17 Novembre : Entre démocratie et « idiocratie »
Le 17 Novembre en France, avec gilets jaunes de rigueur, ce sera un rassemblement très hétérogène regroupant des climatosceptiques, des néo-poujadistes, des populistes de l'extrême gauche à l'extrême droite et politiciens en manque de publicité.
Ils seront unis « tous ensemble » pour réclamer la baisse des taxes sur les carburants, afin pouvoir rouler plus et moins cher, polluer davantage et « décéder » encore toujours plus nombreux des maladies respiratoires ( en 2017 plus de 45 000 morts en France). Avec celles et ceux qui iront avec leur grosse berlines ou 4X4 diesel, quand d'autres plus modestes les accompagneront dans leurs anciennes voitures encore plus énergivores et polluantes, bienvenue pour une journée en « idiocratie » !…
Que le Président de la République avec le Gouvernement ait commis des erreurs de politique sociétale accentuées par des choix plus que douteux en matière de communication, c'est certain, il le reconnaît lui-même. Mais encore faudrait-il corriger la trajectoire…
Concernant le 17 Novembre, il est toutefois une réalité cinglante, car s'il y a un problème il n'est pas dans le prix des carburants et des taxes, mais il est plus global avec la problématique démographique et sa répartition territoriale. Avec les déséquilibres croissants entre une densification urbaine qui conduit plus de 80% de la population Européenne à vivre en ville et plus de 90 % de la population Française dépendant de la ville, alors que le reste des territoires est parfois délaissé, y compris en zone rurale à la périphérie des grandes villes, notamment à cause des problèmes de mobilités, mais aussi énergétiques et économiques ...Sans oublier la fiscalité locale qui impacte les foyers fiscaux autrement plus que le prix de l'essence...
Par ailleurs, quand on voit, de ci, de là fleurir les slogans qui « orneront » les gilets jaunes coiffés parfois de bonnets rouges, en particulier des transporteurs routiers, il faudrait leur rappeler deux choses :
NON la France ne croule pas sous les taxes concernant le transport routier
La plupart des pays de l’UE perçoivent des droits d’usage auprès des transporteurs routiers pour l’utilisation de leur infrastructure de transport, notamment les routes. Par une directive de 1999, adoptée avec le vote de la France, l’UE a introduit l'Eurovignette afin de recouvrer les coûts de construction, d’entretien, de réparation et de protection de l’environnement, ainsi que d’assurer une concurrence loyale et d’éviter la discrimination. Ce dispositif est également destiné à participer au financement de l’entretien du réseau routier et du développement du rail, tout en réduisant la pollution de l’air. Il est déjà présent dans une quinzaine de pays d’Europe, parfois depuis le début des années 2000. Sous des formes différentes et avec un succès notable.
La Suisse, pionnière pour l'écotaxe en 2001. Ensuite, l’Autriche et l’Allemagne, dans la roue de la Suisse, en 2004 et 2005. A partir des années 2011, 2012 et 2014,Slovaquie, Pologne, République thèque, Portugal et Grande-Bretagne appliquent aussi l’écotaxe.
Danemark, Luxembourg, Pays-Bas et Suède ont choisi la formule dite : l’Eurovignette. Il serait donc tout à fait normal que la France respecte sa signature Européenne de 1999 et ne cède pas à des opportunismes de circonstance, comme ce fut le cas avec Mme Ségolène ROYAL..
NON le prix moyen des carburants en France n'est pas et de loin le plus élevé en Europe
Quelques exemples au 12 /11/ 2018, prix d'un litre en euros :
Norvège : 1,718 essence sp 95 - 1,691 diesel – GPL ?
Italie : 1,656 sp 95 - 1,567 diesel - 0,717 GPL
Pays-Bas : 1,629 sp 95 - 1,408 diesel - 0,735 GPL
Islande : 1,629 sp 95 - 1,638 diesel - GPL ?
Grèce : 1,620 sp 95 - 1,461 diesel - 0,850 GPL
Danemark : 1,550 sp 95 - 1,461 diesel - Gpl ?
Finlande : 1,550 sp 95 - 1,505 diesel - GPL ?
Portugal : 1,532 sp 95 - 1,408 diesel - 0,682 GPL
Irlande : 1,505 sp 95 - 1,399 diesel – GPL ?
Grand-Bretagne : 1,488 sp 95 - 1,576 diesel - 0,682 GPL
France : 1,488 sp 95 - 1,496 diesel - 0,859 GPL
Avant d'aller faire des pitreries et de répéter inlassablement les mêmes complaintes telles que : « on n'en peut plus de payer, on nous taxe de partout , y en a mare... » les gilets jaunes, du moins pour les responsables politiques qui les manipulent et qui se joindront à eux, ils devraient avoir à l'esprit cette citation de BERGSON :
« l'animal s'en repose sur l'instant comme le saint sur l'éternité » Mais Il est vrai que pour le 17 Novembre, ils ont oublié l'éternité que ne ne retenir que l'instant…
Entre consommation de pétrole, denrée de plus en plus rare et donc plus chère, pollutions et croissance démographique l'impossible équation
En l'an 1000, la population atteignait 310 millions d'habitants
En 1500, la population atteignait 425 millions d'habitants
En 1815, la population atteignait 1 milliard d'habitants et jusqu’à cette date la population augmente au plus de 4 millions d'habitants par an. (Forte mortalité infantile + espérance de vie inférieure à 40 ans). On peut toutefois noter que les guerres et les pandémies n'ont eu que peu d'effets négatifs sur la croissance démographique globale.
En 1850 (première révolution industrielle) la population mondiale est 1,26 milliards d’habitants, en 1900 1, 65 milliard. En 1927 2,00 milliards, en 1960 3,00 milliards, en 1974 4,00 milliards, en 1987 5,00 milliards, en 2011 7,00 milliards.
Au cours des quarante dernières années, la population de la planète a presque doublé, tandis que l'on enregistre une diminution de 58% de la population d’animaux sauvages et parallèlement, selon B. SUNDQUIST de l’université du Minesota, à l'échelle du globe, les pertes de surfaces arables sont estimées en moyenne à 100 000 km2 par an. Autrement dit, en quarante c’est la superficie des 28 pays de l'Union Européenne. Au cours des dix dernières années (2008 -2018) la population de la planète a augmenté d’un milliard d’habitants, quand il a fallu plusieurs millénaires pour atteindre ce chiffre.
Concernant la consommation de pétrole par habitant en barils/jour et ses rejets en gaz à effet de serre (GES).
il faut savoir que d’un baril de pétrole (= 159 litres de pétroles) on extrait 72 litres d’essence et 34 litres de carburant diesel. La masse volumique de l'essence est de 0.74 kg/l et que 1 gramme d'essence brûlé rejette 3.09 grammes de CO2, il vient : 0.74 x 3.09 = 2.28 kg de CO2 par litre d'essence brûlé. La masse volumique du gaz-oïl est de 0.85 kg/l et 1 gramme de diesel brûlé rejette 3.16 grammes de CO2, il vient : 0.85 x 3,16 =2.67 kg de CO2 par litre de diesel brûlé.
En 2014, si l’on considère la Consommation de pétrole par habitant en Barils/jour par 1000 habitants nous obtenons par exemple : pour la France 28,36 (soit : 2042 litres d’essence + 964 litres de diesel et 7,1 tonnes de CO2) Allemagne 30,69 (soit :2209 litres d’essence +1043 litres diesel et 7,7 tonnes de CO2) - Italie 24,97 (soit :1798 litres d’essence+ 849 litres de diesel et 4 tonnes de CO2) - USA 61,02 (soit :4393 litres d’essence +2074litres de diesel et 15,5 tonnes de CO2) - Japon 34,95 (soit :2516 litres d’essence+1188 litres de diesel et 6,9 tonnes de CO2) – Inde 2,64 (soit :190 litres d’essence+ 90 litres de diesel et 672 kg de CO2 ) - Chine 7,00 (soit :504 litres d’essence+238 litres de diesel et 1387 kg de CO2) - Mali 0,39 (soit : 28 litres d’essence+13 litres de diesel et 99 kg de CO2) – Niger 0,37 (soit : 26 litres d’essence +12 litres de diesel et 92 kg de CO2) – Burundi 0,28 (soit 20 litres d’essence +9,5 litres de diesel et 71 kg de CO2) -Tchad et République du Congo 0,18 (soit 13 litres d’essence +6 litres de diesel et 46 kg de CO2). Pour en savoir plus de la consommation barils/jour de pétrole des autres pays (http://www.indexmundi.com/g/r.aspx?v=91000&l=fr)
Quand on sait également, par exemple, qu’un Français va consommer en moyenne 101 kg d’aliments par an pour en jeter 20kg (21%), une dizaine d’automobiles au cours de sa vie adulte avec lesquelles il va parcourir en moyenne 12 000 km/an et consommer 840 litres de carburant (7 litres au 100 km) soit 50 400 litres au cours de sa vie, dont la durée moyenne est de 80 ans pour les hommes et 85 ans pour les femmes. Je passe sur les besoins pour l’habitat, les loisirs, l’habillement etc. Imaginons ce qu’il adviendrait en quelques jours si 10 milliards d’individus pouvaient adopter ce mode de vie…
Les gilets jaune et les responsables politiques qui les instrumentalisent devraient savoir qu'un carburant plus cher peut être une source d'économie.
Quand on observe les véhicules récents, ou plus anciens en circulation, il y a énormément de gros modèle (SUV, grosses berlines, 4X4). Malgré les efforts fait pour améliorer les moteurs et réduire la consommation, il est évident que ce type de véhicule est toujours plus énergivore qu'une cylindrée moindre. Or plus l'essence sera chère, les revenus n'étant pas extensibles, on devrait avoir plus tendance à acheter des véhicules moindres, moins onéreux à l'achat, mais aussi pour l'assurance, l'entretien et la consommation...Bilan on ferait des économies. A lire : https://www.alternatives-economiques.fr/denis-clerc/carburants-plus-chers-une-source-deconomies/00086938 ? fbclid=IwAR32K0ObL8ZOoJpiBFHNWYXLyIbmZBHmk9WNSrL0z0Z88s3QtpqX5izm09o
Le pétrole, comme toutes les énergies fossiles n'est pas intarissable. le pic de HUBBERT du nom du géophysicien Marion King HUBERT qui énonce que toute ressource finie connaît un début, un milieu et une fin d’exploitation et que cette ressource atteindra tôt ou tard un niveau de production maximal qui marquera le début de son déclin. C'est entrain de se produire pour le pétrole. Le pic d’exploitation atteint et dépassé, le pétrole devient plus difficile et plus coûteux à extraire. Il devient donc plus rare. Le pétrole étant devenu le sang de l’économie mondiale, il est aisé de se figurer la crise cardiaque qui résultera de sa raréfaction et de sa disparition.
Sachant que toutes les énergies, y compris celles dites « renouvelables », ont besoin de pétrole. Un pétrole toujours plus cher contraindra à des économies drastiques de son utilisation pour le plus grand bien de la planète et devra forcément s'accompagner d'une décroissance démographique, dont il serait souhaitable qu'elle fut choisie et équitable, plutôt qu'imposée par la coercition…
Pour conclure
Plutôt que de verser des sommes importantes pour encourager sans distinction de modèle l'achat d'une voiture plus récente, y compris diesel d'occasion, l’État devrait encourager par le biais d'une TVA plus faible l'achat de véhicules plus petits et moins énergivores donc moins polluants et compenser son manque à gagner par une taxe gabarit à l'achat pour les très gros véhicules. Il est évident que les gilets jaunes n'apprécieraient guère...
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