Bonjour Rosemar ,

 le titre , « comment propager l’ignorance ? » qui sans doute n’a pas été choisi par hasard suscite une remarque de ma part pour couper court dès maintenant à des thèses déjà évoquées d’un grand complot , à géométrie variable , qui verraient des mains malveillantes à l’oeuvre pour poursuivre l’ objectif titre de votre article .
 pour cela il faudrait une complicité objective d’une majorité d’enseignants , soudoyés pour ce faire ce qui me semble totalement improbable .

vous faites un constat inquiétant mais lucide , déjà établi depuis des années et qui de réforme en réforme , de choix de méthode à changement d’approche pédagogique , ne fait que se confirmer au détriment d’une proportion non négligeable d’élèves qui effectivement sortent du parcours scolaire obligatoire (jusqu’à 16 ans ) sans avoir la maîtrise du Français (oral , lu et écrit ) qui leur permettrait de poursuivre (pour ceux qui le souhaitent ) leur parcours de formation , quelle qu’en soit la forme , la durée et l’orientation généraliste ou professionnelle .

 dans votre article vous faites mention du mot qui fâche (à peu près tout le monde) : réforme .

 il y en a eu de grandes , des moyennes, des petites , en nombre incalculable , toutes ayant l’ambition sincère , je n’en doute pas d’améliorer une situation qui semble incontrôlable et semble au mieux se stabiliser , au pire s’aggraver encore plus en laissant toujours plus de jeunes au bord du chemin .ce sont eux que pendant des années j’ai accueillis dans des formations longues de lutte contre l’illettrisme pour tenter de « réparer » des éléments (pourtant très clairs le plus souvent ) qui faisaient cruellement défaut à ces jeunes pour leur permettre de s’approprier les savoirs qui leur avaient été proposés jusqu’alors . 

je ne peux m’empêcher ici de répéter l’importance de la Médecine Scolaire qui aurait pu , si elle avait été sollicitée en temps et en heure , détecter des problèmes que nous repérions par une simple visite médicale gratuite(et obligatoire ) que nous avions instituée dès l’accueil en stage .

 pourquoi aucune réforme ne parvient à conjurer cette incompréhensible défaillance du système scolaire français alors que de président en président , de ministre en ministre , tous proclament que leurs priorités ce sont les Jeunes et l’Education et que les budgets seront au rendez vous pour attester de leur engagement ?

 je me pose la question suivante : qui sont ceux qui élaborent les contenus de ces Réformes ?

 hypothèses : des pédagogues , des psychopédagogues , des sociologues , des enseignants d’Universités , en primaire , en collège , en lycée tous ayant en partage une longue expérience dans leur spécialité respective , encore en situation professionnelle (ou pas) , et des éditeurs tout aussi spécialisés chargés de la présentation la plus agréable de manuels scolaires ou de logiciels informatiques facilement utilisables par le plus grand nombre .

 j’ai l’impression que dans cet aréopage les futurs enseignants ne soient tenus à l’écart : je parle ici de ceux qui sont encore sur les bancs de leur structure de formation eux mêmes , qui ont donc normalement en mémoire les difficultés éventuelles qu’ils ont eues à assimiler les notions qu’ils auraient très prochainement à transmettre à leurs élèves (ou apprenants) .

 je me pose cette question simple (et que certains trouveront peut être stupide ) en pensant à ma façon de procéder en matière médicale : quand un jeune médecin s’installe , je fais toujours le choix de me fier à lui et de le préférer à un confrère installé depuis longtemps .

la raison ? : les jeunes installés sont en général plus « attentifs » et vigilants dans leur approche du patient , ne serait que pour se constituer leur patientèle .

 que dans ces structures d’élaboration des programmes constitutifs de ce que prévoit une énième réforme , les tout jeunes futurs enseignants soient tenus à l’écart (comme cela me semble être le cas ) me semble être préjudiciable .

dans n’importe quel secteur professionnel les habitudes installées existent , dans celui de l’enseignement comme dans d’autres , à la seule différence que les résultats sont ici différés et ne sont évaluables que bien longtemps plus tard (et souvent trop tard) .

je ne crois pas à une volonté délibérée de propager l’ignorance comme le suggèrerait le titre mais peut être est il possible de prendre le problème des réformes en intégrant dès leur conception ceux qui seront en charge de les mettre en oeuvre auprès de publics avec lesquels ils ont déjà été en contact dans leur cursus de formation plutôt que de s’en remettre à des personnes déjà capées dans leur matière et qui année après année n’ont pas résisté aux habitudes inhérentes à tout exercice prolongé d’une activité .

bonne fin de journée !

 P.B.A