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Le péripate Le péripate 26 septembre 2008 23:13

 Argumentum ad miseriam, c’est un argument pour susciter la pitié, la compassion, et, incidemment, justifier la redistribution des revenus des riches vers les pauvres par la force injuste de la loi. Il est fait pour ceux qui se laissent guider par la force des émotions, et non pas par leur raison.

Il faudrait d’abord définir ce qu’est la pauvreté, et, de fait, la tâche est ardue. Il faudrait aussi rappeler que la principale anomalie dans ce monde n’est pas la pauvreté, mais son contraire, la richesse. Il y a deux siècles, la pauvreté était le lot ordinaire de tous comme on l’observe encore aujourd’hui dans certaines régions du monde, et qu’une réflexion sur le comment certains pays en soient sortis mériterait d’être considérée. La réponse s’appelle capitalisme et liberté.

Les mesures de la pauvreté.
Première difficulté :pauvreté transitoire ou pauvreté permanente. Il parait évident que mesurer la pauvreté sur une courte période est une faute.
Ensuite, la pauvreté est souvent mesurée par une fraction relative du revenu médian d’un pays considéré. De 40% à 60% suivant les pays et les organismes. Quel que soit la méthode retenue, il est à noter que le pourcentage de pauvres a très peu varié depuis 1984 (date des premières statistiques), alors que les montants des aides diverses et les prélèvements afférents ont considérablement augmentés, ce qui jette au minimum un doute sur leur efficacité.
Une autre approche consiste à chercher à mesurer une pauvreté absolue : est pauvre toute personne qui n’a pas accès à un minimum vital. Les tenants de cet approche retiennent généralement les biens correspondant à la moitié de la population, ou jugée comme indispensable par plus de la moitié des gens. Tout aussi arbitraire que la précédente, cette approche aboutit généralement à un nombre plus important que l’approche relative.
Une approche en terme de satisfaction : est pauvre toute personne qui estime que son revenu lui donne accès à moins que ce qu’il estime comme nécessaire pour vivre. Selon les enquêtes qui utilisent ce critère, c’est plus du tiers des français ou des américains qui s’estime pauvre.
Une approche administrative : est pauvre toute personne qui bénéficie d’une aide dont l’objectif est de lutter contre la pauvreté. En additionnant minimum vieillesse, invalidité, allocation 

aux handicapés, allocation de parent isolé, allocation de solidarité spécifique allocation d’insertion, 

allocation de veuvage et revenu minimum d’insertion, on obtient, pour la France, un million de personnes supplémentaires par rapport aux autres approches.

On nage en plein brouillard.Sans compter que l’unité de consommation retenue est généralement le ménage, et non une personne, ce qui néglige les économies d’échelle (loyer, etc...)
Des enquêtes sur le taux d"équipement des bénéficiaires du RMI révèlent des choses surprenantes : 31% d’entre eux sont propriétaires, contre 58% du total des ménages, 56% ont un lecteur DVD contre 75%... etc... etc... Décidemement la pauvreté refuse de se laisser saisir.

Mais, dira-t-on, et les SDF ? Car s’il est un visage de la pauvreté que chacun peut saisir, c’est bien celle- là. Toujours pas si simple. Romanichels, tziganes, voire marginaux vivant dans un camion ou sur un voilier sont comptabilisés dans les SDF, mais ne sont pas dans une extrême pauvreté.
Non, la figure du pauvre, c’est le clochard. Le clochard, donc, est rejeté par les habitants de la cité. Ont-ils des parents ? Oui, pour 30 % des clochards parisiens, 50% des clochards américains. Pourquoi ces parents ne leur viennent-ils pas en aide ? La raison invoquée le plus souvent lors des enquêtes par les parents est que leurs propres enfants ne le méritent pas. Incroyable. Mais les raisons de ce désamour apparaissent dans ces autres chiffres : au USA, 51% d’entre eux ont suivis un traitement médical au cours de l’année de l’enquête, 33% une hospitalisation de désintoxication, et 19% une hospitalisation pour maladie mentale. Seulement 34% ont un travail (précaire) dans le district de Colombia, et 27% à Paris. 89% des clochards parisiens sont célibataires, et/ou séparés de leur conjoint.

87% d’entres eux ont plus de 26 ans. 80% ont un niveau d’éducation inférieur au bac. Et, surtout, ce dernier chiffre, seulement 19% sont des femmes au USA, et 17% en France.
Malade, mal nourri (1 repas par jour) , soumis aux violences du fait de la drogue et de l’alcoolisme de la part de leurs semblables, le sans domicile expérimente une vie que peu de gens envie sans que l’on sache vraiment si c’est le fait d’être à la rue ou si c’est parce que l’on est malade, drogué, alcoolique, célibataire définitif et rejeté par sa famille que l’on devient un clochard ou un errant dans les rues publiques.

Je terminerai par cette citation de Tocqueville, extraites de "Mémoires sur le paupérisme" :Je reconnais que la charité individuelle produit presque toujours des effets utiles. Elle s’attache aux misères les plus grandes, elle marche sans bruit derrière l mauvaise fortune, et répare à l’improviste et en silence es maux que celle-ci a faits. Elle se montre partout où il y a des malheureux à secourir ; elle croît avec leurs souffrances, et cependant on ne peut sans imprudence compter sur elle, car mille accidents pourront retarder ou arrêter sa marche ; on ne sait où la rencontrer, et elle n’est point avertie par le cri de toutes les douleurs.
J’admets que l’association des personnes charitables, en régularisant les secours, pourrait donner la bienfaisance individuelle plus d’activité et plus de puissance ; je reconnais non seulement l’utilité, mais la nécessité d’une charité publique appliquée à des maux inévitables, tels que la faiblesse de l’enfance, la caducité de la vieillesse, la maladie, la folie ; j’admets encore son utilité momentanée dans ces temps de calamités publiques qui de loin en loin échappent des mains de Dieu, et viennent annoncer aux nations sa colère. L’aumône de l’État est alors aussi instantanée, aussi imprévue, aussi passagère que le mal lui-même.
J’entends encore la charité publique ouvrant des écoles aux enfants des pauvres et fournissant gratuitement à l’intelligence les moyens d’acquérir par le travail les biens du corps.
Mais je suis profondément convaincu que tout système régulier, permanent, administratif, dont le but sera de pourvoir aux besoins du pauvre, fera naître plus de misères qu’il n’en peut guérir, dépravera la population qu’il veut secourir et consoler, réduira avec le temps les riches à n’être que les fermiers des pauvres, tarira les sources de l’épargne, arrêtera l’accumulation des capitaux, comprimera l’essor du commerce, engourdira l’activité et l’industrie humaines et finira par amener une révolution violente dans l’État, lorsque le nombre de ceux qui reçoivent l’aumône sera devenu presque aussi grand que le nombre de ceux qui la donnent, et que l’indigent ne pouvant plus tirer des riches appauvris de quoi pourvoir à ses besoins trouvera plus facile de les dépouiller tout à coup de leurs biens que de demander leurs secours."


 

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