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Commentaire de Mélusine ou la Robe de Saphir.

sur L'organisation technoscientifique du monde


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Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 29 novembre 2021 09:16

Bon, je suis abonnée et vais essayer de copier coller : 

Méfiance envers la justice, les médias, les gouvernements… Entre-t-on dans une société de la défiance  ? Et une société est-elle encore tenable si nous perdons de plus en plus régulièrement confiance les uns envers les autres  ? Professeur de philosophie à l’UCLouvain et auteur du livre « Au début est la confiance » (éditions Le Bord de L’eau, 2020), Mark Hunyadi cherche à comprendre nos bouleversements sociétaux.

Votre travail vise à comprendre ce qui nous arrive. Pour cela, vous vous attachez à la notion de confiance. Que peut-elle nous dire  ?

Depuis le XIVe siècle, et ce que l’on a appelé la révolution nominaliste, nous vivons dans un monde qui a accordé toujours plus d’importance à la notion d’individu. Au point que nous cultivons aujourd’hui une conception très individualiste de nous-mêmes et de notre volonté. Celle-ci est conçue souveraine, presque sans limites. Observer cela permet de comprendre la manière dont nous envisageons la crise sanitaire qui met à mal nos libertés, ou les difficultés que nous avons pour affronter la crise climatique qui nous impose de poser des limites à nos désirs. Or, nous ne pourrons lutter efficacement en faveur du climat sans repenser fondamentalement la conception que nous avons de la liberté individuelle. Et je pense que la notion de confiance peut nous aider à déjouer cet individualisme.

En quoi  ?

La confiance nous rappelle que nous sommes toujours dépendants de quelque chose qui ne dépend pas de notre volonté. Elle consiste à parier que les choses, personnes ou institutions se comportent d’une certaine manière. Si je suis assis sur ma chaise, j’ai confiance en elle  : je parie qu’elle va me soutenir. Si j’épargne de l’argent, c’est que j’ai confiance dans l’institution bancaire. Le rapport que nous avons au monde est donc inévitablement un rapport de confiance. La confiance est ce dans quoi nous séjournons, elle est rapport au monde. Elle ne peut disparaître, même si on peut la perdre en partie, envers certaines choses ou certains  : le gouvernement par exemple.

Quand on voit les manifestations envers les mesures sanitaires ou la suspicion permanente envers ceux qui nous gouvernent, n’entrons-nous pas dans un monde de plus en plus défiant  ?

La confiance a à voir avec ce que l’on attend de quelqu’un. Dans le cas des gouvernements, nous attendons d’eux la capacité d’agir pour le bien des citoyens. Or, c’est cette capacité même qui est de plus en plus mise en doute par les citoyens. Les causes sont multiples, mais j’en citerai deux. Depuis le début des années 1980 et l’avènement de la mondialisation contemporaine, la conviction que les gouvernants sont au service de l’économie, du marché et des grandes multinationales (les pharma, les Gafa) s’est immiscée chez les citoyens. La confiance s’est donc effilochée  : on ne croit plus que les gouvernements soient en capacité d’agir, on pense que ce sont les grands groupes privés qui dominent le monde. Cela explique la perte de cette confiance fondamentale, et donc de la légitimité que nous accordons à ceux qui nous dirigent.

Et quel est le deuxième facteur  ?


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