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Tremplin

 

Le saut dans le vide …

 

Mettre le pied à l'étrier, faire la courte échelle, donner un coup de pouce, mettre en lumière, propulser sur le devant de la scène : la notion de tremplin prend bien des formes et des aspects différents. L'essentiel n'est-il pas d'assurer sa course d'élan et de ne pas mordre la poussière, ni la planche de rappel pour le candidat au grand saut.

 

Le tremplin a bien des noms possibles pour qui aime à rebondir sur les mots après qu'on lui ait retiré le tapis de réception. Levé de rideau pour vedette américaine, préambule ou mise en bouche, première partie avant de passer à la seconde, scène offerte à moins qu'elle ne soit qu'entrouverte …, chacun appellera cette proposition comme il l'entend pourvu qu'il accorde le même respect pour l'artiste dans sa course d'élan.

Si le tremplin n'est qu'un bouche trou, un moment offert pour ceux qui arrivent à l'heure en attendant les plus nombreux qui ne viennent que pour l'idole : la vedette sur son chemin de gloire, la chose devient pénible, surtout quand ladite vedette à bien d'autres chats à fouetter que d'écouter celui qui la précède.

 

Le tremplin finalement ne sert qu'à propulser sur le devant de la scène la future étoile qui entend briller au firmament en prenant appui sur le premier de cordée. Il convient alors de ne pas proposer un programme qui soit à la hauteur de la prestation à venir quitte à interrompre bien vite une proposition qui pourrait nuire à la star.

L'organisation aura alors à sa disposition le problème technique, la panne d'électricité forcément momentanée, des mouvements de spectateurs par trop bruyants, des impératifs de respect de l'horaire alors qu'il avait tout fait pour retarder celui-ci au préalable. Mais, il peut encore surgir sur scène et demander au guignol de service d'arrêter parce que c'est assez !

 

Le tremplin se fait alors couperet pour un saut dans le vide qui sonne le glas de cette collaboration. Brisé dans sa course d'élan, le malheureux n'a plus qu'à plier bagage en se jurant que plus jamais on ne l'y reprendrait. Beaucoup penseront alors que cet arrêt buffet a été motivé par le sentiment que le public n'y trouvait pas son compte, avait hâte que tout ceci se termine ; ce qui en l'occurrence n'était absolument pas le cas.

Le tremplin ne doit pas nuire à la tête d'affiche, voilà le secret bien gardé des concepteurs de programme. Si jamais le rapport de force se trouve par trop chamboulé, il convient sans prendre des gants d'envoyer au tapis l'intrus, ce petit cavalier qui se rêve fou. Il y va de la crédibilité du maître de cérémonie qui a sorti de son chapeau une étoile étincelante.

 

Celui pour qui le sifflet a été ainsi coupé se retrouve avec un chat dans la gorge curieusement installé en travers de celle-ci. Il en éprouve tant d’amertume qu'il s'en va s'en redemander son reste, cessant ainsi toute collaboration future avec cet entrechat qui ne l'a pas respecté.

Quoiqu'il soit fort étonnant que le maître de cérémonie se rende compte qu'il a agi avec mépris et indélicatesse pour la plus grande indignation de ses comparses, les éventuelles excuses ultérieures n'y changeront rien. Ce qui est fait ne peut être modifié. Quand le tremplin n'offre qu'un saut dans le vide, on ne ramasse pas deux fois celui qui s'est fait prendre ainsi à ce jeu de massacre.

 

Le vieux matou donnera par le présent billet à coup de griffe avant que de tirer son irrévérence. Le saut fut périlleux et il n'est pire sot que celui qui ne sait pas retomber sur ses jambes. À pitoyable programmateur : salut. Fermez le ban et baissez le rideau.

 


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14 réactions à cet article    


  • ETTORE ETTORE 5 juin 09:10

    Voyez vous C’est Nabum..

    Je ne sais pas, mais tout en lisant, j’avais continuellement à l’esprit, l’image de cet opportuniste qui nous « manage », le voyant « baltringue » un moment « exhibitionniste » à un autre, pour en finalité, le voir se faire débarquer de la scène, dont Manu-rêva, pour outrages envers le public, lassé des dissonances, et des pitreries, par trop répétitives.

    C’est fou parfois, comment les mots, colorient des images de bon impressionnisMe.


    • C'est Nabum C’est Nabum 5 juin 18:09

      @ETTORE

       Donc vous me prenez pour un baltringue

      Vous êtes physionomiste


    • Fergus Fergus 5 juin 09:23

      Bonjour, C’est Nabum

      Ce scénario n’étant pas le plus courant, il semble évident que vous faites allusion à une mésaventure subie. Pourriez-vous nous en dire plus, et même cibler les malotrus mis en cause ?

      Intéressantes, les illustrations du texte.


      • C'est Nabum C’est Nabum 5 juin 18:09

        @Fergus

        Je reste dans le vague pour ne pas honorer un malotru


      • Sirius Sirius 5 juin 09:31

        ciao Pantin


        • C'est Nabum C’est Nabum 5 juin 18:09

          @Sirius

          Le pantin ne tire pas ses propres ficelles


        • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 5 juin 18:27

          @C’est Nabum
           
           ’’Le pantin ne tire pas ses propres ficelles’’
            >
           Non. Tirer sur ses propres ficelles c’est l’apanage du baron de Münchhausen et de ses pareils.


        • C'est Nabum C’est Nabum 5 juin 19:44

          @Francis, agnotologue

          Parfait

          tout rentre dans l’ordre


        • Sirius Sirius 5 juin 10:46

          Le tremplin ?

          En aérospatiale, on appelle ça un booster

          En publicité, une promotion

          Dans la machine à vapeur, un piston.


          • ETTORE ETTORE 5 juin 11:30

            @Sirius

            «  »«  »"Le tremplin ?

            En aérospatiale, on appelle ça un booster

            En publicité, une promotion

            Dans la machine à vapeur, un piston.«  »"

            .......................

            LOL !

            Et en politique ?

            Pas voulu l’écrire, par respect....

            Mais bon avec des abréviations cela donne : D.. c....... a. c..

            Non, ce n’est pas l’anagramme du groupe de rock .


          • Sirius Sirius 5 juin 11:37

            @ETTORE

            et quand on n’en a pas, on prend celles des autres


          • C'est Nabum C’est Nabum 5 juin 18:10

            @Sirius

            un flop


          • ilias 8 juin 12:39

            La même teneur ou presque que celle de votre beau texte, et dans une posture autre : celle de l’essai poétique d’apprenti.

            Le tremplin révélateur

            Mettre le pied à l’étrier, viser l’ascension, 

            Gravir les échelons, nourrir l’ambition, 

            Un coup de pouce donné, la lumière s’élève, 

            Sur la scène propulsée, l’âme enfin se relève.

            Assurer son élan, éviter la poussière, 

            Ne pas mordre la planche, éviter l’échec amer, 

            Pour le grand saut se tendre, affronter son destin, 

            Que l’ombre ne devienne un éternel matin.

            Le rideau se lève doucement, vedette en quête, 

            Préambule délicat, à l’aube d’une fête, 

            Première partie offerte, scène entrouverte, 

            Quel que soit le nom, l’élan mérite une porte ouverte.

            Si le tremplin n’est qu’un bouche-trou malheureux, 

            Pour ceux qui arrivent tôt, tandis qu’ils sont peu nombreux, 

            La pénibilité s’installe quand la star, 

            A d’autres chats à fouetter, d’autres feux que ce phare.

            Le tremplin propulseur d’étoiles en devenir, 

            Cherche l’appui sur la corde pour enfin reluire, 

            Programmation mesurée pour éviter l’éclat, 

            D’une prestation qui pourrait éclipser l’idole là.

            Problèmes techniques, pannes, excuses inventées, 

            Mouvements des spectateurs, bruit faussement dicté, 

            L’heure précisée soudain, horaires déplacés, 

            Pour couper court à l’envol de celui à chasser.

            Couperet qui s’abat, saut dans le vide jeté, 

            Collaboration brisée, élan vite brisé, 

            Pliant bagage en pleurs, promettant à son cœur, 

            Que plus jamais tremplin ne sera son bonheur.

            Le tremplin ne doit pas nuire à la vedette en vue, 

            Le secret bien gardé de l’organisateur connu, 

            Si l’équilibre faiblit, l’intrus sera jeté, 

            Le cavalier déchu, le rêveur enchaîné.

            Celui dont le sifflet coupé par la censure, 

            Se retrouve la gorge nouée, étrange blessure, 

            Amer est son destin, cloué dans le silence, 

            Plus jamais il ne voudra de cette incohérence.

            Le maître de cérémonie peut tenter l’excuse, 

            Mais rien ne changera l’affront et la ruse, 

            Ce qui est fait demeure, inaltérable, figé, 

            Le tremplin prépare l’envol, non l’atterrissage forcé.

            Le vieux matou enfin, griffe et tire révérence, 

            Le saut périlleux fait, salue l’impertinence, 

            À pitoyable programmateur, la leçon donnée, 

            Fermez le ban, rideau baissé, fin du songe envolé.

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