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Robin Guilloux Robin Guilloux 6 février 2023 20:33

@Laconique

Je ne pense pas que Tresmontant pensait à la morale du devoir de Kant ou à l’utilitarisme de Stuart Mill. Il pensait à quelque chose de plus simple, de plus terre à terre qui sont les normes élémentaires qui font tenir debout une société, qui l’empêchent de se déliter, qui lui permettent de survivre.
Je suis d’accord pour constater que les interdits moraux sont relatifs, donc sociologiquement déterminés, mais je ne connais aucune société qui ait duré dans le temps où le meurtre au sein de la communauté (je dis bien au sein de la communauté, je ne parle pas des guerres qui sont ponctuelles et limitées) ait été prescrit.
Une telle société est voué à disparaître à terme ; c’est pourquoi, il y a des interdits dans toutes les sociétés quelles qu’elles soient (y compris les sociétés premières où ces interdits sont particulièrement contraignants). 
Nous avons l’idée que ces interdits sont relatifs, voire arbitraires, qu’ils varient d’une culture à l’autre, parce que nous vivons dans des sociétés de tolérance (relative) ou le châtiment est proportionné à la faute, ce qui n’est pas le cas partout et parce que notre culte de la liberté nous empêche de comprendre la fonction des interdits, comme en témoigne le slogan de Mai 68 : « il est interdit d’interdire ».
Les sociétés premières (il n’en reste plus beaucoup comme Claude Lévy-Strauss le déplorait) peuvent autoriser les guerres ponctuelles, mais pas la violence généralisée (le cycle de la vengeance) qu’elles s’efforcent de limiter à tout prix. Que ces sociétés sacralisent les interdits, c’est un fait. Mais les interdits (les rituels et les sacrifices qui sont eux aussi destinés à limiter la violence mimétique) ne viennent pas des dieux, mais des hommes, d’une expérience effrayante de la contagion de la violence mimétique qui s’est produite encore récemment au Ruanda et que nous avons oubliée dans nos sociétés dotées d’un Etat de Droit et d’un solide système judiciaire. 
J’ai essayé de rendre compte de la pensée de Tresmontant qui est fortement influencée par celle de Thomas d’Aquin et donc d’Aristote.
Pour Tresmontant, la morale n’est que l’ensemble des règles de bon sens qui permettent aux personnes vivant en société de survivre.
Si vous faites de la morale une suite d’interdits arbitraires imposés par Dieu, vous pervertissez l’essence même de la religion et de la morale. Tresmontant explique que cette vision de Dieu alimente l’athéisme moderne avec son mythe de la transgression libératrice.
C’est pourquoi il parle de « morale naturelle », expression discutable, je vous le concède. Il faudrait plutôt parler de morale commune (au sens où Orwell parle de common decency).


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