Sociale et le régime des retraites par répartition, la modernisation du réseau ferroviaire, EDF, etc. Ce bilan-là ne peut être nié, ni minimisé.
Un bien-être, une prospérité de surface.
Or, le dessous des cartes était bien moins reluisant que ne le laissait paraître un pouvoir présidentiel fort, donnant, selon toutes apparences, des gages de stabilité, alors qu'il n’en était rien. Le ver était dans le fruit et pour longtemps avant de pourrir tout le cageot.
Avant de souligner les erreurs fondamentales de la 5eme république constitutionnellement parlant – avec sa constitution – dont nous payons aujourd’hui le prix fort, je propose un rappel historique de ses conditions de gestation.
Second régime gaullien, de 1958 à 1968 - Conditions d’accession au pouvoir du Général de Gaulle, rappelé pour « régler » la crise algérienne.
De Gaulle, « après avoir été mis sur les rails » en 1945, avec le CNR, démissionne de son poste de Président du Conseil de la IVeme république, en 1946, sans que cela n’émeuve l’opinion publique. D’après Pawleski1, un de ses intimes, il démissiona car les parlementaires de la 4eme république « lui refusaient la primauté de l’exécutif ». En effet, ils se méfiaient de son caractère autoritaire, craignant une « dictature ». Il fait une halte de 5 mois, à Marly, avant de rejoindre Colombey-les-deux-Eglises où il se retira. Ce qui entraîna chez lui une période chagrine et de spleen. Mais depuis sa retraite, de Gaulle, forgeant sa revanche, l’emportait en 1958 sur la frilosité des parlementaires. Secret, de Gaulle se livrait peu sur ses ambitions personnelles, après quelques années de solitude dans sa retraite de Colombey. Difficile, donc, de connaître ses desseins, en haut-lieu ; hormis son éminence grise des milieux d’affaires, George Pompidou et quelques intimes comme Roger Stéphane, Pawleski, ses visiteurs assidus. Douze ans plus tard, il revint aux affaires, comptant bien peser de tout son poids sur la Constitution à venir, une fois les rênes du pouvoir assurés. De Gaulle n’était pas un constitutionnaliste au sens propre du terme, mais il pouvait compter sur des juristes suffisamment rodés et expérimentés, comme Michel Debré, entre autres.
Pour accéder au pouvoir, changer de constitution et passer de la IVème à la Vème république, de Gaulle s’appuya sur ses amis de la droite réactionnaire de l’époque : à commencer par le Général Guillain de Bénouville et Félix Garas qui mirent au point une stratégie d’encerclement de toutes les forces politiques du pays, hostiles à de Gaulle. Ce fut ensuite une partie de la SFIO (les socialistes) qui rejoignit de Gaulle, flairant tout l’intérêt d’un retour en grâce.
Pour la bonne cause gaullienne, l’éditeur Julliard édita un ouvrage propagandiste en 1957, préfacé par le Général Catroux : « Charles de Gaulle seul contre les pouvoirs », nous présentant de Gaulle comme une sorte de chevalier Bayard, l’épée dressée au milieu de la tourmente, mais également comme un homme anti-système, ce qui peut faire sourire puisqu’il est avéré par des faits non contestables, qu’il fut non seulement l’homme d’un système, conciliant envers les grands trusts, qui veillèrent avec une incroyable diplomatie à son ascension, en 1958 d’abord, ensuite en 1962, avant de le lâcher définitivement en 1969, une fois qu’ils avaient obtenu de sa part, quitus et satisfaction.
L’argent, nerf de la guerre.
Puisque l’argent est le nerf de la guerre, le général s’appuya sur les « 200 familles » de l’époque, les plus grandes fortunes de France, industriels et banques.
(Aujourd’hui, en 2023 ce ne sont plus « 200 familles » à se partager le gâteau républicain, mais « 500 familles » richissimes du CAC 40, qui ont, entre-temps prospéré avec tout ce qui gravite autour des affaires internationales, dans un accaparement sans partage des richesses de la planète.)
Nous trouvons dans la liste des soutiens forts de De Gaulle, Koudenhove-Kalergi, un mondialiste avant l’heure, un fanatique européiste, adepte d’une Fédération paneuropéenne.
(Aujourd’hui, les héritiers idéologiques d’un Koudenhove-Kalergi œuvrent à Davos avec leur programme du Great-Reseat, clé en main, pour nous asservir.)
En faveur de De Gaulle également : une pléïade d’actrices et d’acteurs célèbres : G. Bécaud, M. Morgan, G. Guétary, J. Marais, L. Renaud, etc.
Nota bene : Line Renaud fidèle à ses vieilles habitudes, soutenait en 2005 Sarkozy et sa bande, puis en 2017, en 2021... Macron !
Cette petite a parte pour souligner à quel point la bourgeoisie d’argent sait s’entourer de toutes les garanties de succès pour épater l’électorat. Les méthodes lobbyistes de propagande ne datent pas d’aujourd’hui et n’ont guère varié.
C’est le grand patronat et les banques qui financeront largement le parti gaulliste et ses candidats. Des millions arroseront les « comités électoraux » en faveur de De Gaulle.
Cependant, contre ce Pouvoir se dressent quelques représentants de partis comme Aimé Paquet, Pierre Poujade, Michel de St-Pierre, qui, une fois l’élection acquise, devant l’évidence, plus tard rejoindront le camp gaulliste.
Le rôle de la presse
En 1962, rares étaient les détracteurs du général qui semblait bénéficier d’un large consensus pour le OUI. Parmi la presse penchant pour le « NON », quelques journaux comme le Figaro ou le Monde, Midi-Libre, etc. Leurs éditoriaux sont consacrés à une sévère critique du Général.
Plus déterminant et annonçant clairement la couleur gaullienne et l’allégeance au grand-patronat des gaullistes, la presse subventionnée par les grands groupes bancaires. Au nombre de ceux-ci, l’Express.
Le 18 octobre 1962, le quotidien publiait un article indiquant très explicitement la direction prise par les gaullistes, dans lequel il signalait que « … le Régime gaulliste, en même temps que le Marché Commun, ont créé une conjoncture économique tellement favorable aux GRANDES ENTREPRISES et aux CONCENTRATIONS INDUSTRIELLES que, quels que soient les liens personnels qui puissent exister entre tel chef d’entreprise et tel leader politique, l’argent est actuellement gaulliste. Il votera OUI ».
(Le Marché Commun deviendra plus tard, l’Union européenne et sa commission de non-élus.)
Derrière l’Express, le trust Schneider/Creusot qui renfloua les finances du journal. L’Express se mit tout entier au service du lobby gaulliste.
Parmi les soutiens du Général :
Le trust des textiles du Nord.
Nous trouvons également parmi les soutiens inconditionnels de De Gaulle, Dassault, l’avionneur.
Boussac,
Les intellectuels : Jean Dutourd, écrvain, André Frossard, écrivain, Jean Ferniot, journaliste et écrivain, Georgette Elgey, historienne, François Degrées du Loû, journaliste, tous constituent « les meilleures cartes » gaullistes, pour la diffusion de la doctrine gaulliste.
Pompidou, l’éminence grise du Général.
La Banque Rothschild frères, fournit à de Gaulle un de ses plus doués et dévoués collaborateurs, leur directeur général, Georges Pompidou. Pompidou fut un personnage clé dans l’accession au pouvoir du Général.
(Pompidou, en 1973, fera voter la fameuse loi Pompidou-Rothschild transformant de fond en comble le domaine bancaire français pour le pire à venir).
Les Trusts, les Grandes Entreprises monopolistiques travaillaient dans l’ombre depuis plusieurs années, dès l’après-guerre. Déjà, sous la IVeme, Pierre Mendès-France, Chaban-Delmas, Diomède Catroux, etc, leur étaient favorables. Tout était prêt pour le grand basculement vers une politique de complaisance envers ces grandes entités industrielles, commerciales et économiques, qui se pressaient aux portes du pouvoir, et qui ne profitaient en rien à la France, mais particulièrement au marché international.
Les richissimes industriels et banquiers manœuvraient en faveur de De Gaulle, dans un but bien précis : établir grâce à une politique gaullienne favorable, sur le territoire africain – un système néo-colonialiste, avec la création d’une Françafrique, par des aides financières au continent africain fournies par l’État français, en vue d’équipements, de travaux et de fournitures diverses, logistique, etc. Pour la réalisation de tels projets, il fallait un financement continu et assuré, ce seront des « milliards pris directement dans la poche des contribuables français » qui iront profiter aux trusts et aux financeurs bancaires. Dont le grand groupe Schneider qui s’occupa d’équiper le continent africain francophone, d’infrastructures industrielles. Ces pays fraîchement décolonisés, se retrouvaient donc plongés dans le néo-colonialisme, sous la tutelle de la Françafrique. Un système qui s’assurait de l’allégeance des dirigeants africains, en fait de petits « roitelets » corrompus, sans grands pouvoirs, et choisis par la France, mais facilitaient l’implantation des trusts en Afrique. Pendant ce temps, le peuple africain condamné à une misère endémique.
Cette politique envisagée par les grands industriels monopolistiques, passait obligatoirement par de Gaulle à l’échine suffisamment souple envers le grand patronat français et les banques. Il l’avait tellement souple, qu’il désignera Pompidou comme son premier ministre.
Au nombre des soutiens gaulliens, Albin Chalendon, un gaulliste pur jus, directeur de la Banque Commerciale de Paris, ( filiale Dassault) et à plusieurs casquettes en tant qu’homme d’affaires.
C’est un cadeau royal que de Gaulle fera au « big business », avec des mesures libérales assez étonnantes, pour quelqu’un qui se présentait comme le garant de l’indépendance économique de la France.
Un de Gaulle, plus raide et bien moins conciliant envers le petit patronat français, les artisans, les petites entreprises, souvent familiales, (qui lui préféraient Poujade), la paysannerie française qui découvrait les joies du tracteur avec le plan Marshall et le plan Monnet, les remboursements de prêts bancaires dont la publicité incitait lourdement les paysans à contracter auprès de banques comme le Crédit Agricole pour moderniser leurs exploitations, leur étranglement financier, les incohérences des futurs plans de remembrement agricoles qui ont en partie détruit l’agriculture et l’élevage.
Les remembrements intensifs engagés en 1960, dureront jusqu’aux années 80, et verront la disparition progressive des petits agriculteurs face à des monopoles sous la coupe de la FNSEA2. Et la modification profonde des paysages français, suppression des bocages, haies, etc., pour faciliter le passage de matériel agricole mécanisé. Il faut aussi parler de la surproduction des produits agricoles, notamment céréaliers, de la filière laitière, par voie de conséquence, la chute des prix agricoles, qui verra la faillite de dizaines d’exploitations de petites densités, familiales, qui ne s’en relèveront jamais pour la plus grande joie des futurs monopoles agricoles en cheville avec l’agro-alimentaire. Cette paysannerie dépossédées par une politique agricole libérale, iront renforcer la main-d’oeuvre des puissants groupes industriels, en travaillant dans les usines.
Nous allons voir plus loin à quel point la magie gaullienne a agi envers le peuple français, qui, une fois de plus n’a vu que sa prestance, le vernis de l’uniforme et du képi, de son aisance verbale, de ses formules percutantes, parfois spirituelles ou au contraire, vexatoires qui laissent sans voix. Il est vrai que son image de « libérateur de la France » et l’éblouissement des Français arrivèrent au paroxysme cette année 1958. les Français, oubliant qu’en 1956, « le gaullisme parlementaire », était balayé par un vote en sa défaveur, le 2 janvier 1956, et que le départ en 1946 du Général, ne les avaient pas émus outre-mesure.
L’homme providentiel.
Le gaullisme parlementaire n’ayant pas marché, et ne répondant pas suffisamment aux exigences des trust et des banques, il fut décidé qu’un changement de régime s’imposait. Avec toujours dans le rôle principal « d’homme providentiel », de Gaulle. Officiellement, pour régler la guerre d’Algérie.
Pour faire oublier les déconvenues du « gaullisme parlementaire », les milieux d’affaires voyaient dans le prestige de l’uniforme d’un général, un peu termi par quelques mois tribunitiens au Parlement, qu’une publicité/propagande bien sentie auprès des électeurs, ferait oublier les désaccords profonds qui animaient le monde politique, et les incessantes chicanes partisanes où de Gaulle et ses partisans avaient pris une part non négligeable, tout comme ses opposants. De Gaulle qui se défiait des partis, tant que le régime parlementaire (qu’il abhorrait) était là pour lui rappeler que le grand destin en lequel il croyait, tardait à venir par leur faute, fut le premier à les multiplier. Voici une liste : (RPF, UNR, UNR-UDT, UDV, UDR). Les Français, las de ces affrontements stériles entre les chefs politiques avaient surnommé la République : « La république des pourris » !
Il fallait bien que la France retrouvât un timon pour piloter le bateau France. Le choix tombait donc sur le Général, sur lequel les grands décideurs des forces de l’argent jetèrent leur dévolu et se mettaient en branle auprès de « l’ermite de Colombey », le rendant « prisonnier » de son entourage à qui il était entendu qu’il devrait, plus tard, renvoyer l’ascenseur.
.../...
1Pawleski : ambassadeur de France en Italie.
2La FNSEA a été créée en 1943, pour contrer les corporations défendant les petits paysans et l’agriculture vivrière.
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