France 2024, l’extrême-droite au pouvoir ?
Que se joue-t-il en ce moment ? Nous avons été embarqués il y a un moment déjà, contre notre volonté si on se réfère aux procédés politiques et électoraux utilisés, dans la marche difficilement mais heureusement résistible du néolibéralisme.
Oligarchie, le dessous des cartes.
Nous sommes en train de vivre l’aboutissement d’un processus entamé à la fin du siècle dernier. L’indépassable libéralisme économique, langue commune des médias nous parlant d’économie comme s’il n’y avait qu’une seule langue, censé réduire au minimum le rôle de l’état au profit de la liberté du marché, devant les conséquences économiques et sociales qu’il engendrait, a eu vite besoin d’un état fort et autoritaire. Mis à son service quoiqu’il arrive afin de mieux nous enfermer dans des institutions internationales, terrain de jeu sur mesure des meilleurs lobbys économiques, nous imposant des réformes décidées dans la meilleure opacité, loin des parlements nationaux, le parlement européen n’étant pas en réalité un véritable parlement.
Tout cela paraît-il pour mieux nous conduire vers la paix et une démocratie enfin sociale et ses subtilités si j’ai bien compris les messages d’un Jacques Delors et ses zélés continuateurs les Sarkozy, Hollande et Macron. Le résultat est édifiant. Nous n’avons plus de politique étrangère en dehors de l’OTAN et une guerre qui sans l’OTAN n’aurait pas eu de raison d’être. Avec néanmoins, témoignant de l’approfondissement démocratique en cours, un progrès d’intégration que tout le monde attendait. Ou non. Contents ou pas, surpris ou pas, nous avons droit, comme disent les spécialistes du marketting, à la mise en bouche pour lancer le produit. Nous avons enfin un nouveau vice-président exécutif de la Commission Européenne, Raffaele Fitto, chargé de la cohésion et des réformes et qui sera responsable du portefeuille de la politique de cohésion, du développement régional et des villes, qui appartient à l’extrême-droite (italienne). Sa biographie politique étant tellement éloquente qu’on pourrait croire à une caricature rédigée par un adversaire (1). Tandis qu’un autre vice-président du groupe Patriotes pour l’Europe dont Jordan Bardella est le président au Parlement Européen, Roberto Vanacci (2), qui lui est un général italien nostalgique de Mussolini. Certains commençent à se demander jusque dans ses rangs, ce que sont exactement en train de banaliser les promoteurs de cette "nouvelle" extrême-droite et ses amis et compagnons de routes et avec l'aide de qui.
Attention danger. Mode d’emploi en France.
Comme un cas d’école, voilà ce à quoi nous avons assisté et continuons d’assister depuis 2017.
1. Installer la norme de la concentration de la richesse comme moteur économique indépassable. Censée ruisseler sur le reste de la société en fonction de nos mérites bien sûr, le tout tempéré par une compassion affichée sous forme de rustines déguisées en politiques publiques.
2. User et abuser des institutions pour bloquer tout mouvement social et/ou politique en s’appuyant fermement sur les forces de justice et sécurité. Dans un contexte où l’essentiel des médias est aux mains d’oligarques. Là se jouant dorénavant le choix des tonalités, couleurs et directions des campagnes électorales sous un déluge de sondages (environ 600 pour la présidentielle de 22) avec la sous-exposition des uns et la surexposition des autres. Le service public de l’information étant solidement tenu en mains.
3. Liquider et disqualifier la gauche historique et citoyenne par tous les moyens tout en désignant comme opposant de référence l’extrême-droite. Essentiellement sur le flou de bases morales et sociétales et d’incompétences tout en cultivant de concert avec elle les rentes électoralistes de toutes les extrêmes-droites depuis qu’elles existent. La conformité économique de l’extrême-droite avec le néolibéralisme étant tenue sous les radars médiatiques, dont notamment les votes sans ambigüité de ses élus dans le champ économique. En distorsion et contradiction avec les éléments de langage de sa propagande, matière première des vagues successives de sondages. Commandées par des médias contrôlés par des milliardaires.Dis comme cela, nous avons l'impression que c'est exagéré.Et pourtant c'est la réalité dans laquelle nous vivons.
4. Collusion sans complexe, à rebours des engagements officiels de front républicain de près de la moitié des électorats LREM, LR et RN, quand il s’agit de contrer la NUPES puis le NFP.
5. Commencer à dire que l’extrême-droite actuelle n’est plus l’extrême-droite, que c’est le régime normal de la démocratie comme le montrent abondamment les sondages et que sa participation au pouvoir est requise. Puisqu’elle correspond aux 4 compétences pointées précédemment. Tout en donnant le change, comme on va à la messe de temps en temps, afin de ne pas trop déboussoler l'électorat, en lui faisant subir sporadiquement maintenant une condamnation morale sur quelques excès regrettables nous dit-on, comme une invite à faire amende honorable. La gauche authentique et ses électeurs, préposée au lynchage, a des soucis à se faire dans cette configuration.
Un magistral pied-de-nez aux citoyens et à nos institutions.
La réalité est que La gauche est actuellement sous-représentée à l’Assemblée grâce à des institutions obsolètes et au cynisme imbattable de ceux qui, en trahissant leur engagement pour un front républicain, sans complexe, au nez et à la barbe de leurs concitoyens, ont protégé d’un côté leurs mandats tout en en donnant leurs voix au RN quand la gauche allait le battre. La réalité est qu’un Macron, plus lucide et cohérent qu’on ne le croit dans sa mission de protéger avant tout l’oligarchie, a estimé devoir faire du RN, faute de mieux, le barrage qu’il ne peut plus tenir contre la poussée citoyenne de ceux, majoritaires, qui veulent sans plus attendre une république conjuguant la justice sociale avec la responsabilité démocratique partagée entre tous les citoyens demandant une démocratie en actes. Avec les moyens qui permettent de la faire vivre et de la défendre.
Nous avons droit à une propagande clownesque et hallucinante d’un RN qui espère encore et toujours, au culot, au bluff et à l’épate, se payer la tête de ses concitoyens en expliquant à son propre électorat avoir gagné les législatives au 1er tour alors qu’il s’agit d’un scrutin uninominal à deux tours. Qui prétend s’opposer à la macronie quand près de la moitié des électeurs de LREM et LR ont aidé à faire élire ses candidats par dizaines dès lors qu’ils étaient en difficulté devant un candidat NFP. En faisant semblant, dans un magistral pied-de-nez à leurs concitoyens et à nos institutions, comme ses compères. Le RN de condamner le front républicain et eux, de l’afficher pour le trahir au profit du RN quant cela les arrange tous les trois. Ce qui est normal et cohérent pour ces gens puisque les élus de ces trois formations ont toujours voté de concert ici et au parlement européen, quand il s’agissait de soutenir la politique économique attendue par les oligarques de la mondialisation heureuse. Mais chut, il ne faut pas le dire. Pas la peine d’aller vérifier. Ce n’est pas vrai.
Tout cela nous procurant quand même un bonus. Celui de mieux connaître la conception abracabrantesque de la démocratie du RN et de ses compères et de nous prévenir au cas où nous aurions l’imprudence de leur confier des responsabilités juste pour voir.
Il existe un programme d’alternance, arrivé en tête des élections.
Il y a des mots qui ont toujours hérissé certains politiques et hommes et femmes de médias, se considérant comme seuls responsables et acteurs valables de celle-ci.Je vous laisse deviner lesquels et qui, au-delà de ces acteurs, cela dérange et inquiète. Pour mémoire, il existe un programme d’alternance, arrivé en tête des élections malgré l’entourloupe et la collusion comme déjà aux législatives de 22.
Il existe un programme qui nous donne les moyens de remettre sur pied des fondements économiques sains et justes tout en marchant vers la démocratie dont nous avons décidément tant besoin. La trahison de 2005 ne pourra pas se reproduire sauf si nous nous laissons faire cette fois encore. En sachant que si cela arrivait, la désobéissance civile apparaîtrait alors comme une nécessité, un devoir et un honneur. Nous en sommes arrivés là. L’honneur, dopé par un sentiment de nécessité et de responsabilité, serait de démissionner. Ce chemin a été abandonné depuis longtemps. Trop d’actes ont montré la volonté de plier la démocratie quand elle dérange jusqu’à l’abus du pouvoir judicaire et sécuritaire contre les citoyens et les dirigeants politiques. En même temps, qui descendrait dans la rue pour défendre la collusion Macron Le Pen ? Quels justice et services d’ordre seraient mobilisés et jusqu’où ? Au nom de quelle légitimité ? Quelles fables de bons et méchants, quelles images destinées à nous faire peur et nous diviser pourraient nous présenter cette fois-ci les médias ? Cela commence à faire vraiment beaucoup à supporter. Qui peut prétendre les défendre ou s’en réclamer, ces citoyens et nos institutions, après avoir ainsi filouté ceux qui se sont déplacés en nombre en croyant faire valoir ainsi leur avis à l’abri des garanties qu’apporte une démocratie ?
Passons à la VIème république pour nous donner les chances d’apaiser notre société et de repartir du bon pied.Avec trois ingrédients indispensables, le respect mutuel, la justice sociale et la démocratie.
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