L’exception agriculturelle française : une révolution ?
J’aime voir les visages des femmes et des hommes qui nous nourrissent. C’est un coup de fraîcheur sur les plateaux de télé. Mais d’apprendre la somme de surveillances et de contraintes auxquelles ils ont à faire, je suis sidéré.
Jour après jours les incohérences du système de production agricole sont mises en vue du public. L’Union Européenne y a sa part. Les réformes à entreprendre sont nombreuses, profondes et transnationales.
Une des piste a été formulée en cours de cette séquence de colère paysanne. Elle consiste à mettre en place une « exception agriculturelle française ». Cela soustrairait en partie la France aux obligations imposées par Bruxelles et rendrait de l’autonomie aux producteurs.
Mais dites-moi : cela ressemble à la fameuse préférence nationale chère à la nouvelle droite française, principalement le Rassemblement National. Ne serait-ce pas une idée d’extrême-droite donc à proscrire et même à taire, selon la doxa encore en vigueur dans certains cercles ?
Cette idée s’inspire d’un autre cas dont profitent les artistes français, qui seraient globalement plutôt à gauche. Il s’agit de l’exception culturelle française. Elle permet de soustraire aux règles européennes la production artistique française. Cela ne gêne personne.
Selon Wikipedia :
« l’expression désigne l’action conduite depuis la création en 1959 du ministère de la Culture confié à André Malraux, qui a vu la France mettre en place, par le biais d’un certain nombre de dispositifs législatifs et réglementaires concernant la création artistique dans le théâtre et le cinéma, d’un statut spécial pour les œuvres et la production audiovisuelles visant à les protéger des règles commerciales de libre-échange. Ces mesures reposent sur l’idée que la création culturelle ne constitue pas un bien marchand comme les autres et, par conséquent, que son commerce doit être protégé par certaines règles autres que celles de la seule loi de marché. »
La nature essentielle de la production vivrière devrait lui conférer un statut spécial, une « priorité nationale ».
Cette idée va dans le sens d’une plus grande souveraineté nationale, et n’a rien d’extrême-droite. Il faut cesser le bloquer les débats fondamentaux par des anathèmes ringards.
Il s’agit d’un débat national qui ne doit plus être classifié comme indigne. Pour ma part je suis favorable non pas à une souveraineté rigide, imperméable, mais qui reconnaît davantage de pouvoir décisionnel aux populations locales, régionales et nationales, car ce sont des niveaux décisionnels qui nous donnent encore un peu de pouvoir pour décider de notre mode de vie et de notre environnement.
Je comprends les craintes des européistes, comme un morcèlement de l’Union. Moi je me demande si l’UE est capable de se mettre en question et de reprendre son cahier. À dire vrai j’en doute un peu. La ligne politique immigrationniste et mondialiste est forte. Des traités de libre-échange sont signés avec des pays moins regardants sur leur normes de production.
La France semble ouvrir ce débat aux forceps.
Ce statut est-il une révolution ? Oui, dans la mesure où il renverserait la situation et la politique dominantes. Mais sans violence (pas besoin de couper des têtes). Car est-il normal que l’UE autorise l’importation de poulets d’Ukraine sans droits de douane, hors de la règle d’appartenance communautaire ? Et ce n’est qu’un dossier parmi d’autres. De quoi donner une grosse migraine à madame Von Der Leyen.
Des paysans disent : on marche sur la tête.
Mais plus loin il y a deux mondes qui se côtoient : les enracinés et les nomades, les locaux et les mondialistes. Le rappel à la réalité terrienne obligera-t-il l’UE à revoir son logiciel et à réintroduire des politiques à géométrie variables ? Quelles règles communes resteraient alors ?
13 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON