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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > « La Ménagerie de Verre » Isabelle Huppert L’iconique Amanda (...)

« La Ménagerie de Verre » Isabelle Huppert L’iconique Amanda d’Ivo van Hove

Pourrait-on oser douter qu' Amanda puisse avoir quelque chose de Tennessee puisque, précisément, c'est elle qui tient à bout de bras toute la famille "Wingfield" clone scénique des "Williams", c'est-à-dire celle du jeune auteur qui allait devenir célèbre à partir de 1944 grâce ou à cause de cette évocation clanique ?

 

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LA MENAGERIE DE VERRE
© Jan Versweyveld

  

Le pater familias les abandonnant à eux-mêmes ainsi resteraient-ils trois, Tom & Laura la progéniture autour de leur mère Amanda devenant le personnage moteur de cette première pièce du dramaturge "Williams", fruit de sa mémoire filiale développée en narratif.

En effet, parcourant les méandres mnésiques de son enfance, "Tom-Tennessee" va accompagner le spectateur au sein de la destinée fusionnelle qui les aura liés tous ensemble sous une sensibilité exacerbée.

En plongeant dans la fiction autobiographique, c'est l'imaginaire avec son cortège d'écrans impressionnistes qui va resurgir sous le récit de Tom (Antoine Reinartz) cherchant davantage le ressenti empathique plutôt que la vérité factuelle. 

  

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LA MENAGERIE DE VERRE
© Jan Versweyveld

  

Si sa petite sœur se comporte en autiste-schizophrène, c'est parce que Laura n'est pas en mesure de s'adapter à la réalité glauque qu'elle ne peut en rien modifier.

Si nous les découvrons tous trois à demi-ensevelis dans un appartement insalubre couleur terrier avec l'ombre profilé du fuyard paternel intégré à la texture murale dont la seule ouverture vers l'extérieur ne serait qu'une étroite sortie de secours, c'est qu'Ivo van Hove illustre leur vie quotidienne au diapason de leur enfermement respectif autant que collectif.

Ce confinement dénié serait à l'image de leur vaine tentative à vouloir s'échapper du misérabilisme qui les surplombe. 

  

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LA MENAGERIE DE VERRE
© Jan Versweyveld

  

En effet, avec un emploi fonctionnel assurant la survie du trio, Tom tente de s'échapper par l'évasion cinéphilique noctambule ; Laura, elle, est à l'écoute de son phonographe ainsi qu'au soin précautionneux pour sa collection de petits animaux en verre ; quant à Amanda, sa préoccupation à l'égard de ses enfants n'a d'égale que la nostalgie vouée à sa propre jeunesse qu'elle idéalise à l'envie en flash-back récurrents.

Isabelle Huppert empoigne le rôle comme si la survie existentielle du trio était menacée en temps réel sur le plateau de l'Odéon ; affairée, fébrile et même exaltée, elle arpente la scène en quête de solutions à leur exil communautaire qu'elle focalise en définitive sur celui de Laura pour qui elle conçoit qu' il lui faudrait rencontrer un galant...

C'est Jim (Cyril Guei), un collègue du frangin, qui va, à son insu, endosser le rôle du gendre idéal, le temps d'une soirée amicale où Laura aura l'occasion d'accéder au lâcher-prise lui ouvrant des fenêtres insoupçonnées mais dont la maïeutique sera délibérément limitée par son partenaire à un tête-à-tête en confiance partagée ; ce qui, certes, pourrait s'avérer gratifiant mais surtout essentiellement frustrant.

 

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LA MENAGERIE DE VERRE
© Theothea.com

 

La profondeur d'interprétation de Justine Bachelet apparaît en ce tourment avec une intensité émotionnelle dont le point d'orgue sera intimement enchaîné à "l'aigle noir" de Barbara sur le phono qui laissera l'auditoire sous sensation de fascination.

Par ricochet, de prime abord prostrée, Isabelle Huppert encaissera l'annonce du départ inopiné de l'invité avec une immense stupeur mais considérable dignité face à ce nouveau coup du sort.

Néanmoins sa colère maternelle, par la suite, ne sera point feinte envers son fils n'ayant pas su percevoir, en prévention de cette mascarade, que Jim était déjà fiancé par ailleurs.  

Une scène de désespoir expansif, quasiment d'anthologie, viendra signer l'apothéose d'un piège semblant se refermer fatalement sur le clan d'infortune...

 

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LA MENAGERIE DE VERRE
© Theothea.com

  

Les nombreux rappels seront alors comme suspendus à la force de l'instant présent celui de la vénération d'un quatuor s'étant pleinement livré à fleur de peau sans le moindre faux-semblant théâtral.

 
photos 1 à 3 © Jan Versweyveld
photos 4 à 6 © Theothea.com

 

LA MENAGERIE DE VERRE - **** Theothea.com - de Tennessee Williams - 
mise en scène Ivo van Hove - avec Isabelle Huppert, Justine Bachelet, Cyril Gueï & Antoine Reinartz - Théâtre de L'Odéon 

 

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LA MENAGERIE DE VERRE
© Theothea.com

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2 réactions à cet article    


  • troletbuse troletbuse 9 décembre 2022 14:30

    Ca va être dur d’aller au théâtre, au cinéma et autres lieux de divertissement, le ventre vide. Sauf peut-être pour ceux qui vivent dans un monde parallèle


    • Lonzine 10 décembre 2022 18:51

      J’adore cette Femme !

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