Légalisation du MMA : Enfin le bout du tunnel ?
Alors que fans et pratiquants de Mixed Martial Arts buttent depuis des années sur l’intolérance des politiques français, il semblerait qu’une brèche se soit ouverte pour que cette discipline de combat hybride soit enfin reconnue.
En amour comme en sport, les plus belles choses arrivent au moment où on s'y attend le moins, c’est ce qu’on dû se dire les milliers de français pratiquant le MMA en ce début de semaine. La Ministre des sports a en effet lâché une véritable bombe concernant une future légalisation de la discipline. Invitée de l’émission "Réveil Matin Céline" de RMC Sport, Roxana Maracineanu a été interrogée sur l’avenir du MMA en France et, contrairement à ces prédécesseurs, cette dernière s’est montrée favorable à la mise en place de compétitions nationales. Il s’agit là d’une première pour un sport qui a trop souvent été la cible de critiques infondées et d’amalgames douteux.
Un changement de discours rafraîchissant
Si beaucoup d’observateurs français s’accorderont à dire qu’un tel revirement est la conséquence directe de l’engouement que ce sport suscite dans l’hexagone, il faut quand même féliciter Mme Maracineanu pour avoir fait un effort d’étude. Il est évident –ne serait-ce qu’en prêtant attention aux mots utilisés lors de son intervention– que l’ancienne nageuse a clairement travaillé son sujet. Au sujet de l’octogone, structure grillagée montrée du doigt par les détracteurs du MMA comme "déshumanisante", cette dernière fait preuve de bon sens :
« La cage en fer est uniquement faite pour que la personne ne puisse pas être projetée à l’extérieur. »
Également concernée par le besoin de pédagogie, la Ministre insiste sur le fait de pouvoir créer des diplômes reconnaissant le statut de formateur en Mixed Martial Arts. À peine trois semaines après la tenue d’un colloque réunissant les entraîneurs les plus respectés de l’hexagone, dont Cyrille Diabaté (Snake Team), Fernand-Lopez Owonyebe (MMA Factory) ou encore Emmanuel Fernandez (Académie Pythagore), cette nouvelle vient à point nommé.
Un changement de mentalité s’opère et, que l’on soit intéressé par la discipline ou non, il est terriblement rafraîchissant de voir le débat autour du MMA prendre de la hauteur. Rappelons qu’il y a encore 4 ans, les défenseurs de ce sport étaient la cible d’accusations des plus délirantes, souvent commanditées par la Fédération Française de Judo, très soucieuse de la perte potentielle d’adhérents. Certains garderont longtemps en tête le "débat" opposant Bertrand Amoussou, président de la Commission Française de MMA, à Jean-Luc Rougé, président de la FFJ et dont la rhétorique en avait scandalisé plus d’un…
Méfiance concernant les nouvelles mesures
Mettant en avant le fait que certains responsables auto-proclamés puissent mettre en danger les pratiquants, Roxana Maracineanu propose que le futur corps dirigeant du MMA soit parrainé par une autre fédération d’arts martiaux. Une idée qui pourrait en gêner plus d’un, tant la relation entre les disciplines traditionnelles et le combat hybride fut tendue dans notre pays. Si il est plus que nécessaire que le combat libre soit accompagné afin de mettre en place une authentique fédération nationale, il ne faudrait pas que l’organisme la supervisant prenne des libertés et serve de chien de garde du Ministère des Sports.
Certains redoutent même qu’un tel chaperonnage amène à l’interdiction formelle du MMA au profit d’une version plus édulcorée du sport, qui ne serait en aucun cas fidèle à celui pratiqué partout dans le monde. Très présentes pour accompagner les galas de Pancrace* qui ont longtemps servis de substitut au combat libre, la Fédération Française de Lutte (FFL) et la Fédération Française de Kick-boxing, Muay-thaï et Disciplines Associées (FFMKDA) seraient d’idéales candidates à la supervision du MMA français.
Quoi qu’il en soit, la situation évolue dans le bon sens, et malgré un accablant retard pris par la France sur le reste du globe, le combat libre tricolore semble avoir de beaux jours devant lui. Nous sommes encore loin de voir ce sport reconnu (et surtout compris) de tous, mais du chemin a été parcouru depuis les premières passes d’armes d’Anthony Réa, Damien Riccio ou encore Gilles Arsène. Avec une meilleure exposition et des structures dignes de ce nom, le MMA français pourrait enfin voir le bout du tunnel.
* : Version plus "light" du MMA pratiquées avec diverses protections et où les coups au sol sont interdits.
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