Bonne chance, Mr Windsor

Ainsi donc, à l'âge de 74 ans, Charles Windsor a pris officiellement la succession de sa mère à la tête de "UK and Commonwealth.ltd", le Samedi 6 mai 2013.

Cette multinationale tire ses ressources de la diffusion de ses produits phares :

• les produits financiers gérés par "TheCity", plus juteux que jamais malgré quelques entourloupes amicales comme , en 1992, celle de M. Soros, un émigré hongrois farceur, ancien stagiaire de l'entreprise, exilé outre-Atlantique.

• les produits industriels qui ont survécu au nettoyage de Miss Thatcher, la gouvernante des années 80 qui a vendu tout ce qu'elle jugeait insuffisamment juteux, en prenant soin quand même de conserver la branche de l'armement

• les produits culturels, des Beatles aux "charities", avec l'appui technique d'une ancienne filiale nord-Américaine devenue autonome, pour consolider la domination linguistique reposant sur le fait que les avions parlent la langue de la firme, le "globish", dans tous les aéroports du monde.

Pour beaucoup d'employés et de clients fidèles, et pour les médias assermentés, accrédités, audibles et visibles, la prise fonctions officielle baptisée "coronation" était une occasion exceptionnelle pour célébrer solennellement le culte de "Rule Britannia", ce fleuron de la culture d'entreprise héritier moderne du "Sol Invictus" : il s'agissait ce jour-là de célébrer devant le reste de l'humanité ébahie le dogme du soleil qui ne se couche jamais sur l'Empire, vue sa répartition géographique intercontinentale. Cette liesse populaire était même partagée par M. Assange qui s'est fendu d'une lettre de félicitations au nouveau chef d'entreprise en insistant sur le développement spectaculaire et la qualité de ses services de sécurité.

Pour d'autres, pourtant, le cérémonial ostentatoire représentait un anachronisme obsolète, décalé par rapport aux systèmes de management modernes, plus sobres et plus discrets. Il s'en est même trouvé pour dire que ce jour là, ils avaient autre chose à faire que de regarder les festivités à l'abbaye de Westminster et dans les rues de Londres, comme par exemple faire les courses du samedi au centre commercial. Sans parler des contestataires de Glasgow et de Cardiff, manifestant avec des banderoles pour dénoncer le caractère héréditaire marquant la succession des PDG depuis plusieurs générations.

Des manifestations ont également eu lieu à Londres. Elles avaient été officiellement autorisées par le comité de direction, mais les services de sécurité ont pris la précaution de mettre en place des barricades pour limiter leur rayon d'action et ont arrêté (par précaution également) au moins 52 personnes, dont le responsable d'une association de consommateurs bizarrement baptisée "Republic".

Reste à savoir comment l'ambiance va évoluer au sein de l'entreprise. La cérémonie de samedi était une mise en scène pompeuse (et onéreuse) conçue pour consolider l'image de marque du système en place, mais les rituels célébraient avant tout une magnificence héritée du passé et non pas une glorification du présent, et encore moins des perspective d'avenir.

Mr Windsor sait tout cela, bien sûr, mais il fait confiance à son staff. Ce n'est pas le moment de changer la com., les clients et le personnel ne comprendraient pas. Il faut défendre l'image de marque coûte que coûte.