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Accueil du site > Tribune Libre > Guerre en Ukraine : une défaite entraînerait à terme pour l’Occident (...)

Guerre en Ukraine : une défaite entraînerait à terme pour l’Occident la perte de son leadership et son hégémonie sur le monde

Que peut-il sortir de la guerre en l’Ukraine pour le monde ? L’armée ukrainienne peut-elle changer le rapport des forces ? Quand une guerre est presque sans mouvement, une guerre statique avec tout au plus quelques villages pris par l’armée russe, et cette guerre dure depuis le 24 février 2022, tout laisse penser que la guerre ne va pas évoluer ; une guerre de tranchées et donc d’usure.
 

 Tout est mis sur les fortes fortifications russes dont les champs de mines sur des centaines de km, les tranchées de part et d’autre, l’artillerie défensive, et aussi joue le moral des troupes dans ce piétinement de guerre qui s’opère dans le surplace et le pouvoir central de Kiev déclare qu’il n’y a pas d’impasse dans la guerre en Ukraine, alors que l’ex-chef de l’armée dit qu’il y a impasse. Et s’ils le déclarent et utilisent ce mot contradictoirement, c’est que réellement il y a impasse dans cette guerre.
 

 Que donne la guerre de drones et de tirs de missiles des deux belligérants ? Des destructions limitées, des incendies, des zones résidentielles endommagées, des morts et des blessés qui se comptent en centaines de milliers depuis deux ans et près de cinq mois ; une guerre qui s’enlise ; l’Occident campe sur cette guerre par procuration ; tout laisse penser que la guerre en Ukraine qui s’enlise dans la durée va provoquer des incertitudes telles que tout peut arriver ; et pas forcément dans le négatif. Pour preuve, la mort de Joseph Staline, en mars 1953, a accéléré la fin des hostilités, et l’armistice a été signé en juillet 1953.
 

 Alors que des solutions existent si réellement les deux camps veulent mettre fin à la guerre et se dirigent résolument vers la paix. Comme en Corée, il a fallu la disparition du chef du Kremlin pour montrer qu’il n’y avait aucun sens de continuer la guerre. Et cette situation pourrait survenir pour peu que l’histoire aurait décidé ainsi. 
 

 Des questions donc légitimes se posent sur cette guerre. D’abord, qu’entend-on par incertitudes sur cette guerre qui dure ? Qu’arrivera-t-il en 2024 et en 2025 ? Peut-on penser que la guerre en Ukraine restera en l’état, i.e. d’un côté l’Ukraine soutenue par l’Europe et les États-Unis, de l’autre la Fédération de Russie ; et les deux parties s’épuisent dans une guerre sans visibilité de sortie ; une guerre qui perd de plus en plus de sens ; même les civils Ukrainiens évitent d’être mobilisés, ils fuient d’être enrôlés de force ; cela signifie qu’ils ne sont plus convaincus de l’idéologie de cette guerre ; la souveraineté de Kiev sur les territoires ukrainiens séparatistes ne fait plus recette. Et si le pouvoir de Kiev s’entête dans cette guerre, comme d’ailleurs l’Occident, ce n’est surtout pas de perdre la face. Et la guerre est dans sa troisième année. 
 

 Certes, des armements toujours massifs qu’apportent les États-Unis et l’Europe à l’Ukraine, une volonté du pouvoir de Kiev de libérer ses territoires occupés par les forces russes, la guerre selon eux continuera jusqu’à la victoire, et cette pensée qui n’est toujours pas infléchie que l’Ukraine et ses alliés occidentaux n’y voient que le succès un peu comme s’ils sont habités par quelque esprit dont ils ne peuvent se départir, qui les empêche de comprendre que le rapport des forces entre l’Ukraine, un pays européen et la Russie est inégal.
 

 En effet, l’Ukraine, une puissance militaire moyenne qui ne fait pas partie des puissances nucléaires ne peut rivaliser avec une puissance nucléaire de premier plan comme elle l’est la Russie. Si l’Ukraine était une puissance nucléaire reconnue, même si elle ne l’était pas sur le plan mondial, il n’y aurait certainement pas eu de guerre ni n’aurait eu besoin d’aides de l’Occident. Pourquoi ? Pour la simple raison que l’arme nucléaire et les vecteurs, bien entendu, pouvant frapper n’importe quel territoire du monde, l’immuniserait de toute guerre. Aucun pays au monde n’est tenté de provoquer une guerre nucléaire « sauf si son existence se serait trouvée menacée réellement. » La Corée du Nord est une puissance nucléaire reconnue mondialement ; elle reste néanmoins une petite puissance.
 

 Par le nombre d’ogives nucléaires, la Fédération de Russie est la première puissance du monde, devançant même les États-Unis. Elle est dans le top des trois plus grandes armées du monde, avec la Chine et les États-Unis. On comprend dès lors que plus le conflit dure, plus la situation devient difficile pour l’Ukraine ; le facteur temps ne va pas profiter à l’Ukraine même si elle est toujours soutenue financièrement et militairement par l’Occident ; quant à la Fédération de Russie, avec une forte population ukrainienne d’origine russe dans les quatre régions annexées en plus de la Crimée, il est hors de question qu’elle revienne sur ses annexions. Aussi peut-on dire que la Fédération de Russie comme pour l’Occident et l’Ukraine – une guerre par procuration contre la Russie –, les deux camps vont continuer à s’opposer ; il n’y aura pas de solution tant les enjeux qu’englobe cette guerre sont planétaires.
 

 C’est tout l’avenir de l’Occident qui est en jeu dans cette guerre, il en va de même pour la Russie ; la seule différence, c’est que la Russie est véritablement en guerre, ses forces sont projetées dans le combat avec toutes les difficultés que représente l’autre partie, i.e. l’armée ukrainienne, constamment approvisionnée en armements, alors que l’Occident ne fait la guerre que par procuration, prenant soin d’éviter une confrontation directe qui le mènerait à une Troisième guerre mondiale, ce qui engendrerait une destruction mutuelle des deux camps ; ce que les deux camps opposés ne le voudront en aucun cas.
 

 Cependant, le facteur temps dans une guerre d’usure qui s’est installée ne sera favorable ni à la Russie ni à l’Ukraine ; certainement, il sera pire pour l’Ukraine pour la seule raison que l’Occident demandera des résultats et donc Kiev ne pourra indéfiniment prolonger cette guerre si l’armée ukrainienne, malgré les livraisons d’avions F16 en quantité, des systèmes de missiles à plus grande portée, de chars lourds et autres matériels de guerre, ne fera que prolonger la guerre sans véritable éclaircie sur les objectifs à atteindre.
 

 Le facteur temps est contre le pouvoir ukrainien alors que l’objectif de la Fédération de Russie est surtout de rester sur la défensive, protégeant les régions annexées. Et des offensives russes, réponse à l’enlisement de la guerre, se soldent par d’autres villages pris au territoire ukrainien, servant à renforcer ses annexions, et éventuellement à négocier leur retour lors des pourparlers de paix à venir. L’offensive russe servant surtout à déstabiliser le camp adverse.
 

 Sur le plan économique, la Banque mondiale a déclaré, le 1er juillet 2024, que la Russie est passée de la catégorie « moyenne supérieure » à la catégorie « élevée » grâce à sa croissance économique. Ce qui atteste que ni les sanctions économiques, financières et bancaires ni le plafonnement du prix du baril de pétrole pour les exportations russes n’ont produit d’effet suffisant pour infléchir la position russe. La Russie est restée ferme ; elle s’est adaptée même à la nouvelle donne de son économie, et ce dû à sa position mondiale avec les autres pays du monde comme le témoigne sa place dans le groupe des pays du BRICS+5 (Chine, Inde, Brésil, Russie, Afrique du Sud, Iran, Arabie saoudite, Égypte, Émirats arabes unis, Éthiopie), et son influence en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud.
 

 Cette situation géostratégique montre que la Russie fait partie des trois grands pôles de puissance du monde ; la Russie, la Chine et les États-Unis régentent, sur le triple plan, économique, financier et militaire, le monde.
 

 Donc, dire que la Russie battra en retraite et quittera l’Ukraine qui est déjà une option retenue par les pays occidentaux comme pour le régime de Kiev n’est qu’une démarche de l’Occident pour à la fois affaiblir la Russie et contrer l’axe Russie-Chine. On comprend le souci de l’Occident de protéger son aire d’influence et même de l’élargir à la Géorgie, la Moldavie, la Serbie et d’autres pays. Comme il en va aussi de l’aire d’influence occidentale à Taïwan, et à d’autres régions asiatiques. Le soutien progressif presque sans réserve de tous les types d’armements dont l’Ukraine a besoin, de même son financement par les États-Unis et l’Europe, relèvent de cette stratégie de puissance face aux grandes puissances adverses.
 

 Mais le problème se pose dans l’atteinte des objectifs géostratégiques de l’Occident face au camp adverse ; sont-ils cohérents et réalisables ? Ça ne prête pas du tout à l’optimisme. Et ces objectifs stratégiques de l’Occident n’ont été poursuivis que parce que la Russie a laissé entretenir et se développer cette stratégie en Occident ; elle n’a rien fait pour l’arrêter ou ne pouvait l’arrêter, tant les forces de l’histoire étaient contre elles. Il faut se rappeler qu’après la débâcle qu’a vécue l’Union soviétique, dans la deuxième moitié des années 1980, elle a fini par disparaître le 26 décembre 1991. Les États-Unis restés seuls superpuissance économique et militaire du monde avaient gagné la guerre froide sans guerre. Ils affichaient une supériorité écrasante sur tous les plans, à l’époque ; les guerres hautement médiatisées du Golfe (Irak 1990-1991) et du Kosovo (1998-1999) ont consacré la domination des États-Unis et de leurs alliés, les pays d’Europe, au quadruple plan économique, financier, monétaire et militaire, sur le reste du monde.
 

 Le monde était réellement dominé par les États-Unis ; « un monde unipolaire naissait ». Les pays sortis de l’ex-aire soviétique cherchaient à conforter leur indépendance, ce qui est naturel pour des pays qui n’ont connu que guerres et assujettissement à une puissance tutélaire ; ce qui était leur cas ; ils n’avaient pas de réelle indépendance. L’Occident leur offrait une planche du salut, celui de les intégrer l’Union européenne et l’OTAN. « + un cadre démocratique » à ces États souverains qui deviennent en fait des « Alliés » à l’Occident – celui-ci leur permettant de débattre de questions politiques, économiques et de sécurité, et les décisions prises collectivement et par consensus –, ne pouvait être qu’attractif.
 

 L’URSS n’existant plus, après son éclatement, la Russie, héritière de l’URSS mais restée faible et très fragilisée, c’était l’époque de Boris Eltsine ; puis Vladimir Poutine prend la relève et devient président de la Fédération de Russie, début 2000. L’Occident profite de cet affaiblissement, pour procéder à l’intégration des pays d’Europe centrale et orientale (PECO) ; en fait, une marche naturelle, une marche nouvelle de l’histoire de cette partie du monde.
 

 Les trois premiers pays à entrer dans l’OTAN ont été la Pologne, la Hongrie et la république tchèque (issue de l’ex-Tchécoslovaquie) ; ils font passer l’OTAN de 16 membres en 1982 à 19 membres, en 1999 ; huit pays des PECO entrent dans l’Union européenne, en 2004 ; ce sont la Slovaquie, la Slovénie, la Lettonie, la Lituanie, l’Estonie, la Roumanie, la Bulgarie faisant passer l’OTAN de 19 à 26 membres. En 2009, l’intégration de l’Albanie et la Croatie font passer l’OTAN à 28 ; le Monténégro intégré en 2017, l’OTAN est à 29 ; la Macédoine du Nord en 2020, le faisant passer à 30 ; la Finlande en 2023, l’OTAN est à 31. Avec la Suède en 2024, l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN ou NATO en anglais) ou Alliance atlantique compte aujourd’hui 32 membres.
 

 Un processus historique tout naturel que cette intégration des pays d’Europe centrale et orientale à l’Union européenne et l’OTAN. Reste quelques pays européens dont l’Ukraine qui n’ont pas encore rejoint l’Union européenne et l’OTAN. Pourquoi l’Ukraine pose un grand problème ? Tout d’abord c’est un grand pays d’Europe en terme de population, de superficie, ses capacités militaires, et il dispose de quatre centrales nucléaires ; la centrale nucléaire de Zaporijjia est occupée par les forces russes depuis mars 2022. Mais le problème de l’Ukraine est qu’il n’est pas un État « unifié » ; les régions à l’Est et au Sud-Est de l’Ukraine sont peuplées majoritairement par des Ukrainiens russophones (d’origine russe). Ce sont la péninsule de Crimée, Kherson et Donetsk, entourée par la mer Noire et la mer d’Azov, et les régions de Louhansk et de Zaporijjia, plus à l’intérieur. Toutes ces régions prises globalement sont à la frontière de la Russie.
 

 Ce qu’on peut dire, à la lumière des conflits sur ces régions annexées par la Russie, c’est que le projet d’intégrer l’Ukraine n’a pas été pensé à sa juste mesure par l’Occident ; encouragé par l’intégration de la presque totalité des pays d’Europe centrale et orientale, l’Occident n’a pas pris en compte l’aspiration des populations russophones qui sont d’ethnie russe. Dans sa stratégie d’englober l’ex-glacis soviétique pour faire face à l’alliance stratégique Russie-Chine, misant sur les avantages très attractifs offerts à ces pays, l’Occident a négligé la résistance de la Russie, estimant qu’elle suivrait le mouvement, que les résistances seraient dépassées d’autant plus que tous ces pays d’Europe centrale et orientale seraient dans une situation bien meilleure sur le plan économique, par des investissements massifs occidentaux, mais aussi sur le plan politique, puisque jouissant d’un débat démocratique sur toute décision collective, au sein de l’Union européenne et dans l’OTAN.
 

 L’objectif visé par l’Occident dans l’élargissement des pays de l’Europe de l’est à l’Union européenne, et leur intégration à l’OTAN est de présenter un bloc occidental fort face à l’alliance Russie-Chine. Et ni les pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Sud ne peuvent remettre en cause l’ordre unipolaire dominé par les États-Unis depuis la chute de l’URSS ; il n’en est pas de même pour les deux grandes puissances, la Chine et la Russie, qui prônent et travaillent pour fonder un monde multipolaire. On comprend donc l’objectif de l’Occident d’opposer un front aussi vaste que possible face à la Chine et à la Russie, ce qui explique le soutien durable pour l’Ukraine
 

 L’enjeu est donc planétaire et dépasse de loin les objectifs occidentaux qu’ukrainiens pour ce qui est de récupérer par la guerre les territoires ukrainiens annexés, après référendums, par la Russie. L’objectif de l’Occident dans cette guerre, en fait, est de contrecarrer à tout prix son déclin ; un monde multipolaire n’avantage ni les États-Unis ni l’Europe ; les grandes puissances dont la Chine et la Russie qui ont véritablement émergé en ce début de XXIe siècle pourraient non seulement bouleverser l’ordre dominé aujourd’hui par l’Occident mais ce que l’Occident craint le plus est qu’il soit supplanté par les puissances montantes, à moyen terme ; une perspective qui est réellement potentielle dans les décennies à venir.
 

 Et les conséquences seront potentiellement négatives pour l’Occident. Et sur le plan géostratégique, elles seront désastreuses. Pour ne citer qu’un point, et celui-ci est majeur dans les relations internationales. Si le la monnaie chinoise vient à évincer le dollar US, elle évincera fatalement l’euro, la livre sterling et le yen japonais. Le rouble russe va monter en puissance, la roupie indienne. Ce sera un bouleversement total de l’équilibre de puissance mondial. Si, sur le plan financier et monétaire international, l’Occident perd son rang actuel, des conséquences gravissimes porteront sur ses déficits extérieurs avec les pays du reste du monde.
 

 Précisément, cette intégration de presque la totalité de l’Europe centrale et orientale entre dans cette stratégie pour protéger ces pays de la montée en puissance Russie-Chine. La stratégie occidentale était réellement porteuse, sauf qu’elle n’a pas pris en compte les populations russophones, considérant qu’elles suivraient le processus puisqu’elles gagneraient avec l’Occident. Or, ces populations russophones ont refusé de rejoindre l’Union européenne et l’OTAN. Et, c’est là l’erreur, l’Occident a préféré rester dans sa ligne de conduite stratégique, compte tenu des enjeux stratégiques, de dimension planétaire ; il a préféré pousser le gouvernement de l’Ukraine à s’opposer à ses propres régions pour les ramener par la force.
 

 Un plan très probablement établi depuis longtemps, et censé, par ses élargissements à d’autres pays à l’est de l’Europe, à « décupler » sa puissance face aux deux puissances adverses.
 

 L’Occident, en fait n’a vu que ses intérêts géostratégiques dans l’intégration de l’Europe de l’Est. De même, les pays de l’Europe de l’Est étaient aussi partants. Mais quand une géostratégie ne va pas avec les objectifs tracés, et « insuffisamment pensés historiquement », et ne relèvent pas de la « realpolitik », et donc « bâtie » de la part des décideurs occidentaux, sur trop d’optimisme en leur puissance. Ou plus simplement dit : « L’Occident ne veut pas d’un monde multipolaire. » Pourquoi ? L’Occident sait que si ce monde multipolaire venait à exister, les rapports des forces ne resteront pas ce qu’elles sont aujourd’hui ; forcément, dans un monde multipolaire, l’Occident perdra son leadership et son hégémonie sur le monde. Une défaite de l’Ukraine face à la Russie serait un tournant pour le monde puisqu’elle sera aussi une défaite pour l’Occident.
 

 Aussi avancer dans cette guerre et l’Occident qui dit qu’il ne fait qu’aider l’Ukraine pour récupérer ses territoires, alors qu’il vise, à travers la guerre en Ukraine à affaiblir la Russie, et ce faisant, l’Occident maintient son hégémonie sur le monde, et donc sur la Russie et la Chine.

 Qu’il promette à l’Ukraine, par des réformes, à devenir une démocratie, membre de l’Union européenne et de l’OTAN, et qu’il est engagé à faire respecter sa souveraineté et son intégrité territoriale, à se défendre et à résister aux attaques russes, il n’empêche que tout revient aux capacités propres de l’Ukraine pour faire reculer la Russie, ce qui n’est pas acquit du tout.
 

 Une guerre qui s’enlise, la lassitude même est en train de gagner le peuple ukrainien, une armée en manque d’effectif ; les Ukrainiens qui fuient d’être enrôlé et ne sont pas convaincus de la justesse de cette guerre comme si elle leur était étrangère. Seul le président ukrainien Volodymyr Zelensky se démène, il est à toutes les conférences occidentales et internationales ; il continue à plaider pour l’octroi des armements et remet tout retard à l'avancée de guerre à la lenteur des armements qui ne viennent pas assez vite ; mais il ne peut évacuer la réalité.
 

 Les forces ukrainiennes, malgré le soutien massif occidental, ne sont pas de taille face à une puissance nucléaire mondiale, et qui n’est pas dans leurs capacités à lui faire la guerre ; sinon à faire traîner une guerre où l’armée russe n’est pas entièrement engagée comme cela s’est passé face à l’Allemagne nazie, entre 1941 et 1945.
 

 L’Ukraine n’est pas l’Afghanistan ; la guerre en Afghanistan face à l’URSS a duré 9 ans ; la guerre en Afghanistan face aux États-Unis et l’OTAN a duré près de 20 ans ; l’URSS comme les États-Unis et l’OTAN ont été forcés évacuer ce pays parce que le peuple afghan peu importe le temps vit dans la guerre et ne baissera jamais les armes ; le peuple afghan ne peut vivre sans son choix de vivre. Que des Talibans gouvernent le peuple afghan, peu importe, le peuple l’accepte, parce que ce sont des Afghans et font partie du peuple. Et c’est cette lutte contre des étrangers qui a mû le peuple tout entier dans la guerre, dusse-t-elle durer ce qu’elle doit durer jusqu’à la victoire.
 

 L’Ukraine, comparativement à l’Afghanistan, ne peut mener une guerre pendant huit ans, dix ans et plus ; son peuple n’a pas de conviction sur ses régions de l’est qui sont habités majoritairement par des populations d’origine russe, et se trouvant à la frontière de la Russie. On comprend pourquoi les Ukrainiens ne veulent pas s’enrôler dans l’armée ; ils ne veulent pas se sacrifier. Et surtout, ils ne peuvent retourner des populations entières des régions de Crimée et du Donbass qui ne veulent pas d’eux et qui ont choisi la Russie.
 

 Tant que la guerre est supportable avec l’aide occidentale, elle se poursuivra ; mais, passé un temps d’usure et de lassitude, lorsque le peuple ukrainien comme son armée qui est issue du peuple comprendra que la cause est vaine, que le sacrifice n’a pas de sens tant les peuples de Crimée et du Donbass rejettent cette Ukraine devenue leur ennemie, forcément, par lassitude, et probablement un événement imprévu comme cela s’est passé lors de la guerre de Corée, en 1953, avec la mort du président du Conseil des ministres de l’URSS, Joseph Staline, ou tout autre événement grave qui y influera, la guerre se terminera. Ce sera le peuple et l’armée qui obligeront le pouvoir central ukrainien à mettre fin à la guerre.
 

 Il reviendra au peuple ukrainien, à travers ses institutions, de choisir son propre avenir ; quant à l’Occident, il sera obligé d’accepter ; comme pour toutes les guerres passées, ce sera un échec de plus ; ce ne sera pas un cauchemar ; il n’aura pas à regretter son combat parce qu’il aura agi dans cette guerre pour sa pérennité, en tant qu’Occident qui a pesé longtemps sur le destin du monde.
 

 Mais l’histoire de l’humanité ne fait pas du surplace ; des pays de continents entiers ont été colonisés et, le temps a passé, puis est venue la décolonisation. Ceci simplement pour dire que les puissances ne connaissent pas leur destinée ; dans la destinée de tout peuple est inscrit l’« aspiration à tracer son chemin lui-même », en tant que peuple libre par « essence » ; s’il n’est pas libre, il doit alors lutter pour la liberté qui est la plus chère, et respectueuse vis-à-vis des autres peuples libres, il devient, par réciprocité, un autre peuple libre.
 

 Et, après l’Ukraine, l’Occident continuera à s’opposer aux autres puissances ; il cherchera à trouver d’autres voies pour imposer son hégémonie sur le monde, ce qui est dans son droit. La question est toujours la même : « Pourra-t-il arriver à ses fins ? » Realpolitik des décideurs occidentaux ou non d’arrêter la marche du monde, il reste cette question : « Quelle est la puissance qui accepterait d’être supplantée par une autre puissance sans rien opposer à ce déclin ? »
 

 Le monde est ainsi monté ; le combat, la lutte pour se préserver et préserver ses acquits relèvent de la nature humaine, d’essence universelle. Sans ces frictions interhumaines, le monde serait sans sens ; sauf que les puissances qui sont mortelles ne peuvent indéfiniment régenter le monde, sinon le monde serait aussi sans sens.

 

Medjdoub Hamed
Auteur et chercheur spécialisé en Economie mondiale
Relations internationales et Prospective

 


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16 réactions à cet article    


  • titi titi 7 juillet 00:47

    @L’auteur

    Vous relevez que si l’Ukraine avait l’arme nucléaire ce conflit n’aurait pas eu lieu.

    Or l’Ukraine était une puissance nucléaire.

    Et elle a cédé ses armes en l’échange de la promesse russe de garantie des frontières.

    Et la parole russe...

    Conclusion quand on a la bombe, on ne la lâche pas, surtout pas contre des promesses de paix, et c’est finalement la seule garantie de tranquillité.

    Ce qui veut dire que l’on va sans doute assister à une prolifération dans les années qui viennent.


    • Fantômas Fantômas 7 juillet 12:41

      @titi L’Ukraine n’a jamais été une puissance nucléaire, elle avait des armes nucléaires sur son territoire, mais la maintenance s’effectuait dans l’Oural, les codes étaient à Moscou, et les spécialistes sur place étaient russes (même après 1991).


    • Et hop ! Et hop ! 8 juillet 08:45

      @titi

      L’Ukraine n’était pas plus une puissance nucléaire que l’Espagne ou l’Italie, c’était des armes russes qui étaient stationnées sur son territoire, comme les bases de l’OTAN.

      C’est donc la Russie qui a enlevé d’Ukraine ses bases militaires du Pacte de Varsovie en échange de l’engagement que l’OTAN ne prendrait pas leur place.

      Cette promesse se trouve dans tous les compte-rendus des déclarations des diplomates américain, français, britannique et russe qui ont signé le traité à Moscou et dans la presse de l’époque. Voir l’interview récente de Roland Dumas qui était le ministre des affaires étrangères à cette époque.

      C’est bien l’OTAN qui a provoqué cette guerre causée par sa volonté d’installer des bases de missiles à 600 km de Moscou, ce que évidemment les Russes ne peuvent pas accepter. C’est comme si la Russie installait des bases de missiles à la frontière mexicaine sous prétexte que le Mexique est un État souverain qui a donné son accord.


    • titi titi 8 juillet 20:08

      @Et hop !

      "c’était des armes russes qui étaient stationnées sur son territoire

      "

      Totalement faux.

      C’étaient des armes soviétiques.
      Or l’Ukraine était une république soviétique.

      Ces armes étaient autant les siennes, que celles de russes, des baltes, des kazaks.


    • titi titi 8 juillet 20:40

      @Fantômas

      « les codes étaient à Moscou »

      La doctrine soviétique n’était pas la doctrine francaise.

      En particulier une différence était faite entre armes stratégiques et armes tactiques.

      Les armes nucléaires tactiques étaient considérées comme des armes comme les autres, dont la décision d’emploi relevait du corps d’armée : pas besoin de codes venus de Moscou.

      Bref : vous racontez n’importe quoi.

      Et 9 ignorants acquiecent.


    • Et hop ! Et hop ! 8 juillet 23:24

      @titi : «  Ces armes étaient autant les siennes, que celles de russes, des baltes, des kazaks. »

      Ben voyons, l’URSS était très décentralisée, c’est bien connu, c’était une grande Suisse. Donc selon vous les missiles soviétiques situés en République Socialiste Populaire du Kazakhstan étaient kazakhes et ceux au Tadjikustan étaient tadjikes, leurs chefs avaient les clefs et les codes des armes atomiques.

      Les missiles en Italie appartiennent à l’OTAN, et puiqsque l’Italie est membre de l’OTAN, c’est des missiles italiens, la clef et les codes sont déposés chez le concierge de la base. 


    • titi titi 10 juillet 00:03

      @Et hop !

      Le missile ICBM SS-18 a été conçu et fabriqué en Ukraine.
      D’ailleurs la Russie a continué à les faire maintenir par l’entreprise ukrainienne qui l’avait conçu après 1991.

      Après ce point de détail, qui au passage démontre que vous racontez n’importe quoi également sur ce sujet, j’aimerais bien que vous nous expliquiez votre vision de l’URSS.

      Expliquez nous SVP, ce qu’était l’URSS en particulier la signification du U ?

      Sous entendez-vous que la RSS d’Ukraine n’était pas l’égale de la RSS de Russie ?

      Alors si elle n’était pas l’égale, qu’était elle ?

      Développez SVP : c’est très interessant.


    • titi titi 10 juillet 00:07

      @Et hop !

      "avaient les clefs et les codes des armes atomique

      « 

      Si vous ne comprenez pas le terme »doctrine", je ne peux rien pour vous.


    • Robert GIL Robert GIL 7 juillet 08:14

      L’Ukraine a été utilisé par les USA, depuis 2004 avec la revolution de couleur, puis en 2014 avec le maiden. Outre le fait de vouloir affaiblir la russie, l’Ukraine possède des réserves substantielles de minéraux critiques et que ces minéraux rares sont indéniablement d’une grande importance


      • Samy Levrai Samy Levrai 7 juillet 12:40

        trop tard, la défaite est déjà actée. 


        • saint louis 7 juillet 20:09

          Si cet affrontement débouche sur une remise en question de l’hégémonie US sur le monde et l’effondrement de UE, ça sera une excellente chose.


          • chantecler chantecler 8 juillet 08:23

            @saint louis
            Cette soit disant hégémonie est à l’image de son président : totalement out, artificielle et surréaliste .
            Cependant je ne pense vraiment pas que Trump soit la solution .
            J’attends que les citoyens américains réagissent et mettent au sommet de l’état d’autres leaders, d’autres politiques qui imposeront aussi un changement de paradigme qui permettra aux peuples de souffler ..
            Et je pense que la Russie pourra les pousser dans ce sens .
            Plutôt que notre ruine et l’apocalypse ...


          • Et hop ! Et hop ! 8 juillet 08:57

            @chantecler

            Il ne peut pas y avoirs d’autres leaders qui changent de politque : comme en France l’accès aux candidature est sévèrement filtré, seuls les candidats pro-système peuvent faire une carrière politique, les autres ne sont pas soutenus, et même éliminés (dénociations calomnieuses, contrôles fiscaux, chantages, harcèllement judiciaire, assassinats).

            Trump est un bug dans le système de sélection, un candidats hors système qui est parvenu aux élections parce qu’il avait une autonomie financière (comme Le Pen avec la succession Lafarge) et une notoriété acquise par une émission de TV, c’est une horreur pour la classe dominante américaine qui se bat par tous les moyens pour essayer de l’éliminer, il a 500 chefs d’accusation.


          • roby roby 8 juillet 12:09

            Et que dire de Mr Hollande réélu alors qu’il était encore président de la Raie publique surpris en scooter la nuit allant rejoindre sa maîtresse alors que la France possédant l’arme nucléaire dit de dissuasion à un protocole a respecter pour pouvoir s’en servir en cas de besoin. A savoir https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT000006071307/LEGISCT A000006151857/ De ce que je sait le déclenchement ne peut être fait que par le Président de la République accompagné par mesure de sécurité par 2 officiers Supérieurs .


            • Krokodilo Krokodilo 8 juillet 17:27

              On est sur le déclin, et c’est là que nos dirigeants ont eu l’idée de nous priver du gaz russe pour acheter bien plus chez le GPL états-unien, leurs f-35 ratés, etc. Les USA font flèche de tout bois pour affaiblir voire démanteler la Russie : financer et soutenir le coup d’Etat du Maïdan (les USA et l’UE ont quand même aidé à renverser une démocratie !), sanctions, financement de « congrès » des ethnies russes, agitation passée en Géorgie, Ukraine, Moldavie avec la participation de GGluscksmann... Il n’y a pas de solution militaire à ce conflit, les vrais experts le savent et le disent, mais pas nos médias qui invitent des fanatiques pro-Otan comme Yakovleff ou N. Tenzer, qui reprennent point par point les volontés américaines. Le plus grand danger actuel pour l’Europe et nous autres, ce sont les USA et l’UE elle-même, notamment les ultra polonais et baltes, sans oublier Macron.


              • yakafokon 8 juillet 18:52

                Si ma tante en avait, on pourrait l’appeler mon oncle !

                Du temps de l’ U.R.S.S., l’Ukraine détenait bien 1.700 ogives nucléaires, mais elle s’en est séparé en 1993, pour les restituer à la Fédération de Russie qui en était la légitime propriétaire, en avait assuré la maintenance et qui seule connaissait les codes de mise à feu ! Ce qui reste à l’Ukraine, c’est un cimetière de 700.000 tombes, la corruption, les trafics en tous genres, y compris d’armes en tous genres !

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Hamed


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