• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


En réponse à :


Jordi Grau J. GRAU 7 septembre 2008 20:54

Bonsoir Faya. 

Je ne vais pas répondre à tout ce que vous avez écrit - d’une part, parce que je n’ai pas le temps de le faire, d’autre part parce que plus grand-monde ne lit mon article et la discussion qui s’en est suivie. Juste deux remarques :


- Vous écrivez qu’il suffit d’acheter les actions d’une entreprise pour se l’approprier. Tous ceux qui veulent une appropriation des entreprises par les gens qui y travaillent seraient donc, consciemment ou non, des capitalistes. A cela je répondrai qu’il n’est pas toujours possible d’acheter une part de la propriété d’une entreprise : il faut pour cela que des actions soient émises. Sauf erreur de ma part, la plupart des entreprises françaises n’en émettent pas. Par ailleurs, vous n’êtes pas sans savoir que tous les actionnaires ne sont pas égaux. Les grandes décisions sont prises, ou en tant cas préparées, par les gros actionnaires, au sein du conseil d’administration. La vraie démocratie, ce n’est pas "une action, une voix", mais "un homme, une voix". 


- Vous demandez d’où je tiens que la propriété commune est première par rapport à la propriété privée. Ce n’est pas moi qui le dit, c’est Locke. Selon lui, Dieu a donné la nature à l’humanité toute entière, sans attribuer à chacun une part des ressources naturelles. Les hommes sont donc, à l’origine, propriétaires collectivement, et c’est à partir de cette propriété commune que chacun prélève sa part de propriété privée. Naturellement, je ne souscris pas entièrement à ce que dit Locke. Sa philosophie n’est pas entièrement libérée de considération théologique, elle est donc très discutable. Pour ma part, je partirais plutôt d’une analyse du concept de propriété. Il faut bien distinguer la possession de fait de la propriété. Un animal peut très bien prendre possession d’un territoire par la violence : cela n’en fait pas pour autant un propriétaire. De même pour un homme : prendre un bien par la violence, c’est seulement devenir possesseur de fait. Pour devenir propriétaire, il faut avoir reçu un droit, c’est-à-dire une liberté garantie par une loi, c’est-à-dire une règle commune. Autrement dit, je suis propriétaire à partir du moment où les autres membres de la société me reconnaissent comme tels. Cela sous-entend que nous pouvons, ensemble, nous mettre d’accord sur un nouveau partage des richesses. C’est d’ailleurs ce que dit la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 (article 17). Bien qu’elle soit libérale (très inspirée par Locke, notamment) et qu’elle considère la propriété privée comme un droit sacré, elle admet pourtant qu’on puisse exproprier quelqu’un, contre une juste indemnité, si l’intérêt commun l’exige.

Cordialement,

J. G.


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON


Palmarès