Journal d’un BAC+5 SDF #94 (« Je vous dois la vérité, je suis un robot, un bot m’a démasqué ! »)
Mercredi 31 Juillet 2024
Hum, ces derniers jours il commence à y avoir quelques fourmis s’aventurant sur ma tente. Si ça ne devient pas hors de contrôle, ça ne me gène pas. Mais j’ai encore le souvenir des nuées passant à l’attaque sur mon premier emplacement.
Elles ne sont pas encore « wokisées » ces foutues fourmis. Si elles savaient que protéger leur territoire était un acte fascistoïde et naziphyle, elle rougiraient de honte.
Ce matin des enfants ont créé un circuit de slalom pour vélos avec des bouteilles en plastiques. Un garnement a été à deux roues de me percuter. Il s’est tout de même arrêté à temps en rouspétant. Ne sois pas de mauvaise foi ! Tu l’avais raté ton virage de toute façon !
Ouverture de ma boîte mail :
« Avant d’aller plus loin…
Vérifions ensemble que vous n’êtes pas un robot. »
Là vous me faites douter, sérieusement. Non, pas que je sois un robot, mais que vous n’êtes qu’une bonne grosse bande de pourritures.
Ouverture de ma seconde boîte mail :
« Confirmez qu'il s'agit bien de vous »
Et le fait que je me connecte chaque jour à partir du même appareil et dans la même région, ça ne suffit pas ? Tout est fait pour me faire chier.
C’est une véritable blague là… Je choisis de recevoir un code à ma première adresse, et je dois repasser « l’épreuve » du captcha. C’est quand qu’on pourra attaquer ces entreprises pour insulte et harcèlement informatique ?
Et les liens débilos, on en parle ? Je clique sur un appartement affiché à 360€ et je tombe sur une page d’un logement à 690€…
A ceux qui ne m’arrêtent pas de dire « c’est pas la saison » lorsque je pose l’idée d’une choucroute sur la table, pourquoi a-t-on droit à des tartes flambées toutes les semaines au camping ? C’est de saison ça ?
Il ne fait pas assez chaud. Les employés municipaux sont arrivés avec leurs chalumeaux. Il faut d’urgence cramer les quelques petits bouts de verdure avant que ce ne soit le Soleil qui s’en charge. Pourquoi laisser la nature faire lorsqu’on peut vider quelques litres de gaz ?
Le vendeur de tartes flambées discute avec un futur client. Il lui dit que la tarte est pour une personne. Mais en même temps avoue qu’il en mange lui-même deux pour son repas… A dix euros la tarte, ça fait vingt euros le repas, sans boisson. C’est ce que je dépense pour plusieurs jours de nourriture : 4 euros de pain et de charcuterie pour 4 sandwichs (= 4 à 8 repas), donc pour 16 euros avec supplément fromage à tartiner et cornichons, donc pour 20 euros j’ai de 16 à 32 repas. Éventuellement on peut rajouter de temps en temps une salade de carottes au jus de citron (500g pour 1 euro) qui accompagne facilement 4 repas.
En déposant ma bouteille vide de jus de pommes dans le conteneur à verre, je me suis dis que si ça se trouvait ce serait la seule bouteille sans alcool. Elle risque de se faire moquer, chahuter, discriminer là dedans ! Et que font les associations ? Rien !
On en apprend de belles chaque jour avec ces JO. La cantine aussi est idéologisée, végétalisée, au détriment des nutriments réclamés par les diététiciens des athlètes. L’idéologie ne nourri pas, et certain le découvrent. Rester assit toute la journée devant un écran ne demande pas autant d’énergie qu’un sportif de haut niveau qui s’adonne à sa tâche.
Imaginez quand même que le staff anglais, oui ANGLAIS, a décidé de chercher son cuistot. On en est là au pays de la gastronomie sacrifiée par religiosité.
17h01 Il se met à pleuvoir. Ca faisait longtemps. J’accueille cette pluie avec presque un peu de joie, ça va rafraîchir l’atmosphère, c’est déjà ça. Par contre c’est trop bruyant.
Chaque jour la mère de la petite famille revient ajouter des tas de bouffe dans le frigo alors qu’ils n’en ont même pas mangé plus que quelques pourcents. A force il n’y aura bientôt plus de place pour les autres.
Maintenant je vais jusqu’à prêter mon connecteur de téléphone car une jeune femme a perdu le sien. Jusqu’où ira ma bonté ?
Le demoiselle décide d’attendre patiemment, sans rien faire. Sa mère arrive alors et lui donne des indications dans leur voiture, où elle devrait trouver son outil manquant. Elle part le rechercher et revient avec peu de temps après.
Les éléments se déchaînent dehors et le parapluie géant semble proche de l’effondrement. Avec le vent violent et la pluie digne d’une tempête tropicale, ce pauvre parasol subit des assauts continus à son intégrité.
Je me demande ce que devient le vendeur de tartes flambées, et Yves qui, le connaissant, n’a pas pu s’empêcher d’aller faire du vélo après son opération.
Des tas de gens sont venus se protéger de la pluie dans la salle commune, même un chien plutôt discret, mais qui n’a cessé de remuer la queue.
Concernant la recette du Beravecka d’il y a quelques jours, on m’a fait remarquer qu’il y aurait un trou dedans puisqu’il est difficile de lier du « solide » juste avec de la farine. Pourtant il est indiqué que les fruits doivent macérer dans du kirsch, et sont par conséquent imbibés et bien humides/collants. Enfin bon, c’est comme ça que j’ai compris les choses de toute façon.
Effectivement c’est une recette particulièrement chère et nutritive. C’est fait pour les grandes randonnées ou les sports intenses.
La pluie reprend de plus belle alors que je l’imaginais déjà épuisée.
David a la manie de laisser le frigo ouvert, en train de sonner, mais pourtant il ne le remarque même pas.
Ca me fait penser à moi et les bords de route. Je ne sais même pas si je vous ai déjà raconté tout ça. Tôt un matin, j’étais assigné chauffeur de la voiture avec mon père et mon frère comme occupants. Je m’applique à ma tâche, bien que ça m’endorme et que je ne suis même pas encore bien réveillé. J’entends mon frère râler plusieurs fois sans en comprendre la raison, et puis mon père soupir bruyamment avant de me lancer un « les meilleures blagues sont aussi les plus courtes ! » Abasourdi, je ne comprends rien de ce qu’il voulait dire. En fait je roulais trop proche du bord de la route, là où c’est censé vibrer violemment et faire du bruit. Je ne m’en suis même pas rendu compte, je baillais et commençais même à piquer du nez, mais les deux autres pensaient que je le faisais exprès. Du coup j’ai gagné le privilège de changer de siège, si vous voyez ce que je veux dire.
Les vibrations de la route et le ronron du moteur me donnent envie de dormir, je n’y peux rien tout de même. C’est ainsi que j’ai réduit drastiquement mes occasions de conduire, privilégiant d’autres moyens, ou me privant de déplacement.
Salade de riz à la basquaise aujourd’hui. Ils ont juste oublié le thon.
David doit retourner en allemagne demain, il va à nouveau faire 700Km dans la journée.
Eh ben, ça recommence, beaucoup de pluie mais cette fois avec le tonnerre en plus, ça tape fort et ça cherche à se faire entendre. Au cas où j’ai coupé ma multi-prise, pas envie qu’un vilain courant électrique ne grille mon ordinateur.
Il est presque 22h lorsque le vendeur de tartes flambées range ses affaires et enroule ses longs câbles électriques. J’espère que je ne m’y connais pas trop parce qu’il m’a semblé que certains étaient endommagés et en partie dénudés. Alors avec la flotte qui tombe, imaginez ce qui aurait pu se passer…
Je peux appliquer la méthode pour estimer la distance des éclairs. Beaucoup tombent à à peine plus d’un petit kilomètre d’ici.
Super, si ça continue comme ça je vais devoir passer la nuit ici, dans la salle commune.
Bon ben ouaip, je vais rester là. Je sens déjà que David va me réveiller à 4h30 lorsqu’il va prendre son petit déjeuner avant de partir. On commencera bien la journée.
Bonne nuit tout le monde.
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