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Le photographe Frédéric Bourret parle

J’ai rencontré le photographe français Frédéric Bourret lors de l’exposition d’un artiste vénézuelien à Paris.Quand deux photographes se rencontrent, de quoi parlent-ils ? De photo bien sur, mais aussi de cinéma, de cuisine thaïlandaise, et de football !

Frédéric est un artiste avec un monde imaginaire foisonnant, qui s’est formé à New York pendant plusieurs années avant de retourner à Paris. On éssaie souvent de nous ranger dans une case : le photographe Fashion, celui de voyage, un autre animalier, l’adepte du noir & blanc ou le spécialiste de la couleur. Ne cherchez pas à le faire avec Frédéric Bourret. C’est un artiste et un homme libre, curieux de tout, et qui s’aventure là où sa créativité l’emporte. Il a exposé à New York, Paris, Berlin, Genève, et même Art Basel. Il touche à toutes les catégories, la rue, le conceptuel, le nu, et ça lui va bien. Voici son interview...

Grégory Herpe : Bonjour Frédéric ! Si tu devais te présenter brièvement

Frédéric Bourret : Bonjour LSD, je suis Frédéric Bourret, artiste pluridisciplinaire avec une préférence pour la photographie. J’aime créer, avoir des projets, les mettre en formes. Ce qui m’anime c’est de changer d’univers à chaque fois dans mes créations. 

 

GH : Quand et comment as-tu commencé la photographie ? 

FB : J’ai commencé la photographie à New York, la ville s’y prête énormément. Mais j’ai voulu avoir une autre vision de la ville en la photographiant très tot le matin, vers 6h30/7h. Le fait d’être entouré de personnes très créatives qui ont jugées mon travail sans filtre m’a permis de m’améliorer.

 

GH : Quel style d’images regardais-tu quand tu as commencé ?

FB : Je n’ai pas ouvert de livres de photographies avant 2/3 ans de création. Je ne voulais pas avoir trop d’influences marquées. Un des premiers livres que j’ai ouvert, c’était un livre de Lee Friedlander, j’adore son travail !

GH : Quelles sont tes principales influences ?

FB : Je ne peux pas dire que j’ai des influences particulières mais j’admire les artistes multiformes. 

 

GH : Te considères-tu comme un photographe conceptuel ?

FB : Oui j’aime explorer la photographie et les autres formes d’expressions artistiques même si je reste axé sur la photographie essentiellement. Avoir toujours le même style d’images ne me correspond pas du tout. Sur mon travail, le lien d’une série à l’autre ne se fait pas facilement, mais il existe, je suis animé par le renouveau à chaque fois. 

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GH : Ta série à New York est très graphique. Tu joues avec les perspectives et les lignes, en noir et blanc. Qu’est-ce que tu voulais raconter ?

FB : Mon oeil photographique a photographié New York par sa perspective, c’était une démarche instinctive. Il y a une « belle » folie à New York mais on oublie surtout que c’est une ville avant tout très géométrique. Il y a comme un « crazy »ordonnancement.

 

GH : En revanche, tu as réalisé une série d’auto-portraits nus de dos, en couleur. « Missing Frédéric Bourret »...C’est pour prouver que tu as de l’humour ou tu es fier de ton derrière ?

FB : La genèse de cette série se trouve à Art Basel. Il fallait que je trouve une idée en 48h sachant que je pouvais pas me rendre à Basel. En me mettant en scène dans des activités quotidiennes, affranchi de tout vêtement, je souligne nos habitudes de consommation qui prennent une autre dimension. Il est surprenant de voir à quel point la simple nudité rend incongrue des situations complètement banales. Incongruité révélée et renforcée par la mise en abîme de la photo dans la photo. L’œuvre finale est un avis de recherche en clin d’œil. Car si je suis le personnage de la série, je suis également celui que l’on recherche. Est- ce l’artiste qui se cherche, ou le monde qui recherche l’artiste ?

GH : Dans ton travail sur le « Train de Schrödinger », tu nous parles du temps qui passe différemment selon notre place dans le monde. Ça m’a fait penser à Alice au pays des Merveilles de Lewis Carroll ; la distorsion du temps, de la réalité, notre vision du monde et des choses si opposées de l’enfance à l’âge adulte...Tu nous en parles ?

FB : Notre rapport au temps et à la réalité est assez complexe. Le temps des passagers n’est pas le même que celui de ceux sur le quai, c’est une réalité physique : le mouvement nous emporte et modifie l’espace-temps autour de nous. De manière infinitésimale, mais réelle. J’était sur le quai, appareil photo à la main. La vision du temps, que je partage, est un montage de plusieurs vies, instants passés, trames isolées et désormais reliées en un tout. Je montre le temps qui passe, se répète, dans nos vies quotidiennes. Le tout enrobé de papier froissé, pour renforcer son aspect intemporel. Chaque fenêtre devient ainsi un écrin unique et imaginaire, un espace figé dans le temps.

 

GH : Dans ta série « Les messages cachés », finalement, on parle encore de tout ça ! Encore une digression sur la subjectivité de la perception ?

FB : J’aime jouer avec l’oeil du contemplateur, essayer de mettre le doute sur ce qu’il pense voir. Toute la série est basée sur ce concept de réalité qui est au final notre propre perception de la réalité. La question que j’aime poser : le regard que nous portons sur un sujet que nous découvrons pour la première fois peut-il être vierge ?

 

GH : L’intention et la vision sont deux éléments importants. As-tu une idée précise des images que tu souhaites ou fais-tu confiance à l’improvisation et à la chance ?

FB : La vision de l’idée d’une série dans ma tête est toujours très précise parfois trop esthétique par rapport à ce que réellement je peux faire. En travaillant dessus, ca me permet de m’adapter aux contraintes techniques et de faire évoluer le projet mais il reste à 75% fidèle à l’idée originelle. 

 

GH : Quelle a été ta meilleure expérience photographique ?

FB : Ma motivation est l’aboutissement d’une création qui peut parfois durer plusieurs mois voire années. Quand une série se finalise c’est à chaque fois une expérience très enrichissante. 

J’aime l’échange avec les gens qui regardent mon travail.

 

GH : Quel matériel utilises-tu et penses-tu que ça a une importance ?

FB : J’utilise en ce moment un Nikon, mais c’est sans importance pour moi. La série New York a été faite avec un appareil rudimentaire, presqu’un jetable. 

 

GH : Les réseaux sociaux sont aujourd’hui devenus le principal outil de promotion pour les photographes et les artistes en général. As-tu une stratégie particulière pour les utiliser au mieux ?

FB : Je n’utilise pas trop les réseaux sociaux. Mon instagram est privé. Je préfère les expositions pour l’échange avec le public plutôt que balancer des photos sur les réseaux. L'humain est essentiel

 

GH : Quels sont tes projets en préparation dont tu aimerais nous parler (livres, expositions, workshops) ?

FB : Je prépare une exposition à la Galerie D’aguesseau à Boulogne-Billancourt et je participe en tant que membre du jury à la vente aux enchères qu’organise la Fondation Foch. D’ailleurs tous les photographes sont les bienvenus à faire un don d’une oeuvre pour soutenir cet bel hôpital. 

 

Grégory Herpe

Retrouvez le travail de Frédéric Bourret sur son site : site de Frédéric Bourret

Toutes les photos dans l'article sont la propriété exclusive de © Frédéric Bourret

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Gregory Herpe

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