L’andouille de l’économie

J’aime l’andouillette, celle de Troyes est sans doute la plus connue. L’on suppose qu’elle est apparue sur les étals de la corporation des charcutiers qui détenaient le privilège du porc cuit autour 1475. Mais nous pouvons aussi déguster l’andouille de Vire, il n’y avait pas de raison que l’andouillette resta seule. Malheureusement, ce ne fut pas une affaire géniale, car l’andouille fumait du bois de être.
Ces andouilles, mises à sécher, étaient suspendues, il suffisait d’être jeune, grand, souple, savoir grimper sans forcément être un maître à penser pour les décrocher.
C’est alors, nous le comprenons, que l’andouille sortie du fumoir, qualifia le grand dépendeur d’andouilles. Ensuite un glissement survint. Le terme « andouille » qualifia quelqu’un. Le terme reste gentillet, car on l’aime bien, n’est pas bien méchant ni forcément vulgaire. Un synonyme de bête, stupide, niais ou mou du bulbe, une petite insulte tout de même.
Ce terme mets venu à l’esprit quand j’écoutai notre ministre de l’Économie expliquer que les Français devaient être sensibilisés à la responsabilité en augmentant les taxes de participation de 1€ sur les produits pharmaceutiques et la consultation médicale.
Tout cela afin de réduire le déficit de la Sécurité sociale pour que les citoyens ne s’habituent pas à croire, que ce qui est gratuit, doit ouvrir la porte à plus de consommation.
Je me suis interrogé, comment un ministre de l’« économie sans aucune gêne peut dire de telles stupidités, tromper les citoyens, bref les prendre pour des andouilles.
Depuis quand est-ce l’état qui finance la Sécurité sociale. Depuis Juppé il y a la loi sur le financement de la Sécurité sociale. Cela ne signifie pas que l’état finance, et que les services de la sécu sont gratuits parce que le parlement se prononce sur ses comptes par un vote.
En économie il n’y a rien de gratuit, absolument rien. Si quelqu’un nous explique que ceci ou cela est gratuit, c’est qu’il nous trompe. Et si jamais nous bénéficions d’une gratuité, c’est que quelqu’un d’autre quelque part à payé. Malheureusement les citoyens aiment ce qui est présenté comme gratuit. Je vous passe toutes les roublardises dont ils sont d’objets, malgré la veille des associations de consommateurs. Si nous ne sommes pas une grande andouille, nous pouvons observer que toutes les grandes surfaces qui prônent des gratuités et des remises jusqu’à 70 % pour maintenir les prix le plus bas au bénéfice des consommateurs n’ont jamais fait autant de bénéfices. En s’amusant, un peu, nous pourrions en retirer un axiome. Plus les prix son bas plus l’on s’enrichit, et si tout était gratuit les riches pourraient disposer exclusivement de la monnaie.
Pourquoi existe tant de tromperie ? La réponse est biologique et le traitement émotionnel de la consommation l’emporte sur la raison. Si nous, nous oublions que nous ne sommes que des animaux, d’autres utilisent nos comportements instinctifs à leurs avantages. Je ne vais pas nous surprendre en disant que, quand nous avons une affaire à réaliser nous voulons acheter plus bas que la valeur de la chose, et quand nous voulons la vendre c’est toujours au-dessus de sa valeur. Le processus de plus-value, rien de plus animalier. Si un animal n’est pas assez fort pour protéger sa proie, il se la fait voler.
Ce n’est pas un voleur pour autant, car il recherche une plus-value, c’est-à-dire qu’il recherche quel est le moyen le plus économe et le moins consommateur d’énergie, pour manger. Nous faisons exactement la même chose.
Par la culture ancestrale et la sémantique qui la suivit, nous avons requalifié nos comportements et rejeté ce que nous considérions asocial et autorisé la recherche de plus-value dans les relations commerciales. Nous avons autorisé l’escroquerie et le vol sous certaines formes d’organisation économiques et l’avons puni sous d’autres.
En principe ce cher ministre doit savoir les mêmes choses que moi, du moins je l’espère, car alors s’il croit à ce qu’il a dit c’est plutôt grave.
Les salariés financent la Sécurité sociale par leurs cotisations sur les salaires. Le complément que verse l’employeur est ce que l’on appelle du salaire différé. Il en est de même pour toute sorte de prestations comme les mutuelles. Est-ce que l’employeur paie vraiment tout ce salaire différé ? La réponse est NON. Il fait seulement l’avance, puisque tous ces versements sont des charges qu’il inclura dans le prix de revient d’un produit ou d’une prestation. Ce sont les clients qui paieront réellement ces charges. Qui sont ces clients ? Ce sont pour l’essentiel les salariés aujourd’hui 23 millions, plus 2,5 millions d’employeurs, d’artisans, de professions libérales. Nous comprenons alors que les prélèvements des employeurs ne sont que du salaire différé. Pour être plus complet, sans allonger, les salariés clients paient leurs impôts et taxes en tous genres. Si ce n’était pas le cas, ces 2,5 millions d’employeurs et autres seraient en faillite. Or le crédit suisse estime qu’il y a 62,5 millions de millionnaires et que d’ici 2026 ils augmenteront de 41 %.
Je n’accepte donc pas qu’en trompant et prenant les citoyens pour des andouilles, notre ministre contribue à leurs enrichissements.
Les citoyens, sommes-nous des andouilles ? Je répondrais avec le sourire certainement ; sinon notre ministre et bien d’autres n’auraient pas de ministères.
Nous désirons avoir tout de gratuit et refusons de voir que tout à un prix. Quand je dis prix, je ne veux pas parler de celui que nous voyons sur les étiquettes, il n’est que suggestif malgré ses calculs. Mai que toutes choses que nous consommons ont été réalisées par des travailleurs, c’est-à-dire par de l’énergie humaine de quelques-uns et ce sont eux qui financent la consommation de toutes choses des 67,5 millions de Français, dont la Sécurité sociale.
Si donc nous n’étions pas obnubilés par l’individualisme égologiste (vous le valez bien) de notre temps qui produit des millionnaires à la pelle en nous vendant des remises et du gratuit, nous accepterions une augmentation des cotisations sociales, plutôt que d’avoir à verser une taxe de 1 € sur les produits pharmaceutiques.
S’il y a des matheux parmi vous, je vous laisse calculer à combien s’élèverait l’augmentation de la cotisation SS avec ce prélèvement de 1€ par produit. En son temps, c’est-à-dire il y a très longtemps, le même calcul avait été fait pour les mutuelles complémentaires sans résultat.
Nous comprenons, j’espère, que les 23 millions de travailleurs sont ceux qui financent tout, absolument tout, et encore il faut qu’ils pleurent pour avoir une augmentation qu’ils achèteront en étant clients. Car ce sont eux qui financent avec les 2,5 millions d’employeurs les achats des 42 autres millions de citoyens, quelles que soient leurs situations sociales.
Mais, sommes-nous prêts à écouter la raison intellectuelle plutôt que notre émotion animalière que l’on ne peut pas apprivoiser facilement, encore moins quand l’on nous maintient sous sa coupe par une sémantique élogieuse, flatteuse ? Il nous faut être des géants pour dépendre ces saucisses fumer des ministères.
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