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L’Ukraine, la Syrie et les œillères occidentales

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Dans un récent article publié par le Financial Times, Alexander Stubb, ancien ministre des affaires étrangères et premier ministre finlandais, a exhorté l’Occident à tirer les leçons de ses erreurs s’il veut jouer un rôle de premier plan dans un nouvel ordre mondial. M. Stubb considère l’année 2022 comme un tournant marquant la fin d’un ordre mondial et le début d’un autre. Il s’est attaqué à une idée fausse qui prévaut en Occident, affirmant que l’hypothèse d’un soutien mondial unifié à l’Ukraine est erronée.

Pour étayer son propos, il a souligné que la majorité des votes de l’Assemblée générale des Nations unies étaient contre la Russie, ce qui rassure faussement l’Occident. Il a souligné que 140 pays sur 193 ont condamné l’opération militaire russe en Ukraine, tandis que 35 pays se sont abstenus de voter, ce qui représente plus de la moitié de la population mondiale. M. Stubb a également noté que seule une quarantaine de pays ont imposé des sanctions à la Russie, dont seulement deux pays asiatiques et aucun pays d’Afrique ou d’Amérique latine.

Selon l’auteur, les contours et la dynamique du pouvoir du nouvel ordre mondial seront déterminés par certaines règles. Il existe un bloc important qui s’oppose à des degrés divers à l’ordre actuel dirigé par les États-Unis. Des pays leaders comme la Chine, l’Inde, la Russie et des puissances régionales influentes en Asie et en Afrique joueront un rôle crucial dans l’élaboration des valeurs, des principes et de la structure du nouvel ordre.

L’auteur a également souligné le rôle de leader joué par des pays tels que l’Arabie saoudite dans leur environnement régional et leur influence sur l’économie mondiale grâce à leur position importante au sein de l’OPEP+. Ces rôles contribueront en fin de compte à orienter le monde vers un nouveau système dont les caractéristiques n’ont pas encore totalement émergé.

Le dilemme de l’Occident, en particulier des Etats-Unis, est souvent perçu comme un pays qui parle beaucoup de valeurs libérales et de démocratie mais qui pratique l’oppression dans sa politique étrangère. Il méprise ses partenaires et refuse de les impliquer dans toute décision ou politique, même lorsqu’elles sont directement liées à leurs intérêts stratégiques, à leur sécurité et à leur stabilité. Cela est évident dans le cas des États-Unis lorsqu’ils discutent de la question nucléaire iranienne, par exemple.

Il existe un autre modèle qui illustre l’incapacité de l’Occident à saisir l’importance des partenariats stratégiques qu’il forme avec les pays du Moyen-Orient et d’autres régions du monde. C’est ce qui ressort de la politique étrangère américaine à l’égard de la Syrie. La diplomatie américaine manque d’une vision claire pour gérer la crise et rejette également les points de vue de ses partenaires arabes dans la gestion de la situation. Les États-Unis insistent sur l’isolement de la Syrie et refusent catégoriquement toute réconciliation arabe avec Damas.

En reprenant officiellement leurs relations diplomatiques avec la Syrie, le Royaume d’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont pris les devants en tant que pays arabes actifs, à la tête des efforts collectifs arabes. Le 19 mai, le président syrien Bachar el-Assad a de nouveau participé au sommet arabe de Djeddah à la suite de la décision de la Ligue arabe de réintégrer la Syrie en tant que membre. Cette décision marque la fin de la politique de rupture que Riyad a entamée il y a plus de dix ans avec le régime syrien.

Contrairement à cette approche arabe «  réaliste  » de la Syrie, la position américaine reste figée, le président Biden ayant récemment décidé de prolonger d’un an les sanctions à l’encontre de la Syrie. Le département d’État américain a exprimé sa «  consternation  » face à la décision de la Ligue arabe de rétablir l’adhésion de la Syrie. Ned Price, porte-parole du département d’État américain, a déclaré  : «  Nous ne pensons pas que la Syrie devrait pouvoir réintégrer la Ligue arabe ».

Indiquant le refus américain de normaliser les relations avec la Syrie, il a souligné que Washington partageait de nombreux objectifs en Syrie avec les «  partenaires arabes », sans préciser de méthode pour atteindre ces objectifs autre que l’insistance sur l’isolement officiel de la Syrie.

Une déclaration commune du président de la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants, Michael McCaul, et du membre de rang Gregory W. Meeks affirme que «  la réadmission d’Assad au sein de la Ligue arabe est une grave erreur stratégique qui enhardira Assad, la Russie et l’Iran à continuer à massacrer des civils et à déstabiliser le Moyen-Orient ». Personnellement, je ne crois pas que les années d’isolement régional et international imposées au régime syrien aient contribué à résoudre les problèmes liés à son comportement envers son peuple ou ses alliances régionales.

La stratégie arabe d’ouverture à l’égard de la Syrie, initiée par les Émirats arabes unis il y a des années, n’a pas d’alternative pour faire face aux crises dans la région, y compris en Syrie. Il ne s’agit pas de changer le comportement du régime syrien, car attendre une décennie entière n’a donné aucun résultat. Il est plus approprié d’explorer des alternatives qui peuvent inciter Damas à changer de comportement, au moins pour préserver les progrès réalisés dans ses relations arabes et les développements économiques et commerciaux associés dont la Syrie a désespérément besoin pour retrouver son rôle et ses activités naturels.

L’un des principaux défauts de la perspective et des positions occidentales sur la Syrie, par exemple, est l’absence de prise en compte de la divergence entre eux et leurs partenaires stratégiques dans la région arabe et du Moyen-Orient. Cela crée un vide que d’autres puissances internationales cherchent à combler ou ont déjà comblé. L’Occident ne voit que ce qu’il souhaite voir, comme c’est le cas en Ukraine, en Syrie ou dans toute autre question internationale.

Cela soulève des questions quant à l’absence de solutions alternatives et consensuelles pour les crises dans lesquelles l’Occident est directement ou indirectement engagé. Cela soulève également des questions sur l’intérêt de cette perspective occidentale déséquilibrée. Reflète-t-elle une vision stratégique limitée ou une arrogance qui ne reconnaît que ce qui se trouve directement devant elle et nie la capacité de réussir, de porter des jugements sains et de démontrer sa compétence non seulement à ses adversaires, mais aussi à ses partenaires et à ses alliés  ?


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15 réactions à cet article    


  • Attila Attila 25 mai 2023 14:37

    C’est c’là . . . oui :

    « Personnellement, je ne crois pas que les années d’isolement régional et international imposées au régime syrien aient contribué à résoudre les problèmes liés à son comportement envers son peuple »

    C’est les États-Unis et ses larbins des monarchie du golfe qui ont fomenté et armé des mercenaires pour renverser le gouvernement syrien mais c’est Bachar al Assad qui devrait changer son comportement :

    « Bien que l’Occident parle de guerres civiles pour désigner ce qui s’est passé en Libye et qui est en cours en Syrie, il s’agit en fait d’invasions militaires de mercenaires islamistes armés et soutenus par les Etats-Unis, leurs alliés de l’OTAN et les monarchies du Golfe. »

    LIBYE-SYRIE : les POINTS COMMUNS et les DIFFÉRENCES des DEUX GUERRES

    .

    Plus de 65.000 mercenaires combattent en Syrie

    .


    • Olivier Perriet Olivier Perriet 26 mai 2023 14:41

      @Attila
      quelles fariboles : réussir l’exploit de parler au nom des syriens, au nom des libyens, au nom des ukrainiens (enfin non, les ukrainiens sont des poutiniens qui s’ignorent), et au nom des covidés.

      On savait que la bêtise de votre espèce avait sa prétention pour seule limite, c’est à dire qu’elle était illimitée... :
      « Les cons ça ose tout, etc etc etc... »

       smiley


    • Olivier Perriet Olivier Perriet 26 mai 2023 14:36

      Oui mais l’escalade avec l’Iran de ces dernières années est bien dû aux acteurs locaux Arabie Séoudite et Emirats arabes unis en tête.

      Lorsqu’Obama voulait faire les accords sur le nucléaire iranien, ils étaient vent debout contre. De façon assez amusante, c’était presque Trump qui s’est trouvé suiviste par la suite, en reprenant intégralement à son compte une politique très anti iranienne.

      Maintenant le vent a tourné, et les mouvements de contestation en Iran font que les autocraties resserent les rangs.

      Après tout pourquoi pas : il faut prendre son destin en main sans se demander sans cesse ce qu’en pensent les USA. LOL


      • mmbbb 27 mai 2023 09:06

        @Olivier Perriet haute analyse stratégique et ecrit dans un bon francais ponctué par un LOL .

        LOL argument lycée à peine pubère LOL ! 

        Je m incline .

        Quant à l IRAN , ce pays suit une politique de réarmement et le contexte devient difficile Cette semaine tir expérimental d un missile d une portée de 2000 km qui pourrait avoir un charge nucleaire .

        L IRAN une histoire complexe dont la situation actuelle est héritée des soubresauts historiques , résultats de l action de l action politique notamment de l Angleterre et des USA à l instar du MO .

        A chaque fois que l on regarde le MO actuel , en miroir nous avons les traces de le notre empreinte historique .

        Quant à l Europe, a priori cette guerre profite aux ricains , vente d arme à la Pologne aux Allemands ..

        Ursulla Von der Leyen est une atlantiste pure et dure ,  Une vas t en guerre comme ses amies ecolos 

        L europe sera la première victime de cette guerre et Poutine n en a cure .


      • DACH 26 mai 2023 14:47

        En politique comme dans ses relations personnelles, il est utile face à tout interlocuteur d’apporter une réponse fiable, documentée à la question suivante : Qui est-il, à qui avons-nous à faire, quelles sont ses intentions véritables.Même si les erreurs de jument sont parfois inévitables.

        Dans le cas de VVP, il est possible de le savoir depuis 1999. Le fait de rester enfermé dans ce que nous avons envie de croire ouvre la porte à tous les dénis.

        Les intentions de VVP sont lisibles depuis 1999, 2007,2013,2021,2022 pour les années phares.


        • chantecler chantecler 26 mai 2023 15:02

          @DACH
          Vous parlez !
          Quand on est obtus comme vous , on ne peut que sortir des analyses faussées liées à vos présupposés et à vos conjectures .
          Vous êtes un propagandiste particulièrement formaté .
          Un véritable magnétophone dévidant toujours la même bande , un logiciel fermé .


        • DACH 27 mai 2023 11:05

          @chantecler=Rappel pour un esprit qui ne connaît pas ce dont il se fait le propagandiste.
          Un pays en a envahi un autre pour le faire disparaître et annexer ses terres.
          Vous défendez une mauvaise cause avec de mauvais arguments et de mauvaises méthodes. La Russie de VVP n’a rien à faire en Ukraine. Et le retour à la maison est annoncé et inévitable. Mais vous voir perdre votre temps en pure perte est un plaisir partagé.


        • Soucougnan Soucougnan 26 mai 2023 14:54

          @Dr. salem alketbi

          « un tournant marquant la fin d’un ordre mondial et le début d’un autre. »

          Dans cette guerre en Ukraine se décide du leadership de ce nouvel ordre. Si l’Occident capitule, alors pour lui, c’est le commencement de la fin. Si la Russie capitule, elle se condamne à n’être plus qu’une puissance moyenne vassale de la Chine. Pour les Occidentaux il faut donc que l’Ukraine gagne et ils feront tout ce qu’il faut pour cela.


          • mobis65 26 mai 2023 20:24

            @Soucougnan
            Je pense que beaucoup, voir la majorité des personnes qui suivent ce conflit, croient encore qu’il s’ agit d’ une guerre Russie/Ukraine.

            Je rappel juste que les relations diplomatique entre ces deux pays n’ ont jamais été interrompue.

            Que Moscou continu a fournir du gaz et a payer le passage du gazoduc a l’ Ukraine......


          • jjwaDal jjwaDal 26 mai 2023 16:33

            Les oeillères étaient en promo au G7 récent au Japon. Il réunissait les principaux vassaux de l’empire qui ne manque pas d’humour en organisant cela dans une ville nucléarisée (on a sacrifié des civils pour épargner des vies de soldats), après avoir salopé la planète entière avec un virus bricolé par les USA en Chine et après avoir fait sauter sous le nez des européens le gazoduc « Nordstream ».
            Ils sourient tous sur la photo de groupe, preuve s’il en fallait que les oeillères font bien leur office.
            Et tout ce joli monde d’accord pour trainer M. Poutine au tribunal pénal international , quand tout ceux qui ont agressé Serbie, Irak, Libye, Afghanistan, Yemen, Syrie et on en passe, sont eux exemptés de tous comptes à rendre.
            L’hypocrisie de l’« occident » est visible où que l’oeil se porte et le reste de la planète ne porte pas les oeillères distribuées gratuitement par tous nos grands médias. Donc les factures seront payées tôt ou tard.
            Ce n’est en tout cas pas un continent sans ressources minières ni énergétiques qui va dicter demain ses caprices au reste du monde et le monde unipolaire des USA est déjà du passé.


            • saint louis 26 mai 2023 20:04

              @jjwaDal
              La puissance des USA est telle que ça va durer encore, mais à terme l’équilibre se fera naturellement.
              Nous avons passé le point de non retour.
              Par contre l’avenir de l’Europe semble assez compromis suite à la sape organisé depuis si longtemps pour l’affaiblir.


            • @saint louis

              Si Monet a émargé à la CIA pour la création de l’UE... ce n’est pas pour les « beaux yeux d’Europe ».
              Il n’est que de constater la paralysie de notre Administration et les problèmes conséquents sur la vie quotidienne de la population... certains évoquent une guerre civile.
              Alors, je proclame : « Bravo » le Yankee !


            • mmbbb 27 mai 2023 09:19

              «  Le dilemme de l’Occident, en particulier des Etats-Unis, est souvent perçu comme un pays qui parle beaucoup de valeurs libérales et de démocratie mais qui pratique l’oppression dans sa politique étrangère » 


              Le point de rupture a été la seconde guerre d IRAK ou les USA ont montré leur bellicisme dénué de tout fondement juridique .


              La guerre en Lybie ou aucun mandat international n autorisait l assassinat de Kadhafi .


              un affaiblissement du droit international dont le constat a été notifié par maints juristes .


              Une des conséquences , l Arabie Saoudite se détache de la tutelle américaine


              Un de nos grands economistes Lemaire Bruno , pro atlantiste béat ne s en est pas aperçu, lui qui voulait mettre à genoux l economie russe .



              • Attila Attila 27 mai 2023 10:23

                @mmbbb
                « Un de nos grands economistes Lemaire Bruno , pro atlantiste béat ne s en est pas aperçu, lui qui voulait mettre à genoux l economie russe. »
                Au contraire, il est en train de la dilater !

                .


              • DACH 27 mai 2023 11:07

                @Attila=La pénurie de composants électroniques est effective. Les armes de haute technologie russe restent dans les hangars de mise au point.

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