@Yann Esteveny
Les mots peuvent dissimuler un pouvoir
de nuisance sous un aspect séduisant, et en particulier par le
recours aux figures de rhétorique comme le glissement sémantique,
l’euphémisation et les « éléments de langages » auxquels
la communication politique et publicitaire nous habituent dans le but de
changer progressivement nos perceptions et comportements.
Grâce au « politiquement correct », le « réfugié » se
transforme en « migrant », la « récession » en « croissance
négative », le « salarié » en « collaborateur », le « sous-traitant » en « partenaire », le « pauvre » en « défavorisé ». Cette manipulation du langage fondée sur la
virtuosité de la langue de bois et les effets pervers des
détournements de sens sont les outils les plus puissants des
stratégies de domination.
« Avec les mots on ne se méfie
jamais suffisamment, ils ont l’air de rien les mots, pas l’air de
dangers bien sûr, plutôt de petits vents, de petits sons de bouche,
ni chauds, ni froids, et facilement repris dès qu’ils arrivent par
l’oreille par l’énorme ennui gris mou du cerveau. On ne se méfie
pas d’eux des mots et le malheur arrive. » - Céline