Libérett’ est un clin d’œil à Hélène Hazera, la première journaliste transsexuelle engagée par Libération. Le dessin de Copi représentait une personne nue avec une poitrine de femme et un sexe géant d’homme. C’était la naissance du premier personnage de bande-dessinée incarnant le rôle d’un transsexuel et commentant l’actualité au gré de ses humeurs. Le ton était à l’humour lubrique. La première apparition de Libérett’ remonte au 27 juin 1979, un dessin signé Copi, amant de Guy Hocquenghem. Nous retrouvions Libérett’ dans les pages des petites annonces destinés aux homosexuels, à la rubrique « Chéri je t’aime ». Les aventures de Libérett’ ne durèrent que deux mois, visiblement les lecteurs, malgré le contexte de l’époque, n’étaient pas prêts à supporter ce genre de libertés. Copi a aussi collaboré avec Charlie Hebdo, il est mort du sida à l’instar de son compagnon Guy Hocquenghem fin des années 1980.
Alors que Libération avait le cercle Hennig, chantre de la pédophilie, de son côté Le Monde hébergeait le Roméo des midinettes en la personne de Gabriel Matzneff, et Charlie Hebdo avait ses dessinateurs au mépris sélectif.
L’autre aspect ayant entraîné ces multiples poursuites judiciaires, pour l’essentiel perdues, a été l’existence des petites annonces gratuites. En effet, dès son première numéro Libération avait offert un espace dédié à la publication d’annonces diverses, nous y trouvions la rubrique des « taulards » ou bien celle de « Chéri je t’aime ». Cet espace d’expression flirtait avec la pédophilie voire la zoophilie et autres bizarreries sexuelles.7 Exemple d’annonce tout à fait sérieuse concernant la zoophilie et signée Jean-Luc Hennig, intitulée « Bestialités : vous qui avez déjà utilisé, pour caviardé, un chat, un chien, un serpent, une chèvre, un canard ou d’autres espèces rares, écrivez moi ou téléphonez […]. Je fais une enquête sur les zoophiles heureux, j’aimerai vous interviewer ». Face à la profusion et au succès de ces petites annonces, le 1erDécembre 1979, avec l’accord de Serge July, Jean-Luc Hennig créait le supplément « Sandwich » spécialement réservé à cet usage.
Il existait un groupe de personne au sein de Libération ayant pour point commun leurs accointances sexuelles. Le cercle Hennig à Libération était composé par Guy Hocquenghem (1975), Michel Cressole (1978), Hélène Hazera (1978), un transsexuel, Maud Molyneux, un second transsexuel, le dénommé Jean-Luc Hennig, un enseignant « révolutionnaire » mais suspendu pour immoralité6, Copi le dessinateur, Luc Rosenzweig, ainsi que Christian Hennion, un pédophile décédé en 1999.
L’anti-conformisme était l’un des principaux crédos chez Libération le libertaire, un temps incarné par le collectif punk « Bazooka », engagé par Serge July entre 1977-1978 afin d’apporter une touche artiste au journal à travers le dessin. Mais la radicalité de Bazooka n’ayant aucune limite, le collectif fut rapidement licencié. Parmi les traces laissées par Bazooka, il existe ce dessin représentant une petite fille prodiguant une faveur sexuelle sur un adulte. Les multiples plaintes dont a été la cible Libération ainsi que les critiques des lecteurs, ont certainement poussé Serge July à se séparer du collectif Bazooka. En 1979 Libération titrait « En dix neuf mois, neuf inculpations pour ’’outrages aux bonnes mœurs’’ et ’’incitations à la débauche’’ ». Ces plaintes étaient concentrées sur les trois derniers mois, certaines pour des publications remontant à 1977.5 Ceci était d’ailleurs l’objet d’un article daté au 1er Mars 1979, cosigné par Serge July et Jean-Luc Hennig. Non content d’être la cible de multiples procédures judiciaires, les deux trublions se vantaient de leur palmarès. Quelques années plus tard, leur diatribe victimaire a pris quelques rides aux entournures.