En Belgique, l’eau de mer sent l’urine flamande. Petit poème d’OLIVIER AGULHON lu à ARLES. Qu’on se rotissent sur le sel piusseux des plages ou que l’on mange à la cantine, quelle différence.
Du soleil à la sole :
Quand le fisc mange au frais du chef
N’oubliez pas tas de minables bureaucrates
Qu’à la taverne où vers midi vous déjeunez
Travaillent des cuistots qui sans arrêt se gratttent
Pour épicer vos plats de leurs crottes de nez
La purée d’épinard hélas sans tétragones
rellement cuits qu’on les dirait déjà vomis
N’est plus que tiède quand le serveur qui bougonne
Vous l’apporte : un oeuf flasque y trône, et l’on a mis
Un trèfle composé de trois feuilles de mâche
Comme décor flétri pour rehausser le tout
Surtout touchez pas, le personnel la mâche
Avant de la servir, et la recrache itou
Le marmiton en chef, qui nettoie sa narine
comme les autres, et en outre incontinent
Normal que les rognons sentnet un peu l’urine
Ne goûtez pas au dessert conteant
Le fruit si délicat du plaisir solitaire
Du pâtissier blotti derrière ses fourneaux
A quarante ans, il est toujours célibataire
Il fallait bien, le pauvre homme qu’il se borne aux
Mooindres satisfactions des soifs qui le démangent
Un café-crèùe agrémenté d’un gros mollard
Clôt le repas. Bon appétit à ceux qui mangent
La crotte en chocolat l’accompagnant tout l’art.
De sa dégustation consiste à l’introduire
Dans la bouche sans être écoeuré par l’odeur
Cela vous apprendra, tiens à mieux vous conduire
Avec le chef, traité de traître et de fraudeur.
Poème de OL (chef cuisinier) AGULHON. En hommage... né le 26 juillet 1955. Même jour que JUNG.