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Accueil du site > Tribune Libre > Cancel Chronickel : Muriel Robin et la culture de l’annulation

Cancel Chronickel : Muriel Robin et la culture de l’annulation

La comédienne et humoriste a demandé aux chaînes de télévision de ne plus diffuser d’œuvre à laquelle elle a collaboré avec Pierre Palmade.

 

Irréparable

En janvier 2022 elle déclarait :

« J’ai vraiment envie de le prendre dans mes bras. Je l’aime, c’est tout ce que [je peux dire]. Ça, il le sait. »

Et tout récemment : « Il y a ce que je sais, que j’ai vu, que j’ai entendu, et qui n’est pas du tout en la faveur de Pierre Palmade. (…) Je ne suis plus son amie. »

On ne sait pas ce qui se passe à l’intérieur des gens et je ne juge pas cette décision. Je pense à la douleur de rompre une amitié, pour les deux anciens partenaires en divertissement.

Que ferais-je à sa place ? Conserverais-je mon amitié ? Je n’en sais rien. Je ne m’aventurerai donc pas dans de grandes déclarations respectables et ô combien nobles, très à la mode ces temps.

Mais j’ose espérer que je garderais cela dans ma sphère privée, avec quelques rares proches, et que je ne succomberais pas en public. Les télés vous aspirent comme des vampires, il semble si gratifiant d’y ouvrir ses tripes, d’y flinguer sans vergogne.

Pierre Palmade a causé un mal irréparable. Il l’a fait sans lucidité et sans excuse, comme beaucoup d’autres sous l’emprise de l’alcool, de la colère, de la folie. Je ne juge pas sa vie, elle ne m’attire pas ni ne me repousse. Ce n’est pas ma vie, cela ne le sera pas, c’est tout.

 

 

robin-02.jpg

Sacrifice

Il a brisé des vies, brisé la sienne, il aura probablement une lourde sanction. Alors je ne comprends pas l’utilité de cette déclaration publique, impudique, insinuant des choses que nous ignorons. Elle est parfois donneuse de leçons, Muriel Robin.

Je suis gêné. Qu’avons-nous besoin de cette charge supplémentaire ? Il est à terre et personne ne cherche à l’excuser, alors faut-il à ce point l’exclure ? L’effacer ? Le dernier des parias n’aurait-il pas aussi, un jour, besoin d’une amie ?

Ensuite comment comprendre cette démarche ? Demande-telle aux chaînes de ne plus diffuser ces œuvres de par un droit juridique, ou est-ce à bien plaire de par un droit moral supposé ?

Je vois quatre points en filigrane derrière cette annonce. D’une part elle punit Pierre Palmade, dont les droits d’auteurs sont actuellement son seul revenu.

D’autre part, si c’est un éventuel droit moral, cela veut dire que madame Robin essaie de dicter aux chaînes leur politique. C’est désagréable.

En troisième lieu elle s’efface elle-même, ainsi que les équipes de tournage. Son sacrifice ne me paraît ni utile ni raisonnable. À moins qu’elle ne veuille que protéger sa propre image.

Michèle Laroque a elle aussi effacé les photos avec PP sur son compte Instagram.

 

 

robin.jpg

Trahison

Enfin je trouve très sinistre cette cancel culture, la culture de l’exclusion, de l’effacement, de l’annulation, aux nauséeux relents de régimes passés, où l’on ne peut plus parler d’une personne avec laquelle nous avons connu le succès, et partagé des bonheurs j’imagine.

Soudain nous faisons comme si tout cela n’existait plus, cognés par des vents sombres où l’amour se casse les os. Nous naviguons sans carte cachés derrière les embruns jouissifs des sunlights.

Et l’autre, qui a tant déçu et même pire, est envoyé dans un bagne virtuel. Plus rien ne résiste à sa faute, pas même l’amitié. Évidemment il a profondément déçu Muriel Robin, évidemment elle est en colère. Déception et colère : je peux la comprendre. Mais au fond, ne s’en veut-elle pas à elle-même de n’avoir pas pu « sauver » Pierre Palmade ?

Je peux me tromper et ses choix lui appartiennent. Tout cela est trop triste et terrible pour en avoir une vision détachée.

Terrible. Terrible.

Terrible aussi la fascination pour la marche vers la mort sociale de ceux que nous avons porté aux nues. Terribles nos reniements.

Terribles les trahisons réelles ou ressenties et tout ce qu’elles détachent, arrachent dans nos cœurs lacérés. Il n’y a pas la place à l’intérieur pour faire la part des choses, on ne peut plus l’aimer sans serrement, parce que le sang, la tôle froissée et le verre éparpillé se superposent à l’amour.

 


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18 réactions à cet article    


  • jymb 13 février 15:24

    Bien vu

    Une seule attitude prévaut hurler avec les loups pour ne pas perdre sa place dans les médias, les festivals, les plateaux télé, les financements ...

    Un mot exhumé d’archives anciennes et c’est le pilori immédiat, l’exclusion, l’effacement éternel 

    Oui celà rappelle les photos de l’époque stalinienne où en fonction des disgrâces, un peintre retouchait et faisait disparaître les personnes 

    Mais aussi la Chine actuelle où une sportive peut s’évaporer après un mot qui déplaît 

    Que l’on se souvienne de la pseudo affaire Matzneff où des chevaliers blancs de la 25 ème heure ont pourfendus des bouquins publiés avant leur naissance, disponibles depuis des décennies dans les présentoirs des livres de poche, et qu’ils n’avaient jamais ouvert jusque là ( je pense d’ailleurs qu’ils ne les ont pas lu pour autant, l’inculture crasse n’interdisant pas de se vautrer sur les plateaux télé ! )

    il suffit de faire semblant de s’indigner en se drapant dans une vertu outragée et surtout écraser de son mépris tout interlocuteur faisant valoir une position simplement équilibrée et remis dans un contexte ( sociologique, d’époque etc ) 


    • Gégène Gégène 13 février 16:09

      Je suis quelqu’un de bien, MOI !

      tout le monde doit le savoir,

      et personne ne doit en douter !!!


      • Clocel Clocel 13 février 16:33

        La donna è mobile.

        D’autant plus quand c’est un ersatz de « donna »... 


        • tashrin 13 février 16:43

          À moins qu’elle ne veuille que protéger sa propre image.

          Oui c’est ca. Et c’est humain aussi

          Ensuite comment comprendre cette démarche ? Demande-telle aux chaînes de ne plus diffuser ces œuvres de par un droit juridique, ou est-ce à bien plaire de par un droit moral supposé ?

          Les deux. Le droit d’auteur comporte une partie patrimoniale (les sous) ET un droit moral (signature, non dénaturation, etc...)

          Perso je prends pas partie, m’en fous. Ca me regarde pas. Mais à la limite je prefere l’attitude de Robin qui perd volontairement des thunes pour ne pas cautionner ou donner l’impression de le faire une action qu’elle estime indéfendable (et c’est son droit), plutot que l’attitude de la presse à scandales, ou des ecrivaillons d’Avox qui utilisent la meme ficelle pour faire des vues (ca ne vous est pas adressé l’auteur)


          • Seth 14 février 12:49

            @tashrin

            Elle aurait mieux fait de fermer son claque-merde dès le début. Hors des lecteurs de france dimanche, le monde entier se fout de son amitié ou inimitié avec Palmade ça n’a aucune importance. Ses déclarations sont sans intérêt.

            Mais bon, faut la comprendre, c’est une ex des 90...


          • tashrin 15 février 12:53

            @Seth
            Elle aurait mieux fait de fermer son claque-merde

            Comme tous les gens qui parlent d’un fait divers, connus ou pas
            D’une manière generale, le milieu artistique devrait eviter la prise de position politique dans l’espace public


          • ZenZoe ZenZoe 13 février 17:42

            A vrai dire, personne ne l’a obligée à dire quoi que ce soit, et personne ne l’aurait ’’cancellée’’ si elle n’avait rien dit. Quelquefois, le silence est d’or et, par les temps qui courent, attire infiniment plus de considération que le fait de l’ouvrir à tort et à travers.

            Elle part en sucette Mme Robin. D’après elle, elle a été bridée dans sa carrière parce qu’elle est homosexuelle. Si elle le dit....

            Je l’aimais bien avant, avec ses sketches vraiment marrants, Félix, Noël etc... mais ça, c’était avant...


            • Seth 14 février 12:52

              @ZenZoe

              Elle part en sucette Mme Robin. D’après elle, elle a été bridée dans sa carrière parce qu’elle est homosexuelle. Si elle le dit....

              J’ai également beaucoup de doute là dessus. Se victimiser est peut être une façon comme une autre de se refaire une cerise parce qu’elle un peu out, et en plus elle s’étale partout avec sa copine.


            • pasglop 13 février 19:35

              Y a t-il quelque chose à comprendre, à part vendre du papier et de l’attention ?

              La prise de bec entre Mme Michu et son charcutier dans le Bouchonnois fera t-elle la une de Paris Match ?


              • Seth 14 février 12:53

                @pasglop

                Faut se mettre à la page : on dit plus mame Michu, on dit mossieu Béchu maintenant. smiley


              • pasglop 14 février 19:50

                @Seth
                Ah, au temps pour moi, parfois j’ai du mal à suivre...


              • zygzornifle zygzornifle 14 février 09:51

                Ha elle a retourné sa veste comme le font de nombreux politiques.

                Je suis triste quand il arrive ce genre d’accident mais j’évite de condamner car personne n’est a l’abris de faire une connerie dans un moment d’oubli même si elle est monumentale ....

                Une famille et un humorise détruit, dommage que l’on ne puisse revenir en arrière ....


                • mmbbb 14 février 09:54

                  Le justice est clémente , il est dehors !

                  Effet Badinter !


                  • Doume65 14 février 12:30

                    « Enfin je trouve très sinistre cette cancel culture, la culture de l’exclusion, de l’effacement, de l’annulation »

                    Dans un monde orwellien comme celui dans lequel on vit, cela est tout à fait normal  smiley


                    • Seth 14 février 13:01

                      @Doume65

                      Je voudrais pas être méchant, mais un monde orwellien du réel est un monde dans lequel des ci-devant gauchistes entrés dans la bien pensance vont dénoncer leurs ex-semblables aux Renseignement de leur pays et griffonnent ensuit des trucs supposés mûrement réfléchis et qui se vendent bien.

                      Ne le prenez pas mal mais je ne suis pas un admirateur d’Orwell. smiley


                    • Doume65 14 février 18:48

                      @Seth
                      Puisque ce n’est pas évident pour tout le monde, je fais référence au travail du personnage principal du livre (1984) dont le travail est, avec des milliers d’autres, de réviser tous les écrits du passé pour les faire correspondre à la pensée du jour. Il est aussi question, dans ce monde Orwellien, de la « minute de la haine ». C’est exactement ce que traduit « la culture de l’exclusion, de l’effacement, de l’annulation ».


                    • Seth 14 février 20:43

                      @Doume65

                      Merci mais je parlais HS. J’avais bien compris votre propos.


                    • ETTORE ETTORE 14 février 15:15

                      Bof, 

                      On as bien enlevé la clope à Luky luke pour y mettre un brin de paille à la place

                      et sa clope dans le museau de Jolly jumper....

                      Et voyez vous, tout cela vient de « Morris », et qui ne s’appelait pas « Philip ».

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