Nouveaux naufrages aux antipodes
Les plongeurs français impuissants.
L’histoire aime à se répéter et le port d’Auckland en Nouvelle-Zélande bruisse à nouveau des rumeurs folles. Des hommes grenouilles français auraient été aperçus au plus profond du gouffre. À défaut, ce sont sans doute des compatriotes qui ont pris l’eau, se sont noyés dans une eau sombre, souillée par une marée noire. Il est pour l’instant bien délicat de démêler le vrai du faux, tout est possible au pays des moutons.
Mais revenons sur ces étranges touristes qui reviennent les valises plus pleines que lorsqu’ils sont partis. Que cachent-ils ainsi ? Leur honte à n’en point douter, ils ont pris si belle déculottée avant que d’enfiler le scaphandre de la désillusion. Il ne fallait certes pas manquer d’air pour oser affronter les eaux tumultueuses de la zone. C’est un véritable raz de marée auquel ils furent soumis, sans espoir aucun de surnager ni de refaire surface.
À qui décerner la palme au sortir d’une expédition qui a tourné une fois encore à la déconfiture ? On ne peut distinguer l’un plutôt que l’autre parmi tous ces acteurs, ballottés par les vagues noires, trimballés d’une rive à l’autre, asphyxiés par la vitesse des flots adverses. Le capitaine en sortit groggy, abandonnant les siens en pleine tempête.
L’instigateur de cette aventure, un brave gersois à l’accent rocailleux peut bien chercher des motifs de satisfaction, le bilan est calamiteux une fois encore, une fois de plus, une fois de trop. À quoi peut bien servir de se jeter à l’eau dans un tel bouillon ? Prendre le bouillon c’est bien la seule issue désormais quand on affronte la montagne noire sur une mer qui moutonne.
Le général en chef, l’ancien ministre des affaires troubles, peut bien lui aussi inventer des excuses, jouer des arguties, la triste réalité est implacable. Les plongeurs français sont dans une mauvaise passe qui dure, qui ne cesse de désespérer les amateurs du bouchon. Nulle chandelle ne pourra éclairer la nuit que traverse ce groupe, c’est une plongeon fatal qui s’inscrit dans un incroyable et inéluctable naufrage.
Il ne faut pas voir tout en noir, affirment alors les éternels optimistes, les hommes qui restent à l’abri des éclaboussures, ceux qui n’ont jamais mouillé le maillot. Ceux-là feraient bien d’aller offrir leur corps à la lessiveuse adverse, se mettre eux aussi en danger devant les assauts répétés d’une déferlante sauvage. Rien n’y fera désormais, il n’est plus possible de croire au miracle, les plongeurs tricolores en verront toujours de toutes les couleurs et jamais plus ils ne pourront broyer du noir.
Les « Yaka-Faucon » se gargarisent de solutions, de réformes qui remettront soit disant à flot le rafiot fédéral. C’est une plaisanterie de plus. Les faits sont têtus, le groupe n’est pas au creux de la vague, il est au fond du gouffre et jamais plus il ne retrouvera les sommets mondiaux. C’est la fin du « french flaire » comme disaient les esthètes de la chose, même avec un tuba, les pauvres sportifs en quenouille manquent d’air. Les seules bouteilles qui peuvent leur permettre de sauver la face, sont celles qu'ils boiront lors du retour, la tête basse, à leur camp d’entraînement.
Mais de quoi est-il donc question au juste dans ce récit alambiqué ? Je ne peux me résoudre à vous l’avouer. J’ai trop honte de constater à quel degré de décrépitude est arrivé le sport que j’ai tant aimé. Même regarder une rencontre de l’équipe nationale dans sa totalité m’est devenu impossible. Je devine bien vite l’issue de la tragédie qui se joue, non pas dans la mer mais sur la pelouse. C’est ainsi à chaque virée dans l’Hémisphère Sud, les valises pleines, les soutes chargées plus encore, les corps meurtris, les rêves envolés avant l’avion du retour ; les malheureux touristes défaits reviennent à l’envers de l’hiver, espérant, en retrouvant l’été, oublier qu’ils ne jouent désormais plus dans la même cour que ceux de l’autre côté du globe.
Ovalidement leur.
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