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« Déclaration d’engagement » et consensus entre les factions soudanaises

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Les parties en conflit au Soudan sont confrontées à des doutes importants quant à leur capacité à parvenir à un véritable accord pour résoudre la crise actuelle. Tout porte à croire que la division entre les adversaires, Burhan et Hemeti, est si profonde qu’il est difficile d’imaginer qu’ils puissent coopérer pour l’avenir du pays.

Les pourparlers privés visant à obtenir un cessez-le-feu, que certains considèrent comme un signe d’accord, indiquent en réalité une discorde substantielle, à mon avis. Les deux adversaires s’orientent vers un conflit ouvert, sans tenir compte des coûts potentiels en termes de pertes et de blessés, car chacun pense pouvoir vaincre militairement son adversaire et en sortir victorieux.

En outre, certains éléments indiquent que ce conflit implique des règlements de comptes et des vengeances, impliquant des éléments de l’ancien régime et d’autres parties impliquées dans la crise.

La catastrophe majeure au Soudan provient de la confusion entre le «  civil  » et le «  militaire ». L’armée soudanaise croit fermement que les forces de soutien rapide se cachent dans les quartiers résidentiels, ce qui l’amène à bombarder ces zones sur la base d’informations parfois trompeuses afin d’impliquer ces forces. En conséquence, le conflit se transforme en une forme de guerre urbaine dont les voies et les résultats sont imprévisibles.

Le récent accord signé au Royaume d’Arabie Saoudite, qui s’engage à respecter les règles d’engagement humanitaire, ne constitue pas un cessez-le-feu, selon les déclarations américaines.

Les parties s’engagent à protéger systématiquement les civils et à leur permettre de quitter les zones de conflit en toute sécurité. Elles affirment l’interdiction d’utiliser des boucliers humains et conviennent de ne pas prendre pour cible, à des fins militaires, les installations publiques et privées, telles que les hôpitaux et les installations de distribution d’eau et d’électricité.

L’accord garantit également l’acheminement de l’aide humanitaire aux personnes touchées dans tout le pays et la non-ingérence dans le travail des organisations humanitaires. En soi, il s’agit d’une avancée significative en ce qui concerne l’aspect humanitaire de la crise.

Cependant, le dilemme de cet accord, ou de la «  déclaration d’engagement  » comme l’a nommée le département d’État américain dans sa déclaration, réside dans les mécanismes de contrôle de la mise en œuvre de l’accord et, plus important encore, dans la garantie de son application et la détermination de la responsabilité de l’une ou l’autre partie en cas de violation ou d’infraction.

Il est difficile de déterminer la responsabilité de l’une ou l’autre des parties, compte tenu des accusations mutuelles lancées depuis le début de la crise concernant les violations des droits de l’homme et les transgressions humanitaires.

L’aspect positif est que l’accord représente un pas en avant vers la conclusion d’un accord de cessez-le-feu. Les médiateurs saoudien et américain prennent en compte la nature du conflit et poursuivent une approche graduelle qui pourrait éventuellement conduire à une cessation permanente des combats en renforçant la confiance, qui fait actuellement défaut entre les deux parties.

Par ailleurs, l’accord offre une lueur d’espoir pour éviter une famine potentielle dans un contexte de rupture d’approvisionnement et d’épuisement des réserves. Le Programme alimentaire mondial des Nations unies met en garde contre une crise de la faim qui pourrait toucher environ 19 millions de Soudanais.

L’importance de l’accord est d’autant plus grande qu’il s’agit de la dernière lueur d’espoir après l’échec de toutes les initiatives régionales arabes et africaines visant à contenir la crise.

Comme nous l’avons déjà mentionné, le conflit soudanais présente un dilemme entremêlé de complications régionales et internationales et d’une animosité personnelle profondément ancrée entre les deux généraux. Le général Burhan a ouvertement reconnu cette animosité, affirmant que la crise avec les rebelles des forces de soutien rapide a une longue histoire, Mohamed Hamdan Dagalo et son frère Abdelrahman cherchant à dominer par la force l’ensemble du Soudan. Les deux généraux croient fermement en leurs capacités militaires à mener une action décisive, même s’il est peu probable qu’ils parviennent à résoudre définitivement et fondamentalement un conflit militaire aussi asymétrique.

Sur la base des données de terrain actuelles, il est difficile de prédire les trajectoires de la crise soudanaise. Des millions de personnes restent piégées dans leurs maisons, attendant avec impatience la fin des combats. Si la situation actuelle persiste, nombre d’entre eux seront contraints de fuir comme leurs prédécesseurs ou de s’impliquer directement ou indirectement dans le conflit.

La situation pourrait dégénérer en conflits régionaux ou entre factions, car les expériences passées montrent que les civils sont contraints de prendre les armes pour se défendre ou de participer à des batailles, pour des motifs politiques ou idéologiques, ou même pour des raisons de sécurité financière.

L’espoir est que la crise soudanaise s’écarte du cours des crises en cours dans les pays arabes et africains, et que les efforts politiques parviennent à désamorcer le conflit. Bien que les perspectives de réussite des efforts de médiation soient limitées en raison de l’absence ou du manque de confiance entre les parties concernées, elles restent viables tant que le cercle des médiateurs et des partenaires régionaux et internationaux s’élargit. Cet élargissement est essentiel pour aborder de manière réaliste les racines, les causes et les motifs du conflit, faciliter des discussions et des accords significatifs qui empêchent la répétition de situations observées dans d’autres crises, telles que la Libye et la Syrie.

Il est essentiel d’impliquer toutes les parties et de ne pas en exclure d’autres pour éviter que les crises ne s’éternisent et ne compromettent l’efficacité des accords conclus. Cela est particulièrement vrai si l’on considère les circonstances historiques et actuelles des crises soudanaises, qui englobent les aspects sécuritaires, militaires, économiques, politiques et les moyens de subsistance.


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