• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


Commentaire de Pascal L

sur Les musulmans, des judéo-chrétiens qui s'ignorent


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Pascal L 30 mai 2023 21:05

@Decouz
La langue de Himyar est le Guèze, on ne voit pas vraiment le lien avec le syro-araméen qui est à la source du Coran. Ces sociétés sont chrétiennes et pas du tout polythéistes. Mais vous avez raison : l’islam est né dans une Arabie largement christianisée. D’ailleurs, l’islam a tellement besoin du christianisme qu’il se situe en permanence relativement au christianisme. Il ne survivrait pas à sa disparition. Les chrétiens n’ont besoin que de la présence de Dieu pour exister. naṣārā signifiait nazaréen à l’origine, mais à la disparition de ces derniers, les musulmans ont été obligé de faire une translation vers le christianisme pour pouvoir garder cette relation.

La présence d’un éléphant en Arabie désertique tient du fantasme, car un éléphant a besoin en permanence de grandes quantités d’eau. Il y a probablement des faits réels à l’origine de ce mythe, mais cela s’est forcément passé ailleurs. en fait la sourate 105 a une structure très midrashique, inspirée de textes juifs, en particulier du livre des Maccabées.

L’Eléphant est ici une bête monstrueuse. Dans l’eschatologie, juive et plus tard musulmane, la bête monstrueuse représente en général l’oppression des Empires. L’Empire, de son coté, y est volontiers représenté comme ourdissant un complot contre Dieu et son peuple. Et Dieu intervient en déjouant les complots des Empires par des miracles.

Notre sourate condenserait ici quatre figures de l’oppression et de la révolte contre Dieu : la tour de Babel ; l’arrogance de Nabuchodonosor, le Babylonien ; l‘oppression de l’empire grec du temps des Maccabées ; et celle “actuelle” des Byzantins qui sont les héritiers des Romains (les Rum).

La sourate 105 serait une reprise du symbole de l’éléphant tel qu’on le trouve dans le Livre des Maccabées. Dans ce dernier texte, qui nous est parvenu en grec, l’éléphant est d’ailleurs souvent nommé simplement la Bête (thérios) et non elephantes. En hébreu, le mot éléphant (fil) évoque phonétiquement un prodige (fele, niflaot) et aussi une chute (nfl), or c’est par des prodiges que Dieu va permettre aux Juifs de vaincre les éléphants des armées grecques. Les Empires tomberont, et notamment Babel (nafela babel) d’où sans doute la référence coranique à babel. Babel est en effet un complot contre dieu, que ce dernier déjoua en confondant les langues. La Tour de Babel est naturellement associée aux pierres (celles nécessaires à son édification). Notre sourate fait état d’une inversion : les outils de la révolte et du complot (les pierres qui visaient à atteindre le ciel) se retournent contre les révoltés et, du ciel, leur retombent dessus.


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès